Affalé sur mon fauteuil dans la pièce qui me servait de bureau, j’étais occupé à passer des coups de fil et à régler certains détails en ligne sur mon MacBook. Après tout, le fait que je projette m’absenter du boulot pendant quelques semaines requérait beaucoup de travail d’avance. Contrairement à ce que mon frère pensait, je n’étais pas un paresseux. Je menais beaucoup d’activités bien que j’eus conscience qu’elles relevaient du domaine illicite. J’aimais enfreindre les règles, c’était naturel. Je ne savais pas si ma nature vampirique en était pour quelque chose mais j’adorais agir en véritable diablotin.
Faire ce qui était interdit de faire.
Les autorités nous obligeaient à nous plier à des lois qu’eux-mêmes enfreignaient. Après tout, ne disait-on pas : «Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais »? Eux-mêmes savaient à quel point l’illicite enrichissait bien plus que le licite. Il se cachaient derrière des postes nobles afin de pouvoir mener à bien leurs activités interdites. Ensuite, d’autres se mettront à les envier sans savoir ce qui se tramait dans les coulisses... Triste réalité oui mais c’est ce que le monde est devenu aujourd’hui.
Des pas attirèrent mon attention alors que mes narines détectèrent une odeur sucrée de sang.
Tiens tiens!
D’un geste de la main, j’ouvris la porte du bureau pour découvrir un de mes hommes qui s’apprêtait à toquer. Derrière lui, se tenait la source de l’odeur exquise qui me titillait l’odorat.
- Eh bien? Je vous manque à ce point? lançai-je en croisant les jambes sur la table devant moi.
Emma pénétra dans mon bureau, la mine impassible et m’analysa froidement. Depuis l’épisode de la salle à manger, elle n’avait cessée de me témoigner de la froideur comme si elle me reprochait quelque chose. N’est-ce pas elle qui disait aimer quelqu’un d’autre alors pourquoi me reprochait-elle de ne pas l’avoir embrassée? Je ne savais pas qu’on pouvait aimer un homme avec lequel on était de surcroît en couple et en même temps se laisser attirer par un autre. Ne serait-ce pas là de la tromperie?
- Ne serait-ce pas toi la source de tout cela? me reprocha ma conscience.
- Peut-être mais si elle tenait vraiment à son Peter, elle aurait été plus résistante que ça!
- Comme si échapper au charme d’un vampire était aussi simple pour une humaine, marmonna t-elle.
Je soupirai en esquissant un sourire discret et me concentrai sur la jeune femme devant moi.
- J’en ai marre Alonzo! Je m’ennuies à mourir dans cette chambre. Pas de portable, pas de livres... J’en ai franchement marre!
Je la fixai amusé alors que ses yeux semblaient jeter des éclairs.
- Et vous voulez que je sois votre distraction? lui demandai-je.
Comme je m’en doutais, je la vis s’empourprer d’un coup avant qu’elle ne se reprenne en secouant la tête.
Hum, je ne me rappelle pas avoir dit quelque chose d’embarrassant si? Il faut dire que mademoiselle n’a pas les idées saintes non plus.
- Je n’ai pas besoin de vous, répliqua t-elle froidement.
- Dommage, j’aurais pu m’avérer être une distraction très intéressante.
Elle plissa des yeux une seconde en penchant la tête pour m’observer et là, j’aurai donné cher pour savoir ce à quoi elle pensait. Je m’étais décidé à ne plus interférer dans ses pensées parce que c’était comme de la violation de vie privée. Mais il y avait de ces moment-là où j’avais vraiment envie de faire recours à la télépathie sur elle. Néanmoins, je me retins de commettre cette bêtise et je me contentai d’attendre sa réplique qui ne tarda pas à tomber.
- Eh bien, distrayez-moi alors, avait-elle dit en tirant la chaise devant elle pour s’asseoir en face de moi.
J’haussai un sourcil surpris, peinant à comprendre ce qu’elle avait en tête.
- Parlez-moi de vous. Vous savez pratiquement tout sur moi alors que moi, je ne sais rien de vous, ajouta t-elle en rejetant ses boucles blondes dans son dos.
La grâce et la class qu’elle avait mise dans ce geste lui avait conférée d’un coup une carrure imposante. J’ai toujours constatée qu’elle était une femme très loin de la timidité mais certainement pas du genre dominante. Cependant, je vois que j’ai encore à découvrir sur elle.
- Que voulez-vous savoir concrètement, lui demandai-je. Je ne suis pas douée en récit mais je sais très bien répondre aux questions.
Je choisis reprendre mon travail sur mon ordinateur et donc me concentrer sur autre chose que les battements rythmés de son cœur que je percevais grâce à mon ouïe fine.
