Lettre XI CÉCILE À PAULINE. Beauvoir, 1786 Tu devines mon excuse, ma chère Pauline, pour avoir passé dix jours sans t’écrire ; il a fallu faire à mon oncle les honneurs de sa nièce et justifier de mon mieux l’attachement qu’il avait pour moi dans mon enfance. Quand on te parle d’un oncle, Pauline, ne te figures-tu pas aussitôt un vieillard grondeur et pédant, prêchant, moralisant, et affectant l’autorité paternelle sans y joindre cette tendre sollicitude qui transforme en plaisir les devoirs qu’elle commande ? Voilà du moins les traits généraux sous lesquels mon imagination s’était, jusqu’ici, représenté un oncle : à présent, juge de mon étonnement au portrait que je vais te tracer du mien. À vingt-huit ans il en paraît à peine vingt-cinq ; sa figure, tout à la fois mâle et gracieuse, s

