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Sous l’œil des brahmes

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Sur les flots bleus de la Méditerranée, un magnifique yacht blanc glissait majestueusement. Sur son étrave, on lisait, en lettres d’or, le nom que lui avait donné son propriétaire, le maharajah de Bangore : La Trimourti.

À bord, un couple radieux vivait le plus enchanté des rêves... Maun-Sing, le riche maharajah, emmenait dans son pays mystérieux une délicieuse fiancée que le hasard, providence des amoureux, avait placée sur son chemin. Et Manon, la charmante jeune fille dont le destin contraire avait fait une humble ouvrière en broderie, ne croyait pas encore à son bonheur.

Le maharajah, qui aimait la France et y faisait de longs séjours, connaissait Manon depuis longtemps. Alors qu’elle n’avait que six ans, elle avait été endormie, dans un dessein malveillant, par un brahme aux pouvoirs magiques et lui, qui connaissait tous les secrets de son pays, l’avait réveillée alors qu’on désespérait de la sauver. Il l’avait retrouvée, plus tard, jeune fille, en butte aux persécutions de ce même Hindou et d’un Français et, à la fois pour la soustraire à ces bandits et parce que l’amour s’était glissé dans son cœur, il l’avait enlevée et... séquestrée sur son yacht... sans que personne de son entourage puisse savoir ce qu’elle était devenue.

Manon avait vivement protesté contre ces méthodes qui, de prime abord, apparaissaient plus dignes d’un forban que d’un gentleman. Mais elle aussi, dans le secret de son cœur, aimait le beau Maun-Sing et elle avait été vite conquise. La veille de ce jour lumineux, elle avait dit avec un délicieux émoi et une charmante simplicité :

– J’accepte de devenir votre femme...

Et par cette simple phrase, elle avait tiré un grand trait sur son passé d’enfant trouvée à qui la vie avait offert plus d’épines que de roses.

Elle n’avait mis à ce mariage qu’une condition : être mariée par un prêtre catholique et Maun-Sing s’était incliné avec courtoisie.

Il cherchait en toutes choses à contenter les moindres désirs de Manon.

– Demandez-moi ce que vous voudrez, lui avait-il dit. Ici, tout vous appartient, tout vous obéira, parce que je le veux...|

