Une grossesse cachée.

Emilie essuya rageusement ses larmes. Deux mois sans lui. Deux mois depuis qu'ils avaient divorcés. Deux mois passés à maudir son beau-père qui ne l'a, hélas, jamais aimé. Deux mois que j'essayai de tourner la page. Mais comment y arriver avec un mini lui dans mon ventre? Je ne voulais plus pleurer, pas après ce qu'il m'a fait, mais avec ces fichus hormones, ceci m'est impossible. Il m'a jeté dehors sans m'écouter et surtout, sans rien sur moi, je ne comprends donc pas pourquoi je continue de pleurer pour sa fichue belle gueule.  Si mon amie Mike n'avait pas été là, je ne sais pas ce que je serai devenue. Enceinte et démunie, je ne m'en serai jamais sortie. Ma belle famille excepté mon beau-père bein évidemment, a essayé de m'aider mais tête de mule qu'il est, il n'a écouté personne. J'ai gardé contact avec Siara, sa sœur et Mélanie, sa mère. Elles savent que je suis enceinte mais je leur ai fait juré de ne rien lui dire. Ça a été difficile mais, elles ont fini par céder. Après ce qu'il m'a fait, je pense qu'il est légitime qu'il ne sache pas que je suis enceinte. A quoi ça lui servirait de toute façon?  Depuis mon... divorce, j'habite avec Mike, qui a eu l'hamabilité de m'héberger, et gratuitement en plus. Après cet incident, il a eu beaucoup de problèmes avec sa clinique, mais heureusement qu'elle lui appartient car sinon, je crois qu'il aurait été viré. Je connaît bien la cause de tous ces problèmes, elle se résume en deux mots, Christopher Grey.  Oui, car en plus de truquer des photos de moi avec un autre homme nul que mon mari, mon charmant beau-père a choisi mon meilleur ami, Mike, comme l'heureux amant. Et évidemment, Chris n'allait pas rester les bras croisés à regarder celui qui lui a volé sa merveilleuse petite épouse grimper les échelons. Il ne l'a jamais aimé de toute façon. Quelqu'un toqua à la porte, et je savais d'avance que c'est Mike.  _C'est ouvert Mike; dis-je.  Il entra avec un plateau plein de garnitures et un sourire aux lèvres.  _Je ne t'ai pas réveillé j'espère ; me dit-il en s'approchant.  _Non, pas du tout.  Il s'assit sur le lit juste à côté de moi et me tendit le plateau.  _Merci; soufflais-je, alors que mo  ventre se manifestait déjà.  Je commençais donc à manger avec appétit et comme à son habitude, il me demanda: _Tu es sûre de pouvoir travailler aujourd'hui?  _Oui, ne t'en fais pas.  J'ai connu Mike dans l'orphelinat dans lequel j'ai été abandonné et très vite on est devenus amis. Il a finalement été adopté et grâce à ses nouveaux parents, il a pu bénéficier de bonnes études et a réalisé son rêve de devenir médecin. Moi, malgré ma petite bouille toute mignone, je n'ai pas été adoptée, c'est peut-être parce que je faisais tout pour que ça ne soit pas le cas, je suis donc restée à l'orphelinat jusqu'à ma majorité, et après j'ai eu un petit job de serveuse dans un café qui je l'avoue, était et est très réputé. C'est là que je l'ai rencontré. Je me rappelle de ce jour comme si c'était hier. Il portait un simple t-shirt qui épousait sa carrure à la perfection et un pantalon en coton qui le rendait très sexy, ses yeux de ce noir si profond m'avait transpercé comme...  _Emilie?  _Euh... Oui; répondis-je en revenant sur terre.  _Les gâteaux ne te plaisent pas? Me demande-t-il alors que je me rendais compte que j'avais arrêté de manger.  _Si, si. Ils sont délicieux.  Je disais donc... Le temps a fait son travail et nous nous sommes mariés. Après, il a refusé que je travaille et comme une idiote, je l'ai écouté. Si Mike ne m'avait pas hébergé et donné un boulot de sécrétaire dans sa clinique je serai déjà morte.  Je finis mon plateau et mon verre de jus et Mike le prit alors que j'allai me lever.  _Prends une douche. Je t'attendrai en bas; me dit-il en me caressant gentiment le ventre qui commençait à peine à s'arrondir.  Mike est si doux, si gentil, si attentionné et si facile à vivre que j'en viens à me demander pourquoi ce n'est pas de lui que je suis tombée amoureuse. Ma vie aurait été si simple.  Il sortit et je me levai pour prendre une douche avant d'enfiler une jupe longue et un t-shirt qui cachait la forme à peine visible de mon ventre. Je me lissais les cheveux et regardais mon image dans le miroir. Je tournai sur moi-même pour me regarder sous tous les angles. Je caressai mon petit ventre en souriant à cette pensée.  Christopher Grey ne sait vraiment pas ce qu'il a perdu. ***** C'est l'heure de ma pause déjeuner, je peux enfin aller m'acheter à manger car j'ai déjà fini tout ce que j'avais dans mon sac, et malgré ça, j'ai toujours faim. Les huit barres de chocolat, les trois pommes, la cannette de jus d'amande, la grappe de raisin, les deux Kinder et le donuts que je viens tout juste de finir ne m'ont servi que d'appéritifs. J'ouvris mon sac et jetai tous les emballages de nourritures qu'il y avait à l'intérieur dans la poubelle.  