Alan Buck m’a considéré comme un échec le jour où j’ai tué la moitié de ses hommes afin de permettre à ma famille de fuir l’établissement de recherche. Ce jour-là, je me suis moi aussi considérée comme un échec, comme un monstre. Avoir du sang sur les mains à l’âge de 10 ans ne me parait pas normal. J’aurais dû me sentir ignoble, j’aurais dû trembler de peur en regardant les corps déchiquetés au sol, j’aurais dû…
Mais je n’ai rien ressenti de tout cela. Au contraire, j’ai apprécié ce moment, j’ai apprécié me sentir tout en haut de la montagne alors que ces enfoirés se trouvaient tout en bas, me permettant de les écraser comme je le voulais. J’étais une enfant, jamais je n’aurais dû prendre plaisir au meurtre, au pouvoir que Nacht me procurait.
Après cette nuit-là, j’ai refoulé mon envie d’être en sa présence, refoulé mon envie de me sentir en sécurité pour une fois. La possibilité de m’enfuir m’avait été offerte sur un plateau d’argent, mais j’avais pris la décision que la meilleure façon de ne pas devenir un monstre comme il le voulait était de ne pas les laisser me briser.
J’ai menti. J’ai longtemps voulu croire que mon acte d’héroïsme avait été la raison pour laquelle il voulait ma mort. Aujourd’hui, il fallait voir la vérité en face. Alan Buck me considérait comme un échec parce que j’avais décidé d’enterrer la bête qui m’accompagnait. Toutes ces tortures psychologiques et physiques n’ont pas réussi à me pousser à laisser mon alter ego sortir et commettre un génocide. J’ai enduré, enduré et enduré ! Et puis le jour est arrivé où j’ai été classé comme un échec, une arme dysfonctionnelle.
Il était temps de libérer ce monstre qu’il voulait tant voir !
Les voix autour de moi se multiplièrent, les odeurs m’agressèrent le nez. Parmi elles, celle que je cherchais était encore présente dans la pièce malgré le grabuge. J’eus un sourire en coin. Il voulait voir ce qu’il avait créé pas vrai ?
Soudainement, une brûlure me tirailla l’estomac, me tirant un gémissement de douleur. J’avais l’impression qu’on me fouillait l’estomac à main nue et qu’on me passait un chalumeau sur tout le corps tellement que la chaleur était insoutenable. Malgré l’inconfort, j’ouvris grand les bras pour l’accueillir. Je pris une seconde respiration, laissant de la fumée s’échapper de ma bouche.
Un grognement sourd se fit entendre. Je fermai les yeux, serrant la mâchoire. Il était là.
J’ouvris les yeux, ne prenant pas la peine d’attendre son arrivée à mes côtés. On pouvait avoir l’impression que cela avait durée des minutes et pourtant, ce n’était que des secondes.
Le démon m’observait toujours, un rictus au coin des lèvres.
-Voyons voir à quel point tu es douée petit oiseau.
Il se retourna brusquement, attrapa une des chimères par le cou et l’utilisa comme gilet par balle. Mon arme toujours à la main, je roulai sur le côté, barrant les projectiles avec une facilité impressionnante. Mes mouvements étaient plus fluides, plus rapides. Ça n’allait pas être très long avant que la transformation complète soit terminée.
-Sérieusement, entendais-je crier. (Je remarquai le loup tenant dans chacune de ses mains la tête de deux soldats tourner dans un angle improbable) Il fallait le dire avant !
Le vampire ne bougea toujours pas de sa position, bien assis sur sa chaise, les paupières closes, ayant même ajouté ses pieds sur la table. Les deux femmes échangèrent un regard, alors que celle que j’identifiais comme l’elfe sortit un arc de sous sa robe. La sorcière lui tendit des flèches, un sourire aux lèvres. L’ange observait la scène, se tenant devant le groupe, en position accroupi.
Je tournai la tête à temps pour voir deux chimères se diriger vers moi à toute vitesse. Je plantai ma lame dans le sol, faisant craquer le plancher. Au même moment, ma vision changea complètement. Les visages s’étaient transformés en silhouettes sombres, semblables à des ombres. La lumière aveuglante c'était dissipé pour laisser place à une couleur rougeâtre, semblable à du sang. J’utilisai mes jambes pour me propulser dans les airs, touchant directement la première chimère au niveau du torse. J’entendis un craquement sonore, signe que je lui avais défoncé la cage thoracique. Son corps termina sa chute dans le mur de l’autre côté de la pièce.
