Chapitre 5

4746 Words
 Je me sentais observée.    La respiration sifflante, je tournai la tête par-dessus mon épaule, tentant d’accrocher une paire de yeux ou bien seulement une silhouette que j’aurais reconnue. Mais rien. Je pris une grande respiration, appréciant le vent frais qui venait refroidir ma peau brûlante.    -Allez Mack, m’interpella mon père, positionné un peu plus loin. Une dernière fois.    Je me renfrognai, baissant les yeux sur l’herbe autour de moi réduite en cendres.    Contrairement à la croyance populaire, les sorciers étaient les créatures les moins nombreuses de toutes. Je ne savais pas pourquoi, mais je me doutais que c’était à cause des histoires du passé. Alors que les loups garous et les vampires se voyaient partager plusieurs territoires à cause de leurs grands nombres, les elfes, les démons ainsi que les anges, nous n’avions besoin que d’une seule terre afin de nous recueillir tous ensemble.    C’est pourquoi j’avais l’impression de détruire un bien public à chaque fois que je m'entrainais dans la plaine derrière les maisons. Après tout, je n’étais pas la seule personne du couvent qui s'entraînait dans la clairière.    -Je n’ai pas envie d’y mettre le feu encore une fois papa, m’exclamai-je. Les Plant vont encore plus me détester !    Mon père leva les yeux au ciel pour simple réponse.    Les Plant était la famille qui avait la liaison la plus puissante avec la nature. Ils étaient capable de faire pousser n’importe quoi, n’importe quand ! La dernière fois que j’avais eu affaire à eux, je m’étais retrouvée pendue, la tête à l’envers par une racine d’arbre pendant des heures !    -C’est pour ça que Jasmin est là, dit-il en pointant le sorcier à ses côtés.    Je réprimai un gémissement de colère. Le grand blond à la queue de cheval m'observait, la mine amusée. Jasmin Aqua. Son affinité était l’eau, un des éléments les plus inoffensif si vous voulez mon avis ! C’est pour ça que la moutarde me montait au nez lorsqu’il me rappelait sans cesse qu’il était le seul qui pouvait le gérer. Le pire, c’est qu’il adorait me le remettre au visage !    -Tu aurais pu choisir quelqu’un d’autre, franchement !    Mon père m’ignora, me faisant signe de continuer de la main.    Je marmonnai des injures, prenant tout de même une grande respiration. Tout dans mon corps se réchauffa d’un coup. Je sentais mon sang bouillir à mesure que mon pouvoir glissait dans chacune de mes veines. Les flammes me léchèrent doucement les doigts, prenant de l’ampleur jusqu’à mes coudes.    La sueur coulait dans mon dos sous l’effort mental. Ma respiration s’accéléra à nouveau.    -Tiens-les encore Mack.    Je soufflai, luttant contre la douleur qui me tiraillait la tête. Mes flammes se mirent à luires, vacillants entre le bleu et le rouge. Une seconde douleur me fit tanguer, menaçant de me faire perdre l’équilibre.    Je n’allais plus tenir bien longtemps…   -Maintenant !    Toute l’énergie que je m’étais entêtée de retenir dans mon esprit fut relâchée, emmenant avec elle la douleur aiguë. Les flammes englobèrent tout autour d’elle, élargissant encore plus son champ de guerre sur des kilomètres. Mon père tira Jasmin derrière lui, leva la paume de sa main dans les airs. Aussitôt, un mur de flammes se créa, leur faisant écran.    Au même moment, je vis des jets d’eau s’affaisser sur le brasier que j’avais créé. Je me penchai, posant mes mains sur mes genoux afin de reprendre mon souffle, observant la fumée qui s’élevait du joli feu de camp que j’avais créé.    -Fiou, s’exclama Jasmin. Je ne sais pas pour vous deux, mais moi, je suis assoiffé !    