Chapitre 15

3255 Words
On sort du théâtre, Circé, Méroé, Éros, Antéros et moi. Melpomène, en apprenant la visite de nos fratries, a fait jouer ses relations et nous a offert des tickets pour la séance d'après-midi de... Wicked. Une comédie musicale sur des sorcières. On peut dire qu'au départ, mes sœurs et moi, on a un peu traîné les pieds et nos deux compagnons divins nous ont poussées jusqu'aux portes de la salle de spectacle. Mon avis a doublement changé après avoir vu le combat de cette sorcière à la peau verte, différente de tous les autres, se battre pour ses idéaux. Ça a plu à mes sœurs et ça a calmé les dieux. Des étoiles dans les yeux, des sacs de souvenirs de touristes à la main, nous marchons d'un pas détendu sur la Cinquième Avenue, direction le Metropolitan Museum of Art. Éros et Antéros ont, d'après eux, un péché mignon : se moquer des statues et autres œuvres d'art les représentant au fil des époques. Éros prend la chose avec légèreté, mais Antéros est beaucoup moins connu. Je sens qu'il va surtout râler et que ça réjouit d'avance mes sœurs qui m'ont désignée guide à cause de mes études. Ces trois-là marchent d'ailleurs devant, chahutant, un hot dog à la main. Je ralentis un peu le pas et Éros m'imite pour me tenir compagnie. J'ai tant de questions que je retiens depuis la nuit dernière ! Je préfère ne surtout pas aborder ma chance manquée avec Deimos - j'en ai encore des bouffées de chaleur aux joues quand j'y pense - mais Harmonie, elle, occupe mon esprit. D'autant plus à présent, avec mes sœurs qui l'envisagent comme une faiblesse de Deimos. -Je n'aurais jamais cru revoir des sorcières et des dieux s'entendre comme ça, commente Éros en désignant mes sœurs et son frère d'un mouvement de menton. -Moi aussi, même si je regrette de ne pas avoir connu le temps d'avant. On ne m'a jamais parlé de l'époque où les sorcières et les dieux s'entendaient bien, c'était comment ? Éros grimace avec exagération. -Ça n'a jamais été la parfaite osmose. Les sorcières... vous avez toujours été un cercle fermé, même si vous descendez d'Hélios. Circé la Première a toujours détesté Hermès pour avoir révélé le secret de sa potion d'envoûtement à Ulysse, Médée la Première n'a jamais reçu aucun soutien des Olympiens quand Zeus a tenté... d'abuser d'elle. Je ralentis en entendant les mots choisis par Éros et en constatant son expression gênée. -Je suis le dieu de l'amour et du désir, forcer ce genre de choses me met à cran, rappelle-t-il à voix basse. -Est-ce que c'est pour ça que vous nous avez proposé le jour de notre mariage? Éros incline la tête sur le côté avec un mordillement de lèvre coupable. -Oui et non. On ne l'avait pas fait pour le mariage d'Harmonie, et j'ai encore beaucoup de regrets. J'y avais pensé, à l'époque, sans oser le proposer. Je prends son bras pour le soutenir. -Ce n'est pas non plus une vraie solution, lui dis-je. En fait, il vaudrait mieux éviter les mariages arrangés. Il me sourit, un peu plus détendu. - Va dire ça à nos grands-parents qui ont des milliers d'années. Ça me fait penser à Deimos et à ses idées d'un autre âge, et qui ne voyait pas le rapport avec ses milliers d'années. J'en ai des papillons dans le ventre juste en songeant à son expression perplexe. J'étais alors bien loin de m'imaginer quasi nue dans ses bras à ce moment-là. J'entends un malin à côté de moi. -Et si tu me parlais de ton mariage, Ella. Je dois dire que nous avons tous été assez surpris par l'engagement de Deimos lorsqu'Héra et Athéna ont demandé qui se proposait parmi mes frères pour ce mariage. Je hoche poliment la tête sans oser évoquer Phobos. Je l'aurais fait si Deimos et moi n'avions pas partagé ce moment, la nuit dernière. Je vais attendre qu'il