Quelques jours avant la remise des résultats de fin d’année, en décembre 2020,
j’étais à l’école comme d’habitude, plongée dans mes cours et mes pensées.
L’atmosphère était tendue, et je sentais un poids dans l’air, même si je ne savais
pas exactement pourquoi.
Célia et sa b***e de filles avaient décidé de sécher les cours ce jour-là.
Évidemment, c’était sans moi : non merci, j’aime trop ma vie et mes études pour
prendre ce genre de risque. En bonne élève que je suis, j’ai voulu tout dire aux
surveillants. Mais les garçons de leur groupe étaient là et m’ont empêchée de le
faire, me bloquant d’un simple geste et de regards menaçants.
Le soir, à la maison, mon père m’a annoncé que ma mère allait rentrer. Elle avait
passé plusieurs mois à Douala, au Cameroun, pour se faire soigner. Elle était très
malade, et l’idée de la revoir me rendait à la fois anxieuse et impatiente.
Le vendredi à l’école fut particulièrement difficile. À mon arrivée, personne ne
m’adressait la parole. Les sourires habituels avaient disparu et j’avançais dans la
cour comme si j’étais invisible. Pendant toutes les cérémonies, je restais seule,
observant les autres élèves rire et échanger sans moi. Puis, avant la remise des
résultats, les harcèlements ont commencé.
— Donc comme ça, tu comptais tout dire au surveillant à propos de ce qu’on a
fait hier ? Tu es vraiment une fille méchante, me lança Rosalie.
— J’ai toujours su qu’elle était comme ça, murmura Amanda avec un sourire
froid.
— Pourquoi tu fais des choses comme ça ? me demandèrent plusieurs garçons
d’un ton accusateur.
— Je n’ai rien fait, j’y ai juste pensé… murmurai-je, la voix tremblante.
— C’est l’intention qui compte, ricana Amanda.
— En plus, hier, tu étais décidée à le faire. Si on ne t’avait pas empêchée, tu
l’aurais déjà fait, ajouta un garçon.
— Je suis désolée… pardon, soufflai-je, le cœur lourd.
Toute triste, je me suis assise pour la remise des résultats. Célia ne m’adressait
même pas un regard, et j’avais l’impression que le monde entier s’était ligué
contre moi.
— Je vais commencer par la série C : la première avec une note de 12, Célia Nda,
annonça le professeur.
Les applaudissements, les sourires… tout y était pour célébrer celle que tout le
monde admirait.
— Pour la série TI, la première avec une note de 10 est Mélissa Gordon.
Aucun applaudissement. Je n’en attendais pas moins après ce qui venait de se
passer. Une boule de tristesse et de honte m’a envahie. Les larmes ont
commencé à couler malgré moi. Une fois de retour sur ma chaise, j’ai pleuré à
chaudes larmes, le visage brûlant et le cœur serré.
Puis, Célia s’est approchée et m’a consolée. Son étreinte, douce et sincère, a été
un baume inattendu. Si elle était partie, je ne me serais sûrement jamais calmée.
Son geste m’a rappelé qu’au milieu des trahisons et des jalousies, certaines
amitiés valent tout l’or du monde.