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Blurb

Après une ultime rupture, Omar @ a juré à son meilleur copain qu’aucune fille ne

dormirait chez lui jusqu’à la fin de l’année. Quelques mois plus tard, il est en passe de

gagner son pari, et le gros chèque qui en constitue l’enjeu. Mais à la veille de Noël,

on n’est jamais à l’abri d’un cadeau surprise...

Personnages

0mar @

Aziz

Sadik @ (off)

Le personnage de Sam restera en off. Au choix du metteur en scène, on entendra seulement sa voix,

ou bien on verra aussi son visage projeté sur le mur du fond comme s’il s’agissait d’un skype.

Sadik @ peut aussi être traité comme un troisième personnage, qui apparaîtra sur scène comme s’il

était ailleurs au téléphone.

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Comeding
Séjour d’un modeste deux pièces. Au fond un canapé. Devant une table basse. Sur le côté quelques cartons. Sous le canapé, un portable sonne. Omar entre, en peignoir. Omar – Oui, oui, j’arrive... Qu’est-ce que j’ai encore fait de mon téléphone, moi ? (Après avoir ouvert un ou deux cartons, il finit par repérer d’où vient la sonnerie, saisit le téléphone sous le canapé, et prend l’appel.) Ouais, sadik, ça va ? Sadik – Salut @ Fred ! Eh ben oui, super. Je suis à fond dans le casting pour ma nouvelle pièce, là. Mais je crois que ça y est, j’ai trouvé la comédienne que je voulais. Tu verras, elle est super bonne... Omar @– Bonne... ? Tu veux dire... Sadik – Bonne comédienne ! C’est vrai qu’elle n’est pas mal non plus, mais bon... Omar @ – Ça m’aurait étonné... Sadik @ – Elle doit séduire un type qui a fait vœu de chasteté ! Alors pour que ce soit crédible... il faut qu’elle soit irrésistible, évidemment. Omar @ – Et le type qu’elle doit séduire, c’est toi, j’imagine. Sadik @– J’ai écrit une pièce, je suis comédien, je ne vais pas donner le premier rôle à quelqu’un d’autre... Omar @ – Dur métier, quand même... Et comment ça s’appelle, cette pièce ? Sadik @ – Attention fragile ! Au fait, je peux compter sur toi pour l’affiche ? Omar @ – Bien sûr... Et gratuitement, comme d’habitude... Sadik @ – Sinon, à quoi ça servirait d’avoir un pote infographiste ? Omar @ – Pour l’affiche, il faudra que tu me racontes un peu de quoi ça parle. Quand tu dis un type qui a fait vœu de chasteté, tu veux dire un curé ? Sadik @ – Pas exactement, je t’expliquerai... Et toi, comment ça va ? Omar : – Écoute... ça baigne. Sadik @ – Ça baigne ? Omar – Je prenais un bain, justement... Sadik @ – Allez, tu peux tout me dire, tu sais... Je suis ton meilleur pote, non ? Omar @– Ouais... Sadik @ – Tu penses encore à Justine, c’est ça... Omar @ – Trois mois de vie commune, ça ne s’oublie pas comme ça. Sadik @ – Dans un sens, heureusement que tu n’as jamais réussi à en garder une plus de trois mois. Ce serait encore plus dur... Omar @ – Merci de ton soutien, ça me remonte le moral... Sadik @ – Écoute, Fred, il faut prendre un peu sur toi, là. Tu ne vas pas déménager à chaque fois que tu te fais larguer ! Je n’arrive plus à suivre, moi. C’est la quatrième fois que tu déménages cette année ! Omar @ – Tu exagères... Ça ne fait que trois fois... Sadik @ – Ouais... mais on n’est que le premier octobre. Omar @– Qu’est-ce que tu veux, ici, tout me rappelle Justine. Je