🦋🦋🦋🦋🦋🦋🦋Chapitre 1🦋🦋🦋🦋🦋🦋
Six mois plus tard...
Je suis installée à l’arrière d’une Mercedes.
Le chauffeur me jette un regard dans le rétroviseur, et à côté de moi, Ernest est assis.
Sa main vient saisir la mienne. Je pose les yeux sur lui et lui adresse un sourire.
Il ramène ma main devant ses lèvres, y dépose un b****r, puis caresse ma peau du bout du pouce.
— Où allons-nous, Ernest ?
Il se contente de sourire, le regard tourné vers la vitre.
Il commence sérieusement à m’agacer. Il n’arrête pas de faire ça depuis que nous nous connaissons : des surprises, sans jamais me demander mon avis. Il est le genre d’homme qui aime un peu trop contrôler, à mon goût.
Je regarde par la vitre.
Un immense terrain s’étend devant moi, délimité par une grande barrière blanche marquée d’un “S” au centre sûrement l’initiale de son nom.
La voiture poursuit sa route, tourne, puis s’arrête devant une autre barrière noire, elle aussi ornée du même “S”.
Combien d’entrées possède cet endroit ?
Cette fois, la voiture passe la grille et avance lentement.
Je reste bouche bée devant le domaine qui s’étend sous mes yeux.
En gros, il veut que j’habite ici.
La voiture s’immobilise devant un immense manoir tout juste construit.
Ernest lâche ma main et descend.
Il contourne la voiture pour m’ouvrir la portière, puis me tend la main.
Je la saisis et descends à mon tour, les yeux rivés sur la façade de pierre entourée d’arbres.
Je tourne la tête sur le côté : un autre manoir se dresse un peu plus loin, plus sombre que celui devant lequel je me tiens.
— À qui appartiennent ces manoirs ? demandé-je, intriguée.
Ernest ignore le manoir sombre mais répond tout de même à ma question.
— Ce manoir, devant toi, est à toi.
— À moi ? Je suis prisonnière ?
Il se met à rire devant ma phrase.
Il n’y a rien de drôle, sale enfoiré.
— Non, tu n’es pas prisonnière. Je veux que tu aies un chez-toi, un endroit où je pourrai venir te voir.
Il pose sa main sur ma joue, avec tendresse.
— Ça te plaît ?
Je hoche la tête, un sourire aux lèvres.
Je me tourne face à lui, les mains posées sur son torse.
— Et à qui appartient le manoir d’à côté ?
— Une personne logeait ici, mais elle est partie. Ça fait un an qu’elle n’est pas revenue.
— Une personne de ta famille ?
— De la famille de ma femme.
De qui il parle ?
Je croyais tout savoir de lui et de sa famille.
Mais John ne semble pas avoir tant d’informations sur la famille Stone que moi-même.
Ernest vient de me lâcher une bombe.
Mon regard se tourne vers le manoir sombre, mais Ernest attrape mon menton et me force à tourner la tête vers lui.
Je croise son regard. Il se penche vers moi et pose ses lèvres sur les miennes.
J’écarte son visage.
— Quelle personne ?
— Ne t’inquiète pas... Cette personne ne viendra pas. Ni elle, ni ma femme, ni même mes enfants. Aucun d’eux ne souhaite venir ici.
— Alors pourquoi j’y suis ?
Il rit doucement, ses mains encadrant mon visage.
— Parce que tu es importante pour moi. Toutes les personnes importantes pour moi habitent sur l’un de mes terrains.
Il me retourne, et j’aperçois, à une dizaine de kilomètres, un manoir encore plus grand.
Il se penche à mon oreille et murmure :
— C’est ma résidence principale. Celle où ma femme et moi vivons.
En gros, j’ai affaire à un con qui fait emménager sa maîtresse à côté de sa femme.
Je ne sais pas s’il n’a aucune gêne ou si sa femme s’en fiche complètement.
Je lui trancherais la gorge si je ne devais pas savoir où était Max.
Je fais tout ça pour Max, et je ne dois pas l’oublier.
Il me prend par la main, me traîne jusqu’à l’entrée, pousse la porte en bois.
Le manoir est lumineux, impeccablement aménagé.
Je sens le mobilier neuf.
Il a tout acheté avant de me faire venir ici.
Ce n’est pas plus mal : plus je suis proche de lui, plus je me rapproche de la vérité, et moins j’aurai de contact avec ce trompeur de femme.
— Ça te plaît ? me demande-t-il, joyeusement.
Bon, c’est parti pour la comédie.
