Chapitre 15 : Une Nuit de Proximité

1087 Words
Carmen Après le rendez-vous tendu, la voiture roulait de nouveau, mais cette fois-ci, l’atmosphère était différente. La tension qui avait flotté dans l’air pendant la réunion s’était dissipée, mais une nouvelle forme de silence pesait sur nous. Dante n’avait pas dit grand-chose pendant tout le trajet, et moi non plus. J’étais perdue dans mes pensées, essayant d’assimiler tout ce que j’avais observé, tout ce que j’avais ressenti. Cette journée avait été une épreuve, un test de force et de pouvoir, mais aussi une invitation à plonger plus profondément dans ce monde que Dante semblait maîtriser avec une aisance effrayante. La voiture se gara enfin devant la maison. Cette fois-ci, la porte d'entrée semblait moins accueillante, comme un seuil entre deux mondes. Je n'étais pas encore prête à tout comprendre, mais je savais que le simple fait de passer cette porte marquait un tournant. Ce n'était pas seulement une question d'affaire, de manipulation, ou de pouvoir, il y avait quelque chose de plus personnel dans cette relation, quelque chose que j’avais du mal à définir, mais que je ne pouvais ignorer. Dante sortit de la voiture, et je le suivis sans dire un mot. Il n'avait pas besoin de me guider, il savait que je n'avais aucune envie de me retrouver seule ce soir-là. Et moi, d'une manière étrange, je n'avais pas envie de m'éloigner. Il y avait cette étrange attirance entre nous, cette tension à la fois électrique et douce. C'était un mélange complexe de désir de comprendre et de peur de m’y perdre. Une fois à l'intérieur de la maison, il se tourna vers moi, comme s’il attendait une réaction. Il n'était pas pressé, il observait, attendait de voir si je ferais un mouvement, un geste qui trahirait mes pensées. "Tu n'es pas obligée de rester, Carmen," dit-il finalement, sa voix calme, presque rassurante. "Tu peux repartir si tu veux. Ce n'est pas un test. Mais si tu choisis de rester, il n'y a pas de retour en arrière." Je le regardai, mes yeux rencontrant les siens. C'était comme s'il attendait une réponse, mais il n'était pas là pour me pousser à quoi que ce soit. Il respectait, d'une manière étrange, l'espace que j'avais encore à remplir dans cette histoire. Je savais qu'il me regardait d’une manière différente, avec une compréhension que je n’avais pas encore totalement saisie. Et pourtant, il n’y avait aucune pression. "Je n'ai pas envie de partir," répondis-je doucement. C'était la vérité. Même si chaque moment ici semblait me conduire plus loin dans un monde que je n'avais pas choisi, je ne pouvais m'empêcher de ressentir l'irrésistible désir d'y rester un peu plus longtemps. Il sourit légèrement, une expression subtile, presque imperceptible, avant de faire un pas vers moi. Le silence qui s'installa entre nous était chargé de non-dits, d'émotions que nous n'osions pas encore exprimer. Dante leva une main, et d'un simple geste, il fit tomber un drap sur une chaise, créant un espace plus intime, plus tranquille dans cette pièce. Ce geste, pourtant si simple, me fit sentir que l’on franchissait une nouvelle étape. Il ne s’agissait pas simplement de partage de pouvoir ou d’une alliance, il y avait là une invitation implicite à une connexion plus profonde, à une forme de proximité silencieuse. Je restai là, immobile, avant de m'approcher lentement, comme si chaque mouvement m'emmenait plus près d'un inconnu que j'avais du mal à cerner. Il n’y avait plus d'histoires de manipulation, de contrats ou d'accords. Ce soir, il ne s'agissait plus que de deux personnes dans une pièce, deux êtres qui se trouvaient là, seuls, après un jour où tout avait été dit mais où tout restait encore à comprendre. Il s’assit alors sur le canapé, me faisant un léger signe pour que je le rejoigne. Un geste simple, mais qui portait l’intention de tout un discours non exprimé. Quand je m’assis à côté de lui, il ne parla pas immédiatement, mais il se tourna légèrement vers moi. Ses yeux étaient plus doux que d'habitude, presque réconfortants. "Tu n'as pas à t'inquiéter, Carmen," dit-il enfin, d'une voix basse mais assurée. "Je sais que tu n'es pas encore prête à tout comprendre. Mais je peux t'offrir le temps qu'il te faut." Je baissai les yeux, cherchant mes mots. Ce n'était pas tant que je n'étais pas prête, mais je ne savais pas comment aborder tout ce qui se passait en moi. La confusion, l'attirance, la peur aussi, tout était un enchevêtrement d'émotions. "Je ne cherche pas à te forcer à quoi que ce soit", ajouta-t-il, comme s’il lisait mes pensées. "Je te laisse le temps, Carmen. Mais il y a une chose que tu dois savoir : tu n’es pas seule ici. Pas avec moi." Ses mots m’envahirent d’un calme étrange. Ce n'était pas une promesse, ni une menace, mais une forme d’assurance qui, paradoxalement, me fit me sentir plus proche de lui. Sans un mot, il se leva et se dirigea vers une fenêtre, observant la nuit dehors. Je restai là, regardant sa silhouette, comme une image floue dans mes pensées. Je n'avais pas l'intention de fuir, mais cette proximité m'effrayait. Et pourtant, je savais que je n’avais pas envie de m’éloigner. La soirée se poursuivit dans un silence confortable, comme si tout ce qui s’était passé précédemment n’avait plus d’importance. Il n’y avait plus de besoin de contrôle, plus de jeux de pouvoir. Nous étions deux individus, chacun avec ses doutes et ses désirs, mais unis par quelque chose que nous ne pouvions ni expliquer ni refuser. Lorsqu'il se tourna de nouveau vers moi, son regard plus doux qu’auparavant, il se rapprocha lentement, posant une main sur mon épaule avec une délicatesse surprenante. Il attendait, il me laissait le choix de réagir comme je le souhaitais. Aucun geste ne pressait l’autre. Je le regardai dans les yeux, mon cœur battant plus fort, et je me sentis plus présente que jamais dans ce moment-là, plus consciente de la dynamique fragile qui nous unissait. "Je ne vais pas partir", murmurai-je enfin, ma voix plus ferme cette fois. Ce n'était pas juste une réponse à lui, mais un engagement envers moi-même. Dante ne répondit pas immédiatement, mais la tension dans l’air semblait se dissiper, comme si nous avions trouvé un terrain d’entente non dit. Il s’approcha un peu plus près, et sans un mot, il me laissa faire le choix de franchir le dernier pas. Et ce soir-là, après une journée pleine de négociations et de décisions, nous restâmes là, proches mais silencieux, chacun dans l’intimité de nos pensées.
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