Les commentaires étaient aussi venimeux que la veille.
« Elle n’a que sa beauté. Rien dans la tête. »
« Enfin une épouse digne de Mourad. On va pouvoir tenter notre chance avec lui maintenant. »
« Zaynab a perdu. Elle ne mérite même pas qu’on parle d’elle. »
Agacée, elle ouvrit sa galerie. La vidéo prise la veille dans la voiture de Mourad était parfaite. L’ambiance, l’intimité, son regard posé sur elle… Tout y était. Elle la posta d’un geste assuré, posa son téléphone sur le lit et alla prendre une douche.
Quand elle ressortit, enroulée dans sa serviette, sa mère était dans sa chambre.
— Comment tu as obtenu les 10 % de parts ? demanda Samira, debout, les bras croisés.
Zaynab haussa un sourcil.
— Tu me prends pour une incapable, c’est ça ?
— Non. Mais c’est suspect. Pourquoi Mourad te donnerait ça à toi et pas à son épouse officielle ? Ou à ses propres sœurs ?
Zaynab s’approcha calmement.
— Tu veux la vérité ?
— Oui, répondit Samira sèchement.
La porte s’ouvrit. Maysa entra, radieuse.
— Ma belle ! Tu es incroyable !
Elle prit Zaynab dans ses bras, l’embrassa et la serra fort.
— Je savais que tu ne te laisserais pas faire. Tu es son associée maintenant. Une vraie lionne.
Zaynab esquissa un sourire. Mais Samira gardait le regard noir, figée.
— Toi aussi tu étais au courant ? demanda-t-elle à Maysa.
— Sami me l’a dit. Mourad l’a informé directement. Et il a accepté aussi de financer l’entreprise Al Zarqawi.
Samira recula légèrement, choquée.
— Comment tu as réussi à obtenir tout ça ?
— J’étais son choix depuis le début. Mais c’est à cause de sa mère qu’il a fini par choisir Khoudia.
Maysa hocha la tête, les mâchoires serrées.
— Il faut faire quelque chose contre cette vieille. C’est elle la racine de tout ce chaos.
— Si la mère de Mourad n’est pas d’accord… alors il vaut mieux que tu t’éloignes de lui, déclara Samira.
— Jamais ! rétorqua Maysa immédiatement.
Zaynab s’assit sur le bord de son lit, son regard dur.
— Je veux me venger. Et je le ferai. Cette humiliation que je subis sur les réseaux, elle va la payer. Crois-moi, elle va le regretter.
Samira la fixa un long moment, sans dire un mot.
Maysa avait pris la main de Zaynab dans la sienne.
— Je te soutiens. Tu ne seras pas seule dans cette guerre.
Zaynab hocha doucement la tête, puis se leva.
— Alors il faut que je me prépare. Je vais dîner chez les Al Fayed.
Samira, toujours dans un coin de la pièce, réagit aussitôt.
— Ce n’est pas une bonne idée, Zaynab.
— J’assume. Tout ce que je fais, je l’assume. Et ce soir, je vais leur montrer que je suis toujours là.
Elle s’avança vers sa coiffeuse, ouvrit son tiroir à maquillage. Maysa s’approcha avec un sourire complice.
— Je t’aide ?
— Volontiers.
Samira les regarda encore quelques secondes, puis quitta la pièce sans dire un mot.
Les deux jeunes femmes se mirent à l’œuvre. Zaynab enfila une robe longue couleur champagne, fluide, légèrement drapée au niveau du buste, avec de fines bretelles. Elle choisit une paire de mules à talon transparent qui laissaient apparaître la finesse de ses pieds. À son poignet, elle attacha un bracelet doré serti de pierres brillantes. Elle opta aussi pour des créoles épaisses incrustées de petits diamants. Son sac, un modèle ivoire à la forme triangulaire orné de détails dorés, complétait parfaitement sa tenue.

Maysa recula d’un pas pour l’observer.
— Tu es sublime. Ils ne vont jamais s’en remettre.
Zaynab esquissa un sourire discret, mais son regard restait dur. Elle descendit au salon, déterminée. Iyad et Camélia étaient là, leurs valises prêtes à côté du canapé.
— Vous repartez en France ? demanda-t-elle.
Camélia sourit.
— Oui, on a un vol ce soir.
Zaynab les serra dans ses bras.
— Prenez soin de vous. J’irai vous voir, vous me manquez déjà.
Iyad l’observa un instant.
— Tu vas où comme ça ?
— Dîner chez les Al Fayed, répondit-elle en attrapant son téléphone sur la table.
Il fronça les sourcils.
— Tu devrais éviter, Zaynab. Mourad est marié maintenant.
Elle le fixa sans sourciller.
— Je m’en fiche. Bella Dior est mon amie. Le reste… je m’en moque.
Elle ouvrit la porte d’entrée, sans attendre de réponse, et sortit dans la nuit.
