_______________________FANTA T. SANE___________________________
La maman de Alima avait une amie matrone, ancienne exciseuse et inciseuse si le mot existe bien sûr.
Et c'est chez elle qu'elle m'amena après un accueil chaleureux de sa famille.
Dés que j'entrais dans la case de cette femme, des frissons terribles me traversèrent tout le corps.
C'était une femme âgée, la soixantaine assurée.
C'était elle qui avait excisée toutes les femmes de la famille de Alima.
Après les salamalecs et les explications, elle me demanda de la suivre.
Je ne pouvais pas croire que j'etais entrain de faire ça et à l'insu de mon mari.
Nous passons par une porte à l'intérieur de sa chambre même, pour atterrir dans une toilette à ciel ouvert, avec de la paille comme clôture.
La même où l'on pratique l'excision.
La même où avait été excisé Alima, me dira t-elle plus tard.
Dés que mon pieds foula le sol de cette pièce, des souvenirs douloureux me revinrent.
Je fermais les yeux.
Mbinky Ado, lame à la main, Mbinky Tida me tenant les mains au dessus de la tête et Sona, une cousine à papa me tenant les jambes.
Cette douleur! Cette horreur! Cette aube! Mes cris en cette aube et la main de Ado m'empêchant de crier.
Elle résonnent encore en moi.
Et cette pâte de je ne sais quoi, étalée sur ma blessure pour empêcher que je saigne ou que je n'attrape le tétanos et qui multipliait par mille la douleur....
Les mêmes odeurs, le même air, le même cadre...une spirale.
J'étais petite mais jamais je n'oublierai cette douleur et le visage de ces femmes qui l'interdisaient tout contact avec un homme jusqu'au mariage.
Disparaîtront-elles un jour de mon esprit?
Sentant sûrement que j'étais ailleurs, Alima vint jusqu'à moi.
-tu veux que je vienne avec toi?
-oui, s'il te plait.
Nous entrâmes dans la pièce.
La vieille étala une natte par terre et après avoir préparé une mixture avec des herbes que je ne connaissais pas, elle me demanda de me coucher.
Elle me donna un morceau de tissu que je serrai entre mes dents. Je relevais ma robe jusqu'à mon ventre et écartais les jambes
-ça fera un peu mal mais sois courageuse. Ce qui est passé est plus douloureuse.
Ces mots eurent le pouvoir de me faire supporter la déchirure de la lame sur le tissu encore sensible de mon vagin, mais ça faisait néanmoins mal.
Je la sentis appliquer sa mixture sur l'incision.
Ça piqua trés fort et je voulus me contracter. Elle me retint.
-c'est l'affaire d'une minute. N'est ce pas que tu ne veux pas que ton mari sente que tu l'as fait? Ça empêchera non seulement à la blessure de saigner mais la douleur va s'estomper d'ici moins de deux heures de temps.
Elle me nettoya et me demanda de me lever.
J'avais mal mais pas plus qu'avec celle d'Ado.
Sur le point de partir, elle me remit un petit sachet avec de minuscules graines Il devait y en avoir moins de cinq; et une bouteille avec une eau verdatre.
-trente minutes avant d'aller au lit avec ton mari, croque en juste une. Ça t'aidera à supporter la douleur. N'en abuse surtout pas. Nettoie toi avec cette eau, c'est un antiseptique naturel fait à base de plante. Bonne chance et surtout sois courageuse.
J'eus du mal à marcher dans un premier temps.
Alima proposa que l'on appelle le chauffeur de l'auberge pour qu'il vienne nous chercher mais sa maman me dit de marcher et que ça me détendra. Comme ça, je m'habituerai à la douleur.
Quand nous sommes arrivées à l'auberge, la douleur était devenu plutôt une sorte de gène mais dés que je vis Wassour, je fois un effort colossal pour me tenir droit.
Il me fit la bise et je m'assoyais à côté de lui.
-vous avez duré. Je suis sûr que vous avez même oublié que vous aviez des hommes à nourrir à la maison à force de vous chercher des parents. Pff....fit mon mari en m'encerclant la taille alors que j'étais debout à côté de lui assis sur un tabouret de bar.
-et ces hommes ne savent pas cuisiner peut être? Lança Alima.
-l'homme mandingue est un roi. C'est cela qu'on t'a appris. Lui dit son mari.
-oh toi, t'es pas mandingue mais tes enfants si. Viens ma Fanta, on va faire le dîner.
Je la suivis après un bisou appuyé de mon mari.
