Chapitre 16 : Une Nouvelle Dynamique

1164 Words
Chapitre 16 : Une Nouvelle Dynamique Le matin arriva plus vite que prévu. La lumière douce du jour filtrait à travers les rideaux, éclairant la pièce d’une lueur tamisée. Je me réveillai lentement, le corps encore un peu lourd, l’esprit envahi de pensées confuses. La nuit précédente n’avait pas été comme les autres. Ce n’était pas un simple passage, un moment où nous aurions cherché à éviter les mots. Non, c’était quelque chose de plus, quelque chose de plus complexe et, je devais l’admettre, plus intime que tout ce que j’aurais pu imaginer. Je restai un instant allongée, les yeux fermés, écoutant le silence. La maison semblait encore endormie, mais je savais que Dante n’était jamais réellement inactif, même quand tout paraissait calme. Il avait cette manière d’être présent sans faire de bruit, d’occuper l’espace sans jamais être trop évident. Je me levai finalement, m’étirant légèrement avant de m’habiller dans des vêtements simples, ne voulant pas trop attirer l’attention. Ce n’était pas par pudeur, mais plutôt par habitude. Habitude de ne pas trop me dévoiler, d’être toujours en contrôle de ce que je laissais voir. Pourtant, la veille, quelque chose avait changé. Dante ne m’avait pas forcée à me livrer, mais il m’avait permis de baisser ma garde. Pour la première fois depuis longtemps, je n’avais pas ressenti le besoin de tout contrôler, de tout analyser. Je descendis les escaliers doucement, le bruit de mes pas résonnant dans l’entrée vide. La maison semblait étrangement silencieuse, presque abandonnée, mais je savais que ce n’était qu’une illusion. Dante était quelque part, surveillant ses affaires, probablement absorbé par une tâche importante. Il n’y avait pas de place pour l’inaction dans son monde. Je le trouvai dans le salon, assis derrière son bureau, en pleine discussion avec quelqu’un au téléphone. Il ne leva pas les yeux en me voyant, mais je pouvais sentir son attention sur moi, même sans un regard. Il avait cette capacité de faire en sorte que vous sachiez qu’il était conscient de chaque mouvement, chaque respiration, sans jamais paraître intrusif. C’était déstabilisant et captivant en même temps. Lorsque l’appel se termina, il posa le téléphone sur son bureau et se tourna vers moi, un léger sourire effleurant ses lèvres. "Bonne matinée, Carmen," dit-il d’une voix calme, mais pleine de cette même intensité qui me faisait toujours hésiter. "Comment as-tu dormi ?" Je haussai les épaules, un peu gênée par la question, mais aussi surprise par la douceur avec laquelle il l’avait posée. Ce n’était pas une question qu’il aurait posée à n’importe qui. Il attendait une réponse honnête, mais il ne voulait pas me forcer à m’ouvrir plus que je ne le souhaitais. "Bien, merci," répondis-je, tout en essayant de maintenir une certaine distance. J’étais bien consciente de l’atmosphère qui pesait entre nous, de l’intimité que nous partagions sans vraiment la comprendre. Il me regarda un instant, puis se leva de son bureau. "Tu veux prendre le petit déjeuner ? Ou préfères-tu qu'on parle un peu avant de commencer la journée ?" Je m’arrêtai un instant, pensant à la question. Je n'étais pas pressée de partir ou de me lancer dans des discussions trop complexes. "Parlons," dis-je finalement, cherchant à briser un peu le silence. Il acquiesça d'un léger mouvement de tête et me fit signe de le suivre jusqu'à la salle à manger. Là, la table était déjà dressée, comme si quelqu’un avait anticipé nos besoins. Le petit déjeuner semblait être une formalité ici, un moment où les choses étaient bien établies, presque rigides, mais en même temps, c’était un signe de respect tacite, de reconnaissance mutuelle. Nous nous assîmes l’un en face de l’autre, et la conversation s’engagea lentement, presque hésitante au début. Dante parlait de ses affaires, de nouvelles alliances qu’il tentait de tisser, de décisions à prendre. Il parlait avec cette assurance qui, d’une manière ou d’une autre, me faisait sentir que rien ne lui échappait. Mais au fil des mots, je commençais à comprendre un peu mieux ce qui se cachait derrière cette façade implacable. Il n’était pas invincible. Il avait ses propres craintes et ses propres dilemmes, bien que bien camouflés sous une apparente maîtrise totale. "Tu sais, Carmen," commença-t-il, brisant le fil de la conversation pour en aborder un autre, "l'un des plus grands défis dans ce monde, c’est de savoir avec qui faire confiance. Les alliances sont fragiles, et les gens sont rarement ce qu’ils prétendent être." Je l’écoutai attentivement. Ce qu’il disait n’était pas nouveau pour moi, mais entendre cela de sa part, après tout ce que j’avais vu, ajoutait une couche supplémentaire à ce que je pensais savoir. "Mais toi, tu sembles savoir comment t’entourer," répondis-je, plus pour moi-même que pour lui. "Comme si tu pouvais voir à travers les gens." Dante esquissa un sourire en entendant cela, comme si ma remarque le satisfaisait d’une manière inattendue. "C’est une nécessité, Carmen. Le pouvoir ne repose pas seulement sur la force brute. Il repose sur la capacité à manipuler, à comprendre les motivations des autres et à les exploiter." J’hochai la tête, même si une part de moi se rebellait contre cette idée. Mais je savais aussi que ce n'était pas une opinion isolée dans ce monde. Ce n'était qu'une question de survie, de rester dans la course sans se faire écraser. "Et toi, comment tu vois tout ça ?" demanda-t-il, changeant de ton, se penchant légèrement en avant, comme pour capter mes pensées. Je pris un moment pour réfléchir, cherchant les mots justes, ceux qui ne trahiraient pas trop mes sentiments, mais qui étaient honnêtes. "Je pense que tu as raison sur beaucoup de choses," commençai-je. "Mais je n’ai pas l’intention de devenir ce genre de personne, Dante. Pas pour plaire à d’autres, pas pour t’accepter dans ce monde. Je veux garder une part de moi, une part qui ne sera jamais réduite à un simple calcul." Il me regarda longuement, son regard pénétrant semblant chercher à déchiffrer la vérité derrière mes mots. Il n'y avait pas de jugement, juste cette familiarité qui me faisait douter à chaque instant. "Je ne t’ai jamais demandé de changer, Carmen," répondit-il enfin, sa voix douce mais ferme. "Mais comprends ceci : dans ce monde, il est difficile de garder une pureté intacte. Les choix que tu feras, les alliances que tu acceptes, tout ça te façonnera d'une manière ou d'une autre." Je ne répondis rien, me contentant de plonger mes yeux dans ma tasse. Il avait raison, d’une manière qu’il ne pouvait probablement pas mesurer. Ce monde était façonné par des décisions difficiles, et il fallait être prêt à en assumer les conséquences. La conversation se poursuivit, mais je savais que ce n’était que le début de quelque chose. Nous étions à un carrefour, moi plus que lui, et chaque geste, chaque parole, allait déterminer ce que nous serions l’un pour l’autre. Mais une chose était certaine : je n'étais plus aussi sûre de pouvoir échapper à ce monde, ni à l'attraction silencieuse qu'il exerçait sur moi.
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