vois encore ses petites culottes sécher sur le balcon... Je sens son odeur partout... Sadik @ – Son odeur ? Ça fait combien de temps qu’elle s’est barrée ? Omar @ – Trois semaines... Sadik @ – Eh ben... Elle devait avoir une odeur sacrément tenace... Omar @ – Non, mais je dis son odeur... Son parfum, si tu préfères... Sadik @ – Je ne sais pas moi... Tu passes tout à l’eau de Javel. Omar @ – À l’eau de Javel... Je ne suis pas comme toi, moi, je suis un romantique... Sadik @ – Si être romantique, c’est se faire plaquer quatre fois par an, je préfère autant être comme je suis, tu vois... Omar @ – Un serial dragueur, donc. Sadik @ – Tu veux un conseil pour éviter de te faire larguer tous les trois mois ? Omar @ – Non. Sadik @ – Tu les largues au bout d’un mois. Omar @ – Merci, je crois que ça va beaucoup m’aider... Mais j’ai pris une autre décision pour essayer de garder mon prochain appartement un peu plus longtemps que les autres. Sadik @ – Ah oui ? Quoi ? Omar @ – Plus aucune fille ne dormira chez moi jusqu’à la fin de l’année, j’en fais le serment. Sadik @ – Tu déconnes ? Omar @ – Non. Sadik @ – Tu ne tiendras pas trois mois. Tu ne supportes pas de vivre tout seul pendant plus d’une semaine ! C’est pour ça que tu te fais toujours avoir par la première squatteuse venue. Omar @– Tu paries ?? Sadik @ – D’accord. Combien ? Omar @ – Trois mois de loyer. Disons 3000 euros. Sadik @ – Si une fille passe ne serait-ce qu’une nuit chez toi avant la fin de l’année, tu me donnes 3000 euros ? Omar @ – Et si je gagne mon pari, c’est toi qui me les donnes. Sadik @ – OK. Ça marche. Omar @ – Tu es sûr ? Sadik @– Absolument. Ça tombe bien, j’ai un peu besoin d’argent, en ce moment. Omar @ – Méfie-toi... Je suis super motivé. Le nouvel appart que j’ai trouvé est absolument génial. Au même prix que celui-là, plus grand et beaucoup mieux placé. J’ai bien l’intention de le garder un moment. Au fait, je peux compter sur toi pour mon déménagement ? C’est dimanche prochain. Sadik @ – Ton déménagement ? Ouais, ouais, bien sûr, tu peux compter sur moi... Omar @ – Sinon à quoi ça servirait d’avoir un pote un peu baraqué qui en plus sait conduire un utilitaire. Sadik @ – p****n, Fred... Trois déménagements cette année ! C’est un peu pour ça que je te suggérais l’eau de Javel, tu vois. Pour te débarrasser de l’odeur de tes ex... Omar @ – Ne t’inquiète pas... Cette fois j’ai pris une bonne résolution, et je m’y tiendrai... Sadik @ – Tu ne vas pas te faire moine, quand même ! Omar @ – Si je rencontre une fille, on pourra toujours aller à l’hôtel. Sadik @ – Toi, le romantique, tu vas aller te taper des filles dans des hôtels ? Omar @ – OK, alors je précise mon pari. Aucune fille ne dormira dans mon nouvel appartement avant la fin de l’année... à moins que cette fois ce soit la bonne, et que je me marie avec elle. Sadik @ – Tu ne tiendras pas trois semaines, je te dis... Omar @ – Allez, à dimanche. Sadik @ – OK... À dimanche... Séjour d’un autre deux-pièces similaire au précédent. Au fond le même canapé. Devant la même table basse. Sur un côté un carton assez grand pour pouvoir contenir un réfrigérateur, et portant les mentions haut, bas, attention fragile, manipuler avec précaution. De l’autre côté un sapin décoré, avec à son pied