J'eus du mal a m'asseoir au diner mais je tins quand même. Il e fallait car je redoutais fort la réaction de Wassour si jamais il savait que je suis allée me faire inciser sans son autorisation.
Mais heureusement que la matrone m'a fait une petite incision pour ne pas éveiller ses soupçons. Et avec le gel que m'a donné Alima, j'espère lui faire croire que ça a faciliter le tout.
Seigneur Dieu!
Quand nous sommes retournés dans notre hutte (les suites de l'auberge étaient construites comme des huttes), Wassour se mit au lit sans trop de bruit.
On sentait à mille lieux a quel point il était énervé et frustré.
J'entrais dans la salle de bain et avant de prendre une douche, croquais une des graines de la vieille. Je me fis un bain intime avec l'eau que m'avait donné la vieille matrone puis mis juste un kimono en dentelle rouge que Wassour avait lui même choisi quand je faisais le shopping.
Lorsque je sortis de la salle de bain, il avait les yeux clos et n'avait visiblement pas senti ma présence dans la pièce, j'avançais doucement et montais sur le lit.
Il garda toujours les yeux clos.
Je lui caressais le torse en ravalant difficilement la boule que j'avais à la gorge.
Il ouvrit les yeux et me parcourait du regard.
Ma caresse alla jusqu'à son boxeur où j'introduis ma main.
Je n'avais pas le choix, il me fallait mettre ma timidité de côté et être provoquante.
Son membre commença à se durcir.
-Fanta... Commença t-il
Je le fis taire par mon doigt posé sur ses lèvres.
-laisse moi faire s'il te plait.
J'enlevais doucement son boxeur et caressais son membre que j'empoignais en pleine main.
Je pense bien que l'incision sera beaucoup plus petite que ce que je pensais.
La vieille a jugé nécessaire de la faire petite pour ne pas éveiller les soupçons de Wassour et là je doutais vraiment.
Pour ne pas trop y penser, je pris son membre en pleine bouche et commençais à le s***r, comme une glace.
Il commença à gémir et a chercher la ceinture de mon kimono pour me l'enlever.
Sa main frôla mon téton et il s'y attarda en le pinça, ce qui m'excita outre mesure.
Lorsqu'il fut dur comme un roc, il se releva en sortant de ma bouche.
Je me mis sur mes genoux sur le lit, il en fit de même.
Son regard encré en moi, il m'enleva le kimono avant de m'embrasser passionnément avant de me renverser doucement sur le lit, ses mains parcourant tout mon corps.
-Fanta, que va t-il se passer maintenant? Tu es prête? J'ai peur de...
J'attrapais alors le petit tube que Alima m'avait donné et le lui tendit.
-Alima elle aussi a subit la même chose que moi et ceci l'avait beaucoup aidé.
Avant de lui laisser le temps de voir, mes yeux dans les siens, j'en mis une bonne noisette sur le bout de mes doigts et en enduit fortement mon sexe jusqu'à ce qu'il soit complément mouillé et capturais les lèvres de Wassour.
-prends moi s'il te plait Wassour...
Les yeux dans les miens, je le sentis me remplir timidement.
Quand il sentit que le passage était plus facile, il s'arrêta.
-Fanta qu'est ce que tu as fait? Me demanda t-il d'un air grave?
-rien Wassour...le gel de Alima marche, il m'a un peu élargit. J'en ai mis toute la journée.
Il ne sembla pas convaincu mais continua quand même.
J'avais mal mais je me devais d'être courageuse. Pourtant, je ne pus empêcher une larme de couler.
Wass me la sécha avant de continuer doucement ses coups de reins.
Je commençais alors à lui caresser les tétons.
Ce qui le rendit fou et il commença à me donner des coups incontrôlables. Je voulais qu'il jouisse vite.
Si cette graine était sensée diminuer la douleur, je me demande comment ça aurait été sans.
J'avais l'impression qu'on me lacérait non pas le sexe mais le cœur tellement j'avais mal. Le sexe n'en parlons pas.
J'avais tellement mal que j'avais l'impression que mon cœur allait s'arrêtait.
Chaque coup de Wassour était une épreuve de feu que je traversais.
Je me disais sans cesse que ça allait bientôt finir mais Wassour semblait plus à point que jamais, très loin de la jouissance et plus ça durait, plus ça devenait insoutenable.
Quand Wassour fut sur le point de jouir, afin je pense bien, je sentis ses coups s'accélérer et devenir de plus en plus lacérant.