Je place mes mains devant mes lèvres, faussement émerveillée.
— C’est magnifique. Oh, Ernest. J’adore quand tu penses à moi.
Je saute dans ses bras. Il me reçoit sans hésitation.
Un imbécile de première.
À côté de ça, mon appartement à Dubaï est mille fois mieux.
Mon coin de paradis me manque.
Il m’emmène dans la chambre : un lit trois places, rien que ça.
Je me laisse tomber dessus, la chambre est spacieuse, un balcon donne sur le parc.
— Mais c’est un peu grand, non ?
Je caresse le lit de la main.Je vais avoir froid dans ce grand lit.
Il me renverse soudain, se place au-dessus de moi, ses mains de chaque côté de ma tête.
— Je serai là pour te réchauffer.
Il approche ses lèvres des miennes, mais son téléphone vibre.
Il se redresse, regarde le numéro affiché.
— Désolé, je dois y aller.
— Tu seras là ce soir ?
Il reste silencieux.
— Pas ce soir. Je t’appellerai quand je viendrai, histoire que tu me prépares le lit.
Je l’accompagne dehors jusqu’à sa voiture.
Ses lèvres se posent sur mon front.
— À plus tard, murmure-t-il d’une voix douce.
— À plus tard.
Je regarde la voiture disparaître.
Je sors mon téléphone de la poche arrière de mon jean et appelle John, qui décroche aussitôt.
— Papillon ?
— Maître, je suis entrée dans le terrain Stone...
Je m’approche d’un catalogue posé sur la table.
— Comme tu l’avais prédit.
— Parfait... L’enquête peut commencer.
— Évidemment. Je ferai en sorte d’atteindre le manoir principal.
— Fantastique.
La sonnette retentit.
Je tourne la tête vers la porte.
— Je dois y aller.
— Bon courage, Papillon.
Je raccroche, puis vais ouvrir.
Un homme en costume noir se tient devant moi.
Je devine immédiatement qu’il vient de la part d’Ernest.
Il me tend une boîte. Je la prends et l’ouvre : une clé de voiture. Une Mustang.
Je lève les yeux vers l’homme, qui s’écarte pour me montrer le véhicule rouge garé dehors.
Mon téléphone vibre.
Un message d’Ernest : “Elle te plaît ?”
Je regarde l’homme.
— Merci.
Il se contente d’un signe de tête, puis s’en va.
Je ferme la porte et balance les clés sur la table.
Il me fait chier avec ses stupides cadeaux.
Dans la journée, des déménageurs ont apporté mes affaires, et des domestiques ont pris place eux aussi.
En gros, Ernest bouffe mon espace.
Je sors dehors, marche vers le manoir sombre et m’adosse au muret qui sépare les deux propriétés.
Je sors une cigarette, la place entre mes lèvres et l’allume.
L’air frais fait du bien.
Une dizaine de voitures arrivent en direction du manoir sombre.Leurs phares m’aveuglent, je plisse les yeux.Des hommes sortent de chaque véhicule et passent à côté de moi pour se rendre au manoir.
C’est quoi ce bordel ?Je croyais que personne ne vivait ici.Et ces types... on dirait des mafieux sortis d’un film.
Une silhouette s’arrête devant moi.
Je lève le regard : un costume de luxe, une cravate, une mâchoire ferme...
Puis deux billes noires qui me fixent dans l’obscurité.
Il place une cigarette entre ses lèvres.
— Vous auriez du feu ?
Sa voix me donne des frissons.
Je ne saurais pas décrire ce que je ressens, mais je n’avais jamais ressenti ça.
Une chaleur m’envahit.
J’avale difficilement ma salive, sors le briquet et le tends vers sa cigarette.
La flamme éclaire sa peau brune, ses cheveux noirs ébène, une mèche glissant devant ses yeux.
Il me fixe, puis abaisse le regard sur ma main avant de se redresser.
Il incline la tête sur le côté.
— Une autre maîtresse ? dit-il, presque en grognant.
Je ne suis pas vraiment affectée par l’insulte. Je m’en moque.
— Vous êtes qui ? Ernest m’a dit que personne n’habitait ici.
— Ernest est un crétin. Il ne sait jamais ce qu’il se passe sur son propre terrain.
Sa voix est... hypnotisante.
Je le regarde souffler la fumée par la bouche.
— Quand vous le verrez... dites-lui que Caleb est de retour.
Caleb ?
Il balance la cigarette à peine entamée au sol et l’écrase du bout de sa chaussure.
— Bonne soirée.