Maudit Foot

- CINQ -

- CINQ -IL EST midi moins le quart. Bientôt l’heure du plat du jour. Comme pour contrarier tout le monde, c’est à ce moment précis qu’au lieu de faire « bip » l’appareil lâche un « greu-greu » suspect. Une éructation qui agace les techniciens. Le vieux tape sur l’ustensile, vérifie sa charge électrique. L’appareil n’est pas malade et il ne « greu-greute » pas juste pour les empêcher de prendre leur pause. Il a trouvé quelque chose.

– Il aurait pu attendre 14 heures pour ça, bougonne l’ancien.

Le jeune est pleinement rassuré par cette réaction humaine : son aîné a aussi un estomac.

– Si on disait qu’on n’a rien entendu ?

– C’est certainement peu de chose. Viens, on en sera débarrassé.

Foutu amour du travail bien fait !

– On s’y prend comment ?

– On va devoir sonder. Il faut vérifier que la défectuosité ne vient pas de l’appareil.

– Et après ?

– Après, si on trouve quelque chose, on casse.

– Ben m***e.

– C’est certainement ce que diront aussi les responsables du stade.

Le béton est attaqué avec des machines spéciales. Des morceaux de caillou se décrochent et roulent sur le sol du couloir. D’un regard triste, le jeune ingénieur comprend qu’il est en train de voir s’évanouir son programme du week-end. Cette découverte met en péril son avenir proche. Voire même celui de l’Euro 2008.

Ses vacances de fin mai se diluent à l’horizon…

C’est à ce moment qu’apparaît la main.

D’abord on croit distinguer un pli dans le plâtre. Un peu d’art moderne mi-dessin mi-sculpture. Mais l’ouvrier que la notion d’art n’effleure pas voit la réalité et crie :

– Une main ! Ça alors !

Cette fois l’ingénieur ferme les yeux. A fin mai, Genève-Plage, c’est bien aussi… enfin, il cherche à s’en persuader ! Parce que c’est bien joli de casser les murs, mais il va falloir les reconstruire !