Brianna
Hari Stanford est là, quelque part. Dans cette maison. Magnifique.
— Normalement, il ne devrait pas venir ici.
J'acquiesce d'un signe de tête, les lèvres pincées légèrement mal à l'aise. Je dois dire que je serais gênée de croiser mon patron ici à moitié bourrée. Je n'ose imaginer l'image que cela lui donnerait de moi.
— Bon, on retourne avec les autres ! s'exclame Becca.
Elle attrape Fanny par le bras et l'entraîne avec elle malgré les protestations de ma meilleure amie. Je les regarde s'éloigner, non sans me faire de magnifiques signes déplacés plein de sous-entendus quant au comportement que je devrais adopter avec Derek. Je m'empresse de détourner le regard comme si de rien n'était, les joues en feu. Il fait signe au serveur de lui servir un nouveau verre de Whisky Coca. Pour ma part, je me contente d'un verre d'eau gazeuse avec du citron et des glaçons. J'ai mal au cœur, signe que j'ai suffisamment bu comme ça pour ce soir. Et puis, sans vouloir être rabat-joie, j'aimerais ne pas être complètement pétée si jamais je croisais mon patron.
— Tu sais, je ne pense pas qu'Hari viendra ici ce soir, me dit Derek comme s'il devinait mes pensées.
Je tourne la tête vers lui, surprise.
— Tu le connais ?
— Oui. Je suis sorti avec sa petite sœur quand nous étions au lycée. Nous avons rompu au bout d'un an et demi de relation, mais je suis resté ami avec eux malgré tout. C'est d'ailleurs grâce à cela que j'ai réussi à aider mon père à louer cette maison pour la soirée.
La gorgée d'eau que je viens tout juste de prendre m'échappe avant même que je n'ai eu le temps de l'avaler. Cette maison démentielle appartient à mon patron ? Eh bah. Il y en a qui se mettent bien. Quoique étant donné sa notoriété et ses revenus, il peut facilement se le permettre.
— Et si tu veux tout savoir, ajoute Derek, la maison dans laquelle nous nous trouvons actuellement est aussi la maison où il a emmené toutes ses petites amies, voire ses plans culs, au moins une fois.
Ses petites amies ou ses...Jeez. Zac va vraiment m'entendre.
— Je reviens, j'ai quelque chose à dire à ton frère, je dis en sautant de mon tabouret.
Je me dépêche de regagner la piste de danse sans laisser le temps à Derek de répondre. Je me fraie un chemin au milieu des couples en train de danser, certains parfaitement clean, d'autres tellement bourrés qu'ils sont à moitié nus, comme s'ils allaient s'envoyer en l'air sur place dans la minute qui suit. Bon sang. Il y a des chambres pour ça. Heureusement pour moi, je réussis tout de même à trouver Zac et Brit, en train de danser collés l'un contre l'autre en plein milieu de la piste, comme tout couple cliché qui se respecte. Je tapote l'épaule Zac qui se tourne vers moi, un sourire béat sur le visage. Aucun doute. Il est déchiré.
— Breeee...
Supercalifragilisticexpialidocious déchiré. Moi aussi d'un côté. Mais passons. Je ne suis pas venue pour ça.
— Pourquoi ne m'as-tu pas dit que ta fête d'anniversaire avait lieu dans la maison secondaire de Monsieur Stanford ? je lui demande d'une voix forte.
— La maison secondaire de Monsieur Stanford ? Je n'en avais aucune idée !
Je le regarde les yeux plissés, dubitative. Voyant ma tête, il ajoute :
Ouais bon ok, j'étais au courant. Mais il n'était pas supposé être là ce soir. Je te l'aurais dit sinon.
— Comment l'as-tu su dans ce cas ?
— Becca nous l'a dit en revenant des toilettes. Fanny et elle sont venues te le dire et maintenant, elles sont probablement en train d'essayer de retrouver Monsieur s*x Symbol pour l'avertir de ta présence.