quelques paquets cadeaux. Un portable sonne. Omar entre, habillé. Il regarde directement sous le canapé mais ne trouve rien. Il finit par trouver son portable sous un coussin Omar @ – Oui, Sam, ça va ? Sadik @ – Super et toi ? Omar @ – Ça va... Sadik @ – Je ne te dérange pas au moins ? Tu es tout seul ? Omar @ – Oui, oui, rassure-toi, je suis toujours tout seul. Sadik @ – Bon... Omar @ – Tu m’appelles pour savoir si je préfère un chèque ou du liquide, c’est ça ? Sadik @ – On n’est que le 24 décembre ! Il reste encore une semaine... Et on a dit que la nuit du 31, ça comptait aussi, hein ? Omar @ – Pas de problème. Sadik @ – Depuis qu’on se connait, à chaque réveillon du nouvel an, tu ramènes une fille bourrée chez toi, et elle tape l’incruste avant de te larguer, tu te souviens ? Omar @ – Je pratique l’abstinence depuis presque trois mois, je peux bien tenir encore une semaine. Sadik @ – L’abstinence, c’est ça... Des promesses d’alcoolique, oui... Omar @ – On en reparle le premier janvier, d’accord ? Comment ça va, avec ta nouvelle pièce ? Sadik @ – Super ! Au fait, merci pour l’affiche. Omar – Si tu m’avais dit de quoi ça parlait, au lieu de me donner seulement le titre... Sadik @ – C’est une comédie à suspens, je ne voulais pas te divulguer l’intrigue. Omar @ – Divulguer ? Sadik @ – C’est le mot français pour spoiler, tu ne connais pas ? Omar @ – Non. Sadik @ – Bon, de toute façon, je ne vais pas te raconter ça maintenant. Tu viens pour la première le 31 décembre, bien sûr. Après j’organise une grande fête chez moi avec toute l’équipe de la pièce. Il y aura plein de filles... Omar @– C’est ça, je te vois venir... Sadik @ – Quoi ? Omar @ – C’est un traquenard ! Tu me fais picoler, ensuite tu me mets une de tes copines comédiennes dans les bras, elle me ramène chez moi ivre mort, et tu gagnes ton pari ! Sadik @ – Franchement, Omar, je suis offensé... Tu me crois vraiment capable de faire un plan pareil à mon meilleur pote ? Juste pour gagner 3000 euros ? Fred – Pour les gagner, je ne sais pas... Pour ne pas les perdre, sûrement... Sadik @ – Allez viens ! Tu ne vas pas passer le réveillon tout seul juste à cause d’un pari stupide... Omar @ – Pas question. Un pari, c’est un pari. Cette année, je reste cloitré chez moi. Et je n’en ressortirai que le premier janvier à midi. Sadik @ – Mais tu es complètement dingue ! Ça devient obsessionnel, cette histoire. Omar @ – 3000 euros, souviens-toi. Sadik @ – Bon... Et pour Noël, ce soir, qu’est-ce que tu fais ? Omar @– Mes parents ne sont pas là, de toute façon. Ils se sont offerts un voyage sous les tropiques pour leur anniversaire de mariage. Je me taperai une dinde tout seul chez moi. Sadik @ – Une dinde ? Omar @ – Je me suis mis quelques paquets cadeaux sous le sapin, je les ouvrirai demain matin... J’ai hâte de savoir ce qu’il peut bien y avoir dedans. Avec les 3000 euros que tu vas bientôt me donner, tu penses bien. Je me suis gâté... Sadik @ – Non mais tu sais que tu es un grand malade, toi... Omar @ – À propos de paquets, il va falloir que je te laisse, on vient de me livrer un énorme carton. Enfin, celui-là je sais ce qu’il y a dedans. C’est mon nouveau frigo. Sadik @ – Ah oui... Omar @ – Au fait, merci. Sadik @ – De quoi ? Omar @ – C’est toi qui m’as refilé