Je tombai, utilisant mes mains pour me relever rapidement. Sur mes pieds, je me laissai glisser au sol, attrapant mon arme au passage. La seconde chimère se retrouva au-dessus de moi. D’un geste rapide, je passai ma lame au niveau de son estomac, créant un trou béant. Ces tripes tombèrent sur le sol quand je me relevai.
Je m’arrêtais un bref instant. Un fourmillement effleura mes doigts. J’ouvris ma main, sentant une tête se frotter contre elle, poussant un grognement satisfait. Je baissai les yeux, observant la bête à mes côtés. Un corps élancé, un pelage aussi sombre que la nuit, des dents acérées et une gueule énorme, voilà ce que je voyais. La queue battante, ses yeux rouges m’observèrent, dégageant une chaleur réconfortante.
Un bruit sourd me fit brusquement lever les yeux. À mes côtés, la bête gronda férocement, laissant voir ses énormes crocs dégoulinants de salive.
Quatre hommes sortirent par une porte sur le côté. Grâce à leurs odeurs, je reconnus celle de Melson, Marcus et bien entendu, celle que je convoitais tant, Alan Buck.
-Quelle surprise, murmurai-je. Notre poulet essaie de s’enfuir de son poulailler.
Je fis un pas dans leur direction. Tout à coup, une douleur à mon épaule me stoppa net dans ma marche. Je tournai la tête, observant le soldat pointer le canon de son arme dans ma direction. Ses mains tremblaient, probablement la raison pour lequel il m’avait atteint à l’épaule.
Une grosse erreur fatale.
Je laissai mon katana glisser au sol, tout près des pieds du loup-garou qui se battait contre plusieurs chimères à la fois. J’attrapai son fusil d’une main, passant la ganse autour de sa gorge et me tourna afin d’être dans son dos. J’utilisai son corps pour avancer, les balles qui me criblèrent s’enfoncèrent dans le corps du petit soldat.
Je fusillai humains et chimères qui osaient se mettre à travers mon chemin. La colère que je sentis m’attraper en étau m’étouffa, m’empêchant de respirer correctement. C’est à ce moment que mon compagnon sauta dans les aires, poussant un énorme grognement bestial. Des flammes jaillirent de sa gueule, attaquant sans pitié les gens autour de nous.
Je me débarrassai de mon bouclier, le lançant d’une force spectaculaire dans la foule. Des flammes crépitèrent sur mon corps.
Un bruit de moteur me perça les tympans. Je serrai les mâchoires, me mettant à courir. Trop occupé à déchirer la jugulaire de ses victimes, le loup ne fit pas attention au soldat derrière lui, son fusil de point dans la direction de son crâne. J’utilisai ma vitesse, posant ma main sur l’arrière de sa tête et le propulsa vers le bas, lui écrasant dans un bruit sourd au sol. Du bout du pied, je levai mon katana, l’attrapant dans les airs.
Derrière toi.
Sa voix résonna dans mon crâne alors que je passais à travers les corps, esquivant leurs mouvements, laissant leur mise à mort aux autres. Je défonçais la porte d’un coup de pied, sortant à l’extérieur. Je me retrouvais sur le côté du bâtiment. Le bruit de pneus qui dérapèrent se fit entendre.
Je sautai la clôture devant moi, atterrissant dans une roulade au sol. À nouveau sur mes pieds, je me rendis à l’avant du bâtiment. Au même moment, une voiture passa à toute vitesse devant moi. Je grognais contre moi-même, reconnaissant la voiture qui tenta de s’échapper.
Je jetai mon arme au sol, me précipitant à leur suite. Il n’avait aucune chance que cet enfoiré me glisse entre les doigts de cette façon ! Je criai ma rage, doublant ma vitesse.
Subitement, comme si on m’avait injecté une seringue d’adrénaline, mes jambes se mirent à aller plus vite. Je pouvais sentir mon sang se réchauffer dans mon corps, mon cœur se mit à battre moins rapidement. Une forme sombre attira mon attention à mes côtés.
J’eus un sourire en coin en voyant Nacht tenir ma cadence.
