It was YOU

Williams est un jeune homme de 28 ans qui vient d'hériter de son père. Mort il y a de cela presqu'un an, ce dernier lui a légué tout un empire à diriger. Mais, tout héritage n'est pas bon à perpétuer, aussi grand qu'il puisse être. Cependant, Williams a été préparé durant toute sa vie à ce que ce jour arrive. Tellement que, aller à l'école était juste une formalité pour lui. Williams est, depuis bientôt un an, à la tête de l'empire Gérard. Il est aussi successeur de son père, malgré lui, dans un cartel de drogue, l'unique cartel du pays. Et depuis en avoir hérité, il a beau ne pas aimer ce métier, on dirait qu'il a pourtant été comme taillé sur mesure pour lui. Il ne connaît pas sa mère, son père ne lui en parlait jamais. Au lieu de ça, il se tuait à expliquer au jeune homme que son metier ne lui permet pas d'avoir une famille, sous peine de les exposer constamment au danger. Williams a survécu à l'avortement juste à cause des principes de son père qui s'opposait à cet acte. Il a donc dû le garder et l'élever aux risques et périls. Et au fil du temps, Williams s'est transformé en sa plus grande fierté. Wiliams est un jeune homme à la peau doré, les yeux perçants, le nez bien droit et une bouche légèrement rosé (exactement à la dose qu'il faut). Il a les cheveux ras, une barbe noire bien fournie et une moustache naissante. Il a un corps à faire tomber plus d'une et la taille d'un grand du basket. En gros, il est sacrément bien foutu ce bon vieux Williams! Il vit dans une villa un peu reculée de la ville, avec son bras droit, des gardes du corps, la gouvernante et autres membres du personnel. C'est un solitaire, moins dur que son père, mais qui sait être stricte quand la situation le demande. Ce beau ténébreux fait partie des mecs qui préfèrent penser que les coups d'un soir sont réels et que le soit disant coup de foudre ou encore l'amour éternel n'est qu'un mythe. Pas de promesses, être clair dès le départ, s'amuser et ensuite tout oublier, voilà ses principes pour une vie sexuelle active et sans prise de tête. Ayant fait le tour, entrons dans la peau de ce cher Williams. Point de vue Williams: J'arrange correctement mon col. J'ai toujours l'impression d'étouffer avec ce truc autour de mon cou. Dans un excès de colère, je l'enlève sauvagement et frappe le bout de tissu au sol. Je déboutonne ma chemise jusqu'au niveau de la poitrine. Et en plus il fait une chaleur à faire cuire un oeuf sur la toiture en tôle d'une maison. Alors pourquoi m'habillerais-je aussi lourd? Je suis le chef après tout. JE fais mes propres règles. Je souris à cette pensée. Si l'héritage de mon défunt père a un bon côté, pour moi c'est celui-là. Ressentir autant de pouvoir donne un plaisir que des mots ne sauraient décrire. C'est pas ça, le rêve de ma vie, on en est loin, je l'avoue. Mais j'avais comme obligation de reprendre le flambeau. Alors autant le faire avec classe. Je me pose devant un miroir en mettant une main dans ma poche et en caressant ma barbe avec l’autre. Hé! Mais que je suis beau, p****n! Je lâche un rire moqueur, puis attrape ma veste et sors de la chambre. Et dire que toute cette beauté sera obligée de se cacher sous un ridicule masque dans quelques minutes. Je me rends dans mon luxueux bureau. Il a la taille d’une salle de réunion pour vingt personnes alors que moi seul l’utilise. Ouais, mon père avait tendance à surdimensionner les choses. Je m’assieds sur mon bureau et ouvre mon pc. Jonas, mon bras droit, vient me rejoindre sous peu avec mon masque à la main. Jonas a toujours été l’homme de confiance de papa, et quand il est mort, j’en ai hérité comme s’il faisait partie de l’héritage. On s’entend bien, malgré l’écart d’âge entre nous, et me protège comme il ferait pour son fils s’il en avait un. En fait, c’est mon seul ami. Je pense que je suis différent des autres jeunes hommes de mon âge. Je ne sais pas ce que c’est une soirée entre potes, des sorties en club, l’amitié entre hommes tout simplement. Parce que, bien évidemment, mon métier ne me permet pas de m’exposer autant. Si je décidais de le faire, ce serait sous une autre identité et prendre le risque de me faire prendre un jour ou l’autre par la police. Et oui, le pouvoir n’a pas que du bon côté. Et parfois, j’en veux à mon père pour ça. J’ai l’impression qu’il m’a volé ma vie sans que j’aie la chance d’y goûter. J’aurais aimé être normal. Une notification provenant de mon ordi portable me tire de mes pensées. Ça dit que la réunion commencera dans cinq minutes. Je me rends alors compte que je n’ai toujours pas pris le masque que me tendait Jonas. Je le prends en lui offrant un sourire timide, il m’en