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Les Amis égarés

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Des destins qui se rencontrent, s’entrelacent et parfois se délient.

Deux amis d’enfance, fils de parents aisés, unis pour faire les quatre cents coups et prêts à s’empoigner pour la conquête d’un jupon, voient leur avenir professionnel tranquillement se dessiner. Damien a intégré un cabinet d’avocats d’affaires et Jean-Joseph a endossé la responsabilité commerciale de la scierie familiale. Si le premier, entreprenant et délesté de bonnes manières, se jette dans la vie avec bonheur, le second, encore très attaché au regard de ses parents, navigue à vue dans les décisions à prendre. Quand Ariane et Sophie apparaissent, les deux garçons s’efforcent, chacun puisant dans son arsenal de séduction, d’avoir le dernier mot.

Entre les chevauchées amoureuses dans la forêt, son accession à la direction de l’entreprise et l’accident d’une jeune Manouche dans lequel il se sent profondément impliqué, Jean-Joseph plonge doucement dans une tragédie qui n’en a pas l’air. Mais il ne sait pas encore qu’il y a toujours, dans cette folie pleine d’éclats, un apaisement après la tempête.

Jean-Marie Mignon observe, écrit les silences, les incompréhensions, et il démonte en douce les collisions sentimentales et familiales.

EXTRAIT

La remarque de Damien sur le fait qu’il allait bientôt entrer dans la vie active fit s’abstraire Jean-Joseph du monologue enjoué que Damien avait repris devant les deux femmes. Il savait que son père – Joseph – dont il portait le prénom qu’il n’aimait d’ailleurs pas, comptait sur lui pour le seconder. Il était clair que le paternel bataillerait une nouvelle fois aux prochaines élections pour renouveler son mandat de conseiller départemental tout en conservant celui de maire. Les moments dédiés aux affaires publiques étaient autant de temps soustrait à la conduite de la société. Jean-Joseph ne se faisait pas d’illusion. « Mon père attend que j’intègre la scierie. Sans tarder! ». Il achevait sa formation à l’école de gestion avec un stage dans l’entreprise que dirigeait le père de son dernier flirt, une fille de sa promotion. Il approchait à pas rapides du terme d’une période de sa vie qui le comblait si bien qu’il ne voulait pas imaginer sa fin. Pourtant! Le grand balancier céleste des saisons marquerait, avec le solstice d’été, la fin de l’allongement des jours, l’arrêt de ses études. Le site principal de la société se trouvait à Cantabreix, là où il habitait, tout comme Damien. Jusqu’à présent, l’affaire familiale n’avait été qu’une replète tirelire pour son argent de poche. Il lui fallait se préparer à changer de focale sur l’usage de l’entreprise. Les fêtes de la Saint-Jean ouvriraient cette année une période de galère… toute relative.

À PROPOS DE L’AUTEUR

Jean-Marie Mignon aime les lettres pour leur histoire et leur forme, les mots pour leur destin, pour leur usage, pour ce qu’ils donnent à voir, à rêver. À chaque roman, il jubile de savoir que le lecteur, dans son imaginaire propre, se réapproprie cette histoire, pour lui seul. Et, confie-t-il, "chaque fois qu’un lecteur se saisit d’un livre et s’immerge dans sa lecture, une nouvelle histoire d’amour peut débuter, sans que l’on sache jusqu’où elle mènera."

