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1881 Words
La voix profonde et chaude soudaine d’un homme la fit sursauter.             Se retournant, Lilah resta sans voix, la bouche soudaine sèche, en apercevant le plus bel homme qu’elle n’ait jamais rencontré. Les cheveux noirs et les yeux bleus presque clairs, il la scrutait à lui donner des frissons. Elle dévisagea ses traits rudes si masculins, sa fine bouche, sa mâchoire carrée ombré d’une barbe lâche lui donnant l’air négligé. Il portait un vieux jean un t-shirt blanc qui laissait voir des bras forts velus et tout en muscle. En fait, sa tenue ne cachait rien de son corps athlétique. Il était vraiment séduisant.             L’homme la toisa, un air impassible, un moment du bas de l’escalier. Il dégageait un truc de dangereux mais au lieu d’en être effrayé cela était plutôt fascinant. - C’est une propriété privée, reprit-il en la rejoignant.             Il ne la saluait même pas. - Bonjour, excusez-moi mais je cherche quelqu’un. Une vieille amie dont la famille louait cette maison il y a une dizaine d’années. Je ne sais pas si elle vit encore ici ou encore si elle se souvient encore de moi, dit-elle avec un sourire gêné. - Plus personne ne vit ici, répondit-il sèchement après avoir grimpé les marches. Pas en ce moment mais dites-moi son nom et je verrai si je peux vous renseigner. - Il s’agit de Sarah Reed.             Soudain, elle vit l’homme se figer et à ce moment sortir de nulle part Max qui courut vers l’homme. Mais au moment où elle s’apprêtait à le rappeler à l’ordre l’homme se baissa et se mit à caresser affectueusement le chien, le visage plus détendu. - Qu’est-ce que tu fais ici, Max ? Tu te ballades encore tout seul en ville. Patrick doit s’inquiéter.             Surprise, Lilah observa l’homme si familier avec Max. Ils se connaissaient de toute évidence. Après un moment, le chien revint vers elle et la regarda puis s’assit près d’elle le plus simplement du monde. Ce fut au tour de l’homme de les observer étrangement. - Il semble bien vous connaître ? dit-il d’un ton soupçonneux en plissant les yeux. - On se connait assez bien, dit-elle d’un ton sec. Excusez mais savez-vous où je pourrais contacter Sarah… - Au cimetière, la coupa-t-il. Sarah Reed est morte il y a un peu plus de deux ans. - Mon Dieu !             Choquée par la nouvelle, elle sentie les jambes se dérobée sur ses jambes. L’homme fut près d’elle en quelques secondes et lui saisit le bras mais déjà elle commençait à se remettre. Elle ne s’attendait pas simplement pas à une telle nouvelle même au bout de toutes ses années sans contacts. - Merci ! dit-elle d’une voix coupée en se dégageant. Je…je crois que je vais y aller. - Vous êtes sûre que tout va bien ?             Hochant la tête, elle lui lança un au revoir voulant soudain fuir cet endroit et descendit les marches suivit de Max et se mit à marcher, presqu’à courir vers la plage. Après un moment, elle dut s’arrêter pour prendre son souffle.             Sarah était morte. Et cela faisait plus de deux ans. Lilah sentit son cœur se serré et le souffle lui manqué. Elle ne savait pas comment réagir. Cela faisait certes dix ans qu’elle ne l’avait ni revu ni entendu parler d’elle mais cela n’empêchait qu’elle était triste. La mort était toujours triste. Elle revoyait encore le visage lumineux de cette adolescente et son sourire rêveur.             Elle devait avoir le même âge qu’elle aujourd’hui, vingt-six ans. La vie était si injuste, mourir si jeune. Max émit un triste jappement comme s’il ressentait sa tristesse. Elle lui caressa tendrement la tête avec un sourire triste. - On y va, Max ! dit-elle en poussant un triste soupir. Oncle Patrick doit nous attendre.             Scrutant la plage, elle poussa un soupir et reprit sa route.                                                                                             *** Le Hill était un de ses vieux bars en vieux chênes. Son oncle Patrick le tenait depuis une bonne quinzaine d’année. Depuis qu’il avait dû quitter l’armée pour cause de blessure. En entrant à l’intérieur, elle fut emplie d’un brin de nostalgie en observant la pièce si familière qui la fît sourire. Le comptoir avec ses hauts tabourets, les tables où étaient installés par groupes les clients, les larges fenêtres qui permettaient d’avoir une vue sur les rues et le port de pêche. Tout y était comme dans ses souvenirs. Toutefois, il y avait très peu de monde dans le bar mais cela n’avait rien de bien étonnant puisqu’on était qu’en début d’après-midi. Lilah chercha son oncle du regard mais elle ne le vit pas comme elle l’aurait pensé derrière le comptoir du bar mais ce fut Rod - un grand afro-américain approchant la cinquantaine - qu’elle aperçût. Elle fut quelque peu surprise de le voir derrière le bar plutôt qu’en cuisine car ici c’était lui le chef cuistot et il préparait des hamburgers aux poissons incroyables. Elle se dirigea vers lui et le salua avec un grand sourire. - Ça alors Lilah ! dit-il d’un ton surpris et ravi. Ton oncle m’avait dit que tu revenais dans le coin mais je n’aurais jamais imaginé te voir ainsi. T’es canon, ma belle ! dit-il en lorgnant ses jambes. - Merci, Rod ! Le remercia-t-elle en riant. Toi aussi, tu n’es pas mal. Au fait où est-il, mon oncle ? - Là-haut, dans son bureau, dit-il en levant les yeux vers une cage d’escalier.             