rend un compréhensif. Je mets le masque, puis prends une gorgée d’eau. Je prends une grande respiration, puis ouvre l’application sur laquelle se tiendra la réunion. Je suis pile à l’heure. «Bonsoir à tous. Tout le monde est là, donc on va pouvoir commencer, lance le cheval (en se référant à son masque). -De quoi il en était question aujourd’hui? Quelqu’un peut me le rappeler? Demandai-je un peu perdu. -C’est pas parce que tu es jeune que tu dois penser que tu peux te permettre d’être insouciant. Tu ne mesures pas le poids de la charge que tu as sur le dos, me reproche le renard. -Jusqu’ici, je ne crois pas que tu aies jamais eu de quoi reprocher le jeune homme insouciant, alors tu peux te fourrer ton avis au cul. Merci bien! Répliquai-je. -Messieurs, laissez vos piques pour la cour de récréation. On doit parler du nouveau chargement qui devrait arriver dans 8 jours, soit lundi prochain. Cette fois, ce sera comme l’avant-dernière fois, la marchandise sera incorporée dans certaines personnes. Du coup, ce sera le même médecin qui se chargera de récupérer nos petits sacs du corps de ces mules, explique le cheval. -Moi, je ne fais pas confiance à ce toubib, lâche le jaguar. -Moi non plus, je ne le sens pas, renchérit le lion. -Bah on n’a qu’à attendre qu’il fasse ce dernier boulot puis on l’élimine, lâche le renard. -Je ne cautionne pas ça! M’exclamai-je. -Arrêtes avec ton char le loup, ça a toujours été ainsi depuis la nuit des temps et ça ne va pas changer, me répond le renard. -A chaque fois qu’il faut éliminer quelqu’un, le loup decide de faire sa sainte nitouche. Eh bah tu sais quoi? On l’éliminera quand même ! Et boom, dans ta face! S’exclame le cheval. » Euh... c’était quoi ça? Boom dans ta face ?! Mais quelle expression ringarde! Un silence s’installe. J’enlève mes écouteurs, puis ferme l’ordi pour me déconnecter de l’appel. J’enlève mon masque que je jette avec fracas au sol. Y en a marre! Je renverse ma tête en arrière et pousse un soupir. Je fais tourner ma chaise en fixant le plafond blanc se trouvant sur ma tête. Si seulement je pouvais disparaître, parce que ce n’est qu’ainsi qu’on peut quitter ce business. Et comme c’est impossible, l’autre option bien possible est de se faire tuer. Se faire tuer avec tous les secrets de cette machine à générer de l’argent facile. «Mais merde quoi! M’exclamai-je» Micheline entre dans mon bureau avec un plateau qu’elle dépose devant moi. Sur ce plateau, il y a vraiment tout ce que j’aime, et surtout, en grande quantité, le fruit que j’adore: l’ananas. Non sérieux ce fruit est le remède pour 101 maladies. Ça me redonne d’un coup la pêche. Je relève les yeux vers elle avec reconnaissance. «Jonas m’a dit que ce n’était pas la forme pour toi, alors je t’ai préparé moi-même ce petit plateau, en attendant que la chef finisse son fameux dîner. Tu sais qu’elle met un temps fou à faire ses plats vertigineux alors qu’en vrai on s’en fout, me dit-elle en ricanant. Micheline est un cas. Je pouffe de rire. En fait, je viens de remarquer que Jonas n’était pas là. -C’est vrai qu’on s’en fout! Renchéris-je. Merci Micheline. Tu manges avec moi? -Qu’est-ce que tu dis? J’ai une maison à faire tourner, j’ai pas le temps de me permettre de partager un repas avec le patron, me dit-elle avant de me faire un clin d’œil. -Oh! Tu me fends le cœur. Mais, pourrai-je au moins avoir un de tes fameux câlins tout douillet? -P’tit veinard, viens là! Elle ouvre ses bras et je me blottis contre elle. Elle me sert fort dans ses bras, pourtant je ne ressens que la douceur pouvant se comparer à s’allonger sur du coton. Comment les bras d’une gouvernante peuvent me paraître si familier à chaque fois? -Je ne suis pas ton patron, je suis ton fils adoré! Lui dis-je en me détachant d’elle, tout souriant. Son visage se change, brusquement. -Et Jonas mon papa. Vous formez un si beau couple, mes chers parents, rajoutai-je. Elle laisse sortir un rire. -Toi et tes blagues à deux balles! A plus tard, petit emmerdeur, me dit-elle avant de partir. » Je ris. Mon attention se reporte sur le plateau. Une assiette remplie d’ananas, 2 pâtés à la chaudière (pate kòde chez nous, Haïti), et de la bière. En somme, le bonheur quoi! Même si je devrai faire 5h de jogging ensuite je m’en fous, je vais les manger, ces pâtés, et la boire cette bière, voilà! Je me mets de suite à la tâche. En fait, j’y pense... je voudrais bien assister à l’opération médical qui permettra d’extraire la drogue de ces "mules", comme ils disent. Je sortirai enfin un peu d’ici, même si ce ne sera pas pour un endroit plus joyeux. C’est décidé, lundi, je me rendrai à l’hosto, et ce ne sera pas pour me faire piquer.