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I-1
Les affiches dans la ville annonçaient une soirée d’hommage à Jimi Hendrix. L’onde de choc déclenchée quarante ans plus tôt par le guitariste frénétique allait déferler une nouvelle fois jusqu’au théâtre de Brive. En attendant le lever de rideau, Damien et Jean-Joseph, aux meilleurs sièges du parterre, cancanaient sur les gens qui prenaient place. La coiffure de deux jeunes femmes installées devant eux attira leur regard. L’une était châtain foncé, et ses cheveux, épais, étaient coupés haut sur le col de sa veste cintrée rouge. Celle qui se tenait à son côté était blonde. Sa chevelure aux reflets roux, joyeusement bouclée, roulait jusqu’aux épaules. — Cette femme est coiffée de la toison d’or ! chuchota Damien. — Veste ajustée sur des omoplates tenues droites ! souffla Jean-Joseph. — Et sa voisine : taille fine et hanches bienveillantes : le galbe du violoncelle fait chair ! reprit Damien. — Te prends-tu pour Man Ray ? Comment vois-tu ses hanches à travers le dossier de son siège ? — Je le sens ! Et toi, comment peux-tu remarquer ses omoplates avec la veste qu’elle porte ? — Ma parole ! Elle t’a entendu : elle enlève sa veste ! — La chaleur monte chez les Gaillardes ! — Gaillardes ? Les aurais-tu déjà vues à Brive ? C’est toi qui t’échauffes ! Les musiciens entrèrent sur scène. L’âme surexcitée de Jimi Hendrix souffla sur la salle qui s’abandonna à la pulsation rythmique des éclats de jazz. Une poussée d’adrénaline saisit les garçons. Tout le temps du spectacle, la musique de ce farfadet de Jimi partagea son magnétisme psychédélique avec les deux jeunes femmes : les interprètes scandaient le tempo et les filles composaient la mélodie. Les applaudissements taris, la foule commença à s’écouler lentement vers les sorties, la jeune femme à la coiffure d’ambre se leva et se retourna, enfin. Son regard, porté en direction des deux mâles, sembla les traverser, comme si elle fixait quelque chose loin derrière eux. Elle esquissa un sourire boudeur, à croire que celle-ci avait senti dès le début de la soirée le poids de leurs yeux sur sa nuque. Un rouge à lèvres pourpre éclairait sa peau au teint de lait. Une onde de picotement courut sur la peau de Jean-Joseph. — Elle a les yeux énigmatiques des femmes de Modigliani ! susurra-t-il. Sa copine avait surpris le jeu des regards croisés et avait, à son tour, regardé avec malice les garçons. Elle avait des yeux noirs légèrement en amande, plantés sur un visage rond, un corps hâlé à la peau mate, une poitrine haute, des membres aux attaches fortes, une démarche ferme et souple. — Et la brune est le modèle vivant des sculptures de Maillol ! souffla Damien. Elles ne peuvent pas être des frangines, elles sont si différentes ! Et, d’autorité, il lança : — On les attend dehors et on sort le grand jeu ! Ils se dégagèrent rapidement de la foule qui se dispersait et se postèrent sur le large perron, en avant des escaliers. La musique plein la tête et attisés par les deux visages féminins, les garçons patientaient gaiement dans la douce et lumineuse nuit de mai. Quelques instants plus tard, elles sortaient du théâtre en se tenant par le bras. Celle aux cheveux blond vénitien claudiquait légèrement. Son déhanchement surprit les garçons. Ils se raidirent une fraction de seconde, puis se dirigèrent vers elles. — Nous ne sommes-nous pas déjà rencontrés ? interrogea Damien avec aplomb, faussement candide. — Au festival de Woodstock ? Avec Hendrix ? répliqua la brune. C’était sans doute ma mère que vous aviez croisée… Elle parlait avec le ton d’une femme sûre d’elle, moqueuse. Le flot des spectateurs continuait de vider le théâtre en glissant autour d’eux. Damien plissa ses paupières. — Mais je n’étais pas né! Loin de là! Ni vous d’ailleurs ! Prendriez-vous un verre avec deux malappris ? La brune se tourna vers sa compagne qui était enveloppée d’un léger parfum de lys frais, vaguement entêtant, une fragrance charnelle. — On peut tenter l’épreuve avec des amateurs de la musique de Jimi Hendrix ! N’est-ce pas, Ariane ? Sa complice à la démarche inégale suivait la conversation sans entrain. Elle approuva poliment d’un bref mouvement des lèvres. Damien saisit l’ouverture qui leur était offerte. — Jean-Joseph Deyssenne et Damien Lancâtre, cadets de Corrèze et amis d’enfance, pour vous servir ! Vous, vous êtes Ariane, si nous avons bien entendu ? Puis, se tournant vers la jeune femme aux cheveux châtain foncé : — Et vous êtes ? — Sophie ! Deux heures