vienne à moi sans fouiner ailleurs. -Je suis surprise moi aussi, je ne m'attendais pas à un tel comportement de sa part. -Grognon et autoritaire ? -Aussi, oui, ris-je. Patient et attentionné, c'est ce que je voulais dire. -Oui, peu de monde le voit ainsi. On arrive en vue du Metropolitan, Circé, Méroé et Antéros gravissent les marches du parvis en nous faisant des signes pour les rejoindre. -Éros, ce qu'il s'est passé hier soir, avec Harmonie, est-ce que ça arrive souvent? m'empressé-je de lui demander avant que nous mettions tout cela de côté. Il acquiesce et ne semble pas très enclin à poursuivre sur cette voie. -Depuis un bon moment, oui. Harmonie... Éros se met à sourire, visiblement ému. -Son nom dit tout. Elle est la déesse qui équilibre tout. Ce n'est pas pour rien que Zeus l'a choisie pour cette alliance avec le mortel Cadmos. Mais lorsque son époux est arrivé au bout de sa vie terrestre, Zeus a décidé de les transformer tous les deux en serpents pour qu'il puisse accéder aux Champs Élysées, un endroit normalement réservé aux plus vertueux. -Tous les deux ? Pourquoi ? Harmonie est une déesse ! -Parce que, selon lui, une épouse suit son époux où qu'il aille. Tous mes muscles se tendent d'écœurement. -Les épreuves qu'elle a vécues ont dégradé ses pouvoirs. -Et sa santé, ajouté-je. -Elle ne parvient plus à s'accorder avec elle-même. Éros attrape mes deux mains et plonge son regard noir dans le mien. -Nous ne sommes pas infaillibles, sache-le, murmure- t-il avec confiance. Je déglutis, confuse. Une part de moi voudrait rebondir sur la faiblesse de Deimos, et une autre me garde bien de le faire. -Ne le criez pas sur tous les toits, réussis-je à prononcer en espérant feindre autant que possible la plaisanterie. Il me fait un clin d'œil et m'entraîne avec lui dans le musée. * On a bien tourné dans le musée et finalement la petite b***e que nous formons décide d'aller goûter dans une enseigne réputée pour ses donuts, un peu plus loin. C'est là que je commence à ralentir. Je sais que Deimos passe de temps en temps au manoir, l'après-midi, comme hier. et j'ai envie de le voir. Je passe un bon moment avec mes sœurs et avec les deux dieux de l'amour, mais depuis la veille, je ne pense qu'à ses caresses, à ses mains partout sur moi et à ses lèvres qui ont laissé des traces au bas de mon cou, à l'abri des regards. -Je vais rentrer, on se retrouve au manoir plus tard ? lancé-je en une fois, espérant qu'ils ne cherchent pas à me faire changer d'avis. -OK, répond sans réfléchir Circé. -T'es sûre? hésite pourtant Méroé. Éros lui donne un coup dans les côtes. -Pas de souci, ajoute-t-il avec un sourire aimable. Antéros, lui, semble s'en moquer totalement. Je pivote et m'éloigne à pas rapides. J'espère que cet idiot d'Éros ne va pas s'amuser à balancer mes confidences à mes sœurs. Je n'ai pas envie qu'elles doutent de moi. Nerveuse, j'entre dans Central Park pour le traverser, préférant souffler au milieu d'un semblant de nature plutôt que de faire demi-tour sur le goudron. Si Deimos est à la maison, j'ai envie de lui proposer de reprendre là où on s'était arrêtés, mais Harmonie sera dans le coin. Elle est restée dans sa chambre pour se reposer. Je devrais peut-être plutôt aller la voir. Elle m'a fait une terrible première impression, certes. Il faudrait pourtant que je mette tout cela de côté pour tenter d'établir une vraie relation avec ma belle-sœur. Lorsque je lève les yeux du chemin en terre battue, je me rends compte que je suis dans un coin désert du parc, au milieu d'arbres et d'arbustes aux feuilles mortes. Ça me rappelle la Clairière et je profite de cet instant, malgré le brouhaha lointain de la ville. Je décide de sortir du chemin pour sentir