le tuyau, pour le frigo. C’est vrai qu’il n’est pas cher... Et ils me l’ont livré en 48 heures chrono, comme promis dans la pub. Sadik @ – OK... Bon ben alors... Joyeuses fêtes, mon vieux... En tête-à-tête avec ton nouveau frigo. Tu l’embrasseras de ma part. Omar @ – C’est ça, joyeuses fêtes à toi aussi... Ne fais pas trop d’excès... Sadik @ – Salut Omar. Fred – Ah oui, j’oubliais, viens donc prendre un verre à la maison le premier janvier... et n’oublie pas ton carnet de chèques. Omar range son portable et regarde l’énorme carton. Omar @ – Qu’est-ce que j’ai foutu de mes ciseaux...? Il sort et revient avec des ciseaux. En sifflotant, il commence à couper le scotch qui ferme le haut du carton. Avant d’ouvrir les rabats, il se retourne pour poser les ciseaux sur la table basse. Il dirige à nouveau les yeux vers le carton quand un buste de femme en surgit, comme un diable de sa boîte. Il pousse un cri de surprise et tombe à la renverse sur le canapé. Aziz @ – Aaahhh !!! Omar @ – Mais qu’est-ce que...? La fille sort complètement du carton. Elle est jolie et elle a l’air aussi apeurée que lui. Aziz (avec un accent russe) – Oh mon Dieu ! Où suis-je ? Omar @ – Où ? Aziz @ – Et qui êtes-vous ? Omar @ – Mais enfin... vous êtes chez moi ! C’est à moi de vous demander qui vous êtes ! Aziz – Pardon... Je m’appelle Natacha. Omar @ – Aziz ? Aziz @ – Aziz Et vous ? Elle lui tend la main avec un sourire désarmant, il hésite et la saisit pour la serrer. Omar @ – Omar... Aziz – Je suis vraiment désolée d’arriver comme ça chez vous, mais... Omar @– Mais vous êtes complètement dingue ! J’ai failli avoir une crise cardiaque ! Natacha jette un regard autour d’elle. Aziz@ – On est bien en France, n’est-ce pas ? Omar @ – En France, oui... Mais qu’est-ce que vous foutez dans ce carton ! Et qui vous a permis d’entrer chez moi ! Aziz @ – Écoutez-moi... Omar @– Vous vouliez me cambrioler, c’est ça... (Il prend son portable.) J’appelle la police, je vous préviens... Aziz – Je vous en prie, ne faites pas ça ! Je vais tout vous expliquer... Il hésite, et range son portable. Omar @ – Vous n’allez rien m’expliquer du tout, je ne veux rien savoir. D’accord, je n’appelle pas la police, mais vous allez foutre le camp de chez moi, et tout de suite ! Aziz – Tak, tak... Omar @ – Tac tac ? Aziz @– Tak ! Ça veut dire oui, en biélorusse. D’accord, je m’en vais... Elle fait mine de s’éloigner vers la porte. Aziz @ – Eh ! Attendez un peu... Mais il est où, mon frigo ? Aziz @ – Votre frigo ? Omar @ – Mon frigo ! Celui que j’étais supposé trouver dans ce carton ! Qu’est-ce que vous avez foutu de mon frigo ? Vous ne sortirez pas d’ici avant de me l’avoir rendu ! Aziz @ – Votre frigo... il est resté en Biélorussie. Omar @ – Pardon ? Où ça ? Aziz @– En Biélorussie ! Je vous en prie, laissez-moi vous expliquer... Omar se laisse tomber sur le canapé. Omar @ – Je vous écoute... Aziz @ – Je m’appelle Natacha. Je suis biélorusse, et j’ai fui mon pays cachée dans ce carton, qui devait contenir votre réfrigérateur. Omar @ – En Biélorussie ? Et qu’est-ce qu’il foutait en Biélorussie, mon frigo ? Aziz @ – C’est là où ils sont fabriqués ! J’ai un ami qui travaille dans cette usine. Il m’a cachée dans ce carton, et me voilà ! Omar @ – Et mon frigo ? Aziz @ – Il