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La liberté des papillons

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L’histoire d’un antihéros paranoïaque

Entre réalisme et irréalité ! Un retraité solitaire fait l’acquisition d’une propriété, représentation matérielle d’un mode de vie idéalisé. Il ira de déception en désespoir. Ce vieillard naïf, cet antihéros paranoïaque, dont les relations sont faussées par sa vision irréaliste de la vie des autres, devient attendrissant au fil de ses aventures. Les habitudes, le savoir, la musique, jalonnent le parcours de cet éphémère. Une mise en lumière de l’inertie du travail et des affres de la solitude.

Le héros du récit a passé une vie entière à économiser pour atteindre son rêve : posséder le manoir du village. Cette histoire est celle de la rencontre de deux personnages antagonistes, d’un côté, un ancien ouvrier désirant goûter sa retraite bien méritée, de l’autre, un nanti ruiné qui ne veut pas lâcher son mode de vie et surtout, son dernier bien aussi facilement....

Un roman sur la vieillesse et les affres de la solitude

EXTRAIT

La grande allée menant à ma future demeure était jonchée de pierres tout du long ; du portail au pas des larges marches goudronnées qui s’encanaillaient les unes sur les autres, jusqu’à devenir à son Olympe une terrasse accueillante. Finalement, j’entrai par les deux hautes et larges portes d’entrée blanches, d’où j’apercevais déjà l’édifice intérieur. Le hall d’entrée était immense et clair. Lorsque je levai la tête pour contempler tous les détails de cette beauté, j’aperçus, marchant sur la mezzanine vertigineuse - une sorte de balcon de théâtre où le côté cour et le côté jardin donnaient ici lieu aux entrées respectives du couloir cour et du couloir jardin - un homme qui la traversait de part en part. Je m’imaginai en quelques instants les coulisses - chambres, les coulisses - buanderies, la salle maquillage- toilettes, les loges - salle de bains.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Anne-Lise Marie Sainte, née le 7 mai 1984, est journaliste, animatrice radio. Passionnée de piano et de littérature, elle écrit de la poésie, des romans et des nouvelles.

