Chapitre 6

4008 Words
-Tu as fait quoi ?!    Gabe pencha la tête vers l’arrière et éclata de rire. Je me renfrognai, observant mon ami rire à gorge déployée. Théo lui donna un coup de coude, essayant de le ramener à l’ordre, mais ce fut en vain.    Vingt-quatre heures. Cela faisait vingt-quatre heures que je tentais de me creuser l’esprit pour comprendre ce que j’avais fait de travers. Je n’étais pas la personne qui avait une facilité avec les mots, et encore moins lorsqu’il fallait que je parle de mes sentiments. J’ai cru perdre le contrôle lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle avait couché avec un type de son couvent. Mon loup était prêt à la jeter sur son épaule, l’emmener sur son territoire afin qu’elle me dise qui était ce petit e****é, et ensuite, je l’aurais égorgé à coup de crocs !    Mais le fait qu’elle croyait qu’elle me dégoutait m’avait encore plus chamboulé. Mais dans quel foutu contexte elle avait compris cela ? Jamais je ne lui avais montré quoi que ce soit qui aurait pu lui faire croire qu’elle me dégoutait, bon sang !    -Ce n’est pas drôle Gabe, dit Théo en pouffant malgré lui.    Je grognai tout en me penchant vers l’avant et le poussai d’une main. Daël qui était assis sur l’estrade tout près de lui se poussa sur le côté, le laissant tomber au sol. Dans sa chute, Théo agrippa Gabe à sa droite, l’emmenant avec lui.    -Aïe, cria Théo, coincé entre deux bancs.    Gabe était toujours mort de rire. Moi qui aurais cru que ces trois crétins auraient pu m’aider à comprendre quelque chose à propos de Mackenzie !    -Je ne comprends pas que ce que vous trouvez drôle, dis-je entre mes dents.    Les deux garçons réussirent à se mettre à nouveau sur le banc en métal. Le grand brun essuya une larme imaginaire, poussant un soupir de résignation.    -Désolé mec, dit-il entre deux gloussements.    -Je ne comprends pas Thunder, dit Daël en hochant doucement la tête. Tu le savais depuis le tout début que Mackenzie te tournait autour, alors pourquoi tu n’as rien fait avant hier soir ?    -Je ne sais pas, dis-je en passant une main dans mes cheveux.    Mon meilleur ami grogna, levant les yeux au ciel.    -Mackenzie n’est pas une louve, c’est une sorcière ! Elle ne comprend pas encore parfaitement bien notre langage, dit Théo en haussant une épaule. Tu es à moi, personne n’a le droit de te toucher, c’est un vocabulaire que seulement les loups comprennent la réelle signification !    -Le sexe, continua Gabe. C’est dans notre vie quotidienne, une façon de combattre nos pulsions animales. Mais pour les humaines, c’est comme une promesse.    Je soufflai, exaspéré. D’accord, j’avais suivi mes pulsions sur ce coup-là, il fallait que je l’admette. Mais jamais je n’avais vu en mon geste un quelconque manque de respect vis-à-vis Mackenzie. La fille que mon loup voulait depuis des années m’avait annoncé qu’elle avait toujours eu envie de moi, j’étais censé faire quoi ? La regarder dans les yeux et hocher la tête ? Pas trop mon style.    -J’ai couché avec elle parce que je voulais qu’elle sache que je la voulais tout autant. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi Mack s’est mise dans un tel état !    -Attends, dit Théo en s’avança. Tu as dû lui dire quelque chose, non ?    Je me creusai la tête un bref instant.    -Bien-sûr ! Je lui ai dit que la prochaine fois qu’elle allait b****r quelqu’un, elle va se rendre compte que personne d’autre que moi allait lui donner un o*****e comme celui qu’elle avait eu, dis-je en haussant les épaules.    Gabe se frappa le front de la main. Théo grimaça et Daël se contenta de pousser un grognement exaspéré. Je les observai tous un à un.    -Quoi ? Ce n’était pas assez clair ?    Théo se rapprocha, posant une main sur mon épaule.    - « La prochaine fois que tu vas b****r quelqu’un ». La voilà ton erreur mec ! C’est comme si tu venais de lui dire, hey, je te donne le champ libre pour aller faire des galipettes avec quelqu’un d’autre, mais souviens-toi qui est le meilleur.    -Je n’en ai rien à foutre de ce qu’on vient de faire, dit Daël. C’est ça qu’elle a compris.    J’eus un geste de recul. Vaut mieux crever qu’elle aille voir ailleurs ! De plus, ce n’était aucunement mon intention ! C’était une menace, pas une invitation à aller coucher avec d’autres hommes, bon sang !    Juste à la simple pensée que sa petite sorcière puisse aller voir ailleurs à nouveau, mon loup en grinçait des dents ! Il était très en colère en sentant l’étrange odeur qui s’était mélangée à la sienne, mais quand elle lui avait annoncé la raison derrière ce changement, ma bête avait complètement disjonctée. Mais maintenant, plus j’y pensais, plus je comprenais pourquoi Mack avait réagis de cette manière. Dans mon incapacité à communiquer verbalement avec les gens, je m’étais complètement tiré une balle dans le pied ! Il allait vraiment falloir que je travaille sur ça.    -Je déteste me retrouver dans ce genre de situation, grognais-je en passant une main sur mon visage. Ce n'était pas mon intention, de lui faire croire que c’était seulement une simple b***e.    Gabe siffla, les rayons de soleil reflétaient dans ses mèches brunes.    -Il va falloir que tu fasses quelque chose pour remédier à ça si tu ne veux pas qu’elle aille voir ailleurs…   -Jamais, crachai-je.    -Tout doux petite tête, dit-il en mettant ses mains devant lui. Même si la sorcière est très bandante, les blondes ne sont pas mon style.    Je grondai, l’avertissant de faire attention à ce qu’il disait.    -Tu ne devrais pas parler comme ça, dit Théo en soupirant. On ne dit pas bandante, mais excitante. C’est moins cru et beaucoup plus beau sur la langue.    Gabe haussa un sourcil.    -T’es qui toi ? Casanova ?    -Casanova ? Je ne change pas de fille comme je change de chemise Gabe. Ce que tu viens de dire n’a aucun lien avec le conseil que je viens de te donner. Mais je suis sûr que cet homme très intelligent ne jurait pas comme un charretier !    Gabe pouffa.    -T’es mignon quand tu parles comme ça.    Théo gronda, levant les yeux au ciel. Je quittai leur conversation, tournant les yeux pour observer Daël. Voyant mon regard, il leva les yeux au ciel.    -Dis lui simplement que tu l’as veux Thunder, et explique-lui la signification de ce que cela veut dire pour nous. Mack est une fille intelligente, elle va comprendre rapidement son erreur et la tienne.    J’eus un sourire en coin. Même si Daël n’était pas une personne très sociable, il avait une facilité déconcertante à communiquer avec les gens, et cela, même s’il refusait de l’admettre. Quand je lui faisais remarquer, il me fusillait du regard et murmurait que c’était de la faute de sa mère. Ma tante était une empathe, faisant d’elle quelqu’un qui comprenait très facilement les sentiments des gens qui l’entourait. Il avait hérité un peu de cette faculté-là.    -Merde, c’est quoi cette blague ?    Alerté par le timbre de voix inquiet de Gabe, je tournai la tête. Sur le terrain de football, les humains étaient en pleine pratique. Je remarquai rapidement le numéro 72, c’était Louis Buck. Le jeu s’arrêta automatiquement quand il se dirigea d’un pas furieux vers un adolescent qui avait intercepté le ballon brun et blanc.    -J’ai un mauvais pressentiment, dit Daël en se levant.    J’allais dire la même chose ! Je me mis sur mes pieds à mon tour, bientôt suivi de mes deux autres amis. L’asiatique prit son élan et sauta d’un bond, esquivant les dizaines de marches en avant de nous. Je fis la même chose, bandant mes muscles au maximum et m’élança. Le vent me fouettait le visage un instant, mes pieds vibrèrent quand j'atterris sur le gazon synthétique.    Daël s’était déjà mis en marche, se dirigeant droit vers Louis qui avait retiré son casque. Je devinai à ses poings serrés contre son corps qui semblait très remonté. Plus j’approchai, plus je pouvais sentir la colère que ses pores dégageaient. Mais une autre odeur me fit gronder, celle de l’inconnu qui se tenait devant lui. C’était un vampire.    -Vous le connaissez, demandai-je aux garçons derrière moi qui m’avaient rejoint.    