Chapitre 5 : L'Offre du Maître

917 Words
L'Offre du Maître Carmen Le silence qui suivit ses derniers mots s’étira, lourd et oppressant. Dante s’était éloigné, mais la tension qui régnait entre nous n’avait pas faibli. Au contraire, elle semblait s’intensifier, comme une corde tendue prête à céder sous le poids d’une décision qu’aucun de nous n’avait encore prise. Je pouvais sentir ses yeux sur moi, me scrutant, m’observant avec une intensité presque irréelle. Il savait que j’étais sur le point de réagir, que cette rencontre ne pouvait pas rester dans l’ombre de simples menaces ou de sous-entendus. Ce jeu, il était devenu bien plus que cela. J’étais prête à tout, sauf à m’avouer vaincue. "Tu veux jouer, Carmen ?" demanda-t-il soudain, sa voix basse mais perçante, brisant le silence comme un coup de tonnerre. "Alors, je vais te donner l’occasion de le faire. Mais il y a une condition." Je fronçai les sourcils. Une condition ? Je ne m’étais pas attendue à ce genre de tournure. "Quel genre de condition ?" répondis-je, gardant une froideur que je n’étais pas certaine de pouvoir maintenir face à lui. Il s’approcha encore, pas assez pour me toucher, mais assez pour que je sente son aura, son pouvoir presque palpable, emplir l’espace. Il était devenu cette présence dominante, un feu auquel il était impossible de résister, mais un feu qui n’allumait pas de chaleur, seulement un froid implacable. "Je veux que tu deviennes ma maîtresse," dit-il, d'une voix qui n’admettait aucun doute. "Pas simplement mon alliée ou ma complice. Je veux que tu sois mienne, dans tous les sens du terme." Les mots s’imprimèrent dans ma tête comme des coups de marteau, frappant chacun de mes neurones. Ma respiration se coupa. Ma bouche s’assécha instantanément, et pendant un instant, tout ce que je voulais, c’était fuir. Mais quelque chose, au fond de moi, me retenait. Je n'avais pas vu cela venir. Bien sûr, je savais qu'il jouerait sur mes faiblesses, mais jamais je n’aurais imaginé qu’il irait jusque-là. Ce n’était pas simplement une question de pouvoir. Ce qu’il proposait… c’était de me faire entrer dans son monde, d’accepter une place à ses côtés, mais sous ses règles, dans son jeu. C’était l’ultimatum le plus terrifiant qu’on puisse imaginer. Je me redressai, tentant de dissimuler la secousse intérieure qui m’avait traversée. "Tu penses que je vais accepter ça ?" dis-je, ma voix plus tranchante que je ne l’aurais voulu. Je savais que je ne pouvais pas lui laisser penser qu’il avait une quelconque emprise sur moi. Dante sourit, un sourire subtil, mais qui trahissait une connaissance intime de mes réactions. "Je ne pense pas, Carmen. Je suis sûr que tu vas accepter. Parce qu’au fond, tu sais que dans ce monde, il n’y a pas de place pour ceux qui refusent de jouer selon les règles." Il se rapprocha encore d’un pas. "Et tu sais aussi que tu n’as pas de véritable choix, pas vraiment. Parce qu’une fois que tu es entrée dans ce monde, il n’y a plus de retour." Je sentis un frisson me parcourir. Ses mots étaient venimeux, mais ils étaient aussi étrangement justes. Une partie de moi se sentait attirée par cette proposition, par l'idée de prendre une place dans son univers de pouvoir et de contrôle. Mais une autre partie, plus profonde, se rebellait contre cette idée, refusait de se soumettre à cette domination sans nuances. Je pris une longue inspiration, le regard plongé dans le sien, pour lui montrer que je ne comptais pas fuir. "Je ne suis pas faible," murmurai-je, la voix plus ferme qu’auparavant, un défi dans chaque mot. "Et je n’ai pas l’intention de m’humilier devant toi, peu importe ce que tu proposes." Dante resta silencieux pendant un moment, son regard ne quittant pas le mien. Puis il se recula légèrement, son sourire s’élargissant de façon imperceptible. "Tu as raison. Tu n’es pas faible. Mais tu as encore beaucoup à apprendre. Si tu veux jouer ce jeu, tu dois accepter la règle du maître. Et moi, Carmen, je suis le maître." Il tourna lentement les talons, me laissant un instant pour digérer ses paroles, avant de se retourner une dernière fois. "Tu auras tout ce que tu désires. Le pouvoir, le contrôle, la richesse. Mais pour cela, tu dois m’appartenir." Il marqua une pause, et ses yeux se firent encore plus perçants. "Je te laisse une nuit pour y réfléchir. La décision t’appartient. Mais ne prends pas trop de temps. Parce qu’une fois que tu as franchi cette ligne, il n’y a pas de retour en arrière." Je le regardai, le cœur battant, et je savais que tout venait de changer. Ce n’était plus un simple jeu de manipulation. C’était une proposition qui me forçait à choisir, à décider de mon avenir, et à accepter ce que j’étais prête à sacrifier pour y arriver. Dante se tourna enfin vers la porte, prêt à partir. Mais avant de quitter la pièce, il se figea un instant, comme s'il attendait une réaction. Et dans ce silence pesant, je compris que ma réponse, ma décision, marquerait le début d’un nouveau chapitre de ma vie. "Réfléchis bien, Carmen," dit-il d’un ton presque doux. "Tu n’as pas à avoir peur. Ce que je te propose… c’est une chance. Une chance de gagner tout ce que tu n’as jamais osé imaginer." La porte se ferma derrière lui, me laissant seule avec mes pensées. La solitude dans laquelle je me retrouvais soudainement me parut infiniment plus pesante qu’elle ne l’avait jamais été. Le choix était désormais mien.
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