Violence

2161 Words
Toujours, sur ma bécane rose et je maudis une nouvelle fois mon géniteur. “Cette pourriture m’aura tout fait”. Je vois à l’horizon la maison, si l’on peut appeler ça une maison. Je dirais plus que c’est une prison. “C’est quand même incroyable de laisser sa fille faire matin et soir le trajet à vélo pour aller à son arrêt de bus”. Je me redresse sur ma selle et je sens mon casque qui commence à tomber sur le côté un peu comme ce matin. Je n’en peux plus. Ce n’est pas grave d’avoir son casque qui glisse, mais là, c’est la goutte d’eau de trop. Je craque. Je le détache et avec beaucoup de rage, je le jette contre un arbre de la propriété et c’est avec beaucoup de plaisir que je le regarde s'exploser. “Allez, c’est bon. Tu es arrivée. Pose ton vélo et va vite fait voir Lydia et Alfred avant que l’autre pourriture ne rentre”. Je me dépêche, parce que je suis assez pressée de raconter cette magnifique journée passée au lycée. J’arrive devant la petite dépendance où habitent mes parents de cœur. Je rentre, car Lydia et Alfred m’ont toujours dit de rentrer sans frapper. Ils me considèrent comme leur fille, et ça me va très bien. C’est beaucoup plus petit que le lieu où je dors, mais ici, on peut dire que c’est une maison. Ici, il y a de la chaleur, de l’amour. “Je suis née dans la mauvaise famille”. - Éléonore, c’est toi ? - Oui Lydia, je viens d’arriver. Je rentre dans le salon où je vois ceux que j’aime plus que tout, assis dans le canapé, enlacés, en train de regarder la télévision. Alfred s’écarte un peu de Lydia, et me dit. - Allez, ma puce vient t’asseoir ici et raconte-nous ta première journée. Je m'installe entre eux et avec un grand sourire, je leur raconte ma rencontre avec Tricia. Je leur raconte qu'elle est très rigolote et j'aime beaucoup être avec elle. Je leur dis également qu’elle a un grand frère et que c'est un vrai imbécile. Bien sûr, je ne relate pas la sensation étrange que j’ai ressentie quand je l’ai vu. - Je suis contente pour toi, me dit Lydia. - J’espère que tu as compris que nous n’y sommes pour rien pour ce matin et ce soir. Ton père nous fait commencer plus tard exprès, ajoute Alfred. Je rassure comme je peux mes parents, car on entend au loin la voiture de mon géniteur. Je pars vite fait de leur maison pour être au plus vite dans celle où je dors. Lydia me crie qu’un repas m’attend dans le frigo. Je hurle un merci. Je passe par la porte de la cuisine, ouvre le réfrigérateur pour prendre l’assiette que m’a laissée Lydia. Une belle ration de bourguignon, mon plat préféré. “Merci, Lydia, tu es vraiment une perle pour moi.” J'entends les pas de mon paternel se diriger vers moi, lorsque je suis devant le micro-ondes. “Éléonore, reste calme, fait comme si cela faisait un bon moment que tu étais là. Et surtout ferme là, ne le provoque pas…” Il rentre dans la cuisine. - Ah, tu es rentrée. Pas trop dur sur ta bicyclette, dit-il en s’approchant de moi. “Il est sérieux. Il me cherche. Surtout, ne réplique pas, réponds simplement…” - Déjà, on dit bonsoir, et moi aussi je vais bien, André. Et puis pour le vélo, ce n’est pas un peu d’exercice qui va me faire peur. “p****n Eléonore qu’est-ce que tu ne comprends pas dans le terme ne pas répliquer. Mate le regard qu’il te lance. Ou là là, ce n’est pas bon ça. Oh p****n, il avance vers toi…” - D’abord, ma petite, je suis ton père alors tu vas changer de ton et par m’appeler avec la bonne formule, c’est-à-dire papa. - Tu n’en as que le titre, car pour se faire baptiser papa, il faut faire les choses qu’un père fait pour son enfant. Du genre passer du temps avec lui ou tout simplement l’aimer. J’ai juste le temps de finir ma phrase que je prends une gifle monumentale. Je le fixe et vois dans son regard qu’il est furieux. Moi, j’ai la joue en feu, mais cela ne me fait plus rien, car pour moi il n’est plus mon père depuis un bon moment. Il a perdu ce titre le jour où j’ai dû dormir dans le garage, car j’avais 5 minutes de retard. - Merci, car par ton geste, tu me prouves une nouvelle fois que j’ai raison. - Espèce de sale petite g***e, me hurle-t-il. Grimpe dans ta chambre, je ne veux plus te voir, ajoute-t-il. C’est avec un plaisir immense que je pars. Je récupère ma besace et mon manteau et monte tranquillement les marches qui mènent jusqu’à mon nid, pour lui faire comprendre que je ne ressens plus rien face à lui. J’arrive dans ma chambre, pose mon sac sur le lit et me dirige vers l’endroit que j’affectionne le plus dans cette maison. J’appelle ça mon ouverture vers le monde. Au premier abord, on peut dire que c’est juste une simple fenêtre avec banquette, mais pour moi, c’est ici que je m’évade. C’est à cet endroit, que je prends plaisir à lire, à m’ouvrir vers d’autres d’horizon, à sourire ou à pleurer face à des histoires. Cette simple banquette me permet également d’apposer mes pensées sur un cahier, où il n'y a aucun interdit. Je m'assois sur les coussins que j’ai installés avec Lydia et commence à me caler dans le coin de la banquette. Mon dos repose