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1623 Words
J'envoyai un message à Maty afin de l'informer de ma soi-disant libération. J'avais plus que tout besoin d'elle, de son soutien habituel. Elle me téléphona sur le champ. -Maty : Ma chérie, alors qu'est-ce qu'ils t'ont dit ? Comment te sens-tu ? -Moi : C'est un véritable cauchemar Maty. Je ne peux pas croire qu'il soit mort et comme si je ne souffrais pas assez, la police me soupçonne. Je suis incapable de faire de mal à une mouche et tu le sais. -Maty : Mais bien sûr, arrête. Viens passer la nuit chez moi. Je sors du travail comme ça j'arrive. -Moi : Je ne peux pas malheureusement il faut que je reste avec les enfants et ils sont chez Ramata. Ils ont besoin de moi. Je ne veux pas qu'ils l'apprennent par une autre personne. -Maty : Oui tu as raison. Mais si tu as besoin de quoi que ce soit stp n'hésites pas. Tu sais que tu peux compter sur mon soutien indélébile. Ça je le savais déjà. Maty était ma meilleure amie. Nous nous connaissons depuis la Fac, elle a toujours été là pour moi. C'est également mon témoin de mariage et ma fille porte son nom. Que ferai-je sans elle ? ça je l'ignore. Elle connait tous mes secrets, même les plus enfouis. Elle ne m'a jamais jugée. Je lui dois beaucoup. C'est la seule personne à pouvoir me canaliser. Ma propre sœur en est incapable car elle n'a jamais su faire preuve de patience à mon égard. Dès que je franchis le seuil de la porte de notre maison, je ne pus retenir mes larmes. Il y avait des b****s jaunes comme celles que l'on voit dans les films ; Vous savez, celles où il y a marqué : « crime scene do not cross » (scène de crime, accès interdit). Ils avaient dessiné avec une craie la silhouette de mon tendre époux. Je revoyais encore et encore cette horrible scène. Qui a pu commettre un acte aussi odieux ? Poignarder un père de famille aimant ? Comment vais-je l'annoncer aux enfants ? Dites-moi comment ? J'avais l'habitude de lire ce genre d'histoire tragique dans les journaux ou sur internet, sans imaginer que mon jour viendra. Comment vais-je supporter cela ? Comment ? C'est dans ces moments que j'aurai aimé avoir mon père à mes côtés. C'était mon meilleur ami, mon confident, mon ROC. C'était celui qui avait plusieurs casquettes et pouvait régler tous les problèmes, peu importe leurs degré de gravité. Que son âme repose en paix. Je rangeai le maximum d'affaire dans deux valises. Je ne voulais plus avoir à mettre les pieds ici. C'est si douloureux. Une fois mes valises faites, je reçus le coup de fil de la grande sœur à Jules, Oulimata. Son appel me stressa. Elle ne m'a jamais aimé et je sais qu'elle tirera forcément avantage de la situation pour me démolir. En effet, bien avant de m'épouser, Jules sortait avec la meilleure amie de cette dernière. Bien que plus âgée que lui, leur relation se passait plutôt bien jusqu'au jour où cette dernière décida de s'installer à l'étranger et tenter sa chance. Jules lui fit clairement comprendre que ce serait sans lui. La distance n'était pas son fort. -Jules : Il peut se passer n'importe quoi là-bas. Tu peux rencontrer quelqu'un et m'oublier. C'est ce qui s'est passé avec mon ex et honnêtement, je ne suis pas prêt à revivre ça. Sa copine avait tout fait pour le raisonner et le rassurer mais il refusa d'écouter. C'est ainsi que leur relation se termina. Oulimata en a beaucoup voulu à son frère et avait tout essayé pour remettre les deux tourtereaux ensemble, mais rien. Jules a beaucoup souffert à cette époque et considérait le voyage de sa copine comme une trahison. Depuis lors, Oulimata a une grande dent contre moi. Les années avaient beau passer, elle continuait de reprocher à son frère de m'avoir épousée et non son amie. Elle avait même essayé de la lui faire prendre comme seconde épouse, mais Jules n'a jamais voulu. A qui la faute ? Et pourtant, je m'entends très bien avec mes autres belles-sœurs. Une fois mes valises rangées, je rejoignis Maty qui m'attendait dans sa voiture. Une fois à l'intérieur, je me mis à nouveau à pleurer. Ça fait si mal. Jules et moi sommes mariés depuis dix ans, ce n'est pas rien. Cela fait dix ans que je m'endors et me réveille aux côtés de la même. Dix ans que nous partagions nos peines et nos fous rires, dix ans de complicité, dix années d'endurance, dix années au cours desquelles mes trésors sont nés. Comment peut-on partager tant de souvenirs avec une personne et devoir imaginer le fait qu'on ne la reverra jamais. La douleur que je ressens présentement est tout simplement