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1663 Words
                                                                                          | ABBÉS | - MAMA: Tu rentres à quelle heure, mon fils? -: 18 heures 30, j'pense. Pourquoi, t'as b'soin d'quelque a choisi en particulier? - MAMA: Passe m'acheter des clous de girofles, je dois préparer un gâteau. -: J'vais essayer d'pas oublier, maman. À ce soir. Je sors de chez moi et appeler Lamine. Il raccroche et me rappelle. - LAMINE: Ouais? -:  introduit la clé dans le contact  J'suis bientôt devant chez toi. - LAMINE: J'suis en bas là, grouille-toi. Je raccroche et roule jusqu'à devant son bâtiment. Il monte habillé comme moi, en tenue de travail. On se sert la main et je prend le chemin du bureau. Ensemble Lamine et moi travaillons dans une agence immobilière, que je dirige. -: T'étais où hier? Je t'ai cherché partout. - LAMINE: J'suis sortis vite fait avec Hana. -: Ah ouais pour son anniv '. Tu l'as amenée où? - LAMINE: À Disney-Land, elle voulait y aller depuis longtemps. Et le soir, un p'tit resto, t'as vu? -: Tu l'as demandé en mariage? - LAMINE: Non, pas encore. J'attends que son frère revienne pour foncer. -: Insh'Allah. me retourne  C'est pas ta soeur, là-bas? Il tourne rapidement la tête, les sourcils froncés. Mariama est assise toute seule à l'arrêt de bus, les écouteurs dans les oreilles. - LAMINE: Ouais, si c'est elle. prend son portable  Elle fait sa rentrée, aujourd'hui. -: Pourquoi elle est pas avec sa pote? - LAMINE: Laquelle? -: J'crois la soeur de Dramane, celle qui est un peu claire de peau. - LAMINE: Hein, Sira! Elles vont plus à la même fac. -: Ah, j'vois. Vas-y dégage d'ma caisse. Il rigole et sort. Je roule jusqu'au parking privé de l'agence et gare ma voiture avant de rentrer à mon tour dans les locaux. Mikaël, Bilal, Soleimann et Lamine étaient déjà à fond dans leur ordinateur et quelques uns répondaient même au téléphone. -: Wesh, les gars. Ils me font un signe de la main ou de la tête. Je m'installe à mon bureau et me fait couler un bon café. -: Qui a ouvert ce matin ? - SOLEIMANN : C'est moi, mais j'ai une visite très tard, donc j'pense que j'serais le dernier, je fermerais. -: Quelle heure ? - SOLEIMANN : 19 heures, les clients veulent faire une visite la nuit pour voir si la circulation les dérangeait. -: Tranquille, alors. J'ouvre mon agenda et regarde mes rendez-vous du jour, deux visites. La première à 10 heures et la seconde à 18 heures, pendant ma dernière heure. Mon téléphone sonne, c'est Djamel, mon courtier immobilier. -: Allô ? - DJAMEL : Salem. Je voulais te parler d'une affaire. Une femme qui a déposé son bien chez nous a estimé sa maison de ville, dans le 8ème à 799 575 euros. Je viens de vérifier, et cette estimation date de 2012, comme elle l'a mise en vente depuis quelques temps, maintenant. -: C'quoi l'problème  ? - DJAMEL : Eh bah, j'ai refait des calculs et le nouveau prix de cette maison est en dessous de c'qu'elle estime, soit 199 125  euros en dessous de son prix de départ. Elle a accepté de baisser jusqu'à 760 000 mais pas plus. Je sais vraiment pas quoi faire, là, impasse totale. -: m'adosse à ma chaise On a qu'à lui proposer une décoratrice d'intérieur pour valider les prestations de sa maison ? À ce moment-là, faudra qu'elle refasse entièrement toute la décoration. Tu m'as dit une fois que la déco n'était potable, non ? - DJAMEL : C'est pire qu'ça, c'est un arc-en-ciel sa maison, mon frère.  Le mur dans ses toilettes, il est marron, on dirait elle a fait chié d'ssus. -: rire Sale c*n. Sinon, je dirais qu'on lui envoie Marie, elle s'y connaît en cas comme ça. Si tout est rénové, les acheteurs potentiels se projetteront plus facilement, et les prestations de sa maison seront validées par un professionnel. Donc le prix qu'elle aura sera crédible par rapport aux qualités de la maison. T'as capté ? - DJAMEL : Ouais, cimer, gros. J'ai failli abandonner. -: Tranquille. On s'capte plus tard. - DJAMEL : Ouais. Je raccroche et j'attrape ma pochette où étaient stockés les papiers sur l'appartement que je vais faire visiter, les devis etc. Mon mètre-laser dans la poche de mon pantalon et j'attrape mes clés de voiture, direction le Quai d'Orsay.                                                    |QUAI D'ORSAY| Les acheteurs viennent d'arriver, un couple avec leurs deux enfants. Rien qu'à leur démarche et à leurs vêtements, j'ai deviné qu'ils étaient riches. Leurs enfants, deux garçons, étaient très excités et agités. Quand ils arrivent à ma hauteur, ils me serrent la main, ils sont plutôt chaleureux. -: Bonjour, je suis Abbés et c'est moi que vous avez contacté pour que je vous trouve un appartement en urgence. Déjà, première impression, la façade ? - LA FEMME : moue Mouais, c'est pas grandiose, non plus... -: Vous m'avez demandé un bien dans les quartiers plutôt fortunés, non ? Ici, on est au Quai d'Orsay, c'est pas mal déjà , je trouve. - LA FEMME : Je vous l'accorde. Je leur ouvre la porte et on monte jusqu'au cinquième avec l'ascenseur. C'était la deuxième porte à gauche. Ils entrent et affichent une mine, comment dire... Perplexe. Ok, je sais déjà que ce bien ne va pas leur plaire mais je continue la visite, indifférent.                                                             |18 H 45| Je viens d'arriver à mon quartier, avec les clous de girofles que ma mère m'a d'mandé. Le parking est derrière mon bâtiment et en faisant le tour, je croise Dramane accompagné d'une femme, à peu près de son âge. Je m'avance vers eux et lui serre la main. - DRAMANE : Wesh, mon frère. Tu vas bien ? -: Tranquille, hein. Et toi, ça dit quoi ? Bientôt le décollage. - DRAMANE : Dans trois jours. Ah et j'ai laissé les clés à Tata. -: lui fait une accolade J'y veillerais bien à ton appart', compte sur moi. - DRAMANE : Merci frérot. On s'capte tard plus, hein? -: Quand tu veux. Dis-je en tournant les talons pour m'en aller, en oubliant pas d'lancer un regard noir à celle qui l'accompagnait. Il me semble l'avoir déjà vu quelque part, et dans une situation plutôt dégradante, j'dirais. M'enfin, c'est loin d'être mes bails. Je monte les escaliers, crevé. J'introduis la clé dans la serrure et referme la porte derrière moi avant de poser les clous de girofles de ma mère sur le comptoir de la cuisine. Je fonce dans ma chambre pour me doucher et me rechanger pour sortir. Je voulais faire un p'tit tour en ville, solo. J'me casse pas la tête, un survêt' et des Yeezy. J'chope un paquet de gâteaux et de clopes, quelques thunes et sors. Au moment où j'ouvre la porte de ma Jeep, mon téléphone sonne. C'est Lamine, c'c******n. -: met la clé dans le contact Ouais, allô ? - LAMINE : Oh, frère, y a moyen tu récupères ma soeur et sa pote au McDo ? -: Ouais, vas-y. T'es où, toi ? - LAMINE : À l'agence avec Soleimann. -: Ouais, ok, j'y vais. À tard plus. Je raccroche et prend le chemin du McDo. J'y arrive quelques minutes après, Mariama est assise à une table dans la fond, avec sa pote en train de discuter. Je me dirige vers elles et tousse pour prév'nir que j'suis là. - MARIAMA : sourire Ah, t'es venu ! -: Bah, ouais, qu'est-c'tu crois ? - MARIAMA : Non, mais on sait jamais avec les arabes. Toujours en r'tard. -: Vas-y, bouge dans la voiture, j'vais prendre un McFlurry, vite fait. Elle se lève et moi je commande. Y avait pas trop de monde, ce soir-là. Je paie en vitesse et marche vers la sortie quand j'ai eu l'impression d'oublier quelque chose. Je me retourne et vois SIRA assise, et sur son portable. -: T'attends quoi, là ? Elle lève les yeux et regarde de gauche à droite. Je commençais à m'impatienter, la meuf tous ses gestes se font à deux à l'heure, aussi. -: J'parle à toi, bouge, j'pas toute la nuit. Elle se lève en soupirant et tire son sac derrière elle. Je continue ma route et attend que la portière de derrière claque avant de démarrer. Mariama met de la musique et attrape son portable pour faire des snaps, sûrement. - MARIAMA : Comment t'as eu cette voiture ? -: Bah, j'lai acheté. - MARIAMA : Avec de l'argent sale ? -: pff Non, je l'ai payée avec de l'argent que j'ai récolté, crois pas aussi. J'ai pas le temps pour la rue. - MARIAMA : Ah, bah c'est bien. C'est toi qui a ouvert la boîte ? -: Ouais, je cherchais des associés quand j'ai r'pris contact avec ton frère. - MARIAMA : Il était dans les vices de la rue, avant. Il y a même pas un an, il traînait en bas du hall.  -: passe une main dans mes cheveux Hum... - MARIAMA : Ta soeur elle vit où ? Je l'ai jamais vue ici. -: Elle est mariée depuis pas longtemps. Elle passe souvent le week-end avec son mari. T'auras une occasion de la rencontrer. - MARIAMA : Insh'Allah. Mais elle a mon âge, non ? -: J'sais pas moi, t'as quel âge, toi ? - MARIAMA : 22 ans. -: Elle a deux ans de plus que toi. - MARIAMA : remonte ses lunettes sur son nez  Et elle est déjà mariée ? T'en a 26 et t'es toujours chez les parents ? -: Ouais, mais t'inquiète, je ne dépends pas d'eux. J'recherche un appart' en ce moment. - MARIAMA : éclat de rire Un agent immobilier qui cherche un toit, j'en peux plus. -: la regarde fixement Sors de ma voiture, t'es pas drôle. Elle rigole encore plus et sort. Sa copine s'en va précipitamment après avoir lâché un «merci» rapide. J'crame une garo et rôde encore un peu dans la ville.
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