Je décidais de faire marcher la machine à café, et appelais ensuite directement mes deux clients, afin de prévoir un rendez-vous pour faire le point. Je les voyais donc le lendemain après-midi, jeudi à 16h, dans mon bureau.
En attendant, je décidais de passer la matinée à peaufiner leur défense, le procès approchant à grand-pas. En début d’après-midi, je recevais un appel « inconnu », et y répondait sans réfléchir.
- « Allo ? »
- « Juliette Bridaut, à l’appareil ».
- « Mademoiselle Bridaut ! Que me vaut cet appel, un détail vous est revenu ? »
- « Je ne sais pas si c’est important ou si ça ne l’est pas à vrai dire… Disons que le Sergent Piniot, chargé de l’enquête, n’a pas été des plus agréables avec moi, et qu’un détail m’a étonné. Je ne sais pas si ce n’est que fabulation sachant que les flics, ce n’est pas non plus ma tasse de thé, vous comprenez ? On pourrait se donner rendez-vous dans l’après-midi ? »
- « Tout est important ! 15h au Grand Circus Park ? »
- « C’est parfait ! A tout à l’heure ».
Décidément, j’avais une chance inouïe. Je ne sais pas si cette information en vaut le détour, mais le fait que cette Juliette Bridaut n’aime pas les flics est une aubaine et pour moi, et pour ma couverture.
Je regardais l’heure et pressais le pas. Je décidais d’aller manger au bout de la rue, au « Bakery and Eggs » et de me laisser tenter par un brunch. Après tout, je n’ai ni déjeuné, ni mangé ! J’optais pour des œufs brouillés et avocat sur leur tartine toastée, accompagnée d’un jus d’orange fait maison et un grand latté. Et bien sur, une tarte au citron au dessert. Ma préférée !
Le ventre rempli, je ne prenais pas la peine de repasser par le bureau et allais directement au point de rendez-vous, l’heure tournant.
A 15h tout pile, je distinguais la silhouette de la jeune infirmière assise sur un banc, en train de regarder les passants un muffin dans le bec. Gourmande elle aussi ? On peut bien s’entendre !
Je lui serrais la main, et m’assied à côté d’elle. Son sourire m’indiquait qu’elle était ouverte à la communication, et ne se doutait pas une seconde de mon rôle ici. Une fois les banalités échangées, Juliette me confiait quelque chose d’étonnant.
- Ça va surement m’amener des problèmes, mais j’ai parlé au Sergent Piniot d’une visite rendue à Mr. Toller deux jours avant son opération, ce qui me paraissait être une information des plus intéressantes au vue de l’enquête.
- Effectivement ! Mais vous ne m’en avez pas parlé ?
- Parce que ce Sergent en question m’a spécifié de n’en parler à personne, pas même à mes collègues, que c’était une information confidentielle et blablabla, et ne m’a même pas parut étonné de connaître le nom et la venue de cette visite. Rien, pas de sourcil levé, pas de sourcil froncé, pas de « Ahh, cela peut nous intéresser ». Que dalle. Vous ne trouvez pas ça bizarre, vous ?
Si. Je trouvais ça très bizarre. J’aurais surement réagis différemment si je n’avais pas de doute sur un possible coup monté. J’étais donc face à deux options : soit une mauvaise interprétation de la jeune fille, soit il se cachait vraiment quelque chose sous cette affaire ET le chargé de l’enquête policière en était mêlé.
Juliette ne voulait pas me divulguer le nom de cette personne venu rendre visite à Mr. Toller, disant qu’elle s’était surement déjà mis dans le pétrin en accusant un chef de police, et ne voulait pas de problème. Je la comprenais, la remerciais et rentrais chez moi, au même moment qu’un mal de tête énorme vienne stopper net mes pensées.
Dans quoi me suis-je cru ? Une fiction ? Cette histoire est invraisemblable ! Soit je deviens folle, soit je suis tombée sur une affaire folle. Et dans les deux cas, je suis dans la mouise. Bienvenue dans mon monde...