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1756 Words
Je m’en souviens comme si c’était hier. En Avril 2008, papa avait été admis dans une clinique de la place. Le fait de n’avoir pas respecté son régime alimentaire lui avait presque coûté la vie. Je venais lui rendre visite à l’heure de ma pause. A cette époque, je travaillais dans une agence de communication en tant que Chef de pub. Ce mardi-là, je trouvai mon père en train d’éclater de rire avec un homme en blouse blanche. Je posai le bouquet de fleur que j’avais à la main puis embrassa mon père sur le front. Je ne saluai même pas le docteur avec qui il était : -Moi : Bonjour papa. A ce que je vois tu vas beaucoup mieux. Je t’ai apporté des fleurs. -Papa : Tu ne dis pas bonjour ? Mais qu’est-ce que c’est que ces manières ! Que veux-tu que je fasse avec des fleurs ? Tu aimes trop jouer à la petite blanche. Dieyna, je te présente le meilleur endocrinologue diabétologue du Sénégal, le Dr Souleymane Cissé. C’est grâce à lui que j’ai retrouvé le sourire. Je le regardai rapidement avant de dire : -Moi : Enchantée. Jules ne m’a même pas répondu. Il a dû me trouver impolie ou arrogante, je ne sais pas trop. Il s’excusa auprès de mon père car il devait bouger et promit de revenir après avoir fait le tour de ses patients. Mon père ne fut pas content de mon attitude et ne manqua pas de me le faire savoir : -Papa : Je ne sais pas quoi faire de toi. Je t’ai tellement couvée pour que tu ne sentes pas l’absence de ta mère, qu’au final tu es devenue impolie. J’aime bien ce jeune homme et je pense qu’il ferait un mari idéal pour TOI. Et c’était reparti. Mon père passait son temps à essayer de me caser. -Moi : Papa, je trouverai chaussure à mon pied ne t’en fais pas. Je veux juste me concentrer sur ma carrière. -Papa : L’un n’empêche pas l’autre. Je lui parlerai et s’il est d’accord, j’arrangerai les choses. Était-il sous l’effet des médicaments ? Qu’est-ce que ce médecin avait de si spécial pour que mon père craque autant sur lui et veuille nous présenter ? Je retournai travailler avec la peur au ventre. Le mariage m’a toujours fait peur. Je ne suis pas comme toutes ces filles qui ne rêvent que de ça depuis leurs plus tendres enfances. Disons que même avoir un petit-ami me tapait sur le système. Ramata était déjà mariée à cette époque. Badou et elle avaient fait le grand saut en 2006. Ma grande sœur avait l’habitude de me dire quand nous étions plus jeunes que j’avais forcément été adoptée tellement, tout le monde me trouvait bizarre. Je le reconnais. Je dois certainement venir d’une autre planète. Le soir à ma descente, j’allai prendre un bon bain, me changea et retourna voir papa. Dès qu’il me vit il commença à se tordre de douleur et me demanda d’appeler le médecin. Jules s’empressa de venir voir mon papa. Il me demanda de sortir afin qu’il l’ausculte : -Jules : Qu’est ce qui ne vas pas M. Diop ? -Papa : Etes-vous marié Dr ? Jules ne comprit pas pourquoi mon père lui posa cette question. Il se demanda s’il ne délirait pas. Mais papa savait pertinemment ce qu’il faisait. Il posa à nouveau la question : -Papa : Alors Dr, êtes-vous mariés ? -Jules : Non. Je n’ai pas vraiment le temps avec mon travail. Pourquoi cette question vous? -Papa : Je voudrais que vous épousiez ma petite dernière. -Jules (en rire) : Celle qui vous a apporté les fleurs ? -Papa : Oui Dieyna. -Jules : M. Diop, avec tout le respect que je vous dois, c’est non. Elle est arrogante ! -Papa : Nul n’est parfait. Il ne faut pas vous basez uniquement sur son attitude de tout à l’heure. C’est ma fille mais c’est quelqu’un de bien. Dr, sans vouloir vous forcer la main, je sais que je vais bientôt partir et je laisserai derrière moi, deux filles orphelines. Je ne reposerai pas en paix tant que je n’aurai pas trouver quelqu’un de bien à ma cadette. Nous les parents nous voyions venir ce que vous, ne voyez pas. Je ne dis pas que vous êtes bien à cause de la manière dont vous m’avez traité, ça en fait partie mais il y a également d’autres choses. Jules fut touché par les propos de papa. Il le rassura et lui promit de m’inviter à dîner. Il rajouta également que si le courant passe dès le premier rencart, qu’il pourrait envisager la thèse du mariage. Cela convenait à mon père. Dès qu’il sortit de la chambre, je vins vers lui le regard terrifié : -Moi : Comment va mon père ? Qu’est ce qui s’est passé ? -Jules : Calmez-vous tout va bien. Il a juste besoin de se reposer. Sa réponse me soulagea. J’avais téléphoné à la terre toute entière pour dire que mon père allait mal et de prier pour lui. Ramata était à un décès avec Badou mais promit de venir le plus rapidement possible. Je m’en voulais de ne pas avoir bien traité Jules durant ma pause, alors