Alors je ne pus empêcher mon cri. Je n'en pouvais plus.
Mais il fut sourd à cela et répondit par des gémissements sourds et un cri bestial avant de s'effondrer sur moi.
Il haleta un long moment avant de se relever. Pendant ce temps, j'essayais tant bien que mal de me contenir.
Il se releva enfin et me regarda tendrement
-je t'ai fait mal? Si?
Je fis non de la tête. Si je parlais, j'allais pleurer.
-parle moi, dis moi quelque chose Fanta.
-un tout petit peu mais ça va.
-excuse moi s'il te plait. Pleure si ça peut t'aider à te soulager et pardonne moi mon cœur.
Je ne pus pleurer de peur de le faire culpabiliser.
-tu veux prendre une douche? Tu veux que je t'aide à te nettoyer?
-non
-d'accord...donne moi juste une minute.
Il me fit un b****r avant de disparaitre dans la salle de bain.
Il sortit de la hutte et je parvins tant bien que mal à rejoindre à mon tour la salle de bain. J'avais le vertige mais je tentais de tenir.
Je me nettoyais avec l'eau verte qui piqua trés fort sur mon sexe, tellement fort qu'au retour au lit, j'eus trés mal à marcher mais je me mis sur le sofa, le drap étant taché de sang.
Wassour revint juste après avec un grand plateau.
-il semblerait que tout le monde savait ce qui allait se passer sauf moi. Ta copine Alima ne parvenait pas à dormir et c'est elle qui a préparé cette infusion et cette bouillotte que j'étais allée chercher.
Il posa le plateau sur la table et regarda le drap un court instant avant de se tourner vers moi puis l'enleva et en remis un autre.
Il plia celui qu'il avait enlevé.
-demain je le donnerai à nettoyer.
-on doit le donner a ta mére qui le donnera à ma famille. Ils y tiennent.
-cela ne regarde que toi et moi. Je pense qu'ils n'ont pas de soucis a se faire sur ta virginité vu tout ce qu'ils ont fait pour la préserver.
Il me porta dans ses bras et me mis sur le lit puis me demanda d'écarter les jambes pour qu'il me masse avec la bouillotte.
-non je le ferai...laisse.
-hum...fit-il en me le passant.
Il s'assit sur le lit en face de moi me regardant me masser douloureusement l'entre cuisse.
Mon vagin lui avait doublé de volume et me faisait tellement mal que j'avais des problèmes pour fermer les cuisses.
Wassour me donna l'infusion.
Ce n'était pas bon, pas bon du tout.
-bois tout, tu verras que ça va te soulager.
Je le forçais et le bus en entier malgré la chaleur.
Puis, il me prit dans ses bras en me caressant la tête jusqu'à ce que je m'endorme.
Le réveil fut terrible.
Quand j'ai voulu me lever, tout mon corps me faisait terriblement mal. Mon vagin encore plus.
Wassour m'aida a prendre ma douche dans la baignoire puis Alima me fit un grand massage, de ceux que l'on fait aux filles vierges le lendemain de leur nuit de noces.
Elle me massa fortement l'entrejambe avec de l'huile de touloukouna. J'en pleurais de chaudes larmes. C'était insupportable mais pour elle c'était nécessaire.
Les vieilles avaient raison en fin de compte. Le sexe qui fait jouir, pleurer ou rire, c'est un mythe.
Mais alors tout ce que je lisais dans ces chroniques, qu'est ce que c'était? Ou est ce juste me début pour moi?
Je me posais toutes ces questions pendant que Alima me massait et que je pleurais de toute mon âme.
Puis quand elle eut fini, elle m'apporta une robe en batik, Wassour ayant fait la valise à sa convenance, avant de m'apporter de la bouillie sucré au miel avec de l'huile de palme.
-je ne vais pas boire ceci Alima. Je préfèrerai mourir.
Wassour qui était là quand elle apporta la bouillie, haussa les épaules comme pour ne pas intervenir avant de sortir.
-kholal boulma fonto, nanal li la wakh (ne te fous pas de moi, bois ça) fit Alima avant d'éclater de rire.
-pourquoi tu ris?
-Fanta sa youhou yi demb nieup nioko dégeu (tout le monde a entendu tes cris d'hier). Heureusement que votre suite est éloignée des autres.
-et toi qu'as-tu fais pour attendre cela?
-j'ai des oreilles partout. Dis moi, c'était comment?
-saf (dur).