Avant qu’ils ne puissent répondre, une autre présence se fit sentir à mes côtés.    -Je peux t’assurer que ce vampire n’est pas de cette école, me dit Jazz en plissant les yeux dans sa direction.    -Et il empeste, renchéris Gabe en fronçant le nez. Merde, c’est quoi cette odeur répugnante ?    Le fer. C’était une odeur métallique tellement forte que j’avais l’impression de le goûter dans ma propre bouche. À l’habitude, mon loup ne se serait pas plaint, mais à cet instant, le goût semblait beaucoup plus amer, froid.    -Tu ne reconnais pas l’odeur du sang, gronda Théo.    J’accélérai le pas alors qu’un autre humain se mêla de l'interaction entre Louis et le vampire. Je reconnu Philipe, le garçon qui s’en était pris à Blaire. Daël était arrivé à leur position, se postant un peu à l’écart. Je louchai sur le pantalon large rouge qui lui tombait sur les hanches ainsi que le chandail noir qu’il portait. Pourquoi est-ce que j’avais déjà vu ça quelque part ? Des images me revinrent rapidement à l’esprit.    -Merde ! (Je me mis à courir) Daël, il fait partie du bloc E !    Je criai, le cœur battant. Au même moment, les yeux scintillants du vampire s’allumèrent d’une dangereuse étincelle. Mon ami n’eut le temps que de tourner la tête pour me regarder que le vampire attrapa Philipe par le cou et lui cassa d’un coup sec.    -Oh merde !    Daël se retourna à temps pour attraper Louis par le bras et le pousser au sol avant que le suceur de sang lui casse une vertèbre à son tour. Mon ami leva le bras dans les airs, la paume de sa main bien en évidence. Le vampire se retrouva à voler jusqu’à l’autre bout du terrain.    -Je m’en occupe.    Jazz disparut. Je tournai la tête pour le voir engager un combat avec son adversaire, échangeant des coups de poings et des coups de crocs. Je ne fus pas surpris de voir le sang-mêlé avoir le dessus et d’un simple geste de main, lui rompre la colonne vertébrale en deux.    -Oh mon dieu, paniqua Louis, toujours au sol.    Son visage était blême, il déglutit comme s’il luttait contre l’envie de vomir en observant le corps inerte et les yeux sans vie de Philipe à ses côtés.    -C’est quoi ce foutu bordel, cria Daël quand je fus à sa hauteur.    Des cris résonnèrent alors, nous tirant tous de notre stupeur. De tous les côtés, des créatures surnaturelles en uniforme faisaient leur apparition. Jazz se détourna, observant deux démons s’attaquer à l’équipe de football.    Les gens se mirent à paniquer, se mettant à courir dans tous les sens. Mon cœur battait à tout allure, mon loup se jetait contre les parois de mon esprit, voulant émerger pour me protéger. Mais une chose était sûre, nous n’étions pas les cibles.    -Ce sont les humains, murmurai-je. Ils veulent tuer les humains !    Jazz fit à nouveau son apparition à mes côtés, le visage et les vêtements couverts de sang. Il déposa une humaine sur le sol, qui complètement paniquée, tremblait de tout son corps.    -Un ange a essayé de lui enfoncer une p****n de flèche dans le crâne ! J’ai ordonné aux miens de protéger les humains, mais ces enfoirés sont allumés d’une rage pure ! Une chose est sûre, même si nous ne sommes pas les cibles principales, ils n’hésiteront pas à nous tuer pour nous passer par-dessus.    Je serrai les poings, sentant l’électricité gronder dans mes veines.    -Il faut les protéger, peu importe le prix. Quelque chose se trame derrière ça, et je refuse de payer pour ces enfoirés !    -Je ne dis jamais non quand il y a du sang, dit Daël en roulant des épaules. Allons faire rouler quelques têtes.  *** ***** *******   -Ça fait exactement dix minutes que tu fixes ta case, tu vas bien ?    Hein ? Je clignai plusieurs fois des paupières et me rendit compte en effet que je faisais face au métal gris strié de grafignes, preuve des mauvais traitements qu’il avait vécu par ses précédents propriétaires. Il était bien amoché, tout comme mon moral.    -Ouais, soufflais-je.    Riley soupira, m’observant des pieds à la tête.    -Désolé de te décevoir ma grande, mais je te connais comme si je t’avais faite ! Tu ne vas pas bien, ça crève les yeux. (J’ouvris la bouche pour dire quelque chose, mais elle me coupa) Je déteste quand tu me mens Mack.    Je lui lançai un regard désolé.    Riley était une amie que j’appréciai énormément. L’elfe débordait de gentillesse avec les gens qui l’entouraient. Même si elle était très têtue et qu’elle abordait constamment un visage froid, je n’avais jamais vu une personne aussi vive qu’elle. Même si elle évitait de parler de sa situation familiale, je savais que Riley avait une famille très compliquée. Malgré cela, elle réussissait à garder un œil sur son clan, ses amis ainsi que son frère jumeau, Stanley qui était un homme très imprévisible.    -Eh bien dis donc, dit-elle en observant un point derrière moi. J’en connais une qui a eu une nuit difficile.    Je tournai la tête, observant Blaire nous rejoindre. Habillée d’une simple chemise qui lui arrivait en haut des genoux, ses cheveux était remonté en une queue de cheval, dévoilant les beaux traits de son visage. Malgré cela, le maquillage qui lui recouvrait le tour des yeux m’interpella. Même si elle avait tenté de limiter les dégâts, je pouvais facilement deviner que ses yeux étaient beaucoup plus gonflés que d’habitude.    Je soupirai. La curiosité me rongeait de l’intérieur en l’observant. Une seule question me venait à l’esprit ; qu’est-ce qui s’est passé au Phoenix pour qu’elle soit si chamboulée ?    Le visage de Blaire s’illumina d’un grand sourire quand elle nous vit. Je me détournai, jetant un rapide coup d’œil à Riley.    -Je sais, dit-elle en soupirant. Je ne dis rien à Blaire.    Ce n’était pas pour la mettre à l’écart que je ne voulais pas lui parler de Thunder. J’avais juste envie de comprendre exactement ce qui se passait dans ma tête avant de demander de l’aide à qui que ce soit. J’adorais Blaire, mais le fait qu’elle cohabitait avec lui rendait les choses compliqués. La connaissant, elle pourra bien le noyer dans son sommeil ! C’est pour cela que j’affichai un grand sourire quand elle nous rejoint, faisant semblant de ne pas remarquer l’étincelle de tristesse qui dansait dans ses belles pupilles bleues.    Alors qu’elle s’apprêtait à nous parler, un cri strident résonna. Je sursautai, tournant la tête vers le bout du couloir. Riley fit un pas vers l’avant, observant l’énorme porte en métal. Les conversations cessèrent, les cœurs battaient tous à l’unisson. Je ne sais pas pendant combien de temps nous fûmes tous là, observant la porte d’entrée comme si le Père Noël allait débarquer avec des sacs remplis de cadeaux.    -Ça sent le sang, murmura Blaire. Ça ne peut que prédire des ennuis ! (D’une voix plus forte) Tout le monde qui se trouve près de la porte, reculez tout de suite…   Bang !    Je sursautai, le cœur battant. Tout à coup, l’entrée s’ouvrit en grand. Je posai ma main devant ma bouche, la panique me submergea aussitôt en voyant la scène devant moi. Un homme à la longue chevelure noir et aux yeux troublants tenait le corps d’une étudiante dans ses bras, ou ce qui en restait. Son bras droit manquait à l’appel, son estomac était mutilé dans une coupure verticale. J’eus un haut le cœur en voyant les boyaux de la jeune femme tomber dans un bruit sourd à ses pieds. Blaire dégluti, posant une main sur mon poignet.    -Oh, dit-il en levant la tête. En voilà plus !    Mes jambes tremblaient, menaçant de me lâcher à n’importe quel moment. Soudainement, une alarme stridente retentit, ramenant mes sens à la réalité. Riley s’était déplacée à l’opposé de notre position initiale, tout près du démon. Une main encore sur le levier du système d’alarme, elle jeta un regard noir à l’homme un peu plus loin qui surprit de ne pas l’avoir senti, clignait plusieurs fois des paupières.    -Courez !    Tout se passa en même temps. Les gens se mirent à crier, paniqués. Les corps se foncèrent dedans, certaines personnes tombèrent alors que d’autres ne se génèrent pas pour leur piler dessus. Derrière tous cette agitation, j’entendis mon nom.    -Mackenzie !    