- QUATRE -

261 Words
- QUATRE -«QUAND la nuit était sombre et que la lune descendait parmi les roseaux pour se découper dans les mouvements de l’eau de l’Aire ou de la Drize, rares étaient les âmes qui parcouraient encore le territoire. Sur le plateau de La Praille, comme un peu partout dans la région, on redoutait le loup-garou. On allumait à la Saint-Jean des feux qui étaient supposés les faire fuir. « Ces monstres des ténèbres n’étaient bien souvent que des gros chats », s’est amusé mon oncle Ferdinand en nous racontant cette histoire. Il y avait aussi la Germaine, une brave fille qui était employée comme bonne dans une ferme avoisinante. Issue d’une famille nombreuse de Haute-Savoie, elle était accusée par beaucoup d’être une sorcière. Cela faisait un bon moment qu’à Genève on ne les brûlait plus, mais cela ne voulait pas dire qu’on ne les craignait pas. La Germaine, elle, sortait au clair de lune et surtout quand la lune était pleine. « Ces nuits-là, on entendait crier les chats », raconte Ferdinand. La Germaine les torturait, surtout s’ils étaient noirs, parce qu’un chat noir ça porte malheur. Le lendemain, on retrouvait des cadavres de chats avec, autour d’eux, des poils noirs éparpillés comme s’ils avaient été déchiquetés par un rapace. On aperçut fréquemment la Germaine avec du sang sur son tablier. La pauvre fille ne semblait se souvenir de rien. On décida alors qu’elle était elle-même la victime de Satan qui lui ordonnait de venir nuitamment réduire en bouillie les loups-garous de la plaine. C’était donc le diable qui veillait sur La Praille ! Il rendait aussi de multiples services aux mamans qui s’en servaient comme menace pour faire obéir les enfants ou pour les faire filer au lit ! »
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD