2 Les lettres de ma mère m’arrivaient, régulières. J’en avais de la peine. Impossible d’imaginer des grèves larvées, une défaillance particulière entre Paris et Zurich pour expliquer le silence de Marc. Je lui écrivais chaque soir sans lui faire de reproches. Ma tentation était grande de laisser paraître mon inquiétude, ou plutôt mon espoir. Il aurait pu avoir un accident de voiture ! Tant de gens meurent sur les routes… Sa mère peut-être lisait mes lettres en ce moment, en me détestant plus que jamais… Alors je me moquais de moi-même et me faisais honte de tomber dans ce travers qui nous fait préférer la mort des êtres à notre blessure d’amour propre. Je m’appelais à accepter la vérité : Marc trouvait nos lettres sans objet. Dans ma peine, j’envisageais une sorte de vengeance. Je faisai

