"Toc toc toc, je suis rentrée !" lança Olushola dans l'appartement dans lequel elle venait de rentrer.
Elle franchit les grandes portes en chêne sculpté de sa maison familiale, un manoir majestueux niché au cœur d'une grande propriété. À l'intérieur, le hall d'entrée s'ouvrait sur un espace grandiose orné de marbre blanc veiné d'or, reflétant la lumière des lustres en cristal qui pendaient majestueusement du plafond voûté.
Des colonnes imposantes, sculptées avec finesse, soutenaient le balcon du second étage, ajoutant une touche de grandeur à l'ensemble. Des tapis persans luxueux couvraient le sol, et de chaque côté, de grandes portes en bois menaient aux différentes pièces de la maison.
Des pas résonnaient dans les escaliers en marbre, dont chaque marche était ornée d'un motif délicat. Les rampes étaient faites de fer forgé finement travaillé, avec des motifs floraux et des volutes élégantes. La lumière tamisée provenant des lustres diffusait une lueur chaleureuse sur le palier du premier étage.
Alors qu'Olushola avançait dans un couloir, le doux bruit de ses pas sur le sol faisait de légers échos.
Sa sœur Adoukè venait de descendre des escaliers et elle la croisa dans le couloir, juste en bas des escaliers.
"Enfin, la belle au bois dormant est rentrée !" s'écria Adoukè. Olushola ria et posa son sac à main parterre, le temps de se déchausser.
- Adoukè : Ton stage d'aujourd'hui là, ça a débouché sur un dîner romantique avec ton patron ou quoi ?
Olushola éclata de rire avant de répondre "Il m'a offert une bague en diamant, je lui ai dit que je méritais une en poussière d'étoile, donc il a promis me rapporter ça au prochain dîner. Et devine quoi, j'ai vu ton petit ami là-bas avec une belle jeune fille. C'est sa petite sœur je crois, mais non attends, ils se tenaient la main..."
"Tchrummm ! Bla bla bla bla..." répliqua Adoukè d'un ton sec et vif avant de continuer son chemin vers la cuisine. Les deux sœurs avaient l'habitude de se châmailler ainsi. Adoukè était la petite soeur d'Olushola et entre les deux sœurs, il y avait une complicité incroyable. Leur père Mr. Fassassi était à l'étage et il fallait attendre encore quelques minutes avant de le voir descendre pour suivre le journal télévisé du soir.
Olushola venait d'avoir son diplôme de licence en Direction des ressources humaines et elle faisait des stages dans une grande entreprise de la place. Tous les jours, elle subissait le stress de ses employeurs et une fois rentrée le soir, c'était toute une autre histoire avec son père.
En effet, son père fut un grand homme d'affaires. Il est vrai qu'on ne devrait pas le mettre au passé dans le domaine des affaires, puisque ses entreprises prospéraient toujours, mais il fait de son mieux pour se retirer des activités, attendant juste de passer la relève. A un moment donné, il s'est beaucoup plus relâché pour mieux entretenir sa relation avec sa famille. Mr. Fassassi était déjà un homme accompli, et à l'image d'autres personnalités, il n'avait plus rien à prouver. Il mettait l'accent sur l'éducation qu'allaient recevoir ses enfants, en particulier sa fille Olushola.
Malheureusement, les deux n'avaient pas le même dessein du futur. Mr. Fassassi voulait que sa fille soutienne le Master, ensuite il allait la placer dans une de ses nombreuses sociétés. Quant à Olushola, elle n'avait aucune envie de poursuivre ses études après la licence. Elle était plutôt passionnée de dessins, d'art, et de couture. Ce à quoi son père n'adhérait pas du tout, hélas.
Tous les soirs, elle avait droit à de longues discussions avec son père qui finissaient la plupart du temps en embrouilles, personne ne voulant donner raison à l'autre. Voilà pourquoi Olushola était restée dans ce parc là ce soir histoire d'éviter la grosse pression qu'elle ressentait chaque fois qu'elle se retrouvait en face de son père.
"Tu ne manques pas d'air toi, quelques minutes de retard seulement et tu te comportes comme si j'étais portée disparue", lança Olushola en direction de sa sœur. Elle la poursuivit dans la cuisine et continua "Tu as déjà fait la sauce au moins ?"
- Adoukè : Tu sais bien que papa n'aime pas une autre sauce que celle que tu prépares, surtout quand il s'agit des légumes. Et puis pourquoi devrais-je faire la cuisine à ta place ? Tu me paies pour ça ?
Adoukè ouvrit le réfrigérateur et sortit une bouteille d'eau fraîche, elle en prit quelques gorgées, puis referma le réfrigérateur.
Les deux sœurs continuèrent de se taquiner et firent la cuisine ensemble.
Olushola était la cadette de sa famille. Elle avait sa petite sœur Adoukè et un grand frère qui était en voyage hors du pays.
Ils prirent le dîner ensemble comme d'habitude ce soir-là, ensuite elle monta dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, Olushola sortit de la douche et se dirigeait vers son armoire quand son téléphone qui était posé sur le lit signala une notification. Elle l'approcha d'un pas rassuré. C'était un message venant d'Olufèmi. Les deux s'échangèrent quelques textos pendant le reste de la soirée.
Ce fut le début d'une amitié fragile mais précieuse. Les jours qui suivirent cette rencontre au parc virent Fèmi (Olufèmi) et Shola (Olushola) se rapprocher lentement. Fèmi ne pouvait s'empêcher de penser à Shola. Son sourire, son regard, sa voix, tout chez elle occupait ses pensées. Chaque matin, il se répétait qu'il devait se montrer plus courageux, mais l'anxiété lui serrait la gorge à chaque tentative. Il savait qu'il ne devait rien précipiter, cela pourrait prendre d'autres tournures.
Malgré que Fèmi avait su se démarquer lors de leur première rencontre, il n'en restait pas moins qu'il était toujours aussi timide comme avant. La seule différence est qu'il n'avait plus affaire à une inconnue, mais plutôt à une personne qui avait pris une importante place dans son cœur au fil des échanges.
Shola prit souvent l'initiative d'inviter Fèmi à la rejoindre dans leur petit jardin d'Eden, brisant ainsi la glace à maintes reprises. Chaque rendez-vous était un pas de plus vers la confiance de Fèmi en lui-même.
Quand ils se retrouvèrent dans le parc, ils partageaient des conversations sur tout, de la littérature à la nature, des rêves aux peurs. Chaque instant passé ensemble était un trésor pour Fèmi, car il découvrait en Shola une âme aussi belle que son apparence extérieure. Il surmonta sa timidité grâce à la gentillesse et à la patience de Shola. Elle le poussa doucement à sortir de sa coquille, à partager ses pensées et à parler de ses passions.
Shola, de son côté, percevait la gentillesse et la sensibilité de Fèmi. Elle trouvait en lui un auditeur attentif, quelqu'un avec qui elle pouvait partager ses pensées les plus profondes. Leur amitié grandissait, tissée par des moments simples et des confidences partagées. Cependant, des nuages sombres se glissaient petit à petit dans leur joli tableau.