Jasmin tituba légèrement en venant me rejoindre, foulant les herbes calcinées. Je posai ma main sur son épaule pour le stabiliser, fronçant le nez dû à l’odeur de brûlé. Après ce coup-là, les Plant allaient me détester à mort !    -Déjà dans les vapes ?    Il pouffa, levant son majeur devant mon visage.    -Je vous envie vous les Woodbanes et les Flamma, dit-il en faisant référence à mon père. Vous tirez votre énergie de la terre alors que moi, si je n’ai pas de conducteur me menant à une source d’eau, je faibli très rapidement !    Ça, c’était quelque chose que je ne leur enviais pas du tout ! Comme l’avait expliqué Jasmin, afin de pouvoir utiliser son don à pleine puissance, il fallait que le sorcier se trouve à proximité d’une source, peu importe lequel tant qu’elle contenait de l’eau. Il venait de faire quelque chose de très risquée aujourd’hui. Le sorcier avait profité du fait que le corps humain était fait à 60% d’eau pour en tirer une partie afin de détruire les flammes que j’avais créées. Ce n'était pas tout le monde qui pouvait faire cela, rendant Jasmin unique, en quelques sortes.    -Ouais, mais crois-moi, l’effort mental que tu dois exercer afin de garder le contrôle est beaucoup plus difficile que tu le crois.    Il afficha un petit sourire au coin des lèvres, hochant doucement la tête.    -Au fait Mack, à propos d’hier soir…   Je grimaçai automatiquement, lui lançant brusquement l’épaule.    -Je t’arrête tout de suite, dis-je en levant la main. J’étais complètement chamboulée, hors de moi ! Et toi, tu étais là au mauvais moment, tout simplement.    J’avais honte de l’admettre, mais le rejet de Thunder m’avais bien plus fait mal que je le croyais. On se tournait autour depuis que nous étions jeunes, je croyais qu’il aurait enfin compris que je le voulais, lui et personne d’autre. Mais encore une fois, son comportement m’avait dissuadé du contraire.    J’étais en colère, j’ai cru que coucher avec un autre que lui aurait apaisé la douleur émotionnelle. Mais bordel, j’avais l’impression de l’avoir trahi et cela même si nous n’étions que de simples amis !    Bref, utiliser Jasmin n’avait pas été mon idée la plus intelligente.    -Peu importe, dit-il en haussant les épaules. Si l’envie de te défouler de prend à nouveau, tu sais où me trouver !    Je ne vis rien dans ses yeux qui me montrait que je l’avais blessé. Soit il cachait bien ses sentiments, soit il n’en n’avait vraiment rien à foutre ! Et j’espérais de tout mon cœur que c’était la deuxième option. Tout de même, je ne pouvais pas me résoudre à ne pas jouer franc jeu avec lui après cela !    J’allais lui dire que plus jamais ça allait se produire, quand mon père m’interrompit.    -Mackenzie, cria-t-il. Va rejoindre ta grand-mère à la voiture !    Je fronçai les sourcils. Je n’avais même pas remarqué qu’il s’était autant éloigné !    -Je ne peux pas prendre une douche avant de…   -C’est Blaire, me coupa-t-il. Elle demande à te voir.    Eh merde, au diable la douche !    -Je la rejoins tout de suite !    ** **** ******   Quand nous arrivons au territoire Hunter, nous fûmes accueillis sans attendre par Aileen, la compagne de Rayan. Elle nous sourit, passant sa tête à travers la fenêtre.    -Elana, dit-elle en s’adressant à ma grand-mère. Hayden t’attend dans la maison en compagnie de tout le monde pour t’expliquer la situation.    -Qu’est-ce qui s’est passé, me précipitai-je à demander. Blaire va bien ?    Son regard s’assombrit.    -Le Phoenix a été attaqué, et Blaire était à l’intérieur. Elle est secouée, les garçons ont essayés de rentrer dans sa chambre pour la consoler, mais elle refuse de parler à qui que ce soit si ce n’est pas toi.   