Et merde. Super. Il ne manquait plus que ça. Zac m'adresse un sourire d'excuse puis retourne à ses occupations comme si de rien n'était. Je lève les bras au ciel et fais demi-tour sur moi-même me frayant un chemin dans l'autre sens, dans l'espoir de trouver les filles avant qu'elles ne trouvent Monsieur Stanford, mais dans une maison aussi grande que celle-ci c'est tout simplement peine perdue.
Cela me prend au moins vingt minutes pour fouiller les deux derniers étages et vingt autres pour fouiller le premier étage ainsi que le rez-de-chaussée. Lorsque je finis enfin par les trouver, elles se tiennent toutes deux devant la porte de la salle de bain, pliées de rire. Je m'empresse de les rejoindre sentant déjà la catastrophe arriver.
— C'est bon ! s'exclame Fanny d'une voix tonitruante, Hari f*****g Stanford sait que tu es là !
Ce n'est pas vrai...
— On t'a arrangé le coup, t'inquiètes.
Les filles, bordel !
— Vous êtes vraiment folles, je les réprimande.
— Oh c'mon, take it easy meuf, se moque Becca en passant un bras autour de mes épaules, il n'avait pas l'air mécontent de savoir que tu étais là. Entre nous, je suis même sûre que dès qu'il te verra dans cette tenue il aura immédiatement envie de te prendre sur son bureau.
— Bea ! je m'emporte les joues en feu.
Elle éclate de rire tout en me donnant une tape dans le dos. J'attrape mon visage entre mes mains et me masse les tempes dans des gestes lents. Je m'écarte de mes amies, suffisamment exaspérée pour ne pas vouloir rester avec elles. Je regagne les toilettes et ferme la porte à clés derrière moi. Je me place devant le grand lavabo en marbre blanc que j'allume dans des gestes précipités. Je profite de ce moment de répit pour me rafraîchir les bras et la nuque ainsi que le front.
Les sons de la musique me parviennent de façon étouffée à travers la porte. Je ferme les yeux et prends quelques instants pour me focaliser sur ma respiration. Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Je peux le faire. La soirée est presque finie. Rien ne dit que je risque de le croiser d'ici là. Quant à demain matin, je pourrai toujours filer sans le voir. Vingt secondes de courage le temps de filer de la salle de bain à la piste de danse et c'est bon, le tour sera joué.
Je rouvre les yeux. C'est parti. Dernier coup d'œil à mon reflet pendant que je me détache du lavabo et hop! Me revoilà dans le couloir, ne prêtant pas vraiment attention à là où je vais et finissant bien évidemment par percuter quelqu'un de plein fouet. Je me retrouve projeter en arrière, mon corps sur le point de s'étaler méchamment au sol, mais c'est sans compter sur les bras de la personne en face de moi. Cette dernière m'attrape de justesse dans une étreinte puissante et ferme. Un rire rauque, amusé, s'échappe de ses lèvres.
— Mademoiselle Andrews. On ne cesse de se croiser.
Je sens mon cœur se bloquer dans ma poitrine tandis que je relève la tête, mon regard immédiatement piégé par celui de mon patron qui m'aide à me relever.
— Monsieur Stanford, je le salue essayant de paraître le moins déboussolée possible.
Il libère lentement ma taille, son regard toujours ancré au mien.
— Vous profitez bien de la soirée ?
— Oui, merci. J'étais juste allée me rafraîchir un peu. Il faut dire qu'il fait assez chaud avec toutes ces personnes confinées dans la même pièce.
Il acquiesce d'un signe de tête.
— Dans ce cas, je ne vous retiens pas plus longtemps.
Un drôle de frisson me parcourt de la tête aux pieds tandis qu'il s'écarte de moi et fait demi-tour, prêt à regagner une pièce que je suppose être un salon privé ou un bureau.
— Attendez.
Il se stoppe net dans son mouvement. Les battements de mon cœur s'emballent dans ma poitrine. Je m'approche de lui d'un pas lent, le corps légèrement tremblant. Il se tourne vers moi. Je m'arrête. Mon cœur bat si fort que j'en ressens les palpitations à l'intérieur de mon crâne, mon être entier envahi par une sensation indescriptible.
— Brianna...