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La demeure
La demeure La grande allée menant à ma future demeure était jonchée de pierres tout du long ; du portail au pas des larges marches goudronnées qui s’encanaillaient les unes sur les autres, jusqu’à devenir à son Olympe une terrasse accueillante. Finalement, j’entrai par les deux hautes et larges portes d’entrée blanches, d’où j’apercevais déjà l’édifice intérieur. Le hall d’entrée était immense et clair. Lorsque je levai la tête pour contempler tous les détails de cette beauté, j’aperçus, marchant sur la mezzanine vertigineuse - une sorte de balcon de théâtre où le côté cour et le côté jardin donnaient ici lieu aux entrées respectives du couloir cour et du couloir jardin - un homme qui la traversait de part en part. Je m’imaginai en quelques instants les coulisses- chambres, les coulisses- buanderies, la salle maquillage- toilettes, les loges- salle de bains. Deux escaliers immenses en bois de cèdre menaient jusqu’à l’heureux balcon, regard et scène de tous les personnages qui y entraient avec raison. La magnificence de l’architecture devait surprendre tous ceux qui voyaient cette merveille et je fus satisfait de voir qu’elle était à première vue aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur. Impressionné par la grâce de cet endroit, j’entrepris de monter les marches pour découvrir ce que renfermait l’arrière de la scène. La hauteur et la profondeur des lieux semblaient enfermer au moins un secret par pièce. L’escalier m’invitait donc à arpenter les marches en premier. Je décidai de monter par le côté gauche. Je voulais l’atteindre au cœur cette maison comme elle m’avait frappé en pleine poitrine dès que je l’avais vue. C’était une « occasion à saisir » comme le suggérait le panneau proche du portail. Je pouvais dépenser jusqu’à un million pour que ce magnifique bijou m’appartienne. Cet homme, que j’avais aperçu quelques instants plus tôt sortir couloir- jardin, s’arrêta net devant moi. Tout mon être n’espérait qu’une chose, que cet homme ne soit pas à cet instant et dans cette demeure pour les mêmes raisons que moi. Il avait une forte corpulence, on aurait dit un homme d’affaires avec son costume et son regard négociateur. Il semblait fort sympathique sans penser que cette bonhomie naturelle se devait au préjugé que les personnes fortes sont de bonnes conditions morales comme le seul atout qu’elles auraient à offrir. Il semblait avenant. Il me tendit sa main pour me saluer et, accompagné d’un franc sourire, il s’empressa sans me dire un mot, de me faire découvrir les recoins de la maison. Il avait donc gardé ma main dans la sienne alors même que je la lui avais prêtée pour lui dire bonjour l’instant précédent. L’homme ouvrit la première pièce qu’il me fit découvrir avec une hâte et une joie non restreinte. - Voici la première chambre. Elle vous plaît ? Il attendait une réponse immédiate. Sa bonne humeur n’avait pas rompu depuis notre rencontre. De prime abord, cette pièce était comme tout ce que j’avais vu jusque- là et qui m’avait ébloui. Nous nous insérâmes un peu plus profondément dans la pièce pour la définir sous tous ses détails. - Vous avez ici un grand lit pour deux personnes, une table de chevet de chaque côté, une armoire XVIIIe, une coiffeuse d’époque dont le miroir a été changé il y a quelques semaines. Je vois que vous approchez de la fenêtre. Je vous invite à regarder ce que vous n’avez encore pu voir. Le jardin à la française, Monsieur ! Alors, elle vous plaît ? me demanda- t- il en soulevant l’épais rideau beige. Je m’approchai comme il me l’avait conseillé de la fenêtre. J’y vis le somptueux jardin- sortie des artistes dont la brève description qu’il m’avait suggérée ne rendait pas vraiment compte de la grandeur de l’étendue verte. C’était un parc. Je continuai d’avancer pour scruter les détails de la chambre que j’avais décidé de faire mienne si tout se passait comme je le souhaitais depuis la vision monumentale du portail éloigné de la maison qui laissait tous les regards indiscrets hors de ma future vie jusque cette chambre où je me trouvais déjà tellement bien. Je ne dis pas un mot et sortis en souriant poliment à l’homme qui m’avait amené jusqu’ici. Il me suivit et sembla hésiter à me faire continuer la visite. Je n’avais répondu à aucune des questions qu’il m’avait posées. Bien sûr, cette chambre me plaisait et cette maison et ce jardin et tout ce que je n’avais pas encore vu. Je scrutais la chambre, mais l’homme aussi. Qui était- il ? Probablement l’homme qui essaierait de me vendre cette maison au plus haut prix pour avoir une commission plus forte. Il était peut- être le propriétaire de cette magnifique maison et voudrait la vendre au prix de ses souvenirs. Je n’avais pas les moyens de payer les préjudices moraux de devoir quitter cette maison. Ceux qui vendent leur maison l’estiment toujours plus chère que ce qu’elle vaut vraiment. Comme si les souvenirs et le temps qu’ils avaient passé à l’intérieur étaient la plus- value nécessaire ou siégeaient en fait en gardien obligeant jusqu’à votre arrivée inattendue et bénie, mais pas à titre gracieux. Je préférais alors qu’il soit un homme envoyé par l’agence immobilière. J’avançai donc le premier, mimant d’être plus dubitatif que lui et ouvris une seconde porte. Celle- là se trouvait en face de ma future chambre. J’attrapai la poignée et, dans un mouvement leste, la poussai sans la suivre en la laissant claquer contre le mur. Elle rebondit dans un bruit léger pour revenir un peu sur son chemin. Je jetai un œil de là où j’étais. Je ne bougeai pas comme si ce que je voyais était suffisant pour me faire une opinion négative. Je ne laissais transparaître aucun sourire, aucune déception. J’avais