Mon cœur se serra. Si Blaire refusait même de parler à Gabe, c’était que quelque chose n’allait pas du tout ! Je lançai un regard paniqué à ma grand-mère.    -On y va tout de suite.    Aileen fit aussitôt ouvrir la barrière.    Dès que la voiture fut arrêtée, je m’engouffrai à l’extérieur, me mettant à courir à l’opposé de la maison principale. Le cœur battant dans ma poitrine, je laissai échapper un grognement de frustration. Il va vraiment falloir que je fasse quelque chose à propos de mon cardio !    Après un bon cinq minutes de course, je fus enfin arrivée devant la petite maison à deux étages. La porte s’ouvrit immédiatement sur une grande rousse.    -Mackenzie, me salua Demi. Rentre, elle est dans sa chambre.    -Merci, soufflai-je à peine.    Je remarquai Théo et Gabe sur le grand canapé en cuir, ils tournèrent la tête pour me regarder. Il n’y avait aucun signe de Daël et Thunder. J’ignorai le soulagement qui me traversa et accourus à l’escalier, les montant à coups de deux.    Je passai devant la chambre des maîtres pour me diriger vers celle du fond. Je ne pris pas la peine de cogner et entrai directement dans la pièce.    Assise en indien sur son lit face à moi, portant un chandail beaucoup trop large, Blaire m’observa de ses grands yeux bleus.    -Salut.    Sa voix craqua. Ses yeux se remplirent de larmes alors qu’elle me fit un sourire crispé. Mon cœur se serra encore plus fort quand ses lèvres se mirent à trembler. J’ouvris grand les bras, lui lançant mon regard le plus doux.    -Viens-là.    Un sanglot lui déchira la gorge quand elle se leva, tendant les bras dans ma direction comme un enfant. Sa chaleur m'entourait rapidement quand Blaire se jeta sur moi, nichant sa tête dans mon cou, étouffant ses pleurs.    Blaire était quelqu’un de très forte émotionnellement, je l’avais rarement vu flancher devant qui que ce soit. Alors la voir pleurer de cette façon me brisait le cœur !    Je levai la tête, bâillonnant des paupières afin de chasser les larmes qui menaçaient de faire surface à mon tour.    -Ça va aller, dis-je en passant ma main dans son épaisse crinière.    Elle geint pour simple réponse, me serrant plus fort. On resta dans cette position pendant plusieurs minutes avant qu’elle ne finisse par dire quelque chose.    -Je ne veux pas en parler tout de suite, murmura-t-elle.    Blaire leva la tête, m’observant, les yeux encore rougis par les larmes.    -Je crois que j’ai besoin de dormir.    Elle renifla, reculant d’un pas sans pour autant lâcher mes bras. J’acquiesçai, me déplaçant vers le lit pour tirer la couverture afin qu’elle puisse s’y glisser. Chose faite, je lui souris.    -Ne dit rien aux garçons, grogna-t-elle. Je n’ai pas envie de les avoir encore plus dans les jambes.    J’avais l’impression que cela n’allait pas être nécessaire, mais je ne dis rien, me contentant d’un hochement de tête.    -Pas de problème.    J’allais me détourner quand elle attrapa soudainement ma main.    -Merci de ne pas poser de question. (Elle soupira) Je te promets de tout te dire, d’accord ?    Je lui serrai les doigts.    -Dors Blaire, on discutera quand tu vas le vouloir.    Elle hocha la tête, me lâchant.    Je quittai la chambre, me rendant rapidement dans le salon. Je saluai tout le monde, appréciant que personne ne me pose de questions même si je savais que Gabe mourrait de le faire. Je le remarquai par ses lèvres tendues en une grimace.    