Chapitre 20 : L'Accord Scellé
Dante, à cet instant, n'était pas simplement un homme que je suivais. Il était devenu un obstacle, un défi, mais aussi un empire. Et moi, j'étais en train de devenir une partie de cet empire, que je le veuille ou non.
Je pris le stylo, et d’un geste lent mais inéluctable, je signai.
La signature sur ce morceau de papier avait résonné comme un coup de marteau dans mon esprit. J’avais posé la plume avec un sentiment d’impuissance, mes mains légèrement tremblantes. Le bruit de l'encre glissant sur le papier semblait avoir été amplifié dans la pièce, où un silence lourd pesait sur chaque recoin. Dante n’avait pas bougé. Il m’observait, un regard tranquille, presque satisfait, comme s’il savait exactement ce que je ressentais.
L'accord était simple en apparence, mais son poids était immense. Les mots étaient froids, dépourvus de sentiments. Ils stipulaient que, désormais, je lui appartenais. Physiquement, émotionnellement, mentalement, il avait réussi à m'enchaîner sans que je puisse l'empêcher. C'était sa manière de prendre possession de ma vie, de m’effacer en tant qu’individu pour me transformer en un élément de son empire.
Il prit le dossier contenant les papiers signés et le referma lentement, comme si le geste symbolisait la finalité de ce qui venait d’être fait. Ses yeux rencontrèrent les miens, et pour un instant, je crus voir une étincelle de satisfaction pure dans son regard, une victoire personnelle qu’il savourait, qu’il savourait sur moi.
"Tu comprends ce que cela signifie ?" demanda-t-il d’une voix basse, son ton neutre, presque clinique. Il ne semblait pas avoir besoin de réponse. Ses paroles étaient une affirmation, pas une question.
Je n’arrivais pas à formuler de réponse. J’avais signé, mais cela ne signifiait pas que j'avais accepté de manière pleinement consciente. J’étais piégée par mes propres décisions, par les choix que j'avais faits sans vraiment mesurer les conséquences. Pourtant, une part de moi savait qu'il y avait une sorte de liberté dans cet engagement, une liberté d’accepter ce qui ne pouvait être changé.
"Je t’ai donnée ce que tu voulais, Dante," murmurai-je enfin, presque sans voix. "Mais tout cela… tout ce que cela implique, c’est plus que ce que j’avais imaginé."
Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, une expression que je commençais à reconnaître comme signe de son amusement personnel. Il savait qu’il avait pris le contrôle de chaque aspect de ma vie, mais il savait aussi que j’étais loin de comprendre pleinement l’ampleur de cette prise de pouvoir.
"Tu te trompes," répondit-il calmement. "Ce que tu as signé, ce n’est pas seulement un engagement. C’est la reconnaissance de notre réalité. Ce n’est pas un piège, Carmen. C’est un choix. Et tu as fait le tien."
Il se leva alors de son bureau, s’approchant lentement de moi, ses pas résonnant doucement dans la pièce silencieuse. Lorsqu’il se planta devant moi, il ne me regarda pas seulement comme quelqu’un qu’il possédait, mais comme une personne qui, d’une certaine manière, avait accepté sa place à ses côtés, même dans cette dynamique complexe et étrange.
"Tout ce que j’ai créé ici," dit-il en balayant la pièce du regard, "tout ce que tu vois, tout ce qui existe dans ce monde, c'est pour nous. Toi, tu fais désormais partie de tout cela. Et cela signifie que tu n’as plus de place ailleurs."
Je me sentis à la fois accablée et vidée, comme si une partie de moi, celle qui avait cherché à échapper à cette réalité, venait de se briser. Je savais que j’étais loin d’être prête à accepter cela de manière totale, mais d’une manière plus pragmatique, je comprenais que je n’avais plus de véritable échappatoire. L’accord était fait. Il était ma réalité.
Je baissai les yeux, la réalité m’envahissant dans toute sa brutalité. Ce n’était pas un simple contrat que j’avais signé. C’était un engagement à vivre sous la coupe de Dante, à être en quelque sorte la propriété de cet homme, celui qui décidait de chaque aspect de ma vie. Cela allait au-delà de ce que je pensais être un simple échange. Je devenais un élément dans son jeu de pouvoir, un atout, mais aussi une victime.
Il se pencha alors vers moi, son souffle chaud frôlant mon visage. "Et tu sais, Carmen," dit-il d’une voix presque douce, mais teintée de cette dominance qu’il imposait, "je m’assure que tu comprennes bien ce que tout cela signifie. Si tu veux vraiment savoir ce qu'il en coûte d'être à moi, tu n’auras qu’à le découvrir au fur et à mesure."
Je n’eus aucune réponse. Je savais, au fond de moi, que tout ce qui venait de se passer marquait un tournant. Je n’étais plus celle que j’étais. J’étais devenue celle qu’il avait façonnée, celle qu’il contrôlait.
Il s’éloigna lentement, me laissant là, debout, seule avec mes pensées. La pièce autour de moi semblait se refermer sur moi, chaque objet, chaque meuble semblant désormais imprégné de cette nouvelle vérité. Dante n’était pas seulement mon partenaire, il était mon propriétaire dans ce monde impitoyable, et j’avais accepté d’en faire partie.
L’accord était scellé. Et bien que je me sois rebellée à plusieurs reprises dans ma tête, il était trop tard pour revenir en arrière. Tout ce qui restait à faire maintenant, c’était de découvrir ce que cela signifierait de vivre sous son emprise.
Mais une chose était certaine : je ne serais plus jamais la même.