Quelques secondes plus tard, j’arrivais enfin à rattraper la Mercedes. L’énorme bête gronda à mes côtés. Il prit un élan et d’un seul bond, atterrit sur le toit de la voiture. Je l’imitais, sautant dans les airs.
Au même moment, la porte-passager s’ouvrit. La chimère qui avait tiré sur le démon émergea du véhicule, le regard froid dans ma direction. Avant même que je puisse mettre un pied sur le toit, il sauta dans ma direction, son poing levé vers mon visage.
Je bandais mes muscles en serrant les dents, m’apprêtant à recevoir le coup sans broncher. Je sortis les griffes, me tenant prête à lui rendre le coup. S’il me manquait, moi, j’allais l’avoir !
Mais ma rencontre avec la chimère ne vint jamais. J’écarquillai les yeux, observant Nacht quitter le toit de la voiture pour intercepter mon assaillant, les crocs et les griffes en dehors.
Je tendis la main dans ma descente, étirant mes doigts afin d’attraper l’arrière de la Mercedes. Je frôlai la carcasse de la voiture. La chute au sol fut brutale. Mes dents s’entrechoquèrent ensemble, du sang me remplit la bouche quand je me cognai la tête. J’enroulai mes bras autour de moi, roulant sur plusieurs mètres avant de m’arrêter.
Je grognai de douleur, les larmes me montèrent. J’eus l’impression qu’on m’enfonça un poignard dans l’estomac. Je pris de grandes respirations, posant un genou au sol. Mes vêtements étaient déchirés, ma peau contenait plusieurs plaies ouvertes.
Les membres tremblant de rage, j’observai la voiture quitter mon champ de vision. Un bruit à ma droite attira mon attention. Je me mis sur mes pieds, en position de combat. Un soupir de soulagement me traversa quand Nacht sortit du bois, la tête de la chimère détachée de son corps entre les crocs.
Les flammes qui crépitaient sur sa fourrure étaient moins fortes, plus silencieuses. Ma force m’abandonna complètement. Mes jambes me lâchèrent, me faisant tomber à genou. Ma bête s’avança dans ma direction, penchant la tête afin que ses yeux soient visés dans les miens.
Tu n’es pas encore prête à m’accepter, je peux le sentir dans mon âme. Essaie de ne pas mourir d'ici à ce temps-là. N’oublie pas, ma vie est tienne, tienne ai mienne.
Je voulus dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Une larme coula le long de ma joue quand il se retourna, non pas avant de frotter le côté de sa tête contre la mienne.
Une douleur au niveau de mon crâne me fit fermer les yeux. Quand je les rouvris, ma vision était de nouveau normale. Nacht avait disparu. À l’extérieur, je pouvais enfin apercevoir les arbres et sentir le vent souffler sur ma peau toujours aussi brûlante. Un vide se fit aussitôt ressentir dans ma poitrine. J’avais lutté pendant des années contre lui, ne voulant aucun contact. Parce qu'une fois que je l’avais près de moi, je voulais qui y reste.
Je posai une main au sol, utilisant mes dernières forces pour me mettre sur mes pieds. J’allais devoir rester plusieurs minutes si je voulais retrouver mon énergie, et après cela, me remettre à nouveau à la chasse de cet enfoiré…
Je me sentis tomber vers l’arrière. La chute fut beaucoup plus douce que je l’aurais crue, jusqu’à ce que je me rende compte qu’un bras s’était enroulé autour de mes épaules. Je papillonnais des paupières, observant le visage pâle et les yeux de Jade posés sur mon visage.
-Pourquoi tu veux t’enfuir jolie créature ? (Il pencha la tête sur le côté) J’ai envie d’en savoir plus sur toi, tu as piqué notre curiosité. Ma curiosité. Je t’ai sentie la seconde où tu es rentré dans la pièce, murmura-t-il en penchant la tête vers la mienne. J’ai aussi senti le désir que tu éprouvais mon ange. (Il prit une brève pause, passant ses yeux sur mon corps) Tu guéris beaucoup trop lentement. Le sang de vampire qui coule dans tes veines, nous allons voir quels pouvoirs ils te donnent.