-saf nekh wala saf kani? (Sucre ou piment)
-kani (piment) comment peux tu imaginer que cela soit bon.
-wa ça ira bientôt, tu verras. Mais il ne faut perdre le rythme dé. Ce soir, remets toi à ça.
J'ouvris grands les yeux.
-quoi?
-tu veux que la plaie se referme et que tu sois de nouveau obligée de te faire. Tu veux vivre à ce rythme?
-non...fis-je découragée.
-cone niémé ko (alors sois courageuse) et avant que tu ne rentres dinga sentir nekh nekh. Maintenant, bois ça avant que cela ne refroidisse.
Chose faite, Ali sortit pour laisser place a mon mari.
-ça va maintenant? Tu as toujours mal?
-tu veux que je danse pour te montrer que je pette la forme.
Il éclata de rire avant d'appeler à Dakar.
Il me passa sa maman qui me félicita puis on appela chez moi.
Comme je l'avais imaginé, Ado demanda le drap.
Heureusement que Alima savait cela et quand Wassour le lui avait donné pour le nettoyer, elle le mit dans un sachet et me le remit.
Aby nous appela vers dix huit heures elle aussi pour me dire que ma soupe m'attendait à mon retour.
-préviens moi du jour pour que je cherche quelque part à aller. Aby toi et la cuisine vous ne vous entendez pas et la soupe est une chose sérieuse et sensible surtout. Je ne veux en aucun cas mourir d'une intoxication.
-Wassour loma khamal? (Qu'est ce que tu sais de moi?)
-on verra.
Apres qu'elle ait raccroché, nous sortîmes car au menu au restaurant ce soir c'était barbecue et c'était plein
à craquer de touristes.
Mieux, il y avait plein de slameurs ce soir venus de Dakar. Un vrai Régal.
Ça me fit oublier la douleur à moitié. Et je n'avais pas le choix. Sathie deundeu yomb na wayei fokoy teuguémoy wakh dja (voler un Tam Tam est facile. C'est trouver où le battre qui est difficile)
Je devais faire bonne mine pour que Wassour ne se doute de rien.
Vers deux heures du matin, nous sommes retournés dans notre suite.
Je suivis le conseil d'Alima et mis une nuisette sexy avant de rejoindre Wassour au lit. J'avais mal mais pas le choix. Il ne fallait pas qu'il attende que je ne ressente plus de douleur pour me toucher.
-je pense qu'on ne devrait pas ce soir. J'ai peur de te faire mal.
Sans l'écouter, je l'embrassais et descendis sur sa poitrine et suçais ses tentons.
Il en tressaillit et m'enleva ma nuisette avant de me mettre sur lui en appuyant sur sa bosse.
J'eus mal, trés mal...je ne m'attendais pas à celle là.
Il me souleva un peu.
-continue ce que tu faisais s'il te plait, me dit-il en me fixant des yeux alors que je me tordais de douleur et essayais de le cacher.
Il enleva son boxeur et me fit assoir sur son membre d'une maniéré si sèche que j'avais l'impression que le membre m'était arrivée à la gorge.
J'étouffais mon cri.
Il me donna un autre coup plus profond.
Je faillis m'étouffer d'horreur. J'avais oublié les graines de la vieille et venait de me rendre compte de leur pouvoir. Ça faisait mille fois plus mal qu'hier et je ne pus m'empêcher de crier, trés trés fort.
-wooooy sama Ndeye.
-chuuuutttt...n'ameute surtout pas les gens. Supporte et dis moi maintenant pour quelle raison tu es allée te faire inciser par je ne sais qui dans ce village et à mon insu?
________________________ASSIA FALL________________________
J'étais en isolement depuis déjà trois jours et contrairement à ce que l'on pensait, je préférais cette pièce exiguë 'à la cellule.
Ici, j'enrageais. Et plus j'enrageais, plus j'avais les idées plus claires.
Le seul hic dans cette cellule est que j'étais facilement enrhumée et ça me rendait trés faible.
Mais Mystery m'a fait parvenir des médicaments et ça me soulageait.
Mon isolement risque de durer plus que d'habitude parce que j'ai défoncé la gueule à des filles qui m'ont provoqué et l'une d'elle a fini à l'infirmerie.
Le stress et les problèmes rendent maigres les gens. Moi ça m'a grossi, extrêmement grossi. Je devais avoir pris au moins vingt kilos.
Et c'était devenu sujet de railleries de ces files.