Tournant la tête, elle scruta l’escalier métallique qui menait à la petite pièce installée au-dessus du bar. Ainsi, il se trouvait dans son bureau en plein après-midi. Son sixième sens lui soufflait que cela fût assez inquiétant. - Je vois, dit-elle dans un soupir en reportant son regard sur Rod. Bon, ça a été un plaisir de te revoir, Rod. - Moi aussi. À toute, bella.             Après un dernier signe, Lilah se dirigea vers les escaliers. Elle retrouva son oncle derrière son bureau, penché sur des papiers. Il avait l’air des plus concentrés. - Je pensais que tu te reposerais après ta petite promenade, lança-t-il sans levé la tête à peine franchit-elle l’entrée.             Pendant un moment, elle se demanda comment il avait su que c’était elle mais elle le connaissait assez pour ne pas avoir oublié cette particularité qu’il avait de reconnaître les gens par le bruit de leur pas ou leur odeur. - Plus tard, tonton. J’ai tout le temps pour ça.             Il eut un sourire en coin sans levé la tête. - Comment s’est passés ta petite promenade ? - Bien, dit-elle d’un ton las ne voulant pas parler de ce qui c’était passé avec sa rencontre avec cet inconnu. Il y avait beau monde sur la plage. Sur certaines plages, dit-elle en prenant place dans l’unique autre chaise. Tu m’as l’air très occupé ? Besoin d’un coup de main.             Patrick continua sa lecture puis levant la tête, scruta sa nièce avant de pousser un long soupir. Tirant un tiroir, il y farfouilla et sortit un dossier qu’il lui tendit. - Tes parents, et en particulier ta mère, n’arrêtent pas de vanter ton incroyable talent de consultante. - Je suis la meilleure, dit-elle avec un brin de fierté. Qu’est-ce que c’est que tout ça ? - Des factures, des papiers de la banque,… des dettes, dit-il dans un soupir. Patrick poussa un autre soupir et s’adossa contre le dossier de sa chaise. Depuis son entré dans le bureau et même son arrivée, elle avait bien vu à son expression qu’il lui cachait un gros truc et il préférait lui laisser le découvrir. Que pouvait-il bien lui arriver ? Elle adorait son oncle. Lorsque ses parents avaient lancé leur procédure de divorce s’était à peine s’ils s’occupaient d’elle. Patrick avait sans la connaître pris soin d’elle. Il n’était alors pas marié et n’avait pas d’enfants - ce qui était bien dommage. Et depuis rien n’avait changé. - Tu n’es pas là seulement en vacances, n’est-ce pas ? Elle lui répondit avec un sourire penaud. Il poussa un soupir. - Je m’en doutais, dit-il en secouant la tête dépité. Le timing était trop parfait après le petit séjour de tes parents ici. Alors, que t-ont-ils dit ? Qu’est-ce que ta mère t’a prié de faire ? - Droit au but, comme toujours, dit-elle avec un grand sourire. Elle s’inquiète pour toi et j’ai l’impression qu’elle a bien raison. Tu veux m’en parler ? Et, ne me dis pas que tu vas tout régler et qu’il n’y a rien. Je te connais tonton, tu crois toujours pouvoir t’en sortir seul mais un coup de main, même petit, n’est pas une mauvaise chose et si je peux le faire laisse-moi le faire.             Son oncle poussa un soupir de lassitude puis baissant la tête sur les documents éparpillés sur la table du bureau, secoua la tête. - Tu devrais profiter de l’été et de la plage ici plutôt que de fouiner dans tout ça, dit-il avec un rire de dérision en redressant la tête. Mais te connaissant et étant aussi tête de mule que ta mère tu ne vas pas me lâcher avant d’avoir obtenu gain de cause, n’est-ce pas ? Ok. Lis tout ceci et tu me diras ce que tu en penses.             Lilah ne put s’empêcher de lui sourire en le regardant réunir les documents épars dans une chemise. - Je te remercie vraiment de ta confiance, oncle Patrick. Je vais lire tout cela aussi minutieusement que s’il s’agissait d’un travail rémunéré à faire.             Son oncle lui lança un regard suspicieux alors qu’elle lui prenait le dossier des mains et se levant alla lui b****r la joue, ce qui le fit sourire. - Ça ne te dérange pas si j’étudie tout ça en bas ? Je te promets d’être discrète et de me trouver un coin tranquille. - Pas du tout mais tu me les rapportes dans le même état. - Comprit, chef ! dit-elle en mimant un salut militaire qui le fit rire.
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