Je me hisse sur la pointe des pieds et plaque mes lèvres contre les siennes avant même qu'il n'ait le temps de finir sa phrase. Hors de question de reproduire la même erreur que ce matin et le laisser se désister. Pas cette fois.
D'abord hésitante, je me colle un peu plus contre lui et glisse mes mains derrière sa nuque. A mon plus grand soulagement, il réagit à mon étreinte et encercle ma taille de ses bras forts. Notre b****r s'intensifie. Sa langue se fraye un chemin vers la mienne tandis qu'il me soulève dans ses bras et m'entraîne dans la pièce qui s'avère être non pas un bureau mais une bibliothèque. Le doux bruit de la clé qui tourne dans la serrure me procure une drôle de sensation à travers le corps.
Seuls. Nous sommes enfin seuls.
**
Hari
Je me laisse tomber dans l'un des fauteuils, Brianna entre mes bras. Je dois dire que je n'aurais pas cru que la petite scène de ce matin lui serait restée en tête à ce point-là, mais visiblement je m'étais trompé. Non seulement elle est bien plus entreprenante que ce que je ne le croyais, bien que je pense que le nombre de verres qu'elle a bu depuis le début de la soirée y est probablement pour quelque chose, mais en plus elle embrasse comme une déesse.
Cela fait quelques minutes maintenant que nos langues se sont lancées dans une danse endiablée, passionnée et qu'elle ondule des hanches dans des mouvements sensuels et provocateurs ne faisant que m'exciter davantage. Je remonte mes mains le long de son dos et attrape la fermeture éclair de sa robe que je fais glisser le long de sa colonne vertébrale.
Son corps frissonne au contact de mes doigts contre sa peau que je caresse avec tendresse. Je continue de l'embrasser encore quelques instants puis me détache d'elle à contrecœur. Son regard interrogateur croise le mien tandis qu'elle aspire sa lèvre inférieure entre ses dents. J'approche ma bouche de son oreille et resserre mon emprise autour de sa taille, nos corps collés l'un contre l'autre.
— Si je m'écoutais je vous prendrais ici, je dis, sur le fauteuil ou contre le piano.
— Qu'est-ce qui vous en empêche ?
Un rire discret s'échappe de mes lèvres face à son audace.
— Premièrement, vous êtes toujours vierge si je ne me trompe, et puis je n'ai aucunement envie de vous brusquer. Deuxièmement, il y a certaines choses dont nous devons parler avant que je puisse vous toucher plus que ça.
— Et quelles sont ces choses ?
— Nous en parlerons mardi soir.
Je dépose un b****r contre sa peau et redresse le visage tandis qu'elle marmonne :
— Je ne sais pas comment vous l'avez deviné, mais vous avez raison.
Douce Brianna. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, dès la seconde où vous êtes entrée dans mon bureau. Je plonge une fois de plus mon regard dans le sien brillant d'une étrange lueur. Les traits de son visage s'étirent en une drôle de grimace et sa poitrine semble secouer par un haut-le-cœur. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre ce qu'il se passe. La soulevant dans mes bras, je me dépêche de sortir du bureau et de la conduire dans la salle de bain attenante à ma chambre, juste à temps pour qu'elle puisse vider le contenu de son estomac au-dessus de la cuvette des toilettes.
Je m'agenouille derrière elle, attrape ses cheveux d'une main et lui frotte le dos de l'autre. Elle a de la chance que j'ai été à bonne école par le passé. Je m'en suis pris des cuites lorsque j'avais son âge. Et pas des petites, loin de là. Des spasmes viennent secouer son corps. Sa voix un peu pâteuse retentit à travers la pièce tandis qu'elle s'excuse entre deux spasmes.
— Ne vous en faîtes pas, j'ai vu pire.
Elle laisse échapper un rire gêné, le souffle un peu saccadé. Je l'attrape par les bras et l'aide à se redresser. Son corps tremble légèrement contre le mien. Une fois sûre qu'elle peut tenir debout toute seule, je m'écarte afin de lui laisser un peu d'espace.
— Il y a des brosses à dents neuves dans la petite armoire, je l'informe.
— Merci.
— N'hésitez pas à prendre une douche si vous le souhaitez. Cette nuit vous restez dormir avec moi, je veux garder un œil sur vous.
