Partie 2

953 Words
«Que lentement passent les heures comme passe un enterrement. Tu pleureras l'heure où tu pleures qui passera trop vitement comme passent toutes les heures » Satis Je cours pour pouvoir intégrer le lycée le plus tôt possible pour qu'on ne me voit pas, pieds nus et complètement boiteuse, suite à ma chute catastrophique d'hier. Mes cahiers ont enfin séché. Je suis dans un lycée normal. Les élèves sont plutôt des gens sophistiqués qui ne ratent aucune occasion de m'humilier. Ils ont tout ce qu'ils désirent. C'est pour cela qu'ils me font souffrir. Je baisse les yeux tout au long du cours du professeur d'anglais. Il y a un bruit assourdissant dehors. Le professeur va voir de quoi il s'agit .. C'est à ce moment que Lucas, le petit ami de Linda vient vers moi. Il balance ma table à Terre, sous mon regard horrifié. Lucas: Tu n'as pas trouvé de chaussures? Il sourit. Lucas: Quel regard, p****n. Tu es bandante. Il se moque de moi, comme d'habitude. Linda se lève, furibonde. Linda: ELLE N'A RIEN À ENVIER. ELLE EST PLATE COMME LE MUR. Les autres élèves se moquent de moi et je baisse la tête. Ils ont raison. Lucas me fixe, et ça me met mal à l'aise. Il essaie de trouver dans mon regard quelque chose dont j'ignore l'existence. Il sourit, et à une vitesse fulgurante, plaque mon dos contre le mur froid de la classe. Je baisse les yeux. Mon cœur bat très fort, comme à chaque fois qu'il pose son regard sur moi. Il rapproche ses lèvres fines des miennes, qui contrairement sont pulpeuses. Je vais mourir de honte. Il plaque son corps contre le mien, sans gêne. Je suis tétanisée par la peur. D'un coup, la porte s'ouvre dans un fracas assourdissant. Lucas ne se détache pas de moi et regarde la porte. Un homme, très grand, portant une cagoule fait irruption dans la salle de classe, suivit pas d'autres hommes tout comme lui. Pourtant, il se distingue des autres. Il est beaucoup plus grand, beaucoup plus baraqué. Je ne vois pas son visage, ni même son regard. Il est habillé tout en noir et a l'air d'être le parfait chef de cette mascarade. Un de ses acolytes vient brusquement vers nous, et jette Lucas à Terre. Je suis horrifiée. Je tremble comme une feuille. Ces émotions sont trop difficiles à supporter pour moi. Le plus grand ne parle pas. Il reste étrangement calme. Où est passé le professeur? On ne sait pas. La classe est dans un silence de mort. Lucas, quant à lui, semble s'interroger. Il se lève et semble un peu sonné. Bien fait pour lui. Celui qui l'a poussé prend la parole avec une voix grave. ? : Nous cherchons de belles jeunes filles pouvant faire partie d'un réseau de p**********n. C'est tout ce que j'ai à annoncer. C'était clair. Rapide, vulgaire, court, mais clair. ? : Votre école regorge cependant, beaucoup plus en laideur, qu'en beauté, alors nous repartons, tout de suite. Nous n'avons trouvé qu'une seule personne potable. Je suis toujours en train de trembler. Je sens encore un regard qui me brûle la peau. Je tourne mes yeux vers l'homme si distingué, et c'est lui qui me fixe. ?? : Approche. L'homme qui parlait dévie son regard sur moi et sourit. ? : Le chef a demandé à ce que tu approches, donc tu fais ce qu'il te demande. Ma respiration se coupe. Pourquoi moi? Pourquoi le destin s'acharne sur moi? Je baisse les yeux, confuse, et j'avance en boitant. Inutile de vous dire que je suis ridicule et abominable. Je suis une souillon, en vêtements déchirés et qui boite. Les autres hommes ont encerclé la classe, tels des vautours. Un silence de mort règne actuellement. J'arrive difficilement vers eux et je baisse les yeux. Le même homme qui semble être le porte-parole se rapproche de moi. Lui: Lève les yeux. Doucement, je fais ce qu'il dit. Je rencontre son regard marron qui se voile d'incompréhension. Le fameux chef: Emmenez-là, dans ma voiture. J'ai oublié de vous dire que sa voix, bien que magnifiquement terrible, le contenu de sa phrase me choqua plus. Je senti des mains m'attraper et me soulever. —NON, LÂCHEZ-MOI, LÂCHEZ-MOI !! Je gigote de partout mais l'épaule solide qui me soutient ne s'en préoccupe guère. Avec une vitesse déconcertante, je me retrouve projetée dans une voiture qui démarre aussitôt. Je me redresse, et je vois une carrure imposante. C'est leur chef qui est juste devant moi. Tout s'est passé tellement vite. —Je vous en supplie, faites-moi descendre, ou tuez-moi tout de suite. Je pleure à chaudes larmes. Que me fais-ils quand ils sauront que je ne suis pas rentrée? Il ne me répond pas. —S'il vous plaît .. Lui: ... —S'IL VOUS PLAÎT. Le cri que j'ai poussé n'était que le cri mon angoisse, le cri de mon âme. Il m'a valu une belle gifle de la part du conducteur. Lui: Tu la fermes. Tu assiste. Ses phrases étaient courtes, mais tellement expressives. Sa voix était froide, mais donnait chaud. Il est grand, donc je me sens petite. Que vont-ils me faire? Pas que j'ai envie de retourner dans la maison dans laquelle j'étais, non. C'est tout le contraire. C'est juste que, je ne veux pas souffrir encore plus. Mes souffrances actuelles me ravissent. Pire, ce doit être la mort. Ou peut-être finalement la mort était-elle douce ..? Peut-être qu'une fois morte, je pourrais me reposer. Tant que je n'ai pas essayé, je ne le saurais pas. Je me cale contre le siège arrière avec ma joue qui est toujours en feu. Je me recroqueville sur moi et me laisse bercer par les mouvements de la voiture. Mes tristes 18 années passent sans que je puisse les admirer. Je suis jeune, mais pourtant, si vieille. Lorsque la voiture s'arrête, je me redresse vite. Je suis surprise de me trouver dans un jardin splendide. Mon ravisseur descend, et d'un geste rapide, me soulève avec facilité. Ce n'est pas de ma faute si je pèse 38 kilos. Ce n'est pas de ma faute si je suis immonde, mais ça, le monde ne l'a pas compris. Mes pieds douloureux touchent le sol. Je ne peux m'empêcher de grogner bruyamment.
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