Zaynab descendit les marches en talons, le claquement rythmé de ses pas résonnait dans la maison. Elle monta dans sa Bentley, prit le volant, et quitta la villa sans un mot. Le moteur ronronnait dans la nuit, luxueux et assuré, comme elle. Direction la résidence des Al Fayed.
À son arrivée, la gouvernante l'accueillit immédiatement et la guida jusqu’au salon. Toute la famille était là. Mara, Oulaya, Saran, Soukayna, Bella Dior, Khoudia… et Mourad, assis à l’extrémité du canapé, silencieux.
Zaynab entra avec grâce.
— J’espère que je ne suis pas en retard pour le dîner ?
Bella Dior lui offrit un sourire léger.
— Pas du tout.
Mais Saran, irritée, tourna la tête vers sa sœur.
— C’est toi qui la soutiens ? Tu sais quoi, Bella Dior, t’es devenue une ennemie de cette famille.
Bella Dior resta calme.
— Zaynab n’est pas une mauvaise personne.
Oulaya leva les yeux au ciel.
— Ferme-la, Bella. Tu manques de respect à Khoudia, la femme de Mourad.
Zaynab s’installa sans pression à côté de Bella Dior, sourire posé sur les lèvres.
Oulaya serra la mâchoire.
— Tu devrais partir, Zaynab. On discutait en famille.
— Je suis associée. Ça me fait un peu partie de la famille, non ?
Des notifications s’affichèrent soudain sur son téléphone. Oulaya reçut les mêmes. Elle prit son portable, fronça les sourcils, puis releva lentement les yeux vers Zaynab.
— Je comprends tout maintenant. Tu l’as joué p**e pour qu’il te donne toutes ces parts.
Zaynab croisa les jambes, un rictus amusé sur le visage.
— Si j’avais fait la p**e, même la demeure familiale serait déjà à mon nom.
Saran se leva, hors d’elle. Oulaya la suivait du regard, furieuse.
— La vidéo, souffla Oulaya en brandissant son écran. La vidéo a été filmée dans la voiture de Mourad. On voit clairement son visage, même si c’est rapide.
Saran se tourna vers son frère.
— Donc tu étais avec elle hier soir ?
— Oui, confirma Zaynab sans détour.
Mara fronça les sourcils.
— C’est pour ça que tu es rentré tard, Mourad ?
Zaynab ne laissa pas le temps à Mourad de répondre.
— On n’a pas vu l’heure passer.
Un silence tomba. Mara, Saran, Oulaya... toutes restèrent figées. Choc. Incompréhension.
Mourad, lui, fixait Zaynab. Il n’avait pas bougé. Pas un mot. Juste ses yeux sur elle, inquiets, intrigués.
Oulaya claqua sa main sur la table basse.
— Tu as couché avec lui pour de l’argent, c’est ça ?
Zaynab haussa les épaules.
— Non. Mais j’aurais bien voulu.
Un nouveau coup de massue dans la pièce. Mara étouffa un souffle. Saran et Oulaya en restèrent sans voix. Mourad, lui, écarquilla légèrement les yeux. Il ne savait plus si Zaynab disait la vérité… ou si elle jouait avec ses sœurs pour les briser. Mais une chose était certaine : elle venait de faire exploser toutes les règles.
Oulaya pointa un doigt accusateur vers Zaynab.
— J’en étais sûre. Elle fait la p**e juste pour avoir Mourad dans sa poche.
Saran souffla, exaspérée.
— Encore heureux… Sinon, elle l’aurait carrément ensorcelé.
La voix de Mourad s’éleva, tranchante et glaciale.
— Fermez-la.
Toutes se figèrent. Même Mara.
— Je ne veux plus jamais entendre le mot p**e dans cette maison en parlant d’elle. Elle n’a rien fait. C’est moi qui suis allé la chercher. Et il ne s’est rien passé entre nous.
Un silence brutal s’abattit sur le salon. Oulaya détourna les yeux, frustrée. Saran, elle, ne se laissa pas démonter.
— Alors pourquoi tu lui as donné tes parts ?
Mourad ouvrit la bouche, prêt à répondre. Mais Zaynab prit les devants, le ton calme, presque amusé.
— Les parts ne représentent même pas le quart de ce que j’ai eu… et de ce que j’aurai.
Tous les regards se tournèrent vers elle.
— Il m’a offert une villa. Et une nouvelle voiture.
Le choc fut immédiat. Mara, Oulaya, Saran, même Khoudia, toutes fixèrent Mourad comme si elles découvraient un étranger.
Zaynab, elle, n’avait pas terminé. Elle planta son regard dans celui de Mara.
— Vous faites tout ce cinéma pour que votre fils ne me choisisse pas. Mais vous ne pourrez jamais effacer l’affection qu’il a pour moi.
Mara resta figée. Sa mâchoire se crispa, mais aucun mot ne sortit. Mourad, silencieux, regardait toujours Zaynab. Et dans ses yeux… un mélange d’étonnement, de colère rentrée… et d’admiration.
A suivre