INTRODUCTIONCes contes des Inuit sont classés en quatre catégories : objets célestes, animaux, objets fabriqués, contes fantasmagoriques. Mais il est parfois délicat de caser tel ou tel conte dans une de ces catégories précises. En effet, il arrive souvent que, par un de ses aspects, un conte appartienne à une catégorie, et par un autre aspect, à une autre. Par exemple, bien des contes racontent l’origine des qajaq : ils proviennent soit d’une arête principale de poisson, soit d’une semelle. Mais dans ces deux cas précis, le thème principal du conte est autre, et concerne une métamorphose animale. Ce que j’aime dans ces contes, c’est la perpétuelle indécision entre le monde animal et celui des Inuit, littéralement « les humains ». On voit souvent s’unir, et avoir des enfants : une ourse et un chasseur ; un chien et une jeune fille ; une baleine mâle et une femme ; un morse adopte un gamin, etc. L’effet peut paraître comique parfois, atroce parfois. Je le trouve éminemment poétique, et grandiose. Les aigles sont une grande source d’inspiration pour les conteurs de Sibérie. On en verra quelques exemples.
L’origine des Inuit est évoquée parfois en passant. Par exemple, dans un conte narrant les aventures d’un chasseur avec un aigle, on nous dit que le peuple Inuit provient de copeaux. Les rapports humains, même à l’intérieur de la famille, ne sont pas idylliques. Un père envoie volontairement son fils périr en mer, et le fils se vengera plus tard en tuant son père (« Le garçon et l’aigle »). Un autre père jette sa fille à l’eau (« La déesse de la mer Sedna »). Mais je ne m’extasie pas seulement sur les rapports entre animaux polaires et humains. Bien des contes, de plus, racontent l’origine des noms des constellations et des étoiles chez ces peuples de l’Extrême-Nord.
CONTE NUMÉRO ZÉRO(comme assez souvent, les contes des Inuit
sont cruels et parfois même atroces, il semble
bon de commencer par une légende bon enfant)