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ISur les flots bleus de la Méditerranée, un magnifique yacht blanc glissait majestueusement. Sur son étrave, on lisait, en lettres d’or, le nom que lui avait donné son propriétaire, le maharajah de Bangore : La Trimourti. À bord, un couple radieux vivait le plus enchanté des rêves... Maun-Sing, le riche maharajah, emmenait dans son pays mystérieux une délicieuse fiancée que le hasard, providence des amoureux, avait placée sur son chemin. Et Manon, la charmante jeune fille dont le destin contraire avait fait une humble ouvrière en broderie, ne croyait pas encore à son bonheur. Le maharajah, qui aimait la France et y faisait de longs séjours, connaissait Manon depuis longtemps. Alors qu’elle n’avait que six ans, elle avait été endormie, dans un dessein malveillant, par un brahme aux pouvoirs magiques et lui, qui connaissait tous les secrets de son pays, l’avait réveillée alors qu’on désespérait de la sauver. Il l’avait retrouvée, plus tard, jeune fille, en butte aux persécutions de ce même Hindou et d’un Français et, à la fois pour la soustraire à ces bandits et parce que l’amour s’était glissé dans son cœur, il l’avait enlevée et... séquestrée sur son yacht... sans que personne de son entourage puisse savoir ce qu’elle était devenue. Manon avait vivement protesté contre ces méthodes qui, de prime abord, apparaissaient plus dignes d’un forban que d’un gentleman. Mais elle aussi, dans le secret de son cœur, aimait le beau Maun-Sing et elle avait été vite conquise. La veille de ce jour lumineux, elle avait dit avec un délicieux émoi et une charmante simplicité : – J’accepte de devenir votre femme... Et par cette simple phrase, elle avait tiré un grand trait sur son passé d’enfant trouvée à qui la vie avait offert plus d’épines que de roses. Elle n’avait mis à ce mariage qu’une condition : être mariée par un prêtre catholique et Maun-Sing s’était incliné avec courtoisie. Il cherchait en toutes choses à contenter les moindres désirs de Manon. – Demandez-moi ce que vous voudrez, lui avait-il dit. Ici, tout vous appartient, tout vous obéira, parce que je le veux. Et plus bas, en baisant la main charmante ornée de l’étincelant saphir qu’il lui avait offert comme bague de fiançailles, il avait ajouté : – Moi tout le premier... Son intelligence souple et profonde, ses dons intellectuels, sa brillante culture d’esprit, s’unissaient à sa séduction physique pour captiver Manon. L’amour s’emparait, chaque jour un peu plus, de ce cœur de jeune fille... Elle vivait en plein songe féerique, dans l’ensorcelante atmosphère que lui faisait l’amour de Maun-Sing. Ahélya, la sœur du maharajah, à qui, en France, elle avait donné des leçons de broderie, la quittait le moins possible, se promenant avec elle sur le pont, ou travaillant près d’elle sous la tente qui les abritait des ardeurs du soleil. Ahélya était souvent accompagnée par sa servante, Sâti, une jeune Hindoue qui n’était pas très sympathique à Manon. Dans les yeux noirs de cette fille, souvent cachés sous leurs paupières mates, elle avait cru voir plusieurs fois une lueur de haine, quand ils glissaient un regard vers elle. Parfois aussi, elle rencontrait le conseiller et confident de Maun-Sing, un brahme nommé Dhaula qui avait élevé le maharajah. Il l’enveloppait d’un coup d’œil défiant et murmurait sur son passage des paroles qui semblaient des malédictions. Cela n’allait pas sans l’inquiéter un peu... Cependant, au milieu de son bonheur imprévu, qui la grisait un peu, Manon pensait à ses amis de France qui devaient être fort inquiets de sa disparition subite. Certes, elle était heureuse, mais elle ne devait pas oublier ceux qu’elle avait aimés autrefois. Quelques jours après ses fiançailles, elle avait demandé au maharajah si elle ne pourrait pas leur écrire, pour les rassurer sur son sort. Il répondit : – Oui, pourvu que vous ne donniez aucune indication susceptible de faire retrouver votre trace... J’enverrai cette lettre à Marseille, afin qu’un homme sûr la fasse partir d’une petite ville quelconque de la région, pour égarer les recherches possibles. Manon avait donc écrit à une de ses amies, Lucie, qui habitait la même maison qu’elle et pour laquelle elle éprouvait une vive amitié. Mais, suivant le désir exprimé par le maharajah, sa lettre avait été brève : « Ne vous tourmentez pas pour moi, mes chers amis. Je suis très heureuse. Un jour, je l’espère, nous nous reverrons. « Votre toute dévouée, « Manon. » Maintenant, La Trimourti approchait du but... Encore deux jours et les côtes de l’Inde apparaîtraient. Un samedi, tandis qu’elle regardait à l’arrière du yacht les évolutions amusantes d’un jeune singe, Manon entendit des gémissements. Elle se précipita vers l’endroit d’où ils venaient et vit un robuste Hindou en train de donner la bastonnade à un homme étendu à terre. Il y allait avec vigueur et le malheureux se tordait de souffrance. Manon s’écria : – Laissez-le !... Laissez-le !... Qui vous a ordonné ?... L’Hindou, s’interrompant une seconde, répondit laconiquement : – Eh bien ! attendez !... Je vais lui demander... Et elle s’élança vers l’avant du yacht. Maun-Sing, à demi étendu dans un fauteuil, fumait en écoutant la lecture des journaux anglais que lui faisait Jeimal. La jeune fille vint à lui, en s’écriant : – Je vous en prie, ordonnez qu’on cesse le supplice de ce pauvre homme !... C’est trop affreux ! – Quoi donc ?... Quel supplice, chère Manon ? Tout en parlant, le maharajah jetait sa cigarette, se levait et s’approchait