je profitai de l’occasion pour m’excuser : -Moi : Ecoutez, je tenais à m’excuser pour mon attitude de ce matin. J’étais stressée et puis voilà quoi… -Jules (amusé) : Voilà quoi ? Je vous pardonne si vous acceptez mon invitation à dîner ce soir. -Moi : Ce soir ? -Jules : Oui ça vous pose un problème ? -Moi : Non même pas. -Jules : Je peux avoir votre numéro SVP ? Je lui remis mon numéro de téléphone puis alla demander à mon papa ce qu’il avait dit à Jules pour qu’il décide de m’inviter ce soir au restaurant. Je n’oublierai jamais le sourire de mon père quand je lui expliquai tout dans les détails. Je fus obligée de calmer sa joie : -Moi : Ce n’est qu’un rendez-vous papa, rien de plus. -Papa : C’est le rendez-vous qui changera ta vie. File à la maison te préparer. Et même si c’est un homme bien, s’il te fait tes propositions indécentes, tu refuses ! -Moi : Je sais papa. Je ne suis pas folle. Allez bisous. Ramata et Ibou arrivent. Ils prendront le relais. -Papa : Tu me tiens au courant surtout ! Je hochai la tête pour dire oui. Durant tout le trajet, j’avais réfléchi à quoi mettre. Je détestais les sorties improvisées parce qu’elles vous obligent à choisir une tenue à la va vite. J’aime prendre mon temps pour le choix de la tenue de sortie adéquate. Je n’aime pas m’habiller sous pression. Je ne sais pas à quand remonte ma dernière sortie. Etant donné que je vivais seule avec papa, je culpabilisais de le laisser tout seul surtout qu’il prenait de l’âge. Pour un premier rendez-vous, je choisis de mettre une tenue subtile et raffinée à la fois. J’enfilai un pantalon super sang et un chemisier très habillé avec de mini talons étant donné que j’ignorais l’endroit où il comptait m’emmener. Jules me téléphona pour me demander de lui indiquer la maison. Il ne maîtrisait pas bien la zone donc l’explication fut très compliquée mais nous finirent par y arriver. Une fois dans sa voiture, il essaye de discuter en me posant deux, trois questions d’ordre général. Il parla également de papa en disant qu’il l’admirait beaucoup. C’est vrai. Mon père est un homme admirable. Nous avons perdu notre mère lorsque nous étions encore petites Ramata et moi. Papa n’a jamais voulu se remarier car il disait toujours qu’il ne savait pas si celle qui épousera nous aimera et saura prendre soin de nous. Il a donc joué le rôle de mère et père à la fois. Ce n’était pas toujours évident, surtout lorsque nous eurent nos règles pour la toute première fois. C’était tellement marrant. Finalement, il sollicita l’aide de Ma Awa, la sœur à maman. Jules m’emmena dans un restaurant assez folklorique. Ce n’était pas le genre d’endroit que je fréquenterai mais bon. Au risque de paraître incorrecte, je préférai ne rien dire : -Jules : J’ai choisi cet endroit car je suis presque sûr que ça change des restaurants huppés que tu fréquentes habituellement. Je me trompe ? -Moi : Bien vu. -Jules : Tu as déjà vécu en Europe ? -Moi : Non pourquoi ? -Jules : Bah parce que tu aimes trop faire ta « toubab » Légèrement offensée par ses propos, je lui répondis : -Moi : Bah écoute, je suis comme ça hein. -Jules : Tu sais ce qui m’a tué ? -Moi : Non, mais tu vas me le dire ? -Jules : Mais à quoi tu pensais quand tu es allée acheter un bouquet de fleur à ton père ? Je me suis retenu hein, c’est pour cela que quand tu m’as dit que tu étais « enchantée » je n’ai pas pu te répondre. Je ne voulais pas éclater de rire devant ton père. Qu’est ce qui t’empêchait tout simplement d’acheter du lait ou des fruits, mais des fleurs. Il éclata de rire. Je le fixai en remuant la tête. Je ne voyais pas ce qu’il y avait de drôle. Ça se fait bien à l’étranger non, alors pourquoi pas ici ? Heureusement que le serveur vint interrompre ce moment gênant. Une fois la commande passée, Jules commença à me poser des questions : -Jules : Parle-moi de toi Dieynaba. -Moi : Il n’y a pas grand-chose à dire. Je travaille dans une agence de communication. Je vis encore chez mon père comme tu as pu le constater. J’ai une grande sœur. Je suis plutôt casanière. Je n’ai que des potes et pas d’amies. J’ai du mal à les comprendre. -Jules : et côté cœur ? -Moi : Ma dernière relation remonte à un an deux mois et dix jours exactement. -Jules : Waouh très précis. Tu comptes les jours depuis ta rupture ? OKK. Et qu’est ce qui n’a pas marché si ce n’est pas indiscret ? -Moi : Disons que nous n’avions pas les mêmes priorités ! -Jules : C’est censé dire quoi ? Arrête avec tes réponses codées là. -Moi : Nous n’étions pas sur la même longueur d’onde ? c’est clair cette fois-ci ? -Jules : Je m’en contenterai tout simplement. -Moi : Et toi ? Comment ça se fait qu’aucune femme ne t’ai pas mis le grappin dessus ?
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