l'herbe sous mes pieds et m'éloigne encore plus de tout. Ce n'est qu'au bout de longues minutes qu'une silhouette masculine, debout à plusieurs mètres, immobile et tournée vers moi, m'arrête dans mon élan. Il me regarde, moi, puisque je suis la seule aux alentours. Je pourrais miser sur un hasard, mais le bonnet noir qu'il porte et les boots montantes à ses pieds m'interpellent d'abord inconsciemment. Je connais cette dégaine et sa posture dégingandée est due à ses pattes de bouc. Un s****e. Ce pourrait être une coïncidence. Je sais qu'ils sont encore perdus, que le Siège tente de reprendre la main sur eux et que Dionysos regrette beaucoup de ne plus avoir de lien avec eux. Mais ce s****e-là paraît m'attendre. Pour discuter ? Ça me semble irréel. Pourquoi un s****e voudrait discuter avec moi ? Est-ce qu'ils m'avaient repérée lors de l'intervention de Deimos dans leur bar clandestin ? Mon cœur s'emballe brutalement. Coïncidence ou non, je sens au plus profond de moi le malaise grandir. Je pivote pour rejoindre le chemin le plus rapidement possible, mais je tombe nez à nez avec un nouveau s****e. Mon mouvement de recul me déséquilibre. Son mince sourire de travers me fait froid dans le dos ! Je m'élance sur le côté, ne sachant plus si je m'enfonce dans le parc ou si je rejoins le chemin. Je les entends derrière moi et la panique me submerge. Je cours droit devant, pressée de retrouver la civilisation, et me retrouve coincée par un ensemble de rochers décoratifs, à l'abord d'un petit tunnel caché au milieu des arbres. Un endroit parfait pour un guet-apens et j'ai foncé dedans ! Le temps se fige une poignée de secondes et mon souffle se coupe. Tout un tas d'idées absurdes s'entrechoquent dans ma tête pour me sortir de là et soudainement, alors que je suis cernée par trois satyres qui s'avancent lentement vers moi, guettant une possible réaction, je me souviens de ma Stilla. Si je ne l'avais pas utilisée hier, je crois que je l'aurais juste oubliée. Je la saisis en tremblant comme une feuille. La concentration que va me demander le sort me semble inaccessible ! Je la serre dans ma main, et rien que ce geste me rassure un peu. Vite, vite ! Une idée ! Le stress que génèrent ces satyres autour de moi et ce qu'ils prévoient de faire m'empêche de trouver une bonne rime. Puisant d'abord dans mon instinct de survie, je tends la main vers eux et ne pense plus qu'à une chose : qu'ils disparaissent ! La bouffée chatouillante bouillonne dans mon estomac et je la sens filer dans mes phalanges. Je m'attends à sentir un flot d'énergie jaillir devant moi mais le rayon est détourné au dernier moment. Je chute sur le côté, renversée par une masse à la fourrure tachetée. Une panthère. Une panthère vient de me bondir dessus ! D'un coup de patte très maîtrisé, elle arrache la fine chaîne qui retenait la Stilla et l'envoie loin de moi, dans l'herbe. D'abord incapable de crier, je finis par hurler la seule chose qui me fait me sentir en sécurité. -Deimos! Je ne sais pas si c'est vain, ça ne marche peut-être qu'entre les dieux et leurs créatures. Sur le dos, transie de peur, j'observe la panthère appuyer ses pattes avant sur mon abdomen et me menacer en montrant ses crocs acérés. Mes doigts s'enfoncent dans l'herbe. J'aimerais à nouveau crier mais la terreur est soudainement bien trop forte. Les membres de mon corps se glacent, je peine à respirer et mon cœur bondit avec violence. La panthère me quitte des yeux et tourne la tête. Un énorme chien-loup noir fonce sur elle. Les deux animaux roulent sur le côté et entament un échange de coups de pattes sauvages, de hurlements rauques et de morsures mortelles à éviter. Je me traîne sur le sol, apercevant les Semés s'élancer à la