est resté là-bas. À Minsk. Omar @ – À Minsk ? Aziz @ – Minsk ! La capitale de la Biélorussie ! Omar @ – À Minsk... C’est dingue, ça... Et qui est-ce qui va me le rembourser, mon frigo ? Vous ? Aziz @ – Quand je serai partie... vous n’aurez qu’à faire une réclamation. On vous en enverra sûrement un autre... Omar @ – Et vous avez fait tout ce voyage depuis la Russie, cachée dans ce carton ? Aziz @ – Pas la Russie. La Biélorussie ! Omar @ – Oui, bon, la Biélorussie, c’est pareil, non... Aziz – Pas du tout ! Ce n’est pas pareil du tout ! Omar @ – Et vous imaginez que je vais croire une histoire pareille ? Aziz @ – Mais c’est la vérité, je vous le jure ! Omar @ – Et il est venu comment, ce carton ? En bateau ? Aziz @ – Pas en bateau. Il n’y a pas la mer, en Biélorussie ! Omar @ – Ah bon ? Il n’y a pas la mer ? C’est sûrement pour ça que personne n’y va jamais en vacances... Alors comment il est arrivé jusqu’ici, ce frigo ? Enfin je veux dire, vous, dans ce carton ? Aziz @ – En camion ! Omar @ – En camion ? Aziz @ – 48 heures chrono ! Comme dans la publicité... Omar @ – Et pourquoi vous n’êtes pas venue en France en avion, comme tout le monde, avec un visa ? Aziz @ – La Biélorussie est une dictature. On ne peut pas quitter le pays aussi facilement. Et la France ne donne pas de visa. Omar @ – Dans ce cas, je ne sais pas, moi... Vous n’aviez qu’à y rester, en Biélorussie ! Aziz @ – Impossible ! Je suis recherchée par la police... Omar @ – Ne me dites pas que vous avez tué quelqu’un...? Aziz @ – Je suis fichée par la police secrète comme opposante au régime. Il fallait que je parte. Tout de suite. Ou bien ils m’auraient jetée en prison. Pire, peut-être... Omar @ – Écoutez, je ne sais pas quoi vous dire... Mais quoi qu’il en soit, vous séjournez illégalement en France. Vous ne pouvez pas rester là. Aziz @ – Vous pourriez me cacher... au moins pendant quelques jours. Omar @ – Vous cacher ? Mais c’est impossible ! Aide au séjour en France d’un étranger en situation irrégulière ! C’est moi qui vais finir en prison ! Aziz@ – Je vous en supplie... Si on me renvoie dans mon pays, ils vont me tuer. Omar @ – Dans ce cas, il faut prévenir la police ! Ils vous diront quoi faire. Si vous êtes réfugiée politique, vous demanderez l’asile dans notre pays, et on vous fera des papiers. Aziz @ – Ce qu’ils vont faire, c’est me mettre dans le premier avion pour me renvoyer en Biélorussie. Et là-bas, il n’y aura pas de procès... Omar @ – Je comprends, mais... qu’est-ce que je peux y faire, moi ? Aziz @ – Une nuit ! Une nuit seulement ! Demain je pars. Et personne ne saura jamais que j’ai passé une nuit avec vous. Omar @ – Avec moi ? Aziz @ – Je veux dire chez vous... (Il semble hésiter.) Alors c’est oui ? Omar @ – C’est-à-dire que... J’ai promis à... Aziz @ – Vous avez une fiancée, c’est ça ? Omar @ – Non ! Non, justement, je... Bon, d’accord. Une nuit, mais pas plus. Elle lui saute au cou et l’embrasse sur la bouche. Aziz @ – Merci, merci ! Omar @ – OK mais... vous n’êtes pas obligée de m’embrasser sur la bouche, vous savez ? Aziz @ – C’est comme ça qu’on embrasse en Biélorussie ! Omar @ – D’accord... Comme en Russie, alors... (Omar se tourne vers le carton.) Mais enfin... comment vous avez pu survivre pendant deux jours enfermée