de la jeune fille. – Un malheureux qu’on bat cruellement... Il paraît que c’est par votre ordre ? – Sans doute est-ce d’Anang que vous voulez parler ?... C’est un paresseux fieffé, que je fais mettre à la raison. – Oh ! c’est trop !... c’est trop ! Pardonnez-lui maintenant ! Elle le suppliait, les mains jointes, le regard chargé de prière. Il murmura passionnément : – Vous êtes plus ravissante que jamais, ce matin, Manon ! Que pourrais-je vous refuser ? Je n’ai que le désir de vous être agréable. Et, tout haut, il ordonna, s’adressant à Jeimal : – Va dire que je fais grâce à Anang. Le favori s’inclina profondément et s’éloigna. Alors, Maun-Sing prit la main frissonnante de Manon et, penché vers sa fiancée, il demanda avec une caressante ironie : – Le cœur sensible de ma chère Manon me taxe sans doute de cruauté ? – Oh ! oui !... Pour une faute de paresse, un pareil châtiment ! – Qu’auriez-vous dit au temps de mes ancêtres ? Comment, vous avez les larmes aux yeux ?... Allons, ma bien-aimée, oubliez cela ! Montrez-moi votre délicieux sourire que j’adore ! Il s’inclinait, baisait les cheveux soyeux, puis le front si blanc, doux et satiné comme un pétale de rose... Et Manon sourit, tandis qu’une larme achevait de glisser sur sa joue. Car elle venait de comprendre qu’elle obtiendrait tout de l’homme qui l’aimait avec une si fervente, si exclusive passion. * Vers la fin d’un après-midi, dans la clarté adoucie du soleil couchant, le maharajah de Bangore arriva avec sa suite à l’entrée de l’étroite vallée où s’élevaient le palais de Madapoura et la ville qui avait été la capitale de ses ancêtres. Ville bien déchue, presque morte, depuis la dépossession de son souverain par les Anglais. Ceux-ci y entretenaient un petit poste, d’ailleurs considéré comme inutile, l’actuel maharajah ne donnant pas prise à la moindre défiance et les habitants se tenant toujours fort tranquilles. Manon, du haut de l’éléphant sur lequel elle se trouvait assise, dans une riche haudah, près de la princesse Ahélya, entrevit un lac sombre, des palais, des maisons à terrasses, une végétation luxuriante, de féeriques jardins, tout cela dispersé au fond de la vallée, qui avait la forme d’un cratère profond entouré par la jungle épaisse. À gauche, sur une hauteur, se dressait le palais, vision merveilleuse dans la pâleur du soleil déclinant qui caressait les dômes recouverts d’émaux bleus et de plaques d’or, les balcons dorés, les tourelles de marbre devenues d’une délicate nuance de vieil ivoire. La petite population de la ville se tenait prosternée sur le passage du maharajah, qui montait un superbe cheval d’un noir d’ébène. Il y avait aussi quelques soldats anglais, à l’attitude correcte, quelques étrangers, curieux et intéressés, au respectueux salut desquels Maun-Sing répondait avec une grâce hautaine. Le cortège gravit lentement les rampes dallées qui menaient au palais, entre des remparts crénelés dont la base reposait sur des contreforts plongeant à pic dans la vallée. Une porte en ogive, précédée d’un corps de garde, donnait accès à la première enceinte... De distance en distance, trois autres portes monumentales, encore garnies de herses, défendaient l’accès du palais. La chaussée, en pente raide, s’élevait le long de parois rocheuses et de rocs surplombants, où, comme l’expliqua Ahélya à Manon, étaient creusées des cavernes et sculptés des autels, des statues, des bas-reliefs. Elle lui montra aussi des bassins qui s’enfonçaient dans le roc, à une grande profondeur, et qu’alimentaient des sources ; au-dessus s’élevait un élégant plafond de pierre que supportaient des colonnes. Un peu partout se voyaient, taillées dans le roc, des figures d’hommes ou d’animaux. Tout cela, dans la tiède clarté du couchant, apparaissait à Manon comme une vision fantastique des âges passés. Puis, l’arche sarrasine de la quatrième porte passée, la jeune fille vit sur sa droite une des façades du palais, posée au bord même du roc vertigineux qui descendait à pic dans la vallée. Elle était sobrement décorée de balcons, de pilastres, de cordons dentelés, de mosaïques en briques émaillées, d’élégants clochetons sculptés. Puis, en tournant, Manon aperçut la façade principale, ornée d’émaux d’une merveilleuse variété de nuances, et au centre de laquelle se dressait une monumentale porte de marbre, ornée d’admirables mosaïques. Là, le maharajah et sa suite mirent pied à terre... Tandis que Maun-Sing disparaissait à l’intérieur du palais, Ahélya et Manon traversaient une cour entourée de colonnades de marbre, rafraîchie par des eaux jaillissantes, et de là gagnaient un des palais de rêve disséminés dans un ravissant jardin. – Voilà celui que Maun-Sing vous a destiné, chère Manon, dit Ahélya. Ce petit palais de marbre blanc était la plus délicieuse chose du monde. Des mosaïques en pierres précieuses le décoraient, à l’intérieur et à l’extérieur. De véritables dentelles de marbre formaient les fenêtres qui donnaient sur la vallée. D’autres, à arceaux dentelés, ouvraient sur le jardin... Les chambres, très fraîches, s’ornaient de dorures, de mosaïques, de délicates peintures. Sur le dallage de marbre d’un salon étaient dessinés des fleurs, à l’aide d’agates, d’onyx, de sardoines. Ce fut dans ce palais des Mille et une Nuits, où le confort européen s’unissait à la splendeur orientale, que Manon dormit son premier sommeil à Madapoura, dans l’atmosphère parfumée des innombrables senteurs du jardin enchanté, à peine entrevu encore.

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