Carène SABA
— Il faut vraiment que je te demande si tu as pris ton portefeuille avant de quitter la maison ? À ton âge ? Tu es irresponsable, Shelby Saba !
— Désolée.
— Je n’ai pas besoin de tes excuses, je veux que tu changes, Shelby ! Quand est-ce que tu vas te prendre au sérieux ?
— Je n’ai pas fait exprès. Je ne savais pas que...
— Tais-toi, s’il te plaît.
Excédée, je me concentre sur la route en la conduisant à son entretien d’embauche, où elle a déjà une heure de retard. J’appelle Alicia, mais elle ne répond même pas. Si je ne transporte pas cette écervelée moi-même, Alicia ne lui accordera jamais le poste. Elle ne plaisante pas avec son travail. J’espère que ma présence jouera en faveur de Shelby. Avoir une petite sœur aussi tête en l’air est épuisant.
Toujours dans les nuages, incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux, négligente et brouillonne, elle finira par me causer un infarctus si je ne me contrôle pas.
— Alicia, s’il te plaît...
— Tu sais bien qu’il n’y a pas d’amitié au travail, et je ne joue pas avec le mien.
— Je le sais. Crois-moi, son retard n’est pas de sa faute. J’en suis responsable.
— Je t’avais pourtant dit hier de lui demander de venir à 8 heures ce matin. Mon patron est très strict, le mot "retard" n’existe même pas dans son vocabulaire. Il devait arriver à 9 heures, et Shelby devait être là plus tôt pour que je lui explique certaines choses. Il aura des questions précises, et elle doit y répondre de façon stratégique, sinon elle n’obtiendra jamais le poste.
— Mais il n’est pas encore là...
— Il ne devrait plus tarder, et il est hors de question qu’il me voie en train de discuter avec ta sœur, même si c’est pour le travail.
— Tu sais que Shelby est intelligente. Le temps qu’il arrive, faites votre entretien. Elle s’en sortira. Moi, je file.
— Carène !
— Bonne journée à vous deux. C’est ta petite sœur, débrouille-toi avec elle, dis-je en sortant.