Elle se tourne vers moi, confuse, les joues rougies et le regard brillant.
— Je ne peux pas...
— Ce n'est pas négociable, je la coupe d'une voix ferme, vu votre état et le monde qui traîne ici à cause de la fête, je préfère vous garder auprès de moi. Vous serez plus en sécurité.
Elle s'apprête à protester mais je ne lui en laisse pas l'occasion. Je retourne dans la chambre et récupère un tee-shirt ainsi qu'un boxer dans la grande armoire. Le bruit de l'eau me parvient jusqu'aux oreilles. Je lui apporte le pyjama improvisé que je laisse à l'entrée de la salle de bain. Mon portable se met à vibrer dans la poche de mon pantalon. Je m'en empare tout en refermant la porte de la salle de bain. Sans grande surprise, le nom de Gabi apparaît sur l'écran que je déverrouille peu enthousiaste.
OUAIS ! ALLER STANFORD ! METS LA DANS TON PIEU ET METS-LUI LA TÊTE A L'ENVERS ! JE CROIS EN TOI BEAU GOSSE ! ;)
Je pousse un soupir et verrouille mon téléphone que j'abandonne sur le lit le temps de retirer chaussures, chemise et pantalon. J'entends Brianna éteindre les robinets de la douche, signe qu'elle ne va pas tarder à me rejoindre. J'en profite pour répondre rapidement à Gabi.
Désolé de jouer le rabat-joie, mais je n'ai pas l'intention de précipiter les choses, au contraire ! Encore moins alors qu'elle est bourrée. Je te souhaite une bonne nuit. Xx.
Le bruit de la porte de la salle de bain me fait sursauter. Je m'empresse de cliquer sur le bouton envoyer et éteint mon téléphone que j'abandonne sur ma table de nuit, comme si de rien n'était alors que Bree se joint à moi, vêtue de mon tee-shirt, de mon boxer et les cheveux encore humides à cause de la douche. Parfait timing.
— Je...
Elle se stoppe net, son regard rivé sur mon corps à peine vêtu. Un silence s'installe dans la pièce. Je fais tout mon possible pour retenir le sourire qui menace d'apparaître sur mon visage. Ses joues s'enflamment et sa respiration s'accélère tandis qu'elle me reluque de la tête aux pieds, son regard s'attardant accidentellement sur la bosse proéminente dans mon boxer.
Je me redresse légèrement attirant son attention. Son regard noisette vient s'ancrer au mien. Cette fois-ci, c'est à mon tour de profiter de la vue. Mes yeux glissent le long de son corps, de ses seins qui pointent, malgré le fait d'être caché par mon tee-shirt, à ses jambes fines.
Elle s'approche de moi, comme hypnotisée. J'attends qu'elle se soit suffisamment rapprochée et l'attrape par la taille la tirant jusqu'à moi. J'inverse nos positions de façon à ce qu'elle soit le dos contre le matelas, mon corps entre ses jambes légèrement écartées. Je baisse mon visage vers le sien et l'embrasse avec douceur. De doux gémissements s'échappent de ses lèvres faisant monter le désir en moi.
J'aspire sa lèvre inférieure entre mes dents, la mordille. Elle glisse ses mains dans ma chevelure bouclée et se met à tirer sur mes mèches les plus basses tout en ondulant des hanches contre moi. Sa langue vient caresser la mienne de la même manière sensuelle que tout à l'heure. Nous nous embrassons jusqu'à perdre haleine. Son corps frémit contre le mien tandis que j'introduis mes mains sous le tee-shirt qu'elle porte. Mon prénom lui échappe involontairement ce qui me fait sourire.
Je relève la tête et plonge mon regard dans le sien. Sa poitrine monte et descend à toute vitesse au rythme de sa respiration saccadée. Ses joues sont rougies et ses yeux brûlent d'envie et de désir, ainsi que d'une touche d'incertitude. Mon sourire s'agrandit tandis que je baisse mon visage vers le sien et que les battements de son cœur s'emballent sous mes doigts.
— Nous allons bien nous amuser dans les jours à venir.
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