Je sortis de la maison en soupirant, me dirigeant d’un pas rapide vers la demeure principale. Le soleil me tapait dans le dos, me faisant souffler davantage. J’étais inquiète pour Blaire. J’aurai aimé pouvoir lui poser toutes sortes de questions dans l’espoir de comprendre ce qui la tourmentait ainsi, mais le silence était parfois la meilleure solution.    Voir la personne dont j’étais le plus proche dans cet état d’esprit me révoltait de tout mon être ! Je serrai les poings contre moi. Ça me tuait de savoir qu’elle avait été attaquée, mais la voir en larmes, mon dieu, ça m’avait jeté sur le cul ! Plus jamais je ne voulais la voir dans cet état.    Je m’arrêtai quand je fus sur le côté de la maison. Ma nuque chauffa, m’avertissant que quelqu’un s’y trouvait. Le sixième sens des humains étaient parfois beaucoup plus utile qu’on pouvait le croire. Mon ventre se noua alors, comme si mon corps reconnaissait pertinemment à qui cette respiration puissante appartenait.    -Ton odeur, elle est différente.    Je fermai les yeux, appréciant comment le timbre de sa voix passait sur mon corps en une douce caresse.    Ressaisie-toi Mack ! N’oublie pas que ce crétin n’en a rien à faire de ton petit cul !    Je pris une grande respiration et m’arma de mon plus beau sourire en me retournant. Le plus important, faire comme si cela ne m’avait pas atteint ! Mais merde, me tenir face à lui et ses yeux perçants rendaient les choses beaucoup plus difficiles !    -J’étais en plein entraînement quand ton père a appelé. Je n’ai pas eu le temps de prendre une douche, dis-je en haussant les épaules. Bonjour à toi aussi en passant.    Il m’ignora, reniflant l’air à nouveau. Je me renfrognai. Est-ce que je puais tant que ça ? Je voulus me sentir moi-même quand un grognement m’arrêta net.    -Tu viens de me grogner dessus ?    Je clignai plusieurs fois des paupières, surprise. C’était quoi son problème ?    -Approche toi, dit-il en m’observant derrière ses cils. Maintenant.    La grande blague ! Qu’est-ce qu’elle avait mon odeur pour qu’il soit si obsédé ? Tout ce que j’avais fait était m’entrainer et…   Brusquement, une conversation avec Blaire me revint en tête. Ce n’était pas mes vêtements qu’il sentait, mais bien celle de ma peau. Jasmin avait dormi dans mon lit après notre nuit ensemble. Est-ce que son odeur aurait pu se mélanger avec la mienne ? Après tout, je n’avais pas prise de douche puisque j’avais l’intention de le faire après mon entraînement.    Sans que je ne sache pourquoi, la panique me submergea un instant avant de me rappeler pourquoi j’avais fait cela. Même s’il le sentait, qu’est-ce que cela pouvait changer hein ? Il n’avait pas son mot à dire sur ça !    -Thunder…   -Pourquoi est-ce que tu es nerveuse ? Je peux le sentir.    Dis donc, il pouvait en sentir de choses en même temps celui-là ! Je ne laissai aucune émotion passer sur mon visage. Je dus prendre sur moi pour ne pas reculer quand il fit un pas dans ma direction, les sourcils froncés.    -Est-ce que tu es malade ? (L’inquiétude se peint sur son visage, me surprenant) Non, c’est autre chose, dit-il en levant le nez à nouveau. Approches, ma belle.    Ma belle ? Oh, et puis quoi encore !    -Pas besoin de me renifler comme un chien en chaleur, dis-je en plissant les yeux dans sa direction. Et ne m’appelle pas comme ça !    C’est douloureux, avais-je envie de dire. Mais je n’en fis rien. Je n’aimais pas comment mon cœur s'emballe quand il s’adressait à moi avec un diminutif comme celui-là. Gabe et Théo aussi me donnait ce petit surnom, et je n’y voyais aucun problème. Mais venant de la bouche de Thunder, ce n’était pas du tout pareille !    -Je suis un canin Mack, tu te rappelle ? C’est une habitude que j’ai.    