Chapitre 8

1481 Words
Bobbie promenait paresseusement sa main sur le torse légèrement velu de son amant tout en ayant la tête posée sur un de ses pectoraux. Dehors il pleuvait à nouveau, ce qui n'arrivait pas souvent en Australie et c'était bien dommage car elle adorait quand le temps était pluvieux. Elle se sentait si bien dans les bras du beau balafré. – Hakim ? – Hum ? il chantonna le regard perdu dans le lointain tout en caressant son épaule. – Tu repars quand ? – Demain matin. Le roi sentit le corps de Bobbie se raidir contre le sien comme si ces deux mots avaient été des poignards aiguisés l'ayant incisée en pleine âme. – Déjà ? elle le questionna à nouveau en redressant la tête dans l'obscurité de la chambre uniquement éclairée par la faible lumière venue du dehors. Il joua avec une de ses mèches brunes tandis que la pluie redoublait d'ardeur en frappant fortement les vitres des fenêtres de la chambre. – Oui, je dois me rendre à Melbourne dans l'après-midi pour la signature d'un contrat qui ne me prendra qu'une heure et après ça, je quitterai l'Australie. – Et on se reverra quand exactement ? – Je l'ignore. Il caressa sa joue pour l'apaiser car il savait à quel point au fond d'elle, sa maîtresse étrangère détestait entendre de tel propos. Son intention n'était pas de la faire sentir comme un jouet qu'il n'utilisait que lorsque l'envie le prenant. C'était juste les circonstances qui n'étaient pas favorables à des rencontres prolongées. – Tu l'ignores, elle répéta incrédule. Hakim, est-ce-que tu tiens vraiment à moi ? – Oui habibti, comment peux-tu en douter ? Il eut un soupir de lassitude en réponse avant que sa maîtresse ne s'asseye en couvrant sa poitrine avec le drap froissée par leurs ébats enfiévrés. Il était presque minuit mais ça n'allait pas empêcher Bobbie de lui dire les quatre vérités. Parce que franchement, elle n'en pouvait plus. Elle avait tenu bon mais il y avait des limites. Avant il restait au moins un week-end entier. Or là, elle n'avait plus droit qu'à quelques heures avec lui. – Dis-moi ce qui te tracasse, il l'incita en se redressant à son tour avec inquiétude. – Ce qui me tracasse ? Tu sais pertinemment bien ce qui me chiffonne, tu le devines déjà et je le sais alors ta question est inutile. Mais je vais quand-même gaspiller ma salive et te le dire ne t'inquiète pas. Ce ton mordant et froid qu'il ne lui connaissait pas encore le fit froncer les sourcils. Il devina alors le sujet qu'elle allait remettre sur la table. Ce n'était pas la première fois que l'australienne et lui parlait de sa fâcheuse habitude à passer très peu de temps à ses côtés. D'habitude la discussion était posée et il se contentait de la rassurer avec des mots tendres en lui disant que ses affaires lui prenant trop de temps et qu'il faisait de son mieux. Et c'était partiellement vrai vu la situation que traversait le Khayat depuis un an maintenant. Lorsque la guerre sera définitivement déclaré, il ne pourra même plus venir ici sur le sixième continent avant de longs mois. Et pour cause, il allait être occupé à combattre sur le front afin d'éradiquer le mal qu'avait engendré Majid Abdul Samad. Ce traître lui pourrissait l'existence, même au-delà des frontières du Khayat. Il aurait tellement souhaité mieux rassurer Bobbie. Sauf que cette fois-ci la conversation risquait d'être un peu houleuse. Bobbie ne semblait pas disposée à se laisser berner par quelques paroles apaisantes et des caresses destinées à l'attendrir. À présent ses yeux bleus constellés de mystérieuses taches marrons lançaient des foudres droit sur lui. Le cheikh manqua de sourire mais se retint car cela aurait envenimé la situation si Boobie pensait qu'il ne la prenait même pas au sérieux. – Je ne te vois même plus un week-end entier. Ces derniers temps, tu passes à la vitesse de l'éclair pour ensuite revenir le mois suivant après seulement quelques coups de fil. Je ne supporte plus cette situation. Je ne sais même pas si entre nous c'est du sérieux ou si je suis juste une vulgaire maîtresse que tu as en Australie. Tu en as d'autres aux quatre coins du globe, c'est ça hein ? elle l'accusa en ayant subitement les larmes aux yeux. – Habibti, calme-toi. – Non ! Non, je ne vais pas me calmer ! Et ne m'appelle pas "chérie" quand tu te comportes comme un s****d égoïste de surcroît. Tu ne fais rien qui justifie ce terme affectueux que tu emploies à mon égard. Elle quitta le lit en entraînant le tissu avec elle comme pour protéger son corps de lui. Elle détourna rapidement son regard d'un Hakim virilement nu. Elle ne voulait pas être déconcentrée, il lui fallait des réponses une bonne fois pour toute car ça commençait à faire bizarre. Voici pratiquement un an que cela durait, elle méritait un meilleur traitement non ? Elle ne voulait pas de son argent même s'il était évident qu'il était plein aux as. Elle voulait juste un peu plus de son temps. Pas forcément qu'il l'épouse même si ce serait merveilleux. Mais au moins qu'il agisse comme un homme l'aurait fait dans un vrai couple. Hakim ne lui avait jamais présenté personne, pas un seul membre de sa famille ou un ami à lui. Ça devenait vraiment étrange. Et si madame Huang avait raison ? Et si elle n'était qu'un divertissement pour lui et qu'il était déjà un homme marié ? – Est-ce-que tu as une ou plusieurs femmes dans ton pays Hakim ? Des enfants aussi peut-être ? C'est pour ça que tu n'es pas tout le temps avec moi ? Et la prochaine étape ce sera quoi ? On se verra une fois dans l'année jusqu'à ce que tu en aies marre et décide de me larguer comme une vieille chaussette sans importance ?! – Bobbie, ça suffit ! il tonna choqué par les propos dégradants qu'elle tenait à son encontre. Il vénérait cette femme mais ne pouvait pas non plus la laisser dire ce genre de choses. Il était peut-être un homme cruel envers certaines personnes lorsqu'ils le méritaient, mais elle avait gagné son cœur. Jamais il ne pourrait se résoudre à l'utiliser comme elle se l'imaginait. – Premièrement, sache que je ne suis pas polygame même si ma religion l'autorise. Je ne suis pas non plus marié. Ensuite je ne me sers pas de toi. Si c'était le cas, il y a bien longtemps que j'aurais arrêté cette liaison. Je n'aurai même pas pris la peine de te donner une explication avant de te tourner le dos. Tout en parlant, il avait quitté le lit et à présent il l'avait rejointe avec une expression faciale débordante de sévérité tout comme son ton. À son plus grand désarroi, Bobbie craqua et se mit à pleurer en tremblant comme une feuille. Sa colère disparut aussitôt comme par enchantement. – Je suis désolée. — Je sais, il se radoucit en capturant son visage poupin entre ses grandes mains de combattant. Il utilisa ses pouces pour effacer ses larmes ruisselantes. – C'est juste que je n'arrive plus à tenir. J'ai essayé, je te jure que j'ai essayé de refouler le doute qui naissait en moi. Mais j'ai fini par craquer. Tu es tellement mystérieux, tu ne me dis jamais rien. J'ai constamment besoin que tu me rassures, j'ai besoin de sentir que nous deux ça va aboutir à quelque chose parce là, j'ai simplement l'impression que tu t'éloignes de plus en plus de moi. — Bobbie, il faut que tu comprennes une chose. Mais vie est assez... compliqué, il fit cherchant soigneusement ses mots. J'ai quelques soucis et je préfère te tenir loin de tout ça pour le moment. Mais ce n'est qu'une question de temps pour que notre relation soit officialisée. Si ses derniers propos la rassurèrent quelque peu, ce ne fut pas le cas des premiers. – Alors j'avais raison ? Il y a bien des choses que tu ne me dis pas ? – Tu sauras tout bientôt mais en attendant, ne doute plus jamais de nous. Je te l'interdis. Tu m'entends ? Désireuse de se faire pardonner pour sa petite scène de crise, elle acquiesça lentement. – Tant que tu n'es pas un dangereux sérial killer ou un braqueur de banque, ça me va, elle soupira en se collant à lui. – Ne t'inquiète pas pour ça. Tout en l'éteignant dans l'étau de ses bras protecteurs, le cheikh lui embrassa affectueusement le sommet du crâne avant de fixer droit devant lui. Certes il avait dit la vérité en niant être marié mais il avait un peu menti aussi car il lui cachait toujours qui il était. Il sentait que plus il dissimulait ce détail, plus Bobbie allait lui en vouloir lorsqu'elle saura tout.
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