Lettre XII CHARLES À ANATOLE. Rennes, 1786 Tu n’échapperas pas, mon ami, au récit que je t’ai promis dans ma dernière lettre. Lorsque mon curateur me mit sous les yeux le bilan de mes biens, je vis avec surprise que le baron de Saint-Maurice, cousin-germain de mon père, mort il y a deux ans, m’avait institué, par testament, légataire universel d’une petite fortune de cinquante mille écus de capital. Les dispositions de ce testament m’étonnaient d’autant plus que je connaissais au baron deux neveux auxquels sa succession devait naturellement appartenir ; je m’informai de mon curateur des motifs qui avaient pu déterminer le testateur à frustrer de son bien ses héritiers légitimes. Il m’apprit que ce vieillard célibataire, qui avait recueilli chez lui ces deux jeunes gens sans fortune, qui