Oh, il pouvait se rassurer d’une chose, c’était que j’avais pleinement conscience qu’il n’était pas totalement humain ! Je veux dire, aucun homme ne peut avoir des épaules aussi larges, des abdos d’acier et un torse de lutteur à seulement dix-huit ans…   Mon regard descendit lentement sur chaque partie de son corps. À cet instant, j’étais très heureuse que les loups-garous ne soit pas pudiques. Parce que la peau scintillante de Thunder était ridiculement très appétissante.    Dieu que je donnerais n’importe quoi pour le toucher !    -Ouais, dis-je en me dépêchant de détourner les yeux sur un point derrière lui. Tu as le caractère qui va avec aussi ! Bon, tu veux savoir pourquoi je sens différente ?    Il hocha la tête.    Je creusai dans la colère qui m’avait rongé la soirée précédente et mis en premier plan, poussant le désir qui bouillonnait en moi comme un volcan un peu plus loin. Le voir torse nu, offert à mes hormones d’adolescente n’aidait pas beaucoup la situation, mais je réussi, passant en boucle le dégoût que j’avais sentis dès que j’avais osé poser une main sur lui.    -J’ai couché avec un gars du couvent, dis-je en haussant les épaules. C’est bon maintenant ?    Il cligna plusieurs fois des paupières, comme s’il ne comprenait pas ce que je venais de lui dire. Pourtant, ça avait le mérite d’être clair non ? Ma mère me disait souvent que j’étais trop franche avec les gens, que cela allait m’attirer des ennuis un jour. Pour l’instant, je m’en sortais quand même bien.    -Tu as fait quoi ?    Tous mes muscles se figèrent automatiquement. Le timbre de sa voix était rauque, dangereux. Mais ce qui me frappa en plein poitrine fut son regard sombre, furieux. J’eus un geste de recul, frappée par la colère qu’il dégageait.    -Approche.    Mon instinct me criait de fuir, de tourner les talons et de me réfugier dans la maison qui était juste à côté. Mais quelque chose d’autre encore plus fort que la peur me submergeait de tout mon être. La colère.    -C’est quoi ton problème ?    Il fit un pas dans ma direction. Je reculai.    -Mon problème ? Tu viens de me dire que tu as couché avec un autre homme comme si tu m’annonçais que tu avais gagné le loto !    Il cria, les membres tremblants. Les mots qui sortaient de sa bouche me révolta !    -Et alors, m’écriai-je, à bout de nerfs. Mais qu’est-ce que ça peut bien te foutre avec qui je couche merde ! On est rien l’un pour l’autre Thunder, juste des amis bordel !    Les mots qui sortirent de ma bouche semblaient me râper la langue. Encore une fois, ça démontrait à quel point la vérité m’était très douloureuse à accepter. Et ce, même si cet abruti de loup avait un vrai caractère de chien !    -Répète ça Mackenzie, dit-il d’une voix basse.    J’hésitai. Merde, pourquoi il jouait au gars jaloux tout d’un coup !? La façon dont il venait de dire mon prénom me faisait penser à ma mère qui me chicanait quand j’avais foiré quelque chose. Je n’aimais pas ça du tout.    -Tu veux que je te regarde dans les yeux pour te le dire ? Très bien !    Les flammes brûlaient en moi, dansaient dans mon corps me donnant le courage nécessaire pour enfin lui dire ce qui me pesait pendant des années entières. Je lui fis face, ignorant la chaleur agréable de son corps et les effets de sa proximité sur mon propre petit système nerveux sans défense.    -Je t’ai couru après pendant toute ma jeunesse Thunder, et encore aujourd’hui ! J’ai essayé de te montrer des signes, de te faire comprendre que je te voulais, toi ! Tu te rappelles quand je t’ai touché ? J’ai senti le dégoût que cela t’a procuré. J’ai compris, dis-je en battant des cils pour chasser les larmes qui menaçaient de faire surface. Mais tu n’as pas le droit d’être en colère parce que j’ai couché avec quelqu’un bon sang ! C’est ma vie sexuelle Thunder, je ne te chanterai pas la chanson une seconde fois…   La suite, je ne compris plus rien. D’un geste rapide, le loup se pencha devant moi, passa son bras sous mes cuisses. Je poussai un cri de surprise lorsqu’il me hissa sur son épaule. Par pur réflexe, je posai mes mains dans son dos, tentant de m’accrocher à quelque chose pour ne pas tomber.    -Mais qu’est-ce que tu fais, dis-je en essayant de lever la tête.    Il ne dit rien, continuant sa marche à travers les arbres comme si je ne pesais rien. Le sang commença à me monter à la tête après plusieurs minutes de marche à fixer le sol garnis de terre et de branches.    -Thunder !    Je hoquetai de surprise quand il me tapa une fesse, poussant un grognement profond de la gorge. J’allais lui lancer des insultes quand je fus soudainement à nouveau sur le sol. Ma tête tourna un instant, des petits points noirs apparurent dans mon champ de vision. Je clignai plusieurs fois des paupières tout en m’accrochant au biceps autour de mes hanches, le temps que ma vision revienne à nouveau à la normale.    -Je…   -Écoute moi bien Woodbanes, dit-il en me plaquant contre son corps. Ton petit cul de sorcière m’appartient à moi, pas à ce petit prépubère de sorcier, à moi c’est clair ? Du dégoût  ? Je te croyais beaucoup plus intelligente.    Il passa sa main entre nos deux corps et attrapa la mienne.    -Te voir, te sentir…   Mon cerveau était embrumé, mon attention était totalement focalisée sur le beau mâle en face de moi. Je déglutis quand il emmena nos mains à l’élastique de son pantalon de jogging, m’observant dans les yeux alors qu’il emprisonna mes doigts autour de sa verge dressée.    -Tu le sens maintenant ? Il n’y a rien chez toi qui me dégoute compris ?    Je poussai un petit cri de surprise quand il attrapa mon menton dans le creu de sa main libre, levant mes yeux afin qu’ils soient à sa hauteur. Mon cœur se débattait dans ma poitrine, des petits frissons de plaisir me traversaient tout le corps.    -Cette bouche, dit-il dans un gémissement. Je vais la prendre de toutes les façons possibles Mack, n’en doutes même pas une seconde. Et s’y on commençait maintenant ?    Il n’attendit pas ma réponse, fonçant sur moi comme une fusée. Nos lèvres s’entrechoquèrent. Le peu de retenu qui me restait s’évapora, mon cerveau disjoncta complètement. Je gémis, heureuse d’enfin pouvoir sentir ses lèvres d’une douceur extraordinaire sur les miennes.    Il grogna de plaisir quand je passai ma langue sur ses lèvres, l’obligeant à approfondir notre b****r. Son sexe tressaillit sous ma poigne, me faisant sourire. Nos langues s’affrontèrent dans une danse sensuelle, exquise qui menaçait de me faire éclater les nerfs qui me restaient encore intactes.    -Mack…   Il gémit, retira sa main de sur la mienne pour la fourrer dans mes cheveux, me faisant pencher la tête vers l’arrière. Tous mes sens furent décuplés par le plaisir de ses mains sur ma peau, me tirant des gémissements d’extase. C’était tellement bon…   Je ne me rendis pas compte qu’on bougeait jusqu’à ce que je sente l’écorce d’un arbre me grafigner le dos à travers le mince tissu de mon chandail de sport. Je bougeai ma main de haut en bas, appréciant les sons plaintifs qui résonnaient contre mes lèvres.    À bout de souffle, je me détachai de lui, continuant toujours les mouvements de vas et viens sur son sexe. Les muscles de Thunder se tendirent, il poussa un grognement animal avant de mettre sa tête dans mon cou.    -Tu me tues. (Un frisson me parcourut quand il passa sa langue dans le creu de mon épaule) Tu prends la pilule ?    Je hochai la tête. J’avais horreur des condoms, je trouvais ça hyper inconfortable.    -Parfait, parce que je ne crois pas pouvoir encore tenir bien longtemps.    Le temps de dire ouf, je me retrouvai plaquée contre le tronc d’arbre, la joue appuyée sur la main que le loup avait mise afin de m’épargner des griffures sur mon visage. Je frissonnai, ses doigts parcoururent ma colonne vertébrale, jusqu’au creu de mes reins.    -Est-ce que tu savais que ton corps est une œuvre d'art ? Chaque courbe... Il gronda, passant sa main libre dans mon pantalon ample.  -Merci, dis-je en avalant difficilement ma salive. Pourquoi ne pas l'afficher dans un musée... Il attrapa mes cheveux et me pencha la tête vers l'arrière, me tirant une grimace de douleur. Des frissons me parcoururent la colonne vertébrale alors que ses dents égratignèrent mon lobe d'oreille.  -Jamais, il grogna. Personne n'a le droit de toucher, voir, ou même penser à ton corps... Tu es à moi.    Le désir me frappa tellement fort que je crus que mes jambes allaient s’effondrer. Je fermai les yeux quand il tira d’un coup sec sur mon pantalon, l’abattant sur mes chevilles. Je bougeai des hanches quand il plaqua sa main contre mon sexe, me faisant défaillir complétement.    -Thunder…   Il m’attrapa par les hanches et me tourna à nouveau pour lui faire face. Ses yeux étaient brûlants de désir quand ils les posèrent dans les miens.    -Je ne suis pas quelqu’un de doux Mack, dit-il la respiration lourde. Je ne pourrais pas me contrôler une fois que je vais être en toi…   -Bordel Thunder, la ferme et b***e moi !    Il gloussa. Je passai mes jambes autour de sa taille en même temps qu’il abaissa son pantalon de jogging, laissant sa verge à l’air libre. D’un coup de griffe, il envoya ma culotte au sol dans un rugissement animal.    Mon souffle se coupa net quand il s’enfonça en moi. La douleur qui me traversa dut à sa grosseur fut bien vite remplacée par le plaisir. Je gémis alors qu’il entra jusqu’à la garde, poussant un soupir de soulagement.    -Merde, c’est bien mieux que je le croyais.    J’allais le dire ! J’enfonçai mes talons dans ses fesses, m’accrochant à son cou alors que ses coups de hanches se firent brutaux, sans douceur. Ma respiration s’accéléra, mon bas ventre se crispa alors que le désir s’empara de chaque cellule nerveuse de mon corps. Je me cambrai, sentant l’o*****e me traverser de toute part.    Je mordis dans l’épaule du loup, étouffant le cri qui me déchirait la gorge.    -Mack…   Il grogna à son tour, son corps se tendit pour ensuite être pris de violentes secousses. À bout de souffle, je laissai ma tête retomber vers l’arrière, considérant le peu d’énergie qui me restait.    -La prochaine fois que tu penseras de b****r quelqu’un d’autre, n’oublie pas que personne d’autre que moi ne te fera jouir de cette façon.    Je me figeai. Le temps que cette phrase fasse son chemin jusqu’à mon esprit embrouillé, Thunder me déposa doucement sur le sol, se retirant tout en s’assurant que mes jambes soient assez solides pour me supporter.    -Quoi ?    -Tu m’as bien entendu Mackenzie.    L’émotion me prit directement à la gorge, me privant d’oxygène. Tout ce qui venait de se passer, il n’avait jamais été question de sentiments, non, c’était pour me punir. Des larmes de rages firent son apparition, mon cœur se brisa, encore une fois. J’avais l’impression de m’être fait poignarder dans le dos, à nouveau.    -Je te déteste, dis-je en serrant les poings.    