et quelques bières plus tard, ils étaient installés sur les tabourets du Shamrock, un bar irlandais où ils avaient accosté sur la proposition des deux filles. « On n’habite pas loin du troquet », avaient-elles prétexté. Ariane et Sophie prêtaient une oreille très modérée au discours de Damien qui prophétisait avantageusement à qui voulait l’entendre sa destinée d’avocat. En blue-jean et chemise blanche ouverte sur le cou, veste en velours de soie bleu nuit et souliers vernis noirs, il s’épanchait, heureux et sans complexe, devant cet étrange duo de dames. Il disait terminer un master de droit avec un minimum d’efforts et que c’était bien suffisant pour en franchir les épreuves. Il avait un studio à Limoges pour ses études ; il ne retournait ici, en Corrèze, que les week-ends, le département n’offrait pas suffisamment d’agréments à ses yeux pour s’amuser comme il l’entendait. Il manifestait sa joie de vivre avec l’assurance des fils de nantis, grisé par la présence des deux jeunes femmes. Sophie faisait par-devers elle un tri entre l’esbroufe et la sincérité dans le bavardage de cette fin de soirée impromptue, sans y paraître insensible, alors qu’Ariane laissait manifestement son esprit flotter ailleurs. — Mon premier client sera, bien sûr, la société de mon ami Jean-Joseph ! continua-t-il. Les Scieries de la Basse et de la Haute Corrèze ! C’est un client intéressant dans le portefeuille d’une étude ! Jean-Joseph qui l’écoutait d’une oreille distraite relativisa ses dires tout en évitant de sourire : il n’aimait pas ses dents et esquisser un sourire les lèvres fermées était devenu pour lui une seconde nature. — Ce n’est pas ma société, c’est celle de mon père ! — C’est une question de mois, vieux frère, pour qu’elle devienne la tienne ! rétorqua Damien. Je veux être là quand tu prendras place dans ton bureau tout neuf ! — La présence d’avocats est plutôt le signe qu’il y a un problème ! Ne pas te voir dans mon bureau sera le témoignage de la bonne santé de l’entreprise ! La remarque de Damien sur le fait qu’il allait bientôt entrer dans la vie active fit s’abstraire Jean-Joseph du monologue enjoué que Damien avait repris devant les deux femmes. Il savait que son père – Joseph – dont il portait le prénom qu’il n’aimait d’ailleurs pas, comptait sur lui pour le seconder. Il était clair que le paternel bataillerait une nouvelle fois aux prochaines élections pour renouveler son mandat de conseiller départemental tout en conservant celui de maire. Les moments dédiés aux affaires publiques étaient autant de temps soustrait à la conduite de la société. Jean-Joseph ne se faisait pas d’illusion. « Mon père attend que j’intègre la scierie. Sans tarder ! ». Il achevait sa formation à l’école de gestion avec un stage dans l’entreprise que dirigeait le père de son dernier flirt, une fille de sa promotion. Il approchait à pas rapides du terme d’une période de sa vie qui le comblait si bien qu’il ne voulait pas imaginer sa fin. Pourtant ! Le grand balancier céleste des saisons marquerait, avec le solstice d’été, la fin de l’allongement des jours, l’arrêt de ses études. Le site principal de la société se trouvait à Cantabreix, là où il habitait, tout comme Damien. Jusqu’à présent, l’affaire familiale n’avait été qu’une replète tirelire pour son argent de poche. Il lui fallait se préparer à changer de focale sur l’usage de l’entreprise. Les fêtes de la Saint-Jean ouvriraient cette année une période de galère… toute relative. Pendant que Jean-Joseph était plongé dans ses réflexions, Damien, de bière en bière, s’informait non sans lourdeur des goûts d’Ariane et Sophie. Préféraient-elles Stromae, Céline Dion ou le collectif corrézien Lost in Traditions ? Ibiza, Londres ou Ségur-le-Château ? Si Sophie se montrait complaisante au marivaudage du jeune homme, elle avait montré très peu de choses d’elle en retour. Ariane, se tenant toujours en retrait de ses assauts verbaux, éludait encore plus nettement les réponses attendues. Elle n’avait pratiquement pas ouvert la bouche de la soirée. La seule chose que les garçons avaient pu leur arracher, c’était qu’Ariane logeait chez Sophie, à Brive mais que les deux amies ne se voyaient que les week-ends, rarement en semaine, car Sophie travaillait à Limoges. À ces mots, Damien s’emballa : — À Limoges ? Nous fréquentons les mêmes villes ! — Sans doute pas le même monde ! Nous serions-nous rencontrés sans que je m’en souvienne ? — Il faudra le vérifier ! répliqua-t-il du tac au tac sans relever la