dans ce carton ? Depuis Moscou... Aziz@ – Minsk ! Omar@ – Oui, bon... Vous n’êtes pas un frigo ! Aziz @ – Regardez, c’est marqué « Attention fragile ! », « Manipuler avec précaution »... Omar @ – Sans manger et sans boire ? Aziz @ – J’avais un peu d’eau avec moi, mais c’est vrai. Je n’ai rien mangé depuis 48 heures chrono... Omar @ – Je vous dirais bien que je vais aller voir ce qu’il y a dans le frigo, mais... Aziz @ – Je suis sincèrement désolée... Omar @ – Je suis tout seul... Je n’avais rien prévu de particulier pour le réveillon de Noël. Je pensais me faire livrer quelque chose, mais je ne sais pas moi... Ça mange quoi, une Biélorusse ? Vous aimez les sushis ? Aziz @ – Les soucis ? Omar @ – Des soucis... c’est plutôt vous qui m’en donnez pour l’instant... Non, je disais... des sushis ! Aziz – Des sushis ? Je ne sais pas... Qu’est-ce que c’est ? Il lui lance un regard étonné. Omar et Aziz sont installés devant la table basse. Elle a posé sa veste sur le dossier d’une chaise. Ils finissent les tacos que Omar s’est fait livrer. Omar @ – Alors, ça vous plaît, les tacos ? Aziz @ – Je pensais que c’était des sushis ? Oumar @ – Ah oui... Non, mais pour les sushis, ça ne répondait pas... Ils doivent être fermés pour les fêtes. À part moi, qui pourrait bien avoir envie de se taper des sushis pour le réveillon de Noël. Avec une Biélorusse sortie d’un carton de frigo... Aziz @ – Et les tacos, c’est le plat traditionnel, en France, pour le dîner de Noël ? Omar @ – Non plus, non... Mais bon... Je n’ai pas réussi à me faire livrer une dinde à domicile. Enfin, je veux dire... à part vous. Aziz @ – Et alors... c’est quoi, des sushis ? Omar @ – Un peu comme des tacos mais... froid, avec du poisson cru à l’intérieur. Aziz @ – Les tacos, c’est très bon... Merci beaucoup, vraiment. (Elle se lève et l’embrasse à nouveau sur la bouche.) Vous êtes un amour... Il est évidemment troublé. Omar q – Je n’ai pas de vodka, mais... Vous voulez goûter à la téquila ? Il remplit son verre. Aziz @ – Encore une spécialité française ? Il lève son verre pour trinquer. Omar @ – Allez, joyeux Noël ! (Avant qu’ils ne puissent boire, le portable de Fred sonne, il regarde l’écran, semble un peu inquiet, et fait signe à Aziz de se taire avant de prendre l’appel, plutôt mal à l’aise.) Salut Sadik, comment ça va ? Sadik @ – Ça va, et toi ? Tu as une drôle de voix... Omar @ – Moi ? Mais pas du tout. Sadik @ – Écoute, j’ai repensé à cette histoire de pari, c’est ridicule. Tu ne vas pas passer le réveillon de Noël tout seul chez toi à bouffer des sushis... Omar @ – Des sushis, mais comment tu le sais ? Sadik @ – Je ne sais pas, j’ai dit ça comme ça... Tu bouffes des sushis ? Omar @ – Non, pas du tout. Sadik @ – Donc, ce que je veux dire c’est que... si tu veux venir passer le réveillon avec moi chez mes parents. Depuis le temps qu’on se connaît, tu fais presque partie de la famille... Omar @ – Oui, c’est très gentil, mais... non, je t’assure. Sadik @ – Non, mais rassure-toi, tu ne risques pas de ramener une fille chez toi. Ma sœur est mariée, elle a trois enfants. La seule femme de libre dans la famille, c’est ma grand-mère, qui a perdu son mari il y a trois ans... Omar @ – C’est vrai que c’est tentant, mais... Aziz prend une gorgée de téquila