Ça ne m'ébranlait aucunement mais il a fallu qu'elle remette ça justement le jour où je reçus des nouvelles de Moustapha Amar.
Je suis retournée en cellule et quand mes prévisions sont venues, Fatou Ndiaye, une des filles de la cellule condamnée pour trafic de c*****e a commencé:
-la première chose que je fais à ma sortie d'ici sera de détourner de l'argent, le donner à mon amant et accusé un gradé de la police. De la sorte, mon séjour en prison sera festif et je serai grosse comme une vache en attendant ma sortie.
Sa copine éclata de rire avant de dire:
-ah non, il faudra être plus intelligente que certaine (en me regardant droit dans les yeux) et ne peut se faire attraper.
Je me levais alors et pris la tête de cette dernière que j'écrasais sur mon genoux avant de m'acharner sur elle avec rage.
Je fus mis en isolation et refusais alors de parler à personne.
-Assia, ça te dit. de sortir d'ici même pour une heure et d'aller humer l'air frais du dehors? Je pourrai demander à Mystery de venir te prendre.
-tu peux vraiment faire ça pour moi?
-oui je peux m'arranger avec d'autres gardiennes. On l'a déjà fait avec des détenues de confiance.
-Ndella alors fais moi sortir d'ici. J'ai un plan pour faire payer Moustapha Amar sans qu'il ne se rende compte de rien. Un mois Ndella, j'ai besoin d'un mois pour lui régler son compte et l'idéal serait qu'il croit que je suis toujours en prison. S'il te plait.
-Assia c'est une mauvaise idée. Je ne t'écouterai même pas. Ne compte pas sur moi. Tu ne peux pas être dehors pendant un mois ni même en isolement.
-je rentrerai chaque soir et si on me sort d'ici je créerai un autre boucan, avec l'aide de Khady s'il le faut mais pour l'amour du ciel aide moi.
-la prochaine fois que tu créeras un autre problème, non seulement on allongera ta peine mais c'est à Kédougou que tu iras la purger.
Elle me tourna le dos et partit.
Il fallait que je la convaincs. Il fallait que je sorte d'ici maintenant que je savais que cette possibilité existait.
Je commençais alors à étouffer, à force de vouloir coute que coute sortir.
J'avais conscience que j'allais changer tous nos plans, à moi et à Mystery et que le temps passé à m'attendre serait du temps perdu pour rien, mais si jamais je parviens à convaincre Ndella, Moustapha Amar paiera bien avant ma sortie et surtout, il dira lui même quel genre de personne il est.
Malheureusement, Ndella ne revint pas pendant quatre jours. Et je décourageais.
Mon plan était fou. Je m'en rendais compte.
Alors que je broyais du noir, elle vint me trouver en chuchotant:
-prépare toi girl! Mystery passera te prendre ce soir à vingt heures. Mais attention, tu seras de retour à minuit. Vous peaufinez votre plan et après on verra comment te faire sortir d'ici chaque aube et te faire rentrer le soir. Et vous avez intérêt a ce que ça marche. Je l'ai dit a Mystery. Je risque ma vie.
-vraiment? Tu ne te moques pas de moi?
-ai-je cette tête? Bon je te laisse. A plus.
Je n'en croyais pas mes oreilles.
Non c'était trop beau pour être vrai.
Je devais sûrement être entrain d'halluciner à force de ne vouloir que cela.
Du coup, je n'ai pas bouger de ma position jusqu'a ce que Ndella revienne. J'avais même mal au dos.
Elle ouvrit la porte et me demanda de la suivre en silence.
Je voulus poser mille question, j'étais subitement devenue loquace. Elle se retourna et me dit de manière ferme:
-Assia, tais toi.
On passa dans une sorte de tunnel noir éclairer par la lumière du portable de Ndella jusqu'a une petite porte qu'elle ouvrit et qui donnait sur une petite ruelle déserte.
Elle me laissa là et ferma la porte.
Une voiture avança sans allumer ses phares. Je m'adossais au mur autant que je pouvais car la ruelle était trés étroite. Arrivé jusqu'à ma hauteur, le conducteur descendit et vint me prendre dans ses bras.
-Je n'arrive pas à y croire.
Moi qui me voulait forte, je versais de chaudes larmes au point de ne pouvoir parler.
-calme toi s'il te plait et viens avant que quelqu'un ne vienne. Et surtout, il ne faut pas perdre du temps.
Le trajet se fit à la vitesse de la lumière.