même délaissé le doute et dans une neutralité étonnante, je lui demandai : - Combien en voulez- vous ? - Pardon ? - Quel est le prix de cette maison ? - Je ne décide pas le prix. Je ne fais que les visites. Je suis le maître d’hôtel de M. Castellade. Très pris par ses affaires, il est entendu que je fais visiter la maison. Je lui transmettrai toute proposition, Monsieur, soyez- en sûr ! J’étais rassuré de savoir que cet homme ne pouvait pas me juger. Je m’étais monté la tête, il n’essayait pas de m’avoir, pas même de marchander. Sa bonne corpulence montrait probablement que son patron était de bonne composition et qu’il nourrissait bien ses employés. Pourtant, mes diverses mésaventures m’avaient appris qu’il valait mieux attendre que l’autre donne un prix. Je proposerais un million, mais si elle n’en valait pas la moitié ou en valait plus, alors il me rirait au nez de vouloir acheter cette maison malgré un manque de bon goût et des meilleures connaissances pour arriver à en estimer sa valeur. Par peur du ridicule et de me faire du tort, je lui suggérai ainsi d’aviser son patron de prendre rendez- vous avec moi et de m’envoyer une estimation par courrier pour la vente de sa maison. Je lui signifiai de bien insister sur le fait que la maison m’intéressait et de m’envoyer les conditions pour l’acquérir dès qu’il serait apte à la céder. Je lui laissai mon adresse sur un papier que le majordome me tendit naturellement. Je pris congé de lui, l’esprit impatient d’avoir des nouvelles de son patron. Le majordome me raccompagna jusqu’aux portes immenses par lesquelles j’étais entré. Je me retrouvai sur le haut perron- lever de rideau. Je repartis comme j’étais venu. Je marchai de nouveau sur la longue allée caillouteuse qui me traîna jusqu’à la sortie pour rejoindre ma voiture garée sur le trottoir, en attendant de pouvoir la garer bientôt dans la cour, que je voulais mienne. Encore groggy d’avoir laissé la maison sans plus d’indications sur son prix, sans même savoir si un autre visiteur avait déjà fait une proposition, et n’ayant pas non plus fini la visite que j’avais entreprise, je me dirigeai vers le centre- ville. Ce que j’avais vu me suffisait. Malheureusement, je craignais que ce ne soit le cas de toute personne s’aventurant dans son sein avec l’intention d’acheter une grande maison où vivre dans la tranquillité comme je me le prédestinais. Seul ou en famille. Les enfants couraient déjà dans le jardin et la chère femme faisait sauter les crêpes dominicales coutumières. Je ne pouvais prendre le risque de la laisser me filer entre les doigts. En rentrant au Quartier de la mer, je décidai de chercher le numéro de Castellade sans attendre qu’il me contacte et de me référer au nom que l’homme de ménage m’avait subrepticement évoqué lors de l’une de nos courtes conversations. Je décidai d’appeler un peu plus tard, à un moment où un homme occupé comme je l’imaginais qu’il le soit pourrait être rentré. Dans le centre- ville, il y avait une pâtisserie discount. Je m’y arrêtai pour prendre un éclair au chocolat pour seulement 50 centimes. La douceur et la volupté de l’éclair allongèrent le sentiment de bien- être qui s’estompait doucement depuis la sortie de ma future demeure. Je tentais tant bien que mal de retenir ce sentiment comme on replonge dans son lit pour retrouver un rêve merveilleux dont on nous extirpe forcément pour de mauvaises raisons. Il était déjà fini quand je revins dans la voiture. Le paysage me conduisit naturellement jusque chez moi, dans le Quartier de la mer. Les automatismes de mes mains, de mes pieds me ramenèrent jusque devant ma porte où je garais toujours ma voiture. Pas un jardin, pas une mince cour ne donnaient le change. La porte était voyante par son impromptue présence habitée plus que par sa prestance. Les regards des badauds, des marcheurs, des véhiculés. Tout le monde avait une vue sur ma vie. Je sortais. Ils me voyaient. Je ne sortais pas. Ils le savaient. Les rideaux étaient très épais pour ne plus laisser les regards entrer chez moi ni le soleil du reste, mais les fins de semaine, je ne voulais pas les passer dans cette obscurité alors je les laissais ouverts malgré moi. C’était un appartement de sous- pied pour ainsi dire. Seule ma tête était au même niveau que les pieds des autres. De fait, mon plancher était au même niveau que personne d’autre. Il me fallait cette grande habitation. Plus j’y pensais, plus je voyais tous les défauts que la mienne contenait. La porte desservait immédiatement la rue et présentait l’inconvénient majeur d’être proche du bruit incessant des voitures qui y passaient de long en large toute la journée, tous les jours et de tout son long, des marcheurs rieurs qui la jouxtaient et souvent tapaient avec leurs sacs de provisions ou leur parapluie, les fenêtres qui leur paraissaient invisibles ou indignes de tranquillité. J’avais trouvé le calme nécessaire à ma survie dans la résidence de ma prochaine vie. Je m’installai patiemment dans mon fauteuil en attendant d’appeler M. Castellade pour savoir ce qu’il en était du prix de la maison. Je m’imaginais, en attendant l’heure fatidique, le reste des pièces que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir ou plutôt celles que j’avais laissé filer pour investir le reste de mon avenir et rompre mon imaginaire. Toutes ces pièces que je découvrirais jour après jour et année après année. Elle dérogeait à tout ce qui m’avait contenu jusqu’ici. Elle était immense et belle. Elle était ce que je voulais, plus qu’à d’autres moments ma propre mort, alors même qu’elle insistait pour que je la remplisse comme mon cœur vide d’errer dans ce bouge étroit, dans un quartier mal assorti à mes rêves.

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