Chapitre 4 : Le Jeu de l’Illusion

1110 Words
Le Jeu de l’Illusion Carmen La tension dans la pièce était palpable. Dante venait de s'éloigner d'un pas, mais son regard perçant restait ancré sur moi, comme une flèche prête à s'abattre. Je pouvais sentir son attention sur chaque mouvement que je faisais, chaque respiration que je prenais. Il savait comment manipuler l'air autour de lui, comment m'influencer sans prononcer un mot. Et malgré moi, une partie de moi frémissait sous ce regard glacial. Je n'étais pas habituée à être observée de cette manière. En temps normal, je contrôlais les situations, je choisissais mes moments, mes paroles. Mais là… tout semblait se jouer sur un fil tendu, et chaque décision pouvait être fatale. Je pris une grande inspiration pour me redonner contenance, mais mes jambes semblaient presque trembler sous la pression. C'était ridicule. Je ne pouvais pas me laisser avoir aussi facilement. Pas face à lui. Il tourna légèrement la tête vers son homme qui était toujours dans l'encadrement de la porte, attendant des instructions. Dante lui lança un regard froid, un simple geste de la main, et l'homme se retira immédiatement sans un mot. La porte se referma dans un cliquetis métallique, et une étrange solitude s'installa dans l’espace. Quand elle se ferma derrière lui, Dante se tourna de nouveau vers moi, son regard devenu encore plus pénétrant. Cette fois, il n'y avait plus de défi ni de moquerie dans ses yeux. Il y avait quelque chose d'autre. Une intensité qui me déstabilisait. "Tu vois, Carmen," dit-il d'une voix basse, presque murmurée, "dans ce monde, la seule chose qui compte, c'est ce que l'on est prêt à sacrifier." Ses mots glissèrent sur ma peau comme une caresse froide. "Et toi… tu as l'air de croire que tu peux jouer à ce jeu sans conséquences. Mais c’est là que tu te trompes." J'avais l'impression que chaque syllabe qu'il prononçait s'enfonçait dans ma chair, me forçant à remettre en question tout ce que je pensais savoir. Son regard me traversait, me scrutait d'une manière que je ne pouvais ignorer. C'était comme s'il voyait à travers moi, lisait chaque pensée cachée, chaque peur non avouée. Je voulais répondre, mais les mots me manquaient. Il m'avait mise sur la défensive. Dans cet échange, il ne s'agissait plus seulement de stratégies, de pouvoir ou de contrôle. C'était devenu plus intime. Ses yeux, froids et impénétrables, cherchaient à dénouer les fils les plus cachés de mon esprit. Un léger silence s'installa entre nous, et, pour la première fois, je ressentis une légère hésitation, un moment où mon masque vacillait. Peut-être était-ce son calme, ou la manière dont il se tenait là, tout près, mais j'avais l'impression que la distance entre nous, qui semblait autrefois sûre, s'était soudainement réduite. J'étais à la fois sur mes gardes et terrifiée par ce que ce jeu pourrait devenir. Il s'approcha encore d'un pas, et cette fois, je ne parvins pas à soutenir son regard. Mes yeux s'abaissèrent un instant, trahissant la vulnérabilité que je voulais garder cachée. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était suffisant pour que je sente son sourire se former. Un sourire discret, comme un prédateur qui avait repéré sa proie hésitante. "Tu n’es pas aussi indestructible que tu le crois, Carmen," dit-il, sa voix douce mais pleine de sous-entendus. "Tout le monde a des failles. Il suffit juste de les trouver." Je sentis mon cœur s'accélérer légèrement, mais je me ressaisissais rapidement. Je ne pouvais pas lui donner ce plaisir. "Je n’ai pas besoin d’être indestructible, Dante," répliquai-je, la voix plus tremblante que je ne l'avais voulu. "Il suffit de savoir où se trouve la force." Un léger éclat passa dans ses yeux, comme s’il avait reconnu la vérité dans mes mots. Mais, au lieu de me répondre, il se rapprocha encore. Cette fois, il était si proche que je pouvais sentir sa chaleur, une chaleur qui contrasta avec l’intensité de son regard. Il était là, juste devant moi, et je pouvais entendre son souffle se mêler au mien. Chaque respiration semblait résonner dans la pièce, amplifiée par le silence lourd qui nous enveloppait. J’avais l’impression que le temps s’était suspendu, qu’il n’y avait plus que lui, moi, et l’air saturé de tension. "Et tu crois que tu peux contrôler cette force ?" demanda-t-il, sa voix presque murmurée, mais chaque mot portait la force d’une vérité qu’il voulait m’imposer. "Parce que, Carmen, dans ce monde, c'est la force de ceux qui savent manipuler les autres qui règne. Et tu vas apprendre, peut-être même plus tôt que tu ne l'imagines, que c'est un monde où il n’y a pas de place pour les faibles." Je me sentais plus vulnérable que je ne voulais l'admettre. Il avait raison, d'une certaine manière. Ce monde ne faisait pas de cadeaux. Mais tout en moi, une flamme obstinée se ralluma. Je n'étais pas faible. Pas encore. Et je n'allais pas le laisser me faire douter de ma propre force. Je pris une respiration plus profonde, levant de nouveau les yeux vers lui. Cette fois, je ne détournais pas le regard. Peut-être étais-je encore incertaine, mais je savais une chose : je n'allais pas me laisser briser aussi facilement. "Je ne suis pas faible, Dante," murmurai-je, ma voix plus ferme. "Et je n’ai pas l’intention de me soumettre à toi." Il demeura silencieux un moment, observant cette nouvelle détermination qui naissait en moi. Puis, un sourire lent se dessina sur ses lèvres, un sourire qui semblait en dire long sur ce qu’il pensait. Il savait qu’il venait de raviver quelque chose en moi. Il savait qu’il venait de poser une nouvelle règle, une nouvelle frontière que je n’avais pas encore franchie. Il s'éloigna alors légèrement, comme s'il savourait l'effet de ses paroles. Mais l'atmosphère ne se détendit pas pour autant. Au contraire, une impression étrange et inextricable s'empara de la pièce. C'était comme si nous étions dans une danse silencieuse, où chaque mouvement, chaque geste pouvait précipiter l'autre dans un abîme. "Alors," dit-il enfin, son ton plus tranquille mais avec une pointe de menace subtile, "prépare-toi, Carmen. Parce que ce jeu que tu veux jouer, il ne fait que commencer." Et je savais qu’il avait raison. Ce n’était que le début. Mais plus que jamais, je voulais jouer. Parce que dans ce jeu, même si les règles étaient floues et que chaque mouvement semblait une invitation au chaos, je savais une chose : c'était la seule manière de survivre. Son regard me traversa une dernière fois, et je me permis un sourire, cette fois plus assuré, plus audacieux. Parce que si ce jeu devait être joué, il n'y avait pas de meilleure alliée que l'illusion. Et c'était peut-être là ma vraie force.
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