Dakar avait changé, étrangement changé. J'avais l'impression d'être dans un autre monde tellement j'étais perdue.
Des routes, des ponts, des échangeurs, des édifices, tant de choses nouvelles que je n'avais pas laissé ici, en plus des décorations pour les fêtes de fin d'année. Ça ressemblait un peu à ces villes européennes sue je voyais à la télé.
La vie a continué dehors pendant que pour nous qui sommes dans les mailles de la justice, le temps s'était arrêté.
Mystery s'arrêta devant un immeuble grand standing à la façade aux vitres bleue.
Je sortis et le suivi, ma tête enfoncé sous la capuche qu'il m'avait donné. Il y avait beaucoup de gens dehors.
-tu veux prendre une douche?
-je veux d'abord voir Nazir. Répondis-je excitée.
-il dort chez ma tante ce soir. Je ne voulais pas le laisser seul et il n'a pas de nounou. Il faut que j'en cherche une maintenant que j'y pense. C'est vraiment toi Assia? Alors, tu es prête? Tu es vraiment sûre de toi? Tu penses vraiment que ça peut marcher?
-si on essaie pas, on ne saura jamais. La prison ne me fait pas peur. La mort encore moins.
-ne pense pas à ça. Positivise.
-d'accord...montre moi la salle de bain, que je la prenne cette bonne douche.
Il m'amena dans une chambre et m'y laissa.
La première chose à la quelle je fis face, fit moi même, mon reflet à travers une grande glace.
J'avançais et avais l'impression d'être en face d'une étrangère.
Cinq ans presque sans m'être regardée dans une glace.
Je me touchais le visage et me regardais avec insistance.
J'avais autant grossi alors?
Des courbes partout. J'étais devenue grosse et c'était vraie. J'étais joufflue. Je ne me reconnaissais pas.
Les filles avaient raison, j'étais devenue une vache.
Après la douche, je trouvais un pantalon en denim et un top ainsi qu'un pull sur le lit. Je les mis et sortis trouver Mystery dans le salon, à table m'attendant pour manger.
-tout ça pour qui?
-j'ai pensé que tu aurais envie de mangé un peu de tout ça.
-on peut nourrir un régiment avec ça.
-n'exagères pas non plus han. Dépêche toi sinon on ne pourra pas avoir le temps.
-dis moi, je suis aussi grosse que ce que j'ai vu à travers le miroir? Je ne m'en étais pas rendue compte.
Il sourit
-oui, tu as vraiment pris du poids et cela m'a toujours étonné vu a quel point tu souffrais et stressais en prison. Faut croire que le stress et la souffrance a l'effet contraire sur toi. Mais ça te va trés bien. Je te préfère comme ça que le tas d'os que tu étais quand je venais de te connaitre.
Ça me fit amèrement rire.
-mais mange avant que cela ne refroidisse. Même moi j'ai faim.
Il y avait un peu de tout sur la table. J'y allais à fond et n'en pouvant plus, je m'arrêtais.
-Assia, khawma wone né ninga mané daur? (Je ne savais pas que tu étais si gourmande?)
-je peux pas bouger
Il me tendit une boite de chewing gum
-prends ça, ça devrait t'aider à digérer et allons y avant qu'il ne se fasse tard. Je dois te ramener avant minuit.
Je me levais difficilement et le suivis.
Il m'amena dans un beau quartier résidentiel de Dakar, ce genre de quartier huppé et s'arrêta en face d'une maison majestueuse aux allures de palais.
-c'est ici qu'il habite maintenant.
Je descendis pour y voir plus clair.
A l'instant même, une grosse voiture dont je ne connaissais pas la marque de couleur rouge s'immobilisa devant l'imposante bâtisse où était écrit en lettre dorée éclairée par une lampe VILLA AMAR.
Il en sortit et ouvrit la portière coté passager à une femme qui descendit et le suivis.
Sa femme sûrement.
Je serrai des poings.
Je faisais "face", cinq ans après à l'homme qui a détruit ma vie et m'a réduit à zéro.
Mes larmes perlèrent.
Je les essuyais rageusement. Moustapha Amar était passé Général de division maintenant. C'est ce qui m'avait enragé ce jour la quand Mystery me l'avait dit. Plus, il venait d'ouvrir une succursale de sa société de gardiennage qui avait gagné tous les gros marchés du payer obtenu à coup de cheque donné en douce, au Mali, mais c'était plus pour faciliter son t**************e qui était son principal source de revenu.
-à nous deux Général Amar. Ton heure a sonné.