On est retourné à table. J’avais un sourire tranquille aux lèvres. Mais au fond, je jubilais un peu. Parce qu’en cet instant, je sentais que j’avais fissuré quelque chose dans son armure. Alors, je redoublai de perfection. J’entretenais des conversations fluides, éclats de rire maîtrisés, gestes mesurés. Plus je jouais mon rôle, plus je sentais son regard peser sur moi. Contrôlé en surface, brûlant en profondeur. Je savais déjà que, plus tard, une fois les apparences rangées, la tension éclaterait. Et cette pensée, au lieu de m’effrayer, fit monter en moi une chaleur coupable. La voiture filait dans la nuit, ses phares découpant l’asphalte en lignes blanches et rapides. À l’intérieur, le silence était lourd, saturé de tout ce qui n’avait pas été dit au dîner. Alessandro tenait le volant

