Eternité Mortelle

Cavale malencontreuse...

    Un mois plus tard, je décide donc de partir avec ma volure (voiture avec des ailes, ancien modèle), pour les catacombes dit : « La Tanière ». Les « Mens in Black » continuent surement et incessamment d’appeler sur mon cellulaire depuis ce moment-là je pense, mais en vain. 

    Je n’en suis pas sur… Car depuis que j’ai appris que l’autre conne de secrétaire leur a donné mon numéro, j’ai tout simplement jeté mon téléphone dans la Seine le lendemain, pour qu’ils ne puissent pas me suivre à la trace. Ils m’ont très certainement harcelé d’appels pendant tout ce temps, mais sans succès. 

    De plus, ils ont également essayé de se rendre à mon domicile et de nouveau sur mon lieu de travail plusieurs fois, là aussi, sans résultats concrets. Car je m'arrange toujours pour avoir un coup d'avance sur eux. Sois je pars plus tôt au travail, sois plus tôt de mon appartement. Ils me loupent de justesse à chaque fois, quelques fois même de quelques minutes. Mais je suis extrêmement prudente, sur mes gardes constamment et je surveille toujours mes arrières durant ce laps de temps... 

    Ils ne peuvent rien faire de plus, si ce n'est m'assigner à résidence de force, mais là, il est déjà trop tard de toute manière, car je viens juste de rendre mon appartement en même temps que d’avoir quitté mon travail. Et comme je n'ai pas donné de nouvelle adresse à qui que ce soit, pas même à mes filles pour leur propre sécurité, personne ne sait où je suis où ce que je fais actuellement. 

    Sauf mon ex-mari, car je lui fais alors une confiance aveugle sur ce coup-là juste pour le moment du moins... Mais par la suite, je vais vite déchanter et apprendre ce qui plus tard, va être une grossière et terrible erreur de ma part...

    Ma démission acceptée, je rassemble donc le maximum d'affaires que je peux prendre avec moi et je pars le plus rapidement possible à l'aube.  Je ne suis plus en sécurité nulle-part ici, je le sens jusque dans mes tripes ! Une peur viscérale et une ville où le danger rôde à chaque instant autour de moi ! Il n’y a plus de retour en arrière possible pour moi, j’ai déjà pris la décision de partir…

     Le trajet est sûrement ardu et semé d'embûches et non seulement ma vie était en danger, mais je dois laisser mes enfants derrière moi chez mon ex-mari, leur père. Chez lui, elles y seront en sécurité. Après tout, c'est moi qu'ils veulent, mais je ne leur donnerais pas la satisfaction de me capturer aussi facilement. 

    J’angoisse à l’idée de les abandonner toutes les deux, mes pauvres petites chéries… Mais je n’ai vraiment pas le choix, leurs vies seraient en danger si elles viennent avec moi. Je ne peux pas courir ce risque pour elles, car je tiens trop à elles pour les faire souffrir dans une longue cavale insensée et dangereuse… 

    Elles ne sont pas hors-la-loi, alors que moi si ! Mais je reviendrais les chercher pour sûr elles sont toutes ma vie ! Je m’en fais la promesse solennelle tout en me préparant à partir… La mélancolie me submerge alors de suite, pleinement et quelques larmes de crocodiles coulent le long de mes joues opalines…

    En plus, je suis terrorisée mais je décide tout de même de suivre les directives que l'homme m'a laissé pour pouvoir les rejoindre à « La Tanière ». Je dois absolument garder mon calme, c'est primordial pour rester saine d'esprit et surtout maître de mes émotions. Donc, rester EN VIE. 

    Je démarre donc et décolle immédiatement, sans attendre mon reste... J’ai toutefois gardé la bombe IEM sur moi précautionneusement, au cas où je dois l'utiliser pour demeurer vivante. Mais par prudence, je ne m'en servirais qu'en cas de tout dernier recours, quand la situation sera trop extrême pour que je puisse m’en extirper toute seule....

    Je suis donc à la lettre les indices éparpillés ici et là, tout en ayant en tête les instructions que l’homme m’a laissé. Je dois tout d’abord aller au twentyeth district ce coin non reconstruit de Paris, là où se trouve mon salut. Pour reconnaître le bon chemin, mon premier indice est de passer par l'ancienne tour Eiffel du pays, brisée en mille morceaux. 