Mon sac me paraît vide tout à coup.  M'apprêtant à sortir, j'allai dans le bureau de Mike qui est à quelques pas du mien et entrai après qu'il m'ait donnée la permission.  _Je pars manger. Tu viens avec moi? Lui demandais-je.  Il me sourit avant de répondre : _Merci. Mais je veux m'occuper de quelques dossiers pour être en avance sur mon emploi de temps.  _Ah d'accord ; soufflais-je, un brin déçue. Tu veux que je t'apporte quelque chose.  _Un croissant ferait l'affaire.  _Ok, à toute.  J'allai sortir quand il me rappela: _Em?  _Oui? Répondis-je en retournant sur mes pas.  _Fais attention à toi.  Je lui offrit un sourire chaleureux avant de sortir après lui avoir fait un signe d'aurevoir. Ma boulangerie préférée est à seulement quelques minutes de la clinique. Ils y vendent de succulents croissants au chocolat croustillants. Arrivée à destination, je saluai Juan, le vendeur qui a fini par devenir un ami. J'achetai quelques pains, des croissants et d'autres petits fours puis me dirigea vers le café d'en face où ils y vendent les meilleurs chocolats chauds, après les miens, évidemment. J'entrai dans le café et je choisis une table qui le donnait une magnifique vue sur les gigantesques bâtiments de New York. Quelques minutes plus tard, mon chocolat chaud et ma crêpe au chocolat sapoudré de sucre me fut servi et je ne tardai pas à l'attaquer. Il me fallut un temps pour remarquer l'homme au sourire séducteur qui s'était assis sur la chaise en face de moi.  Génial!  Je fis comme s'il n'existait pas et continuai à manger.  _Vous êtes ravissante; dit-il en rompant le silence qui m'était si paisible.  Je ne lui lançai même pas un regard et croquai dans ma délicieuse crêpe. Hum, un délice. _Je suis Adrien McMaster.  Et qu'est-ce que j'en ai à faire de qui tu es?  Je l'ignorai toujours et il me dit d'une voix doucereuse, après quelques minutes: _Puis-je connaître le nom d'une si ravissante demoiselle? Cette fois-ci, je pris la peine de le regarder. Grand, blond aux yeux bleus, une bouche fine et un sourire laissant apparaître de belles fossettes; il était à tomber par terre. Il serait venu deux ans plus tôt, je me serai peut-être laissée aller. Mais maintenant...  C'est là qu'il eut une réaction qui me laissa perplexe. Ses yeux s'aggrandirent et sa bouche s'ouvrit, formant un "O". _Vous êtes Emilie Grey, la femme de Christopher Grey; s'exclame-t-il.  Seigneur! Encore ce fichu nom.  _Ex femme; rectifiais-je en essayant de masquer la douleur qui m'étreignit en prononçant le mot ex.  _Ah c'est vrai! Vous avez divorcé; reprit-il en semblant un peu gêné.  Merci de me le rappeler. C'est vrai que j'avais oublié. _Puis-je vous demander pourquoi? Eh oui! Personne d'autre que sa famille, Mike et moi, même pas la presse n'est au courant de la cause de ce brusque divorce. Les paparazzis, fidèles à eux-mêmes, ont bien essayé de creuser cette affaire, mais il les a fait taire car du jour au lendemain, je n'ai plus vu de journalistes autour de moi, et tant mieux.  _C'est ce que vous venez de faire; répliquai-je plus froidement que je ne l'aurai voulu.  Ayant terminé mon déjeuner, je fis signe à un serveur afin de payer l'addition.  _Désolé, ma question était impertinente.  _En effet.  Le serveur arriva et j'allai payer quand l'homme en face de moi~dont je ne me rappelle plus le nom~ le fit à ma place. Je donnai quand même ce que je lui dois au serveur et sortis du café, le pot de colle derrière moi.  Il me rattrapa, son sourire séducteur de retour : _Puisque vous êtes libre; je vous invite à dîner ce soir; me dit-il en me tendant une carte.  Je le regardai d'un air blasé, mes yeux défilant de sa carte à lui , je fis le manège plusieurs fois avant de le laisser planter là et de continuer ma route. Mais évidemment, il n'allait pas me laisser tranquille aussi facilement.  _Demain alors ou après demain, c'est quand vous voulez ; renchérit-il en me tendant toujours sa carte.  Je soufflai, désespérée. Il ne compte vraiment pas me lâcher. Je pris sa carte en souriant et lui dit, résignée: _Bien. Mais c'est moi qui choisit où.  _Comme vous voulez, ravissante jeune femme.  Mon sourire s'effaça à la seconde à laquelle je fus dos à lui et je l'entendis crier un Yes derrière moi.  Je serai lui, je ne serai pas si contente.  Je jetai sa carte à la première poubelle que je rencontrai et continuai ma route vers la clinique.