Chapitre 18

1465 Words
Il ne disait rien. Il la fixait. Intensément. Sans un mot. Zaynab fronça les sourcils, agacée. — Merci d’avoir apporté ma robe, lança-t-elle d’un ton sec. Maintenant, tu peux sortir. Mais il ne bougea pas. Son regard restait ancré sur elle, lourd, insistant, dérangeant. Elle commençait à perdre patience. — Qu’est-ce que tu fais ? Tu veux ma photo ou quoi ? ironisa-t-elle en croisant les bras. Toujours aucun mot. Rien. Juste ce silence oppressant. Elle serra la serviette un peu plus fort autour d’elle, mal à l’aise. — Mourad, je vais m’habiller. Sors de là. Enfin, il parla. Sa voix grave brisa le silence comme une lame. — Tu peux le faire. Je reste. Elle écarquilla les yeux, choquée. — Pardon ? T’as dit quoi là ? Il s’avança d’un pas. Elle recula aussitôt, l’instinct en alerte. Mais il resta calme, implacable. — Je te verrai nue de toute façon. Prépare-toi. Zaynab sentit la colère lui brûler la poitrine. Elle n’y croyait pas. Comment osait-il ? — Tu ne me verras jamais nue, Mourad. Jamais. T’as compris ? Il haussa légèrement les épaules, un sourire imperceptible au coin des lèvres. — On verra bien. Et sans un mot de plus, il fit demi-tour et quitta la chambre, refermant la porte derrière lui avec lenteur. Zaynab resta figée. Son cœur battait à tout rompre. Était-ce une menace ? Une provocation ? Un jeu d’autorité tordu ? Elle se laissa tomber sur le lit, encore en serviette. Elle avait l’impression de rêver. De cauchemarder. Elle ne savait plus quoi penser de lui. Mais une chose était certaine : cette soirée allait être tout sauf ordinaire. Zaynab prit le temps de se préparer. D’abord ses cheveux, qu’elle lissa avec soin jusqu’à ce qu’ils tombent comme une cascade noire sur ses épaules. Puis, elle appliqua un maquillage léger mais sophistiqué : teint parfait, regard souligné, lèvres subtilement rehaussées d’un nude élégant. Elle enfila ensuite la robe qu’il lui avait laissée. Un modèle blazer blanc ivoire, court et structuré, aux épaules marquées, cintré à la taille et boutonné jusqu’en bas. Le tissu épousait sa silhouette avec une élégance audacieuse. Les plis discrets sur les côtés apportaient un effet fluide et raffiné. À son cou, un simple pendentif fin. Elle compléta le tout par des talons hauts, blancs et vernis, et une pochette matelassée dorée. Elle était divine. Quand elle entra dans le salon, le silence se fit. Mourad était là, assis, vêtu d’une kandura blanche luxueuse, fraîchement repassée, avec des détails brodés subtils. Zaynab sentit son cœur rater un battement. Elle se demanda s’il avait porté ça exprès, sachant combien elle trouvait cela attirant. Les regards des prétendantes changèrent immédiatement à la vue de Zaynab. Certaines la détaillaient de haut en bas. Jennah la fusilla même du regard. Seule Bella Dior brisa l’atmosphère en disant : — Tu es magnifique, Zaynab. — Merci, répondit-elle sobrement. Jennah, acide, prit la parole. — On m’a dit que ma robe était vulgaire. Mais là, c’est provocant, non ? Zaynab se contenta de hausser un sourcil, le ton posé. — Ma robe n’a rien de provocateur. Elle est classe. C’est tout. Mourad, qui la fixait depuis un moment, se leva du canapé sans quitter Zaynab des yeux. — On y va, dit-il simplement. Et sans ajouter un mot, ils quittèrent la villa. À l’extérieur, Zaynab s’arrêta net. Une Mercedes-Benz G-Class G63 attendait devant elle. Sa voiture préférée. Elle tourna la tête vers Mourad, un doute dans le regard. Il l’avait fait exprès. Elle le sentait. Ils montèrent. L’intérieur était somptueux. Zaynab sortit discrètement son téléphone et filma quelques secondes. Les finitions, l’éclairage, les sièges... elle ne voulait rien rater. — Je t’ai déjà dit que je veux pas apparaître dans les photos, grogna Mourad sans détourner les yeux de la route. Zaynab sourit légèrement. —Toute façon je prends seulement les belles personnes et les belles choses. Il tourna lentement la tête vers elle, un regard en coin. — Alors je suis une belle personne. Parce que cet après-midi, j’ai reçu une capture d’écran de ta story. Zaynab resta figée une seconde. Son cœur fit un bond. Il l’avait prise au mot. Mais elle ne perdit pas contenance. Son regard resta droit. — Je peux tout t’expliquer. — Inutile, trancha-t-il. Et il se reconcentra sur la route, laissant derrière eux un silence tendu, chargé