    De là, je dois suivre le lit de la rivière de la Seine pour remonter jusqu'à sa source, tout en cheminant parmi les ruines du eighteen district qui se trouvent juste après. Cela prend deux jours de route si tout se passe bien évidemment... Après être arrivée à la source, celle-ci se jette directement dans un énorme précipice creusé en profondeur sous la terre. 

    En fait, c’est une ancienne station de métro engloutie qui existait il y a dix ans, mais elle a été submergée à cause de l'invasion ennemie de l'époque. Personne ne connait son existence, sauf nous les non-implantés. Enfin je n'ai pour ma part connaissance de ce tunnel que bien plus tard. Mais je le connais bien, car je me rappelle que je le prenais souvent jadis, au temps d'avant-guerre.

    Il est donc malheureusement inondé, fait plusieurs centaines de kilomètres et remonte alors en surface sous le twentyeth district, à l’orée d’un petit sous-bois. Arrivée là, les catacombes se trouvent sous les ruines de celui-ci, bien dissimulées sous une trappe blindée qui elle-même est bien cachée sous un gigantesque saule pleureur.

     Après donc une bonne journée et demie de vol, je commence inopinément à apercevoir le bout de la tour brisée à l’horizon, je ne suis plus très loin.

    Quand tout à coup, j’entends un énorme moteur vrombir de rage derrière moi ! De plus, je vois dans la caméra intégrée de mon tableau de bord, une Cadillac noire arrivé en trombe et me poursuivre avec acharnement ! C'est eux ! Ces fils de p**e m’ont retrouvée plus tôt que je ne le pensais et maintenant ils me pourchassent avec ferveur ! Ils sont à mes trousses ! 

    Il ne manquait plus que ça ! Si je continue, ils vont découvrir l'existence des derniers hors-la-loi souterriens ! Je ne peux clairement pas courir ce risque, il ne faut pas privilégier la vie d'une personne au détriment de celles des autres pour le bien commun. Je ne me le pardonnerais jamais si cela doit arriver... 

    Par le biais d'un hautparleur puissant, ils m'ordonnent de m'arrêter immédiatement, sinon ils vont être forcés d'ouvrir le feu sur ma « Volure ». Puisqu’ils précisent que je suis en état d'arrestation pour non-respect du port de l'implant cérébral et pour désertion non-autorisée de Paris et de mon immeuble.

    p****n, je suis dans de beaux draps tiens et dans un merdier sans nom ! Mais je refuse tout de même pour autant de me rendre ! J'accélère alors de plus belle, de plus en plus vite, de plus en plus fort. J’appuie fermement avec mon pied sur l’accélérateur. La course poursuite continue alors. 

   Néanmoins, au bout de vingt minutes de course contre la montre effrénée, ils commencent à tirer brutalement ! Je réussis toutefois à esquiver les deux premiers tirs intelligemment en faisant virevolter le véhicule de gauche à droite dans les airs. 

    Cependant, le troisième tir de laser touche alors l'aile gauche de mon transport. Je ne peux d’un coup plus le contrôler parce qu’il est devenu ingérable ! Tout à coup, je commence alors à perdre pied et ma descente s'annonce pour le moins fatale, je dois donc faire quelque chose pour sauver ma vie au plus vite, m***e ! 

    Mais il est bien trop tard maintenant pour penser à ça malheureusement… Ma « Volure » commence promptement à s'embraser à moins de cinquante mètres du sol, la fin est proche… Je fais alors mes adieux à tout le monde dans mon esprit parce que je suis persuadée de mourir à cet instant précis... 

    Je vois mon transport se crasher littéralement au sol et avec lui mes chances de pouvoir m'enfuir s'envoler... Mais étonnamment, je ne suis déjà plus à bord et je constate que je suis en lévitation dans les airs ! Je crois fermement rêver, voir halluciner au début mais c'est bel et bien réel !

    J’aperçois donc l'humanoïde de la Cadillac qui est sur son capot, en train de se concentrer psychiquement pour que je reste dans les airs. C'est cet enfoiré qui m'a arrachée de force pour que je ne m’écrase pas aussi au sol. 

Je suis alors certaine à ce moment précis qu'ils ont besoin de moi, vivante et non morte...