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1795 Words
        Un vent de nostalgie s’empara de Meghna à la vue du salon au décor familier et de ses meubles. Rien n’avait changé depuis sa dernière visite, il y a trois ans. Elle regrettait de ne pas être revenue plus tôt mais elle n’avait pas eu de choix. Elle avait très peu de vacances à cause et quand cela arrivait, elle s’effectuait à terminer ses études d’ingénierie à Londres qu’elle effectuait par correspondance. Maintenant qu’elle venait de terminer son dernier contrat, elle pouvait s’octroyer autant de jours de vacances qu’elle le souhaitait.             Elle passa une bonne dizaine de minutes à échanger avec le vieux couple dans la cuisine avec ses odeurs familières en dégustant une collation préparer par la gouvernante avant de rejoindre sa chambre à l’étage.             Après avoir enlevé ses chaussures, elle se laissa tomber en arrière dans son grand lit en poussant un soupir d’aise. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas profité d’un lit douillet avec des draps frais et sentant si bons. Fermant les yeux, elle inhala l’odeur familière de lavande et sourit.             Pendant un instant, elle imagina sa mère poussée la porte de sa chambre rouspétant et rouvrit les yeux pour se rendre compte que cela avait très peu de chance d’arriver. Elle se trouvait en ce moment même avec son mari à Rome, attendant l’heureux évènement avant de revenir ici.       À plus de quarante-cinq ans, sa mère était tombée enceinte à la grande surprise de tous, surtout de son beau-père. Rebecca Radcliffe s’était mariée avec Silvio Di Angioni alors qu’elle n’avait que onze ans. Celle-ci l’avait rencontré alors qu’elle s’offrait deux semaines de vacances avec sa fille sur la côte sicilienne. Des vacances qu’elle avait gagnées grâce à une heureuse tombola. Ils étaient tombés amoureux, un véritable coup de foutre, et après bien des péripéties s’étaient unis pour la vie. Silvio l’a par la suite adopté et elle le considérait comme son père, plus que l’homme qui l’avait aidé à venir au monde et qui les avait abandonnés sa mère et elle, toutes seules à Londres, dans une misère sans nom. Elle ne se souvenait que trop combien sa mère avait dû trimée jour et nuit pour pouvoir payer les factures et qu’elles puissent survivre et comment dès qu’elle a pu, elle a commencé à faire de petits boulots pour l’aider sa mère : faire des commissions, promener les chiens, du babysitting… Tout ce qui pouvait lui apporter quelques sous. Elles avaient dû également se priver de beaucoup de choses même si sa mère faisait tout pour qu’elle puisse avoir autant de chose que les autres enfants. Alors, lorsqu’elle avait gagné à cette tombola ces incroyables vacances, elles avaient été remplies de ce bonheur inattendu. Profiter de quelques jours loin des rues sales et nauséabondes était un vrai plaisir pour elles. Meghna avait adoré se retrouver face à la mer bleue, les pieds plongés dans le sable chaud. Même si leur hôtel n’était pas un cinq étoiles, elles étaient ensemble et cela leur suffisaient largement. Puis, sa mère avait fait la connaissance de Silvio lors d’une de ses promenades solitaires sur la plage alors qu’elle jouait avec une b***e d’amis qu’elle s’était faite à l’hôtel. Des gamins de son âge, tout autant qu’elle, venus passer des vacances avec leurs parents à moindre coût. Elle ne savait pas vraiment comment leur idylle avait commencé mais elle se souvenait très bien comment Silvio avait tout fait pour conquérir sa mère. Il était venu les chercher dans leur misérable quartier de Londres et ne s’était pas laissé démonter par ni pas les doutes et les obstacles et encore moins par le fait qu’elle soit noire et mère célibataire. Même si la peur de se marier à un homme aussi riche et éloigné de son monde avait effrayé sa mère, elle l’avait fait. Elles avaient alors littéralement changé de vie, oubliant la misère. Silvio était un homme si bon et gentil qui en rendant sa mère heureuse l’avait rendue elle aussi heureuse. Il la considérait comme sa fille et elle comme son père. Et, elle l’appelait volontairement papà. Avec un sourire heureux, elle secoua la tête. Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’à plus de vingt-trois ans, elle allait être grande-sœur. Car sa mère allait avoir mais pas un mais deux enfants. Des jumeaux, ce qui n’avait rien d’étonnant car elle savait que Silvio avait été jumeau. Sans cela, ils seraient revenus au palazzo dès qu’ils avaient appris sa grossesse. Mais vu qu’ils avaient appris très tard son état et que Silvio avait beaucoup de travailler à effectuer et en plus il voulait éviter à sa femme des désagréments, il décida qu’il fallait mieux pour eux de rester à Rome jusqu’à la naissance des enfants. Ce qui n’avait pas ravi sa mère. Se recroquevillant, elle ferma les yeux en étouffant un bâillement. Elle était bien plus épuisée qu’elle pensait car lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle se rendit compte qu’elle avait dû s’assoupir. Prenant son portable et voyant l’heure, elle acquiesça. Elle avait dormi presqu’une heure et elle se sentait bien mieux. Mais, elle avait chaud. Elle ne s’était même pas changée avant de s’écrouler sur son lit. Elle eut une soudaine envie de piquer une tête. Il faisait chaud et elle avait envie de nager dans la piscine. Ce serait plus plaisant qu’une simple douche. Aussitôt dit, aussitôt fait. Pendant sa sieste, Rosario avait rangé ses affaires dans le dressing. Elle retrouva très vite ses bikinis et en choisit un de couleur vert turquoise. Elle l’enfila et frôla sa cicatrice de brûlure qu’elle avait de l’épaule à l’omoplate. Elle frissonna instinctivement au souvenir de ce qui avait suscité cette blessure. Un souvenir qui la poursuivait et qui comptait à son éloignement involontaire de la gente masculine. Secouant la tête, elle arbora un sourire. Elle n’avait ni envie de penser à cette nuit ni à son travail ni à autre chose. Elle était là pour se vider la tête et passer des jours à se la couler douce avant d’aller rejoindre ses parents à Rome. Elle avait promis à sa mère d’aller les retrouver avant son terme. Ce qui n’allait pas arriver avant un peu plus d’un mois. Elle allait donc passer les trois prochaines semaines ici à ne rien faire d’autre que se reposer. Et manger. Acquiesçant de la tête, elle saisit son téléphone et descendit à la piscine située près d’un grand magnifique jardin où était construite une pergola recouverte de roses presque toute l’année dont l’odeur emplissait l’air ambiant. Elle lut le message que son ami Victor lui avait envoyé quelques minutes plus tôt. Il lui signifiait qu’il se trouvait lui aussi en ce moment en Sicile et qu’il organisait une fête dans quelques jours sur un yacht où seraient invitées de nombreuses célébrités et l’y invitait. Invitée à une soirée. Cela faisait bien trop qu’elle ne s’était rendu à une fête danser et boire. Cela serait bien et c’était son meilleur ami qui l’y invitait. Les yeux braqués sur son téléphone, elle marchait vers la piscine quand soudain elle sentit une présence. Levant la tête, elle se figea en reconnaissant son cousin Elio Di Angioni. Assis sur un des transats installés devant le bassin bleu, lisant un journal et il ne semblait pas l’avoir entendu. Elio ! Elle ne l’avait pas revu depuis son mariage il y a huit ans avec une très belle jeune femme blonde aux yeux verts. Le genre de belle femme qui ne passait pas inaperçu et elle formait un si beau couple avec Elio qu’elle s’était senti jalousie. De ses quinze ans tout justes cela paraissait étrange mais elle était à l’époque très intimidée par la beauté de son cousin par alliance. Une beauté à en faire tourner des têtes. Son regard brun aux reflets mordorés, son visage aux traits parfaits. Un nez aquilin, de hautes pommettes et des lèvres fines. Elle avait dansé avec lui, une petite et courte danse car il était à l’époque  - comme aujourd’hui - bien plus grand qu’elle. Son mètre soixante et un ne la caractérisait pas comme petite mais elle était menue et ne l’oubliait pas. Elle eut une moue et le scruta plus amplement. Ses cheveux bruns resplendissaient sous les rayons du soleil et elle se rendit compte qu’il était bien plus beau que dans ses souvenirs. Il arborait une barbe de deux jours qui lui donnaient un air très sexy. Il avait de larges épaules et ses bras musclés que dévoilaient sa chemise blanche entrouverte sur un torse hâlé, légèrement ombragé d’une toison brune, dont il avait replié les manches jusqu’aux coudes témoignant de sa grande force. Meghna sentit un petit frémissement la parcourir. Secouant la tête, elle se tança mentalement. Elio était un bel homme elle en convenait mais des beaux mecs elle en avait connu et aux physique rappelant des viking du temps ancien. Et aucun de ses hommes ne l’avaient attiré un tant soit peu. Certains même étaient allés à prétendre qu’elle était rigide ou devait être lesbienne mais elle savait elle la vérité. Elle aimait les hommes mais jamais aucun ne l’avait assez attiré et lui faire ainsi à oublier ses appréhensions. Peu importait sa piètre vie sentimentale, Elio se trouvait là devant elle, détendu. Rosario lui avait pourtant dire que la maison serait vide sans ses parents alors que faisait-il ici ? Pas question qu’il gâche ses vacances. - Qu’est-ce que tu fiches ici, Elio ? lança-t-elle avec colère avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas à l’être.
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