- D’abord, et si on commençait à nous tutoyer? Nous sommes appelés à passer du temps ensemble alors ce serait mieux de nous comporter comme de vraies connaissances.
- Hummm, vous acceptez enfin l’idée de rester prisonnière dans la villa du méchant? ironisai-je.
- Ai-je le choix? Alors mieux vaut rendre la cohabitation aisée, vous trouvez pas?
Je levai la tête de mon MacBook en soupirant. Je passai une main dans mes cheveux plaqués avant de la regarder.
- Qu’avez-vous réellement en tête Mlle Hardins? Pourquoi ce brusque revirement de situation? Il y a encore quelques heures, vous étiez prête à me faire la guerre et à me mener la vie dure.
- Rien du tout, répondît-elle beaucoup trop rapidement pour moi.
C’est ce moment-là que ma conscience trouva pour venir me chuchoter: «Les femmes sont dangereuses surtout lorsqu’elle sont trop sages». Je balayai cette pensée d’un geste de la main, refusant d’être influencé par cela. Je savais à quoi m’en tenir désormais avec les femmes depuis l’épisode Almara Darkmoon. Et dire que j’avais aimé une vipère durant plus de deux ans. Maintenant, je me demandais si c’était une réaction réelle de mon cœur ou si elle avait utilisée un sortilège. Cependant, j’avais beau considéré désormais les femmes comme des êtres très dangereux mais je n’arrivais pas à associer cette image à Emma. Elle semblait si pure et dénuée de toutes mauvaises intentions et ça m’embrouillait vraiment. Tout le temps où je m’étais amusé à lire dans ses pensées était la preuve qu’elle était tout sauf un serpent venimeux comme Almara. Mais ce n’était pas facile pour moi, je ne pouvais m’empêcher de me méfier surtout vu qu’elle faisait naître en moi des sentiments semblables à ceux que j’avais ressenti pour Almara.
- Bien, capitulai-je. Je vous laisse alors faire le premier pas dans notre démarche de tutoiement.
Elle souffla et prit quelques secondes pour réfléchir. La mine qu’elle avait adoptée à cet instant n’avait manqué de me faire sourire. Elle avait l’air d’une petite fille du cours primaire devant une épreuve de sciences mathématiques. C’était amusant.
- Eh bien pour revenir à notre précédent sujet de discussion, tu pourrais commencer à me parler de tes parents. Comment se sont-ils rencontrés, comment es-tu né ?
La question me pris de court. Comment était-je sensé lui expliquer que j’étais le fruit d’une relation sans sérieux et que j’avais dû naître du ventre de l’amie de ma mère ? Elle cherchera à comprendre la ressemblance entre Raphaëllo et moi si nous ne sommes pas de mêmes parents. Et comment lui expliquer qu’à cause de mes sombres impulsions, j’avais tué ma propre mère même si elle m’avait abandonné alors que j’étais à peine un fœtus?
Rapidement, je cherchai quelque chose de logique et de pas mensonger à lui répondre.
- Je ne sais pas grand chose sur mes parents à part le fait qu’ils avaient l’air de s’aimer. Je suis né trois ans avant Raphaëllo et nous étions encore tout jeunes quand nous avons perdus nos parents. Raonna s’est occupée de nous ou plutôt de mon frère.
- Oh, je suis vraiment désolée. Mais pourquoi Raonna n’a pas pris soin de toi aussi? demanda t-elle.
- Je savais déjà me débrouiller tout seul. Je n’avais pas besoin d’affection maternelle, répondis-je froidement en me rappelant la façon dont Triana nous traitait mon frère et moi.
On aurait même pas dit qu’elle nous avait portée dans son ventre. Elle nous avait élevés comme si nous étions les enfants d’autrui bien que ce soit vrai dans mon cas mais au moins Raphaëllo, elle aurait pue se montrer plus chaleureuse avec lui. Triana nous avait déjà habitués au manque d’amour et c’était cela que Raonna avait essayée de corriger à sa mort mais il était déjà trop tard pour moi.
Je vis Emma s’asseoir encore plus confortablement sur son siège avant de me poser une autre question moins curieuse, Dieu merci.
- Vous avez toujours vécus en Italie, ton frère et toi?
- Oui, jusqu’à notre majorité. Raphaëllo a commencé à voler de ses propres ailes financièrement bien assez tôt. Il m’as donc laissé la totalité de l’héritage de notre père avant de partir pour Londres. Moi pour ma part, j’ai choisis les Caraïbes. Chacun de nous avait besoin d’un peu de distance, de changer d’air.
