Papier de verre

1143 Words
Je n'ai jamais rien fait dans ma vie qui n'ai été autre chose qu'une source de désagréments pour mon père, alors lorsqu'il insista pour que je l'accompagne à la chasse, j'ai décidé que pour une  fois, je mettrais de l'eau dans mon vin. Mais là, le vin s'est transformé en soupe et je n'arrive plus à feindre l'intérêt.  Cela fait deux heures que nous patrouillons, en b***e de cinq, dans les bois de ce parc qui doit compter je ne sais combien d'hectares! Il pleut, les chiens aboient pour rien, et mes bottes qui jadis étaient parfaitement cirées, sont maintenant bonnes à être jetées à la poubelle. Je sens la terre et le bois, je n'en peux plus! Sir Simon Winston : "Anthony?" Anthony : "Oui père." Sir Winston : "Je crois que j'ai entendu quelque chose à droite, près des arbustes." Anthony : "Voulez-vous que j'ailles voir peut-être?" Sir Winston : " Oui, si cela ne vous déplaît pas." A mon corps défendant, je m'éloigne du groupe de grabataires dont on m'a affublé et je marche tranquillement jusqu'aux arbustes. Plus j'avance, plus j'entends des couinements, je ne suis pas rassuré, mais j'y vais quand même. Je pousse légèrement quelques feuilles et j'aperçois un faon. Il est essoufflé d'avoir trop couru, certainement pour nous semé. Je m'approche de lui, il ne bouge même pas. Il est doux, et je sens son coeur battre à la chamade, il a plus peur de moi qu'il n'est rassuré. Cette stupide chasse doit finir, je n'en peux plus! J'entends les aboiement de ces chiens stupides qui avancent, il faut réfléchir vite et habilement... Je prends le faon dans mes bras, et je cours le plus vite possible, je reviens presque sur la moitié du chemin que nous avons parcouru. Lorsque je suis sûr qu'il n'y a plus aucuns chiens ni hommes grabataires derrière moi, je lâche la faon près d'un arbre. Il ne survivra peut-être pas sans parents, mais il a quand même une chance... Je reviens sur mes pas en trottant, essoufflé comme jamais, je m'arrête pour reprendre ma respiration, j'aperçois un lapin, je tire, il ne bouge plus. Je le ramasse et pars dans la direction de mon père. Sir Winston : "Où étais-tu, tu as ralenti le groupe, les autres ont certainement pris la direction du domaine." Antony : "Tiens. C'était ça, qu'il y avait derrière les buissons." dis-je, lui montrant le lapin mort. Sir Winston : "Pfff... abandonne le là, il n'y a rien de noble à chasser des lapins comme des paysans." Je lâche la bête, puis rentre au domaine. A notre arrivée, ceux qui nous accompagnaient sont déjà au salon, alors nous nous changeons dans nos chambres, puis rentrons à notre tour. Il y règne une délicieuse odeur de volaille et de bourbon. Tout ce que j'aime! Sir Bedington s'avancent à notre hauteur et nous accueille. Sir Bedington : "Alors, les retardataires, vous vous êtes émerveillés trop longtemps devant la beauté de dame nature ?" Anthony : " C'est ça, en effet." Sir Winston : " Malheureusement pour nous, nous avions un handicap." Mon père me regarde sans même essayé de dissimuler son mépris. Je fais comme-ci je n'avais rien entendu, puis me dirige vers ce qui semble être cette chère madame Bedington. Elle est belle pour son âge. Distinguée, souriante, une vraie lady.  Anthony : "Bonjour, lady Bedington, merci de m'accueillir, mon père et moi-même pour ce délicieux moment en votre compagnie. Ma mère est à Vienne, elle n'a pu se libérer." Elle me sourit de façon énigmatique. Lady Bedington : "Anthony Winston? Si vous n'étiez pas rentrer en compagnie de votre père, je vous aurez à peine reconnu." Anthony : "Je vis à Londres maintenant, je ne rentre que pour rendre visite à ma... mes parents. Et vos filles comment vont-elles? Je n'ai pu venir au mariage de Jane, car au journal on avait trop besoin de moi, je prends très rarement congé de mes employés." Lady Bedington : " Ah oui, le journal. Comment cela se passe-t-il pour vous? Votre mère ne cesse de me venter les succès de votre publication." Anthony : " C'est une revue littéraire et culturelle, mais qui parle aussi de politique et de diverses choses..." dis-je, de façon évasive. Lady Bedington : " Cela semble fascinant! Ma seconde fille, serait certainement très intéressée par votre activité. Amelia est diplômée d'Oxford." Anthony : "Une diplômée parmi vos filles! Décidément vous êtes une famille très progressiste."  Lady Bedington : "Ne m'en parlez pas! Mon époux ne s'en ai toujours pas remis. Je veux absolument vous la présenter, mais elle est introuvable depuis des heures..." Anthony : " J'aurais certainement le plaisir de la rencontrer très bientôt, elle ne doit pas être bien loin. Vous m'excusez?" Décidément ces discussions de salon ne me vont pas du tout. Je sors dans la cours pour fumer une cigarette. Je tire longuement une bouffée de tabac, en essayant de me vider la tête de toute ces mondanités qui ne mènent à rien. Lorsque je baisse mon regard, un spectacle des plus fascinant se joue devant moi. Une jeune femme, en pantalon masculin marron et en bottes en caoutchouc, pousse le portail, portant une grosse couverture grise dans ses bras. Un homme court à sa hauteur et lui prend la couverture des mains, il y a quelques chose dedans... Le faon! Ils se précipitent tout deux dans les cuisines. Je les suit. Ils posent le faon à terre et la jeune fille prend un sceau d'eau, elle y plonge ses mains, et donne à boire au faon par petites gorgées, il se calme un peu, ressentant toutes les précautions prisent par celle-ci. Amelia : "Andrew appelez  le docteur Garfield! Il est exténuer, je ne sais pas si il passera la nuit!" Andrew : "J'y vais tout de suite!" Elle continue de l'abreuver. Ses mains sont petites et fines, si délicates. Elle lève d'un coup son regard vers moi. Un regard bleu perçant. Amelia : " Cherchez-vous quelque chose monsieur? Les festivités sont de l'autre côté." Anthony : "Voulez-vous que je vous aide?" Amelia : "Êtes-vous médecin?" Anthony: "Non..." Amelia : "Alors vous ne pouvez pas m'aider." Anthony: "C'est le faon que j'ai sauvez tout à l'heure..." Amelia : "Que vous avez sauvez? C'est une plaisanterie? Je l'ai trouvé apeuré dans les bois, exténuer d'avoir échappé tout une matinée à des chasseurs du dimanche!" Anthony :"Au moins vous l'avez retrouvé vivant! Si je ne l'avais pas mis à l'abris, ils lui auraient tiré dessus." Amelia : "Vous êtes un véritable héros, allez donc au salon conter vos exploits! Car c'est à cela que ça ressemble : des exploits de salon!" Elle est peut-être mignonne, mais c'est une vraie idiote. Je décide de la laisser jouer à l'infirmière vétérinaire dans cette cuisine crasseuse et me retire aussi vite que je le peux.
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