Il prit une pause, leva son poignet et mordit dedans. Je déglutis, voulant me défaire de sa poigne, mais la force n’y était pas. Le vampire posa sa bouche contre sa peau, des bruits de suçon se firent entendre. Soudainement, il s’agenouilla au sol, m’emmenant avec lui. J’eus un bref geste de recul quand il pencha la tête dans ma direction. Par pur instinct, j’entrouvris les lèvres. J’eus le temps d’apercevoir l’ombre d’un sourire avant qu’il scelle sa bouche contre la mienne.
Beaucoup de choses me passèrent par la tête. La première fut ses lèvres, la douceur et la façon dont elle se moulait parfaitement aux miennes. La deuxième fut le liquide qui coula dans ma gorge. Il était chaud, très chaud même. J’ouvris brusquement les yeux, sentant chaque partie de mon corps se révolter complètement. La douleur qui m’avait tiraillé disparut, laissant place à une douce chaleur qui se propagea à la vitesse de l’éclair partout dans mes membres.
Mon bas ventre se serra dans une agréable sensation, un instinct que je ne connaissais pas encore semblait s’éveiller d’une très longue sieste. Mon corps était en feu, mais pas seulement à cause du sang qui coulait dans ma gorge.
Même si ma tête voulait essayer de comprendre ce qui se passait, mon corps lui, l’ignora et fit ce qu’il voulait depuis la seconde ou mes yeux c’étaient posés sur lui. D’une main, j’arrivais à mettre mes doigts dans ses cheveux, tirant sur ses mèches sombres pour approfondir notre b****r.
Il arrêta de bouger les lèvres un instant, surprit. Je criai fort dans ma tête pour qu’il y mette fin, nous sauvant tous les deux d’une situation extrêmement gênante. Mais au lieu de s’éloigner, il passa son autre bras valide sous mes genoux, me hissant complètement sur lui. Je me retrouvai sur ses genoux alors qu’il était encore accroupi, me supportant d’une seule main maintenant placer sous mes fesses.
Mon Dieu seigneur, faites que ça ne s’arrête jamais !
Non !
Je me donnai une claque mentalement. Il fallait que je trouve un moyen de me sortir de ce merdier et vite ! Si seulement mon corps pouvait arrêter de bouger comme bon lui semble, ça m’aiderait beaucoup !
Je gémis contre ses lèvres, descendant mes mains sur son torse, allant jusqu’à les passer sous son chandail. Son ventre n’était pas musclé, mais ferme, bien entraîner. Quand je frôlai ses côtes du bout des ongles, le vampire attrapa soudainement mes cheveux dans sa main libre, me tirant la tête vers l’arrière.
Je me figeai complètement sur place. Mes membres semblèrent être connectés à nouveau avec mon cerveau. Je serrai les poings, toujours caché sous le chandail du suceur de sang. Je déglutis, prenant des goulées d’air afin de prendre mon souffle à nouveau et calmer les battements affolés de mon cœur.
-Lâche-moi, parvins-je à articuler.
Je fus surprise quand il me releva brusquement la tête sans relâcher sa poigne dans mes cheveux. Ces yeux de Jade maintenant scintillant de mille feux m’observaient. Ces lèvres étaient enflées, sa respiration un peu sifflante. Sa proximité me donna un frisson le long de ma colonne vertébrale.
-Lâche-moi en premier, murmura-t-il dans un souffle.
Lentement, je retirai mes mains de sous son chandail, les levants dans les airs pour lui montrer. Ces yeux ne me quittèrent pas une seule seconde.
-Je te donne cinq secondes pour me lâcher, sinon…
-Sinon quoi, me coupa-t-il en réaffirmant sa prise sur mes cheveux. Ton corps me dit complètement le contraire mon ange.
Justement ! Et ça me mettait complètement hors de moi !
-Je t’avais prévenue.
Rapidement, je lui mis mon poing en plein visage. Le vampire eut un geste de recul, mais pas assez rapidement. Je réussis à atteindre sa mâchoire, quelque chose craqua. Il poussa un gémissement de douleur, me lâchant enfin. Je saisis cette chance pour me jeter sur le côté, faisant une roulade pour terminer sur mes pieds.
Si le vampire avait réussi à retrouver ma trace aussi rapidement, il avait de grandes chances que les autres puissent faire la même chose. J’étais enfin capable de courir à nouveau, mes blessures semblaient être pour la plupart guéries. Si je voulais déguerpir, c’était maintenant !