- À t’entendre parler, tu n’avais pas eu une vie très heureuse malgré que tu aies connu tes parents.
Oh si seulement tu savais!
- Crois-moi, les parents ont beau être nos dieux sur terre, il y en a des fois où on a l’impression du contraire.
- Moi, j’aurai bien aimée connaître mes parents, savoir qui ils sont ou étaient et comprendre pourquoi ils n’avaient pas voulus prendre soin de moi, déclara Emma tristement.
Mon cœur se serra malgré moi et j’eus envie de la prendre dans mes bras.
Gare à toi! me menaça ma conscience.
- Veux-tu que je t’aides à retrouver tes parents? lui demandai-je.
Elle se redressa vivement comme si elle venait d’être piquée, les yeux agrandis.
- Tu vas vraiment faire ça pour moi? Je veux dire, tu peux m’aider à les retrouver ? Ça fait longtemps que j’ai essayée de le faire. Je suis retournée à ma famille d’accueil afin d’avoir des informations sur mes parents mais ils m’ont dit que j’avais purement et simplement abandonnée à la naissance devant un hôpital sans aucune autre information.
- Je trouverai tes parents, ne t’en fais pas. J’ai beaucoup de contacts, lui assurai-je.
Elle me sourit sincèrement et mon cœur s’emballa aussitôt. Je reportai finalement mon regard sur l’écran de mon ordinateur et continuai mon travail alors qu’elle s’était décidée à reprendre sa distraction.
- Tu fais quoi? Enfin, comme travail quoi. Tu n’es pas populaire comme ton frère, tu n’as pas d’entreprise pourtant tu as l’air riche, fit-elle en survolant le bureau du regard.
- Crois-moi, tu veux pas le savoir, répondis je en souriant sans lever les yeux de mon ordinateur.
- Tu es tueur à gages? s’exclama t-elle.
- C’est vraiment ce métier qui me correspond ? demandai-je en faisant mine d’être vexé.
- Non enfin, pas du tout. C’est juste que la façon dont tu m’avais répondue m’avait donnée l’impression que tu fais quelque chose de vraiment...
- Dangereux? intervins-je.
Elle hocha la tête pour approuver.
- Peut-être mais je ne suis pas tueur à gages. J’ai certainement des tendances sadiques mais je ne tuerai jamais pour de l’argent.
- Alors tu... tu...tu as déjà tué quelqu’un ? s’étrangla t-elle.
Je penchai la tête sur le côté pour l’observer et un seul mot me vint à la tête.
Perspicace !
Mais il était encore assez tôt pour elle pour affronter mes vérités. Pour le moment je me devais de ne rien lui dire sans pour autant lui mentir.
- Je n’ai jamais rien dit de tel, répliquai-je en reposant ma concentration sur mon MacBook.
- Ta manière de parler portait à le croire.
- C’est si délicat de discuter avec une journaliste ? Vous analyser chaque parole comme une équation de droite.
- Parce que les paroles ont souvent un sens caché. Les gens que j’interviewe personnellement sont la plupart du temps des personnes influentes. Ce genre de personne aime parler sans rien dévoiler tout comme toi. Mais en analysant de façon plus pointilleuse leurs paroles, il m’arrive de découvrir certaines choses dissimulées dedans, m’expliqua t-elle.
J’haussai un sourcil qui se voulait admiratif en hochant continuellement la tête.
- Et qu’as-tu découvert sous mes paroles? m’enquis-je.
Emma se saisit du calendrier posé sur la table et se mit à jouer avec en me fixant profondément. Et pour une fois, j’aurais juré avoir senti mon cœur battre.
- Que tu es quelqu’un de sombre. Tu te retiens d’entrer dans les détails de tes réponses parce que tu ne veux pas m’effrayer ou quelque chose comme ça. Je penses que tu ne m’estimes pas encore capable de faire face à ton véritable visage, avait-elle finalement répondue.
Je me figeai instantanément, interloqué devant la manière dont elle m’avait décryptée. Un moment, je fus tenté de croire qu’elle n’était pas humaine mais l’odeur exquise de son sang qui était venu fouetter mes narines m’en avait dissuadé. Cette femme n’était ni télépathe, ni sorcière, elle était juste intelligente et j’aimais cette qualité...
Hello! Comment allez-vous ? Vous passez une bonne semaine j’espère ?
Je viens juste de terminer mes examens et comme promis, je compte rattraper mon absence. Alors voici le chapitre du jour portant toujours sur le point de vue d’Alonzo. J’espère qu’il vous a plu.
En passant, merci pour les lectures et les ajouts. Ça me touche sincèrement de voir à quel point vous appréciez mes écrits.
Bisous bisous!
Freetop812.