indescriptible... Maty proposa de venir me récupérer afin de me déposer chez ma sœur. Durant tout le trajet, Maty comme moi restèrent silencieuses. Elle avait essayé de trouver les mots justes pour me consoler, mais aucun d'eux n'avaient marché. Tout ce que je voulais c'est que l'on me ramène mon mari. Et qui en était capable ? Aucun être humain n'avait ce pouvoir. Mon téléphone ne cessait de sonner. Je ne voulais parler à personne. Ce qui me stressait c'était comment l'annoncer aux enfants. Arrivées devant chez Ramata, Maty sonna. C'est ma sœur qui ouvrit, l'air désemparée. Elle me prit directement dans ses bras sans rien dire. Elle n'avait pas les mots. Bien que j'eusse la gorge nouée, je lui demandai d'un air calme : -Moi : Où sont les enfants ? -Ramata : Ils jouent dans la cour. Tu veux que je les appelle ? -Moi : Non c'est bon, je vais le faire merci. Je me rendis dans la cour où ils jouaient tous. C'est à peine si je regardai mon homonyme ; J'étais plutôt concentrée sur mes gosses. Ils vinrent vers moi avec leurs sourires innocents et me firent des bisous. Dès que Maty me fixa, j'essayai de retenir mes larmes. C'est le portrait craché de son père. Je me devais d'être forte pour mes trésors. Je leur pris la main chacun et dit d'une voix tremblante : -Moi : Vous vous rappelez que papa vous avez parlé de la mort, n'est-ce pas ? Ils me répondirent ensemble : -Maty et Alioune : Oui maman. -Moi : Alors qu'est-ce que c'est ? -Alioune : C'est quand une personne monte au ciel parce que le bon Dieu a besoin d'elle et que l'on ne va plus jamais la revoir et qu'elle va nous voir. Maty rajouta : -Bébé Maty : Mais qu'elle continue de veiller sur nous même en haut. Je finis par craquer. Pourquoi Jules m'a-t-il fait un coup pareil ? Suis-je assez forte pour endurer tout cela ? Les enfants me regardaient comme s'ils s'attendaient à que je leur annonce quelque chose. -Moi : J'ai besoin que vous soyez courageux et forts mes bébés car papa est au ciel maintenant. Comprenait-il quelque chose à ce que je venais de dire ? Ils semblaient indifférents. Ils retournèrent jouer tranquillement avec leurs cousins et cousines. Je ne pouvais pas les blâmer. Après tout, ce ne sont que des enfants. Je retournai à l'intérieur rejoindre ma sœur. Maty était rentrée sans me dire au revoir. Ramata m'expliqua qu'elle avait préféré nous laisser en famille. -Ramata : Je sais que tu traverses une mauvaise passe, mais que dit la police ? -Moi : Ah, ils me soupçonnent, tu t'imagines. Pourquoi est-ce que dans un couple, lorsque le mari ou la femme est assassiné, on soupçonne toujours le conjoint ou la conjointe ? -Ramata : Aucune idée. Il faut que tu cherches un bon avocat Dieyna car on ne sait jamais. En tout cas sache que les enfants et toi pouvez rester ici aussi longtemps que vous le souhaiteriez. Des torrents de larmes c'est ce que je versai. Je crois en Dieu et j'ai confiance en lui, mais cette épreuve, je ne veux même pas l'accepter ; Cela équivaudra à laisser une partie de moi s'en aller et je ne le pourrai point. Je me tournai vers ma sœur. Mon visage était inondé par mes larmes. Je voyais même flou. -Moi : Ramata ça fait mal. Je veux mourir. Je ne pourrai pas vivre sans lui... -Ramata : Eh, c'est dur d'accord, mais tu ne mourras pas. Tes enfants et ta famille ont besoin de toi alors aies la foi. Souviens-toi de ce que papa avait l'habitude de nous dire : « quand Allah aime quelqu'un, il l'éprouve ». Souviens-toi de cette phrase à chaque fois que tu voudras sombrer. Nous fûmes interrompus par ma belle-mère. Je ne savais même pas quoi lui dire alors je demandai à ma sœur de décrocher pour moi. Ma belle-mère lui dit qu'elle voulait voir comment j'allais et si la police avait déjà donné l'autorisation de reprendre le corps de son fils. Ramata lui expliqua que non, que même si la cause de la mort avait été déterminée, qu'il était impératif de faire une autopsie. J'eus beaucoup de peine pour ma belle-mère. Jules était son unique fils, sa fierté. Avant de raccrocher, elle demanda à ma sœur de bien prendre soin de moi. Personne ne pouvait me remonter le moral en ce moment. J'avais juste envie de crier, de pleurer, de me cogner la tête contre un mur, et pire, envie de mettre fin à mes jours et rejoindre celui qui m'avait juré que même la mort n'arrêterait pas notre amour. Je refuse à apprendre à vivre sans lui. Mon Dieu pardonne-moi, mais je ne peux pas porter ce lourd fardeau. Il était censé être celui qui m'aide à me relever quand je tombe...
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