Chapitre 19 : La Prochaine Étape
Les jours qui suivirent ce dîner furent marqués par une tension palpable. Dante, toujours aussi impassible, continuait à me traiter avec une douceur glaciale, mais je pouvais sentir le poids de sa possession dans chacun de ses gestes. Il avait scellé un accord silencieux, et il ne laissait aucune place à l’ambiguïté. Dans ses yeux, je lisais une assurance froide et implacable. Mais plus que jamais, je sentais l’étau se resserrer autour de moi.
Nous étions dans sa maison, un lieu que je connaissais de plus en plus, mais qui restait étrangement froid et distant. Dante était un homme de peu de mots, mais ses actions parlaient pour lui. Chaque mouvement qu'il faisait, chaque décision qu'il prenait, semblait avoir un but précis, et il me guidait sans relâche vers une place que je n'étais pas sûre de vouloir occuper.
Aujourd’hui, il m’avait convoquée à son bureau, un espace vaste et austère, éclairé par des fenêtres géantes qui laissaient entrer une lumière presque cruelle. Le parfum du cuir et du bois flottait dans l’air, et le son des heures qui passaient semblait plus présent ici que n'importe où ailleurs. Dante était assis derrière son bureau, les yeux plongés dans des papiers, mais je savais qu’il attendait quelque chose.
Il leva lentement les yeux vers moi, son regard aussi acéré qu'une lame.
"Tu as bien compris ce qui se joue ici, n'est-ce pas, Carmen ?" Sa voix, douce mais ferme, résonna dans la pièce.
Je n'avais pas besoin de répondre immédiatement. Je savais exactement ce qu'il voulait dire. Il n’était plus question de seulement jouer un rôle à ses côtés, de simplement occuper une place en sa compagnie. Il voulait plus. Il voulait ma soumission totale, dans chaque domaine de ma vie. Et le pire, c'est que j'avais bien peur d’être en train de l'accepter.
Je pris une profonde inspiration, rassemblant tout mon courage. "Oui," dis-je simplement, ma voix trahissant une part de moi qui se rebiffait contre cette réalité. "Je comprends."
Il se leva alors, se dirigeant vers moi avec une lenteur calculée, chaque pas renforçant la sensation d'une étroite emprise qu'il avait sur ma vie. "Tu n’es pas obligée d’accepter quoi que ce soit," dit-il d’un ton plus calme. "Mais tout ce qui est ici, tout ce qui t'entoure, c’est à moi. Et tu vas devoir t'y faire. Parce que tu es ici pour rester."
Je n’eus pas le temps de répondre qu’il s’approcha encore de moi, cette fois plus près que jamais, une étincelle d'intensité dans ses yeux sombres. Il n'était pas seulement en train de poser un fait, il me testait, cherchant à voir si j’allais me dérober, ou si, comme il le pensait, j’étais déjà trop loin dans son jeu pour revenir en arrière.
Je sentis une légère pression dans le bas de mon dos lorsqu’il posa sa main dessus, un geste simple mais si plein de significations. "Je t’ai marquée, Carmen. Pas seulement par mes mots, mais par tout ce que je représente."
Son souffle effleurait ma peau, et je me retrouvai paralysée, coincée entre l’envie de fuir et celle de rester. L'angoisse et l'attirance se mêlaient, m’empêchant de prendre une décision claire. Mais je savais que quelque chose avait changé. Je n’étais plus cette femme indépendante que j’étais avant. Pas avec lui. Pas maintenant.
Il attendit quelques secondes, me scrutant dans un silence lourd, puis il se détourna légèrement, comme si cela n’avait pas été un véritable test, mais une simple formalité.
"Viens," dit-il enfin, d’une voix plus détendue, comme s’il avait gagné sans même avoir besoin de forcer. "J’ai quelque chose à te montrer."
Je le suivis sans protester, trop perdue dans mes pensées pour poser des questions. Nous descendîmes ensemble vers l’une des grandes salles de la maison, une pièce que je n’avais jamais vue. Elle était remplie d’œuvres d’art, de statues, de peintures, mais plus que tout, il y avait une impression de contrôle. Chaque objet semblait avoir été choisi avec une précision maladive, chaque élément avait sa place dans cette maison qui, bien qu’imposante, semblait dénuée de chaleur.
Dante se tourna vers moi, un léger sourire sur les lèvres. "C'est ici que nous serons les plus à l’aise," dit-il d’une voix presque murmurée. "Ce n’est pas seulement une maison. C’est le centre de tout ce que j’ai construit. Et toi, Carmen, tu feras partie intégrante de tout cela."
Je le regardai, mes pensées se bousculant. Était-ce cela, le prix à payer pour rester dans ce monde ? Était-ce cela, sa manière de me faire m’intégrer dans sa vie, dans ses projets ?
Il se tourna alors vers un petit bureau sur le côté, un meuble discret qui n’attirait pas immédiatement l’attention. "Je veux que tu regardes ceci," dit-il, en ouvrant un dossier sur le bureau. À l'intérieur se trouvait une série de documents, des contrats, des accords. Des papiers qui semblaient anodins, mais qui n'avaient rien de banal. C’étaient des papiers qui, une fois signés, me liaient encore plus étroitement à lui.
Je sentis une bouffée d'angoisse monter en moi. Ce que j'avais craint, ce à quoi je m'étais préparée, était en train de se concrétiser.
Dante me regarda de nouveau, mais cette fois, il n’y avait plus de jeu dans son regard. C'était une question de pouvoir, de contrôle absolu. "Signes-les," dit-il, d’un ton ferme. "Ce sont les termes de notre accord. De ce que tu acceptes."
Je n’avais pas le choix, je le savais. Il l’avait déjà décidé pour moi. La question n’était pas si je devais signer. C’était plutôt : combien de temps allais-je pouvoir continuer à me mentir en me disant que je pouvais encore m’échapper ?