poursuite de satyres qui abandonnent le fauve à son combat. Je cherche des yeux la Stilla mais le spectacle bruyant m'accapare. Vite, la Stilla ! Avec un peu de chance, je pourrais aider Deimos, car il semble dominé par la panthère qui le renverse sur le dos. L'éclat rouge du pendentif attire mon œil à plusieurs mètres quand le couinement aigu du chien-loup me fait tressaillir. Je me redresse et vois la panthère balayer de ses griffes le ventre de l'animal noir. Une fois, deux fois, trois fois! Des projections d'ichor doré volent autour d'eux. Tout se noue en moi. Happée par la lutte, apeurée et furieuse, je tends les deux mains devant moi et le puissant jet d'énergie jaillit sans aucune rime. La panthère est projetée dans les airs. Elle roule plusieurs fois avant de s'immobiliser, inconsciente. Deimos, lui, reprend sa forme humaine et tente de respirer, de profondes entailles lacérant son torse. -Ella, souffle-t-il en me regardant. Je lis toute la douleur qui le secoue au fond de ses yeux. Alors je me relève, agrippe la Stilla au passage et me rue sur lui. Il attrape aussitôt mon poignet et nous téléporte. * On atterrit sur son lit. Je mets quelques secondes à recouvrer mes esprits. On a fui, on est en sécurité, et vivants. Du moins, je l'espère, car Deimos convulse. Ses blessures sont profondes et l'ichor coule partout autour de nous. Moi qui devais en prendre seulement quelques gouttes, mes mains en sont pleines. De l'or liquide, chaud et hypnotique. -Que dois-je faire ? soufflé-je, un sentiment d'impuissance me saisissant à la gorge. Dois-je appeler quelqu'un ? Harmonie ? Deimos resserre son emprise sur mon poignet. -Non ! Surtout pas ! dit-il, les traits grimaçants. Je vais guérir... J'acquiesce, mais décide aussi de l'aider à ma façon. Je détache ses doigts raidis et cours dans la salle de bains pour attraper des serviettes. Je reviens, déchire sa chemise et appuie les compresses improvisées sur son ventre pour qu'il ne se vide pas complètement de son ichor. Je réfléchis aux remèdes que j'ai apportés avec moi en emménageant ici. Oh oui ! Je dois avoir un vulnéraire à base de fleurs de lys quelque part, et sûrement une infusion pour la fièvre. -Je reviens! Je fonce dans mon appartement et fouille la petite réserve de produits que ma mère m'a concoctés. J'attrape le bocal rempli de pétales de lys qui ont macéré dans de l'alcool, déniche mes sachets d'infusion d'écorce de saule avec une tasse, et retourne vite dans la chambre. -C'est un cicatrisant, annoncé-je en m'agenouillant près de Deimos et en brandissant le récipient. Je retire les serviettes couvertes d'or et remarque que la profondeur des entailles s'est réduite. Il devrait effectivement guérir tout seul, mais si je peux l'aider à se soigner plus vite, je vais le faire. J'imbibe une fouta du liquide au parfum fleuri -Bordel ! Ella ! siffle-t-il, les dents serrés, son corps fiévreux se soulevant. -Ça risque de brûler, j'ai oublié de prévenir, dis-je, confuse, mais la tête à nouveau froide. La cicatrisation s'accélère bel et bien. Sa respiration saccadée s'apaise peu à peu, il tremble moins et ses paupières ne sont plus serrées. Je dirais même que Deimos paraît lutter contre le sommeil. Je n'aimerais pas qu'il sombre dans l'inconscience parce qu'il est trop grièvement blessé. Préférant le garder alerte, le temps que ses chairs se referment, je lance la discussion. -C'est normal qu'une panthère puisse vous atteindre à ce point ? -Non. C'était sûrement une compagne de Dionysos, elles... elles font partie de son thiase. Seuls les créatures et les êtres divins peuvent nous blesser ainsi. Il est encore essoufflé lorsqu'il parle, mais il garde toute sa tête. -Il est vraiment temps que Dionysos