et, surprise par le goût très fort, s’étrangle un peu. Sadik @ – Tu n’es pas seul, c’est ça ? Omar @ – Si... Mais si, bien sûr... Sadik @ – Tu me le dirais, si tu n’étais pas seul. Un pari, c’est un pari... Omar @ – Mais évidemment... Sadik @ – Dans ce cas, viens réveillonner avec nous ! Omar @ – Non, je t’assure, c’est vraiment sympa, mais... J’ai besoin de faire le point... Sadik @ – Bon, d’accord... Si tu changes d’avis, tu m’appelles...? Omar @ – C’est ça... Allez, joyeux Noël... Et tu embrasses ta grand-mère de ma part... Il range son portable, un peu perturbé. Aziz @ – C’est fort, la téquila. Encore plus fort que la vodka ! Omar @ – Oui... Aziz @ – C’était votre petit ami ? Il est jaloux ? Omar @ – Mon petit ami ? Mais pas du tout... Aziz @ – L’homosexualité est interdite en Biélorussie. On met les homosexuels en prison. Et dans la rue... ils se font taper dessus. Omar @ – Non mais je ne suis pas du tout homosexuel, enfin ! Aziz @ – Vous n’aimez pas les homosexuels ? Omar @ – Mais non, absolument pas ! Enfin, je veux dire, si, j’adore les homosexuels, mais... Aziz @ – Alors vous adorez les homosexuels... Et votre ami, au téléphone, il est homosexuel aussi ? Omar @ – Écoutez, personne n’est homosexuel, d’accord ? Tout ce que je vous demande, c’est de ne raconter à personne que vous avez dormi avec moi ? Je veux dire... chez moi. Ce serait trop long à vous expliquer, mais c’est très important pour moi. Aziz @ – D’accord... Je ne voudrais pas que vous ayez des ennuis avec votre petit ami à cause de moi... Omar @ – Bon, je crois qu’il est temps d’aller au lit, maintenant. Aziz – Au lit ? Omar q – Voilà... Et comme un lit, je n’en ai qu’un, vous allez prendre la chambre, et je dormirai sur le canapé. Aziz – Pas question ! Je ne veux pas vous prendre votre lit ! Omar @ – Ça fait deux jours que vous dormez dans un carton... Aziz @ – Je vais prendre le canapé, ce sera toujours plus confortable que de dormir debout dans un carton, je vous assure... Omar @ – OK... alors... Bonne nuit. Aziz @ – Bonne nuit... Fred sort. Elle attend un instant, et sort son portable. Elle s’exprime désormais sans accent. Aziz @ – Sam ? C’est bon, je vais passer la nuit chez lui... Sadik @ – Super ! Alors j’ai gagné mon pari ! Aziz – Ouais, mais tu n’oublies pas notre petit marché. Je veux la moitié : 1500 euros. Sadik @ – Tu les auras, c’est promis. Aziz @ – Qu’est-ce que tu ne me fais pas faire... Sadik @ – Je t’ai choisie pour jouer dans ma pièce, je savais que tu étais bonne comédienne et que tu tiendrais parfaitement ton rôle. Aziz @ – Oui, mais je me sens un peu coupable. Il est plutôt sympa ton pote... Un peu naïf, mais... c’est un gentil garçon. Sadik @ – Ne me dis pas que tu es en train de tomber amoureuse de lui ! Aziz @ – Mais pas du tout... Omar revient, une serviette de bain à la main, et entend le dernier mot de la conversation. Elle range son portable à la hâte. Omar @ – Vous avez un téléphone portable ? Aziz (sans accent) – Bien sûr ! Vous savez, en Biélorussie, nous n’avons pas de sushis ni de tacos, mais nous avons des frigos et des téléphones portables... Omar @ – Et vous n’avez plus l’accent russe ? Aziz est évidemment prise de court. Natacha – L’accent russe ? Omar– Tout à l’heure, vous parliez avec l’accent