contre le mur et je déplie mes jambes contre moi. Je ferme les yeux et commence à me détendre. Au bout de quelques minutes, un bruit léger se fait entendre. Ce son provient de mon ventre. C’est mon estomac qui me rappelle que malgré tout ça, il aimerait bien pouvoir se nourrir. “Encore, une nuit sans manger. Désoler mon pote”. Malgré ce sentiment de faim, je ne bouge pas. Je veux profiter de ce silence au maximum et pousse même un soupir de bien-être. Il faut dire que je suis tellement fatiguée, que même cette sensation ne m’empêche pas de sombrer doucement dans mes songes. Un bruit me fait ouvrir les yeux. J’ai un peu de mal à comprendre d’où il vient. Je me pince l’arête du nez et essaye de me sortir de cette torpeur. Je n’assimile pas assez vite que ça vient de mon téléphone portable, sans doute Tricia. Je descends de mon perchoir pour aller prendre dans mon sac le Saint Graal. Bien évidemment, j’arrive trop tard. Je fouille dans mon barda et mets plusieurs secondes avant de le trouver. Dans ma recherche, j’ai également trouvé un sachet de gâteaux, ce qui me réjouit au plus haut point. Ce n’est pas ça qui va calmer ma faim, mais c’est mieux que rien. Mon téléphone sonne une nouvelle fois pour me prévenir que cette fois-ci, j’ai un message. J’allume mon portable, appuie sur l’onglet des messages et je vois. “Coucou, Éléonore. C’est moi Tricia. Je te rappelle. J’espère que tu ne dors pas. Bisous”. Un sourire se forme sur mon visage. Ça sonne, je décroche. - Allô. - Salut Éléonore ! c’est moi Tricia. Comment vas-tu depuis tout à l’heure ? - Ça va ! merci. Bien évidemment, je lui passe le passage de la gifle et de tout le reste. - J’ai eu peur que tu sois déjà tombée dans les bras de Morphée. Je souris à sa remarque et lui dis. - Je t’avoue que je n’étais pas très loin pour aller lui rendre une petite visite. Tricia rigole. - J’espère pour toi qu’il est cool et canon. Tout en poussant mon sac de mon lit, je m’allonge et lui réponds. - C’est quoi ce délire que tu as avec les mecs canon ? Je me mets sous les couvertures, sans même enlever mes vêtements, pas de pyjama. Je le ferai après la conversation. - Rien dit-elle en rigolant. C’est juste que j’aime bien les beaux gosses. D’ailleurs, en parlant de ça, mon frère était furax. - Attends, ça veut dire que ton frangin est un beau gosse ? J’entends Tricia rigoler et me dire. - Allez, Éléonore, ne fait pas celle qui va dire “ouais ouais Steven, il est pas mal”. Je me revois ce matin lorsqu’il m’a regardé. Une vraie cruche. Je ne savais plus quoi dire. - Surtout que la demoiselle était en admiration devant le superbe jeune homme. Je sens mes joues devenir chaudes. - Bon, ok, j’avoue que ton frangin est canon, mais par contre c’est un abruti. Je suis désolée de t’annoncer ça ainsi, mais moi aussi, il m’a mis furax. Tricia ricane à ma remarque, et je ne comprends pas pourquoi. - Vous me faites trop rire tous les deux. Je ne réponds pas et du coup elle continue. - Je rigole, car du côté de mon frère, il m’a dit la même chose. Je me redresse, m’appuie contre le dossier de mon lit afin d’être bien assise. Je commence à hurler. - QUOI, il a osé te dire que j’étais une imbécile ? Mais j’hallucine, c’est vraiment un petit c*n. - Éléonore, il a également dit que tu étais canon. “Quoi ? Il me trouve jolie ! C’est bizarre, pourquoi je me sens bien d’un coup. Reprends-toi, il a aussi dit que tu étais une imbécile”. - Ça ne change rien Tricia. C'est un petit c*n. Ma nouvelle amie rigole à ma phrase. - Allez,  je sais que mon frère peut être un peu dur voir chiant, mais c’est une personne bien avec des valeurs. Je soupire. - Ce n’est pas facile tous les jours, il n’a que 19 ans et il a la responsabilité du cabinet d’avocats de mes vieux. “Ah ouais ! quand même. Mais où sont leurs parents ?” - Et puis je suis sûre que ça te fait plaisir de savoir que Steven te trouve jolie. - Non pas du tout. “Il fait chaud d’un coup. Il faut que je change de sujet”. - Pourquoi Steven à la charge du cabinet de tes parents ? Ils sont où ? Je sens que Tricia est un brin gênée par mes questions. - Je t’explique ça demain. C’est assez compliqué et j’entends mon frère arriver vers ma chambre. Passe une bonne nuit et à demain Éléonore. - Ok bonne nuit et à demain. Je raccroche avec un peu plus de joie qu’au début de l’appel. Malgré les petits gâteaux que j’ai mangés, j'ai toujours mon estomac qui crie famine, mais j’ai le cœur faiblement plus léger. Cette conversation m’a fait du bien. Je pose mon téléphone sur ma table de chevet, mets mon portable en charge et sors de ma couche pour mettre mon pyjama. Je me dépêche, car dans mon lit j’avais bien chaud. Hop ! Hop ! Je change de haut, enlève le bas et saute dans le lit pour récupérer la chaleur perdue. Une fois bien installée, la couverture qui ne laisse passer aucun petit courant d’air, je ferme les yeux et revois le visage de Steven. Je sombre dans les bras de Morphée avec dans la tête la pensée que Steven me trouve jolie.
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