-Pas si vite, entendais-je derrière moi.
Je me retournai vivement, en position d’attaque. Par pur réflexe, je posai ma main dans mon dos. Aucun étui. Je jurai contre moi-même. Elle devait être tombée quelque part dans les environs quand je suis tombé. De toute manière, j’avais abandonné mon arme à l’entrée du bâtiment, comme une stupide novice !
Je plissai les yeux dans sa direction. Peu importe à quel point il était fort, j’étais prête à mettre ma main au feu que j’étais capable de le mettre à genou, prince ou pas !
-Laisse-moi partir, dis-je en l’observant remettre sa mâchoire en place. Il n’aura pas de blessé.
Le vampire éclata de rire. Je grinçai des dents. Il riait de moi ? Je venais tout juste de lui déplacer la mâchoire et il osait rire de moi !?
-Tu as vu ce que je suis capable de faire, dis-je en faisant référence au petit spectacle dans le bâtiment. Je n’hésiterai pas à te tordre le cou aussi s’il le faut !
Le suceur de sang pencha la tête sur son épaule, toujours le même sourire aux lèvres.
-Je te donne un point. Tu es très douée, contre une troupe de chimères peu entraîner. Mon ange, tu n’as aucune chance contre les miens, encore moins contre moi.
Je bandais mes muscles, prête à me battre.
-Tu veux parier ?
Une étincelle amusée passa dans ses yeux. Je haussai un sourcil dans sa direction.
-Oh ma jolie, tu veux vraiment parier avec moi ? (Il fit un pas dans ma direction) Toi, je te veux toi.
J’eus un geste de recul, sous le choc. Moi ? Bordel, mais qu’est-ce qui voulait dire par là ?
Notre b****r me revint aussitôt en tête. Pour la toute première fois de toute ma vie, je sentis mes joues chauffées. Suffit le bavardage Raven ! Il fallait sortir d’ici et maintenant !
-Mais avant, s’exclama-t-il. Je crois que nous devrions tous parler, pas vrai ?
Je me mis droite comme un piquet, comprenant trop tard mon erreur. Il avait réussi à gagner du temps.
-Toujours aussi rapide Jazz, s’exclama une voix en haut de ma tête.
Je levai les yeux, observant l’ange sauter d’une branche pour atterrir sans un bruit au sol. Je reculai, levant les poings devant mon visage. L’homme à la chevelure blonde posa ses yeux sur la marque à mon bras, un petit sourire aux lèvres.
-Il va falloir que je le dise combien de fois, entendais-je. Je déteste pratiquer le sport !
Le démon sortit du bois à ma gauche, ne me lâchant pas une seule fois des yeux. Je fis de même alors qu’il se plaça derrière moi. Je fis un pas en avant pour m’éloigner.
-Ce n’est pas ce que j’ai entendu dire. (Une femme à la chevelure rose foncé fit son apparition à son tour, son arc toujours dans une main) Tu en penses quoi Keva ?
La seconde aux courts cheveux bruns suivit rapidement l’elfe, haussant une épaule.
-Il ne faut pas se fier aux démons Layla, intervient la sorcière. C’est connu qu’ils mentent comme ils respirent.
Le démon ne dit rien, haussant les épaules.
Je regardai autour de moi, sur mes gardes. Ils m’encerclaient. Je me creusai la tête, cherchant un moyen de tourner la situation à mon avantage.
-Personne ne te veut du mal, me dit Keva en mettant ses mains devant elle. Nous voulons juste parler.
Je lui lançai un regard noir, l’avertissant de ne pas faire un pas de plus. Elle était intelligente puisqu’elle arrêta brusquement d’avancer.
-Me parler ? C’est pour ça que vous m’encerclez tous comme si vous alliez me sauter dessus si je bouge un seul muscle, crachais-je.
-Allez petit oiseau, me dit le démon en me regardant. Je suis sûr que tu es curieuse sur ce qui t’arrive en ce moment.
Je le dévisageai. Ce qui m’arrivait ? Est-ce qu’il voulait dire le sentiment qui me tordait l’estomac à chaque fois que je croisai ses yeux ? Pourquoi est-ce que je me sentais connecté à lui ? Pourquoi avais-je sacrifié ma seule chance de tuer Buck pour lui sauver la peau ? Ou bien, pourquoi je me suis acharné à vouloir embrasser le vampire ?