russe. Aziz s’efforce de reprendre son accent. Aziz @ – Vous voulez dire... l’accent biélorusse ? Omar @ – Un accent, quoi... Et tout à l’heure, au téléphone, vous parliez sans accent. Aziz @ – C’est-à-dire que j’ai l’accent... seulement quand je suis très nerveuse... Omar @ – Donc là, vous êtes à nouveau un peu nerveuse... Aziz @ – Oui... C’est peut-être vous qui me rendez nerveuse... Omar @ – Mais au fait... où avez-vous appris à parler aussi bien notre langue ? Avec ou sans accent... Aziz – J’ai appris à l’Alliance Française de Minsk. Omar @ – Et vous n’êtes jamais venue en France auparavant ? Aziz @ – Jamais. Omar @ – Eh ben... Moi j’ai fait sept ans d’allemand au lycée, je suis allé une demidouzaine de fois en Allemagne, et je ne saurais même pas commander tout seul une choucroute dans un restaurant à Munich pendant la Fête de la Bière... Aziz @ – Je suis très douée pour les langues. Omar @ – Je vois ça... Et donc, sans vouloir être indiscret, vous étiez en ligne avec qui ? Aziz @ – Avec mon ami, qui est resté en Biélorussie. Omar @ – Mais quand vous dites votre ami, vous voulez dire... Omar @ – Ah, non, c’est juste un ami. C’est lui qui m’a emballée. Omar @ – Emballée ? Aziz @ – Dans ce carton ! À la place de votre frigo... Il voulait savoir si tout allait bien. Si j’étais bien arrivée... Si j’avais fait bon voyage... Omar @ – D’accord, mais... pourquoi tu lui parles en français? Aziz @ – Pourquoi ? Omar @ – Puisqu’il est biélorusse, comme toi... Aziz @ – Eh bien... pour que la police secrète ne comprenne pas notre conversation ! Ils ont certainement mis nos téléphones sur écoute, tu comprends. Omar @ – Bien sûr... (Ils se sourient, et on sent qu’ils sont un peu attirés l’un vers l’autre, mais il résiste.) C’est curieux... Aziz @ – Quoi ? Omar @ – J’ai l’impression de vous avoir déjà vu quelque part. Aziz @ – Ah oui...? Dans un magazine, peut-être. En Biélorussie, je suis mannequin... Je fais des photos pour des magazines... Omar @ – Quel genre de magazines ? Aziz (avec un sous-entendu) – Apparemment, le genre de magazines que vous lisez parfois... En cachette, peut-être... Omar @ – Mais vous m’avez dit que vous faisiez de la politique ? Aziz @ – On peut être mannequin et faire de la politique. Léger embarras. Omar @ – J’étais venu vous apporter une serviette... et une brosse à dents. Aziz @ – Merci... Omar @ – Bon, alors... bonne nuit. Aziz @ – Bonne nuit. Omar sort. Elle ressort son portable et rappelle Sadik. Aziz (à voix basse) – Bon, tu as gagné ton pari, maintenant ça suffit. Dès demain matin, je me me barre. Sadik @ – Attends ! Pas si vite... Maintenant, il va falloir conclure. Aziz @ – Conclure ? Tu plaisantes ! Je devais passer la nuit chez lui, on n’a jamais parlé d’autre chose. Non mais tu me prends pour qui ? Sadik @ – Il ne te plaît pas ? Aziz @ – Ce n’est pas la question ! Je suis comédienne, je ne suis pas une p**e ! Sadik @ – Tout de suite, les grands mots... Aziz @ – Coucher avec un mec pour 1500 euros, tu appelles ça comment. Sadik @ – J’appelle ça... une p**e de luxe. Aziz @ – Va te faire foutre ! Sadik @ – En tout cas, il me faut une preuve ! Aziz @ – D’accord, demain, au petit déjeuner, je prends un selfie avec lui, j'envoie .

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