L’incompréhension dans ses yeux fit enfler encore plus la colère qui me dévorait. Je fermai les yeux, contrôlant les flammes qui menaçaient d’exploser en moi. J’avais peut-être la haine contre lui, mais je refusais de le blesser à cause de ma naïveté !    Je le poussai de toutes mes forces, le faisant reculer de quelques pas. Les larmes m’embrouillaient la vision. J’enfilai mes pantalons à la va vite, renonçant au bout de tissu toujours sur le sol. J’allais brûler ce pantalon une fois à la maison !    -Mack…   -Ne me touches pas, m’écriai-je en me retirant de sa poigne.    Je profitai de sa surprise pour m’enfuir, ignorant la voix de Thunder qui criait mon nom. Je sanglotai, évitant les racines ainsi que les branches alors que je foulais le sol à l’aveugle.    Comment avais-je pu être aussi stupide ? Ces belles paroles m’avaient tourné l’esprit, alors que son corps lui, m’avait fait perdre la connexion avec la réalité. Me punir ? Ce simple mot m’avait fait sentir comme un objet, une moins que rien !    Subitement, je me pris un mur en plein visage. Je poussai un cri, me sentant tomber vers l’arrière. Un bras s’enroula autour de ma taille, me redressant complètement. Je reconnu l’homme à la coupe militaire, ses yeux perçants posés dans les miens. C’était Mica, le premier lieutenant de la meute Hunter.    -Houlà jeune fille, dit-il en fronçant les sourcils. Ta grand-mère te cherche…   Il se figea, ses prunelles bleues scannèrent mon visage en larmes. Son regard s’abaissa sur mes vêtements froissés pour revenir sur moi. Il renifla, son front se plissa.  Soudainement, il baissa la tête dans mon cou, me tirant un hoquet de surprise.    -Vous avez couché ensemble.    L’expression de colère sur son visage me hérissa complètement. Il savait. J’avais été la seule personne assez naïve pour croire que quelque chose passait entre moi et Thunder. La personne assez inconsciente pour lui avoir offert mon corps, et de lui avoir ouvert ce que je n’avais fait pour personne dans ma vie, mon cœur. Bordel, même son oncle le savait !    Quelque chose en moi remua. Ce fut la goutte de trop.    -Vas te faire foutre !    Je criai, empoignant sa tête et sentit une toute nouvelle énergie me traverser le corps. Une douleur atroce me tirailla la tête, me faisant gémir de douleur.    -Merde !    Mica chancela lui aussi, une main sur son crâne. Quand je réussi enfin à ouvrir les yeux, ce ne fut pas l’oncle de Thunder qui me faisait face, mais bien un loup gris foncé géant. Je tombai sur les fesses, sous le choc.    -Oh non…   Le loup s’ébroua, posant son regard d’aigle dans le mien. J’avais déjà vu une dizaine de fois les garçons et Blaire se transformer. Ils me laissaient même les flatter pour me démontrer que je n’avais pas à avoir peur. Mais être si proche du premier lieutenant me pétrifiais, même si une petite voix dans ma tête me cria de lui faire confiance.    Une branche craqua derrière moi.    Le loup leva ses babines, dévoilant des crocs affûtées comme des lames de rasoir. Je l’observai lever le museau dans les airs, plaquant ses oreilles contre son crâne. Je déglutis, l’observant b****r ses muscles avant de sauter par-dessus moi, me tirant un petit cri de surprise.    Mon cerveau se reconnecta avec la réalité, poussant mes jambes à se remettre en marche. Je sautai sur mes pieds et me mis à courir devant moi à nouveau, ignorant le hurlement de tristesse qui fit écho dans mon dos.    Sans que je ne sache pourquoi, mon cœur se serra en pensant au loup gris que je venais de laisser derrière moi.           
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