de non-dits. Dans la voiture, alors que Mourad conduisait calmement, il ne cessait de lancer des regards en coin à Zaynab. Des regards insistants, presque amusés, qui la mettaient mal à l’aise. — Pourquoi tu souris comme ça ? finit-il par lâcher, Zaynab avajr toujours le nez sur son téléphone. — Mes followers me font rire, répondit-elle du tac au tac, sans lever les yeux. Soudainement, Mourad tendit la main et lui arracha le téléphone. Elle le regarda, bouche bée. — Rends-le-moi, tu te prends pour qui ? lança-t-elle, choquée. Mais il la fusilla du regard, noir et profond. Elle se tut. Il baissa les yeux sur l’écran encore allumé. Les commentaires défilaient sous la dernière story de Zaynab, celle où elle avait filmé discrètement l’intérieur du G63. “Ton prétendant connaît tes goûts.” “Notre go Mourad Yacine Al Fayed te mérite s’il t’offre ça.” Sans un mot, il lui rendit le téléphone. Puis, la voix posée mais ferme, il déclara : — C’est ton frère aîné qui m’a dit que tu rêvais d’une Mercedes G. Que c’était le seul caprice que t’avais jamais eu sans qu’on te le donne. Zaynab haussa légèrement les épaules. — Oui. Mes frères m’ont toujours offert ce que je voulais... sauf ça. Mais je sais qu’ils le feront. — Ils le feront si on sauve l’entreprise, précisa Mourad. Et pour ça... tu sais ce que t’as à faire. Tu sais qui tu dois épouser. Un silence s’abattit dans l’habitacle. Zaynab serra les lèvres, puis répondit d’un ton plus dur : — Mes frères sauront se débrouiller. Mon père a des partenaires, ils finiront par trouver une solution. — Ça fait trois ans qu’ils cherchent une solution, Zaynab, dit-il sans la lâcher du regard. Elle tourna la tête, exaspérée. — Je peux aussi épouser un autre, un plus riche que toi, lança-t-elle sèchement. Mourad arqua un sourcil, le regard provocateur. — Tu veux dire... ce garçon avec qui tu parlais l’autre nuit ? Ce bon à rien ? Il t’apportera quoi dans la vie ? — Ce n’est pas un bon à rien. Et puis y’a d’autres hommes fortunés qui me veulent. — Je le sais. Mais tu sais aussi qu’aucun d’eux ne pourra te rendre heureuse. Ils veulent tous la même chose : ton corps. Zaynab se retourna brusquement vers lui, choquée. — Et toi ? Tu crois que t’es différent ? Il la fixa droit dans les yeux. Un sourire presque insolent au coin des lèvres. — Non. Je suis comme eux. Moi aussi, je le veux. Un silence lourd s’installa. Zaynab fulminait intérieurement. Il le faisait exprès. Il voulait l’agacer. La provoquer. Et il y arrivait. Quelques minutes plus tard, la voiture ralentit. Puis s’arrêta. Zaynab leva les yeux et son cœur manqua un battement. Raffles Doha. Elle tourna la tête vers Mourad, interloquée. — Qu’est-ce qu’on fait ici ? — On va passer la soirée dans un endroit luxueux. Comme tu les aimes. — T’as rien trouvé de mieux qu’un hôtel ? ironisa-t-elle, les sourcils froncés. — Non. Mourad sortit de la voiture, puis vint ouvrir la portière de Zaynab. Elle descendit à contrecœur, l’esprit embrouillé. Comment pouvait-il faire ça ? L’emmener ici, comme ça, sans prévenir ? Mais elle se raisonna. Peut-être qu’ils allaient simplement dîner au restaurant de l’établissement. Ce serait logique. Mais dès qu’ils franchirent le hall, ce fut vers l’ascenseur qu’il la guida. Et lorsqu’ils y entrèrent, il appuya sur l’un des étages supérieurs. Zaynab fronça les sourcils, les bras croisés. Ce n’était pas un dîner. C’était autre chose. Lorsqu’ils sortirent de l’ascenseur, Zaynab suivit Mourad dans un long couloir chic et feutré. Il s’arrêta devant une porte, introduisit la carte magnétique, puis s’écarta pour la laisser entrer. Elle fit un pas, puis s’immobilisa, frappée par ce qu’elle voyait. Une chambre. Pas n’importe laquelle. Une suite, vaste, élégante, luxueuse. Mais une chambre quand même. Zaynab se tourna vers lui, les yeux écarquillés. — C’est une blague ? Pourquoi tu m’as amenée dans une chambre d’hôtel ? lança-t-elle, la voix serrée. Mourad referma tranquillement la porte derrière lui. — Je voulais qu’on soit seuls. — Seuls ? répéta-t-elle, choquée. Tu pouvais privatiser un restaurant. Un rooftop. N’importe quoi d’autre. Mais toi, t’as choisi ça ? — Calme-toi, Zaynab, dit-il, la voix basse. — Non. Je rêve ou tu m’as prise pour Jennah ? C’est elle qui voulait un hôtel, pas moi. A suivre 
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD