4.
Soleil et lune(Version courte)
Jadis, Soleil et Lune étaient respectivement sœur et frère1, orphelins. Siqiniq (soleil) vivait seule dans un igloo. Les villageois se réunissaient dans le qaggiq, une maison commune assez spacieuse, où ils s’amusaient.
Un jour que, comme de coutume, ils tenaient une séance dans le qaggiq tôt dans la soirée, quelqu’un se précipita dans l’igloo de Siqiniq, et éteignit aussitôt sa chandelle qulliq2. La jeune fille subit des violences. Cela se reproduisit plusieurs fois. Siqiniq ne savait pas qui l’avait violée.
Sa marmite était toujours suspendue au-dessus de la chandelle qulliq. Quand son agresseur revint la fois suivante, elle tendit le bras, essayant de toucher la marmite, mais la lampe était éteinte, il faisait noir comme dans un four. Après maints efforts, elle réussit à toucher le c*l de la marmite. Elle put ainsi oindre le visage de son agresseur, avec ses mains couvertes de suie.
Le violeur, une fois son crime commis, s’en alla. Elle le suivit, afin de voir où il se rendait. Elle espérait voir enfin à qui elle avait affaire. Elle l’épia, et vit qu’il allait à la maison qaggiq, l’igloo collectif où se déroulaient les festivités. Comme elle s’approchait, elle pouvait entendre les gens rire et s’esclaffer. L’un d’eux disait :
– Taqqiq inutuarsiurasumut aasit naatavinaaluk, ce qui veut dire : « Lune (Taqqiq) a été marqué par de la suie, pendant qu’il recherchait une personne qui aurait pu se trouver seule ».
Donc, Siqiniq entra dans la maison commune, et vit que son frère Lune avait le visage couvert de suie. Honteuse et pleine de fureur, elle sortit un de ses seins, le coupa et l’offrit à son frère, criant que s’il l’aimait tant, il pouvait le dévorer !
Son frère refusait. Elle continuait à le lui offrir. Ils prirent tous deux des torches, et sortirent en courant de la maison commune. Le frère en premier. Siqiniq le suivait, lui proposant constamment son sein découpé. Comme elle poursuivait son frère autour de la maison commune, Taqqiq tomba, et la flamme de sa torche s’éteignit, ne laissant que cendres par terre. La torche de Siqiniq continuait à briller. Ils montèrent tous deux au ciel, où sa sœur Siqiniq devint le soleil, tandis que le frère Taqqiq devenait la lune.