Si je voulais savoir ? Merde, j’avais l’impression que ma tête allait exploser ! J’avais beau être sur mes gardes, j’avais toujours chaud, mon corps semblait vouloir réclamer quelque chose, mais je ne comprenais pas ! J’allais devenir folle, c’était sûr !
-Je ne veux rien savoir, mentis-je. Je n’en ai rien à cirer de qui vous êtes et de ou vous venez ! (Je les regardais un à la fois) Laissez-moi partir.
Ils échangèrent tous un regard. La sorcière me lança un regard désolé. Je compris à ce moment que si je ne voulais pas coopérer, ils allaient me capturer de force. La transpiration coulait sur mes tempes, allant sous mon chandail. Je me rendis compte que j’étais stressé par leurs présences, mais une partie de moi était excitée de les combattre.
Soudainement, un bruit sourd résonna derrière moi. Je me retournai à temps pour apercevoir une large silhouette apparaître. Surprise, je reculai, voulant mettre une distance entre nous, mais il fut plus rapide.
L’homme-loup m’attrapa par la peau du cou, me tourna dans un geste sec et me plaqua contre son torse. De son autre bras, il vint bloquer mes deux membres, m’empêchant de faire un seul mouvement. Je tentai de lui donner un coup de tête, mais il l’esquiva rapidement, lâchant mon cou pour fourrer sa main dans mes cheveux et les tirer vers l’arrière.
-Bordel, criai-je malgré moi. Mais c’est quoi cette stupide manie ?
-Vous voyez, dit-il en me serrant contre lui. La petite chimère préfère parler avec ces lèvres que sa langue. Alors jazz, qu’est-ce qu’elle t’a dit ? C’était intéressant ?
Je ne bougeai plus d’un muscle. Quoi ? Il nous avait vues ? C’était impossible ! J’aurais senti sa présence, ou bien son odeur, merde !
L’air s’alourdit, les deux hommes semblaient dans un combat visuel intense. Je déglutis, voulant regarder partout sauf dans la direction du vampire, mais la poigne de Wilo dans mes cheveux m’empêchait de faire un seul mouvement de tête.
-Plus intéressant que je le croyais, lui répondit Jazz en lui faisant un rictus en coin. Toujours aussi voyeur, méchant loup !
Le torse de Wilo vibra dans mon dos, signe dont il riait.
Pour ma part, je ne trouvais pas ça drôle ! Mais vraiment pas bon sang ! Je tentai de me défaire de sa prise, ignorant la douleur au niveau de mon cuir chevelu. Je me tordis comme un ver, voulant à tout prit sortir de cette situation emmerdante.
Je sentis quelque chose au niveau de mes fesses. Quelque chose de gros qui semblait pousser pour se libérer. Un grognement sourd résonna dans mon oreille, un délicieux frisson me parcourut le corps. Je rapprochai mes jambes le plus près que je le pouvais.
Mon corps avait besoin d’aide, il disjoncta complètement !
-Fait ça encore une fois ma jolie et toi et moi on termine notre discussion sans vêtement devant quelques spectateurs, dit-il en faisant référence aux autres. Et je ne blague pas, tu dois savoir que les loups-garous ne sont pas de nature très pudique. Alors, arrête de jouer avec mes nerfs compris ?
Je ne dis rien, déglutissant à nouveau. Les battements de son cœur étaient réguliers, signent qu’il disait la vérité. Au contraire du mien qui semblait courir un sale marathon ! Je serrai les dents, prenant sur moi-même pour me calmer.
-Qu’est-ce que vous voulez, demandais-je en fusillant le vampire du regard.
Il m’observa en retour, les yeux scintillants.
-Nous voulons te donner un coup de main, dit l’ange.
Le loup relâcha assez sa poigne pour que je puisse observer tout le monde autour de moi. Il n’avait jamais rien de gratuit dans la vie, je l’avais appris à la dure.
-En échange de quoi ?
Ils échangèrent à nouveau un regard entre eux. Cette fois-ci, ce fut au tour du loup de répondre, rapprochant ses lèvres de mon oreille.
-Toi, dit-il assez fort pour que tout le monde entende. Nous te voulons toi.