A Night of Dreams or Nightmares

Chapitre final: Le crime

Je suis allongé sur mon lit, écoutant de la musique, perdu dans mes pensées. C'est alors que mon téléphone vibre. Quelques peu agacé qu'on me dérange dans mon moment de tranquillité, je lis le message de mon meilleur ami:

《 Mike, tu ne viens pas à la soirée, finalement ? Ça fait une heure que je te cherche !》

Je lâche un soupir et ne réponds pas. Je me contente d'éteindre l'écran de mon téléphone. J'observe les marques sur mon mur, laissées par mon père, toutes les fois où il s'est énervé contre moi.

J'en ai marre, de cette vie. Je suis malade, obligé de prendre des comprimés pour ne pas changer de comportement, obligé de sourire à mes amis en faisant comme si tout va bien, même si ils sont presque tous au courant.

Je suis obligé de rester ici, chez moi, privé de me rendre à cette soirée. Je hais mes parents. Ils se fichent que je sois malade. Tout ce qu'ils font, c'est me faire subir leurs excès de colère tous les jours. Pendant que moi, je dois me battre contre ma deuxième personnalité, Jordan.

Oui, je souffre d'un dédoublement de la personnalité. Sauf que seuls mes parents le savent. Jordan représente toute la haine, la violence, la rage que je conserve en moi. Il est très v*****t. Je le déteste, même. Il me pousse à tuer la moindre personne qui m'énerve juste un peu trop. Mon téléphone vibre à nouveau. Cette fois, c'est Anna.

《 Salut Mike, ça se passe bien la soirée ? 》

Réticent à laisser Anna dans le vent, je commence à écrire, réfléchissant sur chaque mot. Je m'arrête soudainement en réalisant que j'ai oublié de prendre mes médicaments, aujourd'hui. Paniqué, j'arrache mes écouteurs et me lève soudainement de mon lit pour me précipiter vers le sol, vers la latte recouvrant mes médicaments.

Je m'apprête à m'emparer du sachet au moment où mon père fait irruption dans la pièce.

- Mike, ça fait une heure que je t'appelle !

Je constate avec dégoût qu'il a encore bu, beaucoup trop. Je sens la présence de Jordan commencer à se débattre.

《 Tue-le, il t'a fait tellement de mal, il ne te mérite pas, tu ne mérites pas cette vie. 》

Je secoue la tête afin de me débarrasser de ces horreurs. Jordan me donne mal à la tête, je veux qu'il s'en aille. Voyant que je ne réagis pas, mon père s'agace encore plus.

- Je t'ai dit de mettre la table, c'est si compliqué que ça ? Ou tu crois peut-être que parce que tu es malade, tu as le droit de t'offrir des privilèges ?!

- Non...Je vais mettre la table...

Jordan se débat en moi, il commence à détruire la prison qui le retenait jusqu'à présent. J'essaie de le retenir, mais cette fois, je n'y arriverai pas. Concentré à la fois sur mon débat contre ma deuxième personnalité, j'en oublie mon père qui reste planté devant moi à attendre que je quitte ma chambre pour mettre la table.

- Tu attends quoi ?! s'écrie-t-il.

- Je ne me sens pas très bien...J'ai oublié de prendre mes médicaments.

Mon père voit rouge.

- Qu'est-ce que j'en ai à faire de tes médicaments ?! C'est une excuse, peut-être ?!!

Je recule, désemparé, tandis que mon père brandit sa main pour me frapper. J'ai de plus en plus de mal à retenir Jordan. Je m'en veux terriblement d'avoir oublié mes médicaments. Et si je m'en vais, tout de suite, pour me rendre à l'hôpital, je m'en sortirais peut-être...?

Je me retrouve encore une fois contre ce mur. Ma mère accourt, analysant rapidement la scène.

- Ça suffit ! s'époumone-t-elle.

Mon père interrompe son geste.

- Il ne veut pas mettre la table ! Et il a oublié de prendre ses médicaments !

- Tu as trop bu.

Mon père a un rire sans joie, avant de reprendre son sérieux et toute sa colère. Il explose à nouveau.

- Tu te moques de moi ?!!

Je décide de ne pas écouter la dispute entre mes parents. Je réalise que je suis couvert de bleus, que je saigne, même. Il me faudra encore une excuse, pour Anna.

Cette fois, c'est encore pire. Mon père est encore plus v*****t, complètement ivre. Ma mère s'en rend compte trop tard, car maintenant mon père s'avance vers elle. Je ne crois pas à ce que je vois. Avant, c'était que moi, qu'il frappait...

Je n'ose plus regarder la colère de mon père se déchaîner sur ma mère, jusqu'à ce que je me rende compte que c'est trop. Si ça continue, il la tuera. Je ne parviens presque plus à retenir Jordan. Je m'approche de mon père, découvrant au passage le visage ensanglanté de ma mère.

Elle respire difficilement, m'implore du regard. Je ne sais pas quoi faire, contre mon père. Ma mère s'écroule à genoux, épuisée. C'est alors que tout mon contrôle sur Jordan s'évapore, et il prend ma place. Je perds connaissance dans mon propre esprit. Désormais, c'est Jordan qui agit.

Je me sens tomber dans le vide. Juste rien, pendant ce qui me semble être une éternité. Je finis par atterrir contre un sol froid. Je ne sens rien, comme si j'ai été déposé sur ce sol telle une plume.

Je me sens léger, c'est la seule sensation que j'ai. Je me relève pour regarder la prison dans laquelle Jordan était enfermé jusque là. Maintenant, c'est moi qui suis enfermé ici, pour je ne sais combien de temps, mais je vais en perdre la mémoire, si Jordan me bloque tout accès au monde extérieur.

Je m'assois contre les barreaux métalliques de la prison et lève la tête vers du vide, juste du noir. C'est comme si la prison plane au dessus du vide, qu'elle est seule et moi avec, loin de tout, un autre monde.

Mes yeux commencent à fatiguer. Ce sera sûrement mieux de dormir, oui. J'oublierai tout pour recommencer à zéro. Peut-être est-ce que je connaîtrais une vie meilleure. Pour ça, il faut que je me l'imagine...

Je sombre vers l'inconscience. Je ne me réveillerais pas tant que Jordan ne m'aura pas réveillé, et n'aura pas pris ma place.