pointe. — Certes ! Certes ! s’amusa Sophie. Le bar irlandais se vidait lentement. Ils ne furent bientôt qu’une poignée de consommateurs que le patron ne servait plus, celui-ci tira les rideaux donnant sur le trottoir afin d’annoncer la fermeture. Ils continuèrent à bavarder jusqu’au dernier client et partirent avec réticence. Il était deux heures du matin. Les jeunes femmes voulurent rentrer seules. Elles ne tenaient pas à être accompagnées. Ils n’insistèrent pas, puisqu’elles logeaient à deux pas du bar. Jean-Joseph leur fit la proposition de se revoir, osant à son tour, se mettre en avant. Elles sourirent, sans en refuser l’idée. En forme de salut, il leur tendit sa carte de visite sans se soucier de l’image désuète qu’il donnait de lui avec ce geste, d’autant plus qu’il gardait l’air sérieux, les lèvres toujours closes. En revenant au parking où Jean-Joseph avait garé son cabriolet, une MG dont la couleur vert pomme miroitait sous la lumière froide des néons, Damien se confia à lui : — Sophie, quelle fille ! Elle est vraiment canon ! Jean-Joseph hocha la tête. — Ariane claudique ! continua Damien. Elle a un problème à la hanche ? Qu’en penses-tu, vieux frère ? — Ça la rend plus gracieuse à mes yeux ! Je me sens ridicule de dire une telle incongruité ! — Je vois ! Sa fragilité la rend délicate ! Je t’imagine bien en chevalier protecteur un peu godiche ! Ce n’est pas de la compassion que tu as à son égard, je suis d’accord ! Je ne suis pas insensible non plus à une certaine forme de grâce qu’elle déploie ! Revenant à sa préoccupation première, Damien changea de sujet : — Rends-toi compte, Jean-Jo, nous n’avons même pas leur adresse ! Nous avons très mal joué notre partition ! — Pas de problème ! le tranquillisa son ami d’un ton railleur tout en allumant le moteur. La ville de Brive n’est pas si grande ! Et tu croiseras certainement Sophie à Limoges ! Maintenant, je t’amène chez toi ou tu proposes autre chose ? Les pneus de la voiture crissèrent sur le revêtement coloré du sol du parking souterrain. Le gardien, derrière la vitre, leva un œil éteint vers eux qu’il redirigea ensuite vers un écran de TV. Arrivés dehors, Damien n’avait plus le cœur aux prolongations. — Rentrons ! À cette heure-là, il n’y a plus beaucoup de possibilités. Tout est fermé ! On ne va pas aller au Moorea, tout de même ? Et puis, demain est une journée chargée ! — En effet ! D’ailleurs, regarde ta montre : à cette heure, demain est nettement entamé ! Ils prirent la route de Tulle. Jean-Joseph conduisait lentement. Il ne savait pas quel taux d’alcool circulait dans son sang et il ne tenait pas à avoir des ennuis avec la gendarmerie dont le personnel manifeste chaque samedi soir une insomnie généralisée mise à profit pour s’offrir la tournée des sorties de boîtes de nuit afin de rançonner les conducteurs grisés par l’esprit-de-vin, ou les vapeurs de bière. Le visage d’Ariane s’incrustait dans les pensées de Jean-Joseph. Par un hasardeux ricochet de ses neurones, l’envie lui vint d’avoir un appartement à Brive. À mi-chemin entre Brive et Tulle, ils virèrent vers Cantabreix et y parvinrent en quelques minutes. Après avoir déposé Damien chez lui au centre du bourg, Jean-Joseph continua sa route sur quelques centaines de mètres. La demeure familiale se trouvait plus loin, après le pont. Il gara sa voiture dans la cour mitoyenne à la maison et à la scierie, toutes deux ensevelies dans le silence. Un léger cliquetis métallique vint de la niche, près de la porte d’entrée. Poneyte, attachée, lui faisait entendre que la garde de la maison était bien tenue. La chienne, un braque allemand à poils mouchetés, était à son poste. Avant d’entrer dans la maison, il traversa la cour et continua vers le pré que la lune éclairait. Une forme sombre apparut. Son cheval qui passait sa retraite en face de la scierie, s’arrêta devant lui, soufflant de ses naseaux. Jean-Joseph tendit sa main par-dessus le fil électrique qui faisait barrière et le caressa. De rapides frémissements couraient sur le pelage de l’animal. Le jeune homme se mit à lui parler. Les oreilles orientées vers lui, le cheval écoutait en silence. — Baranil, tu es trop âgé pour être monté. Mais je ne vais pas te laisser moisir tout seul ici. Je ne veux pas arrêter mes randonnées. J’ai demandé un cheval à mes parents. Il viendra paître ici. Alors, je te propose un compromis ! Tu auras un compagnon et il sera ma monture ! Accueille-le bien quand il sera là !

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