Blaire me secoua la main avec une telle force que j’ai cru qu’elle allait me disloquer l’épaule. Mais la douleur me ramena à la réalité.    -C’est quoi ça, demandai-je, nerveuse.    Mon amie me poussa plus près des cases, évitant de nous faire écraser.    -Ce sont des créatures de l’aile E, dit-elle, les lèvres tremblantes. Je reconnais leur uniforme.    -De l’aile E ? Tu veux dire du Phoenix ?    -Ça suffit le bavardage, nous coupa une voix.    Les mains en sang, Riley se retrouva à nouveau près de nous, le visage dur.    -Je viens de tuer le démon qui s'apprêtait à faire une seconde victime, cracha-t-elle. Ses amis ne tarderont pas à venir le rejoindre. Ils s’en prennent aux humains, c’est évident!    -Merde, jura Blaire. Je n’en doute pas ! Je vais aller au deuxième étage pour voir si les gens ont entendu l’alarme.    -Je m’occupe d’avertir chaque dirigeant de groupe, dit Riley. Merde (elle se tourna vers la porte) Ils sont là ! Mack, va à l’extérieur pour tenter de téléphoner à la police, le réseau ne fonctionne pas entre les murs de cette foutu école !    J’acquiesçai.    -Bien reçu. Je vais passer par la cafétéria, il y a une porte de sortie qui mène droit au terrain à l’arrière.    Blaire se dépêcha de tourner les talons et se mettre à courir dans le couloir opposé à la porte. J’allais me détourner, quand l’elfe m’attrapa la main.    - Fais attention. (Je hochai rapidement la tête) Mack, ces gens ne sont pas là pour rigoler compris ?    Je bloquais sur ses mots un bref instant. Rigoler ? Je viens tout juste de voir une humaines avec les tripes qui lui sortaient de l’estomac ! Mais je comprenais le sous-entendu derrière ses paroles. Je n’étais pas entraînée pour tuer comme mes deux amies. Retirer la vie de quelqu’un, je ne pouvais pas penser que je le ferai un jour. Même si dans le monde d’aujourd’hui c’était maintenant quelque chose de fréquent, j’avais peur de me résoudre à rejoindre notre civilisation. Cependant, Riley avait raison. S’ils me tombaient dessus, eux, ils n’hésiteront pas à me descendre sans pitié.    -Compris.    En d’autres mots, j’allais me battre pour ma survie.    Riley hocha la tête avant de disparaître à nouveau entre les corps des étudiants paniqués. Le cœur battant, je me détournai à mon tour et me mis à courir vers le bout du couloir. Je tentai d’esquiver les coups de coudes ainsi que les coups de poings pour me frayer un passage jusqu’à ma destination. Quand j’y fus, je tentai un coup d’œil par-dessus mon épaule.    Comme l’avait prédit Riley, d’autres hommes et femmes avaient fait leur apparition à l’intérieur de l’école. Beaucoup d’entre eux sautèrent dans le tas, poussant des cris animaux. Un cri tout près de moi attira mon attention.    Un type aux cheveux dorés était par-dessus un garçon, les mains encerclées autour de son cou. Eh merde !    Sans que je ne puisse arrêter mes jambes, je rebroussai chemin pour aller l’aider quand soudainement, une silhouette apparut derrière l’ange et l’attrapa par le cou. Je soupirai de soulagement en voyant Jaimee faire une clé de bras à son adversaire.    -T’es une honte à ta race sale enfoiré, grogna-t-elle.    Les marques dorées sur ses pommettes se mirent à scintiller, signe qu’elle était très fâchée. Ses cheveux roux firent de même quand elle réaffirma sa prise. L’homme dans ses bras tenta de lutter, mais la chef des anges n’était pas quelqu’un avec qui tu pouvais jouer, encore moins quand cela concernait une personne de sa propre espèce.    -Riley m’a averti, cria-t-elle à mon intention. Chaque chef de clan regroupe les leurs pour protéger les humains. On s’occupe d’eux Mack, vas chercher de l’aide !    -Merci, soufflais-je en me tournant à nouveau.    Mes pieds foulèrent le plancher, mon cœur résonna dans mes oreilles. Je tournai le coin, manquant de peu de tomber. Un frisson me parcourut quand je vis le même schéma devant moi. Je tentai d’ignorer les cris d’agonies qui furent poussés soit par les victimes ou les bourreaux qui se voyaient attaqués par un des nôtres dans le but de mettre fin à ce m******e.    