reprenne le contrôle de ses créatures, affirmé-je. -On y travaille, répond-il en grimaçant. Cette panthère-là était particulièrement féroce. Je penche la tête sur le côté. Oui, c'est vrai. Mais, je l'ai envoyé paître avec une facilité étonnante. Je l'ai envoyée paître. Sans l'aide de la Stilla. Un précipice s'ouvre devant moi et j'ai l'impression de basculer dedans sans pouvoir me rattraper à une quelconque certitude. Comment j'ai bien pu faire ça ? D'où ça venait ? Du second sort qui a raté sa cible ? J'ai emmagasiné un trop-plein qui s'est déversé dans un second temps ? Tout me semble flou. J'ai juste voulu défendre Deimos. -À quoi penses-tu ? demande-t-il face à mon silence préoccupé. Je me mords la langue avant de répondre. -À ce que j'ai fait, tout à l'heure. Ce n'est pas normal, je suis née sans dons, ce que j'ai fait est impossible. Il pose sa main sur la mienne et fait baisser ma tension par la même occasion. -Nous y réfléchirons plus tard, si tu le veux bien. Sa voix est épuisée. Je touche son front, il est brûlant. Même s'il cicatrise et même s'il est un dieu, il a perdu beaucoup d'ichor. Je nettoie ses plaies qui ne saignent plus et je l'abandonne quelques secondes, le temps de remplir la tasse d'eau chaude dans la salle de bains et de faire infuser un sachet d'écorce dedans. Puis je l'aide à se redresser pour qu'il boive la potion. -Ça fera baisser votre fièvre. Il hoche la tête, à nouveau somnolant. Je l'aide à retirer sa veste et sa chemise pour qu'il soit plus à l'aise, et le laisse se reposer. Son état me semble moins incertain à présent. Je m'assieds, bouleversée. Mes avant-bras sont recouverts d'or. C'est une occasion inespérée d'avoir ce que je voulais. Mais je n'y arrive pas. Ce n'est pas juste. Il a risqué sa vie pour me sortir de là, et moi j'en profiterais pour trahir sa confiance ? Quel genre de personne cela ferait de moi... Ce ne sont que quelques gouttes d'ichor. Qui mettraient fin à tout ça. Je croise les bras contre moi et regarde Deimos dormir, enfin serein. Ai-je envie de terminer tout cela ? J'ai eu peur, au milieu de ces satyres et de cette pan. serviettes, thère, et voilà que j'ai peur de perdre ce que je commence à ressentir ici, avec lui. Je scrute les mes vêtements, le drap, tous tachés d'ichor. Je dois faire disparaître tout ça. Lentement, je tire le drap de sous son corps. Il gémit de douleur avant de se rendormir. Je déplie le drap par terre et j'y mets tout. Tout ce qui n'a même qu'une seule goutte de son ichor, mes vêtements compris. Mon cœur accélérant sa course, de plus en plus déterminée, je referme le drap sur l'ensemble et descends jusqu'à la cuisine, en culotte et soutif. Une fois devant la machine à laver, je me mets à paniquer comme un meurtrier qui tenterait d'effacer des preuves. Je balance tout dans le tambour en tremblant. Ma précipitation fait tomber des lambeaux de sa chemise sur le sol. Je me dépêche de tout fourrer dans la machine et de la mettre en marche, jetant des coups d'œil vers la porte, angoissée à l'idée qu'une Érynie débarque soudainement et me surprenne dans une telle situation. Sans regarder en arrière, je sors de là, remonte l'escalier, retourne dans la chambre, la traverse rapidement et me réfugie dans la salle de bains. Je finis de me déshabiller et passe dans le coin douche. -Nérée, orage, commandé-je, la gorge nouée. Le grondement au-dessus de moi précède une pluie chaude et drue. Elle emporte avec elle l'ichor de ma peau et je ne peux pas m'empêcher d'éclater en sanglots en voyant s'échapper ma chance aussi facilement. Je tombe à genoux, expulsant à travers mes pleurs la vibrante trahison que je suis en train de commettre.
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