Des éclats dans l'éternité

Chapitre 8

Il était environ 23h20 minutes. Fèmi était couché sur le sol dans sa von, son domicile était à quelques pâtés de maisons. Il avait été grave amoché, Dieu merci que c'était pas des blessures critiques. Il prenait encore du temps pour se rendre compte de ce qui venait de se produire quand un des aînés du quartier le remarqua. Immédiatement, il courut vers lui et lui porta assistance. Fèmi saignait de quelques blessures qu'il avait eues. Le jeune qui le portait réussit finalement à l'emmener chez lui.

Sa mère entra dans un état de choc quand elle vit son fils dans cet état. C'était un coup dur qui venait de se produire pour Fèmi. Son père était décédé quand il avait 3 ans. Il faisait partie d'une grande équipe de journalistes. Un jour, revenant d'une mission, son équipe et lui avaient été victimes d'un accident de circulation entre un camion et leur voiture. Ils étaient 5 à bord, et le père de Fèmi fut le seul qui décéda. Les autres avaient été transportés urgemment à l'hôpital et leurs blessures n'étant pas très critiques, ils réussirent à s'en sortir avec de légères séquelles.

L'enfance de Fèmi avait été très difficile et des fois, c'était à peine qu'il trouvait de quoi manger avec sa mère. La famille de son défunt père n'a pas mis longtemps à rejeter sa mère et lui. Ils se montraient totalement indifférents de ce qui pourrait bien leur arriver par la suite. Petit à petit, la maman de Fèmi avait pu leur offrir une vie de mieux en mieux. Ils n'en étaient plus à moins d'un repas par jour, mais ils avaient encore quelques autres priorités à soulager. Des années plus tard, souffrant d'une terrible solitude, la maman de Fèmi nommée Mme Jasmine avait finalement décidé de refaire sa vie amoureuse. Elle était tombée sous le charme d'un monsieur transitaire au port autonome de Cotonou. Ce monsieur réussit à rétablir le vide qu'occupait l'absence du père de Fèmi et sans difficultés, il réussit de même à combler le manque d'un père dont souffrait l'enfant de son épouse, Fèmi.

Fèmi aimait tant ce monsieur. Il avait été là pour lui, l'a pris comme un fils, l'a éduqué et lui a appris presque tout ce qu'il savait. Cet homme lui avait montré le chemin à emprunter dans la vie et il était une véritable source d'inspiration pour lui. C'était son super-héros, bien qu'ils ne partageaient pas le même sang.

La moto qu'on venait de lui prendre était en effet la moto de Monsieur Vigan, son beau-père et le mari de sa mère. Il était aussi le père de sa petite sœur Vignilé.

Tout n'était pas encore clair pour Fèmi. Il avait encore du mal à saisir ce qui s'était passé. Sa mère le fit entrer et remercia énormément le jeune homme qui l'avait aidé. Fèmi se coucha dans le canapé du salon et sa mère revint avec des kits de pansement.

- Mme Jasmine: Que t'est-il arrivé mon chéri ? As-tu été touché dans des endroits très sensibles ?

- Fèmi : Non maman, t'inquiète pas, aucun organe vital n'a été touché.

- Mme Jasmine : Tu en es sûr ? Enlève ton tee-shirt je vais m'en assurer.

Fèmi voulut résister mais immédiatement sa mère avait mis la main en dessous de son tee-shirt et avait commencé à le lui retirer. "Laisse maman, je vais m'en occuper", chuchota t-il d'une voix très faible.

Sa mère découvrit le torse en sang de son fils. Il avait quelques déchirures et son pied droit était enflé. Il avait réussi à garder son téléphone dans la poche puisque lors de son agression, il était tombé avec la moto. Son téléphone était dans son Jeans qu'il portait et la suite, il ne s'en rappelait plus exactement. Il se souvint juste qu'il s'était mis à boiter, soutenu par un jeune homme. D'ailleurs, lequel, il ne s'en rappelait pas.

Mme Jasmine s'occupa des blessures de son fils. Elle discuta avec lui pendant qu'elle le soignait et à la fin, elle lui donna à manger ainsi que quelques comprimés pour soulager sa douleur.

Elle prit son téléphone et lui ordonna d'aller se coucher immédiatement. Il avait besoin de se reposer histoire de récupérer. Fèmi ne se fit pas prier. De toutes façons, connaissant sa mère, elle était intransigeante sur ses décisions. Fèmi s'empressa d'aller se coucher et difficilement, il rejoignit sa chambre. Il se sentait comme un boxeur sortant du ring après un long combat.

Shola de son côté avait laissé des tonnes de messages à Fèmi. Comme elle ne recevait pas de réponse, elle s'est dite qu'il était peut-être fâché pour ce qui s'était passé à la soirée d'exposition avec Sègla. Etant fatiguée par tout ce qui s'était passé à cette soirée, elle ne mit pas longtemps avant de s'endormir.

Le lendemain matin, Fèmi se réveilla et constata que son portable avait été déposé à côté de lui. "Merci mummy", s'est-il chuchoté agonisant. Il était presque 9h. Il avait donc passé environs 8h de temps à dormir. C'était le petit matin, la fraîcheur se ressentait dans la pièce malgré qu'il avait toujours sa couverture sur lui. C'est maintenant qu'il ressentait de vraies courbatures et tout son corps lui faisait mal. Quelques images de la soirée lui revenaient en ce moment. Il enleva la couverture, posa ses pieds sur le sol et avant de prendre son portable, il joignit ses mains, ferma les yeux et pria Dieu. C'était la première des choses qu'il faisait chaque matin à son réveil, mais ce jour là, il a pris plus de temps que d'habitude dans sa prière. Alors qu'il avait des raisons d'en vouloir à toute la terre, surtout à Dieu, il prit presque tout le temps de la prière à remercier Dieu, à le louer et à le bénir. Il avait fait plus d'actions de grâce que de demandes pour la journée.

Une vingtaine de minutes plus tard, il commença à fouiller son portable. Il remarqua que l'écran avait eu une fissure quittant le coin inférieur gauche vers le côté droit un peu plus haut. Il lut les messages de Shola et les quelques autres messages qu'il avait reçus. Shola lui avait laissé 6 messages sans réponses : 4 hier nuit et 2 ce matin. Il répondit à Shola et lui expliqua brièvement ce qui s'était passé. Ensuite, il alla se brosser les dents, puis prit une douche avant de rejoindre sa mère au salon à la table où il prit son petit déjeuner. Sa mère se renseigna sur son état de santé et annonça qu'elle était passée le voir tôt ce matin, mais qu'il était toujours entrain de dormir, et qu'elle n'avait pas voulu le réveiller. Fèmi assura qu'il allait beaucoup mieux. Il prit des nouvelles de sa sœur Vignilé qui dormait encore dans la chambre de sa mère. Sa mère lui remit d'autres médicaments à prendre encore.

Quelques minutes plus tard, Fèmi se leva et se dirigea vers les canapés du salon. Il avait décidé de passer toute la journée devant la télé, il avait besoin d'affections et de compagnie pour une première fois. Lui qui ne sortait presque jamais de sa chambre, le voilà allongé là, dans le canapé principal du salon en train de défiler les chaînes à la recherche d'un programme qui allait l'intéresser.