Je poussai un cri quand un corps tomba tout près de moi, bientôt suivi par un autre. Paniquée, je me mis à courir encore plus vite. Quand je fus enfin rendue dans l’énorme salle, je ne pus m’empêcher de pousser un soupir de soulagement. La salle était vide, et vu la porte ouverte tout près des toilettes ainsi que les repas encore frais sur les tables, j’en conclus qu’ils avaient tous entendus l’alarme et s’étaient dépêchés de sortir.    -Faites que ce soit mieux à l’extérieur, murmurai-je.    Malgré chacun de mes muscles qui protestaient, l’adrénaline qui coulait dans mes veines me permit de m’élancer à nouveau vers la porte de secours. Alors que je sentais le vent venir frôler mes bras, je fus brusquement tirée vers l’arrière.    La brûlure à mon cuir chevelu me tira un cri de douleur. Par réflexe, je posai mes mains autour du poignet qui avait pris mes cheveux en otage. Mon souffle se coupa net dans ma poitrine quand je tombai sur le dos. Je crus sentir ma colonne vertébrale vibrer sous ma peau sous l’effet du choc.    Un visage apparut dans mon champ de vision, me faisant haleter de peur.    -Où allais-tu petite sorcière, demanda-t-il en penchant la tête sur le côté.    Ses yeux bleus scintillèrent sous les mèches blondes qui lui tombaient sur le front. Toujours coincée dans sa poigne, je gigotai afin de tenter de me défaire, mais le résultat ne fut pas celui escompté.    -Non non non, dit-il en posant une jambe de chaque côté de mes hanches. Tu ne peux pas t’en aller, on vient tout juste de se rencontrer !    Je refoulai un sanglot. Il fallait que j’aille chercher de l’aide ! Mais avec ce vampire qui me prenait pour un jouet, c’était tout bonnement impossible. Soudainement, les mots de Riley me revinrent à l’esprit.    -Allez-vous me tuer, demandais-je d’une petite voix.    Un sourire béant déforma le visage de l’homme au-dessus de moi.    -Ce que les tiens m’ont fait ne serait rien comparé à ce que moi, je vais te faire subir.    Sa voix était grave, dangereuse. Ou était-ce la lueur dans ses yeux ? Peu importe, il fallait que je sorte de ce merdier. Je calmai mon pouls, me préparant à faire usage de mes flammes. Voulais-je vraiment prendre le risque de perdre le contrôle et de mettre le feu au bâtiment avec tout le monde à l’intérieur ? Je gémis, sentant les larmes d’impuissance couler malgré moi. Pourquoi avais-je le nom de famille d’une si puissante maison alors que j’étais incapable de me protéger moi-même tout simplement ? Pourquoi étais-je une bombe à retardement ? Merde, mérita-je seulement de vivre si j’étais aussi faible ?    Tu n’es pas faible.    L’écho de la voix d’homme dans ma tête me fit brusquement ouvrir les yeux.    Tout à coup, une des fenêtres éclata en mille morceaux. Je tournai la tête en même temps que le vampire, observant une immense masse atterrie sur une des tables. L’homme en haut de moi eu un geste de recul en voyant la table s’effondrer sous le poids de l’énorme loup qui venait d’émerger dans la cafétéria.    Le loup marron poussa un rugissement bestial avant de sauter d’un bond sur le suceur de sang. Le vampire tenta de l’esquiver, mais les larges pattes de la bête s’enfoncèrent dans ses épaules alors que ses crocs s’attaquèrent à sa jugulaire. Le cri qu’il poussa se perdit dans la gueule du loup quand d’un simple coup de crocs, lui coupa net le cou.    -Oh merde…   Mes muscles se bandèrent, prête à courir à nouveau. Mais quand le loup tourna la tête dans ma direction et encra ses yeux chocolats dans les miens, une douce chaleur familière se répandit dans tout mon corps. Je n’avais jamais rien senti de tel.    -Qui es-tu, murmurai-je en le dévisageant.    Subitement, le bruit d’os qui craquaient résonna. Le loup avait disparu pour laisser place à un homme nu, et malgré le sang autour de sa bouche, je le trouvais magnifique. Ne semblant pas du tout dérangé par sa nudité, il me tendit la main.    -Heureux de te rencontrer Mackenzie Woodbanes. Je m’appelle Ash.            
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