Escapade à Montauk

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Novi Jordan scruta l’écran de son portable puis leva la tête vers l’écriteau au-dessus du bar où elle voyait afficher « the Hill ». Elle était bel et bien au bon endroit. C’était ici qu’elle trouverait Patrick Flynn.

Après des mois de recherches parmi bien des noms et des villes, elle avait enfin trouvé le bon endroit. Et la bonne personne.

La photo sur la page internet du bar, qu’elle avait visité et vu tant de fois, était la même que celle qu’elle avait sous les yeux. Elle ne pouvait pas s’être trompée. Elle y était enfin parvenue. Restait plus qu’à y rentrer et à demander après le propriétaire.

L’angoisse qui montait en elle depuis son départ de chez elle, la figea.

Ses mains qui tenaient son téléphone portable tremblaient. Ses genoux également.

Fermant les yeux, elle inspira et expira plusieurs fois.

Elle n’allait pas se laisser aller à stresser alors qu’elle touchait au but. Elle devait se calmer, se concentrer. Elle s’était passé en tête tous les scenarii possibles pour cette rencontre, avait répété le discours qu’elle dirait à cet homme alors pas question de flancher.

Dans sa vie, en vingt-quatre ans de vie, elle en avait bavé, avait vu des trucs durs même gores, avait fait bien des bêtises, mais elle ne s’était jamais laissée à paniquer, alors ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait commencer.

Rouvrant les yeux, elle scruta le bâtiment abritant le bar, les autres bâtiments autour, les quelques passants puis le port de pêche lointain et les bateaux.

L’endroit était charmant. Vraiment charmant. Et elle était vraiment très curieuse de voir l’intérieur du bâtiment.

Elle aurait bien aimé avoir à travailler dans un tel endroit ou encore posséder une bâtisse à un tel endroit. Peut-être un jour, lorsqu’elle aura assez économisé, elle se trouverait un tel endroit et ouvrirait son propre restaurant.

Elle sourit en pensant à son rêve, comme toujours et ne put s’empêcher de laisser son regard erré sur le port de pêche.

New York lui avait paru vraiment différent d’Atlanta. Très différent et les Hampton encore plus. Et rien de ce qu’elle avait vu sur internet ou dans les films ne l’avait préparé à tout ça.

À la différence de son petit quartier du centre d’Atlanta, elle avait eu l’impression d’être dans une jungle en traversant une partie de la ville de New York en bus pour rejoindre les Hampton.

Ici, tout était plus calme, plus doux. Était-ce dû à la saison ? On était encore en Automne et bientôt, ce serait l’hiver et à cette période, elle a cru comprendre que l’endroit se vidait des touristes. Ce qui n’était pas mauvais. Peut-être que si elle avait le temps, elle aimerait visiter les fameux Hampton et admiré les majestueuses villas.

Plus tard, plus tard, peut-être, s’admonesta-t-elle en secouant la tête pour chasser des images qui commençaient à monter à la tête de la série : Revenge.

Elle n’avait pas quitté la Géorgie pour se rendre dans l’État de New York, à Montauk dans les Hampton pour jouer au touriste, mais pour retrouver Patrick Flynn. Elle voulait savoir et apprendre à le connaître avant de lui dire la vérité. Ni sa mère ni son jeune frère n’étaient au courant de sa visite ici, ils ne l’auraient pas approuvé. Surtout sa mère, qui ne l’aurait même pas laissé mettre en place son plan et encore moins quitté Atlanta, si elle avait su ce qu’elle avait en tête. Mais, c’était le seul moyen qu’elle ait trouvé pour avoir des réponses à ses questions.

Des questions auxquelles celle-ci refusait de répondre malgré son insistance et même si aujourd’hui elle avait vingt-quatre ans et était plus qu’adultes et depuis même avant d’avoir atteint sa majorité. Et, elle avait besoin de réponses à sa question. Voilà pourquoi elle avait décidé d’entreprendre ce voyage. Elle avait dû effectuer trois différents postes de travail pour avoir assez d’argent. Avec ses économies, et après avoir démissionné de son travail au restaurant de Florence, elle avait pris un bus pour New York.

Cela avait été un long voyage, pénible et dépaysant, mais il fallait qu’elle le fasse. Elle devait le faire.

Se mordant l’intérieur de la joue, elle se souvint qu’elle avait promis d’appeler sa meilleure amie Carole à son arrivée et elle était arrivée, il y a plus d’une heure. Elle seule savait où elle était. Sa mère et son frère la pensaient à Chicago participant à un stage culinaire.

Scrutant l’écran de son téléphone, elle opta finalement pour envoyer un message à son amie. Elle l’appellerait plus tard pour lui raconter comment s’était passé sa rencontre avec cet homme.

Relevant le menton, elle se dirigea droit vers le bar et entra.

Novi ne put s’empêcher de s’exclamer. La décoration était incroyable, les couleurs du bleu au brun chaud, étonnant pour un simple bar, mais étrangement cela allait avec l’atmosphère ambiante. Elle leva la tête vers le lustre suspendu puis scruta l’aquarium et le magnifique tableau près représentant un paysage.

Mais, ce qui attira plus son attention fut la vue sur le port de pêche et une petite terrasse extérieure où était installées quatre tables et des chaises, toute occupée. À l’intérieur, une dizaine de clients mangeaient assirent à des tables servies par deux serveuses. Une odeur alléchante de poisson frit et de barbecue flottait dans l’air.

C’était le genre d’endroit où elle aimerait sans la moindre hésitation travailler. Un magnifique cadre lui donnait toujours des idées de recette et l’envie de cuisiner. Cela serait des plus géniaux même. Elle avait si bien appris de sa mère et sa grand-tante.

Elle avança de quelque pas à l’intérieur, en regardant autour d’elle, lorsque son regard fut attiré au comptoir du bar. Un grand homme, la cinquantaine, les cheveux brun et gris, discutait avec un jeune homme, accoudé contre le comptoir entre deux tabourets libres, vêtu d’un bermuda bleu-ciel et d’un t-shirt blanc qu’elle n’apercevait que de dos.

Elle reconnut le barman très vite. C’était bien Patrick Flynn. Les traits étaient les mêmes que sur la vieille photographie qu’elle avait retrouvée dans les vieilles affaires de sa mère, où il y figurait avec sa mère. Ils se tenaient alors enlacés, souriant, l’air très heureux, à l’objectif. Certes, il avait un peu vieilli, mais elle le reconnut. Alors, cet homme… Cet homme serait son père.

Elle déglutit à nouveau tétaniser.