Chapitre 3

2835 Words
3LE RADIO-RÉVEIL M’EXTIRPA DES TÉNÈBRES. Six heures trente. Je me redressai brusquement, à peine conscient qu’il s’agissait des murs épurés de mon domicile de Pioneer Street. Le marchand de sable charriait plutôt des gravats ces temps-ci et un marteau-piqueur n’aurait pas été de trop pour soulever mes paupières. Je m’étais encore couché tard, à une heure où les bleus ciel et nuit se confondent. Après le départ d’Ingrid Schwarzbrod, j’avais occupé l’après-midi à préparer la venue de Carol. Le gosier sec, l’envie d’une bordée chez Doumé, propriétaire du Jimmy’s, avait pris tout son sens. Mon terrier. Il y en a qui vont prier tous les jours. Chez Doumé, les tuyaux de l’orgue ressemblaient à des bouteilles, les icônes aux tableaux période Harlem jazz, les vitraux aux lumières troubles sur mes rétines noyées, l’encens à mon paquet de Lucky et l’hostie au blanc de la meringue qui nappait ses tartes au citron. Quand au silence recueilli, j’y avais droit vers les deux-trois heures du matin. Face à Doumé, qui avait l’élégance d’attendre un quart d’heure de plus avant de fermer. Crucial, un pote barman. Le cœur du réacteur de la machine policière. Informé de tout ce qui se passe en ville, comme le sont les putes, les chauffeurs de taxis et les dealers. Je rampai hors de mon lit telle une limace aux premières gorgées de rosée et branchai les infos. Tout allait bien : les bombardiers bombardaient, les flingues flinguaient, les kalachnikovs kalachnikofaient, un peu partout sur cette planète avenante… L’Afghanistan, la plus longue guerre jamais entreprise par notre pays. Je zappai sur la fréquence jazz. Groggy, les jambes lourdes et la bouche pâteuse, je me téléguidai jusqu’à la salle de bain au pas cadencé de Blues march. De longues secondes s’écoulèrent avant que je ressente le jet brûlant. Je me rasai consciencieusement, tout en détournant le regard des zébrures qui creusaient mon visage. Une rapide giclée d’Old Spice me régénéra tout à fait. Habillé de jeans et d’un pull mauve, j’aérai le loft. La pluie s’était calmée. Une odeur de pelure de crayon montait de l’asphalte. L’aurore asthmatique pointait de pâles lasers sur Big Apple, sublimant les coups d’équerre des architectes star. Les rois faisaient appel à Michel Ange, Léonard de Vinci… Face à moi, le skyline, « l’œuvre » des seigneurs des temps modernes, entre carrières de phallus et failles de micas. Telles des plaies sous le sel, les vicissitudes de mon âme se creusaient, jusqu’à devenir des arroyos, puis des canyons. Comme les artères de Manhattan. C’est en ce sens que je ressentais cette ville comme une texture intime. Dexter Roach sonna à l’heure dite. Il m’avait contacté la veille pour me demander un service, à une heure où mes neurones étaient encore aptes à mémoriser. Dans les soixante-quinze ans, un mètre quatre-vingt-huit, longiligne, les cheveux crépus blancs, le nez peu épaté, le teint plutôt clair pour un descendant d’esclaves. Sorte d’homme paratonnerre qui aurait pris des paquets de foudre. Ses lèvres charnues dévoilaient une dentition abîmée. Il avait été un formidable saxophoniste de jazz be-bop, ce qui situait son heure de gloire dans l’après-guerre. À une époque où les notes dégoulinaient avec célérité des instruments, Charlie Parker en tête, au rythme des coins d’un jackpot. Dexter avait été l’un de mes héros de jeunesse, du temps de mes errances dans les boîtes de jazz de la Côte Ouest. Il jouait avec les grosses pointures de l’époque. Un phrasé explicite, résolu, à la fois majestueux et dense. Lors de mon transfert de San Francisco au NYPD, je l’avais recroisé, pour finir par le perdre de vue. Je ne l’avais retrouvé que récemment, dans l’anonymat le plus total, à Harlem. Au foyer qu’animait Father John. Un prêtre dévoué pour la cause black dans les quartiers sensibles, à qui je prêtais parfois main-forte. Le choc. Dexter était très maigre. Un fakir, que les aiguilles d’héroïne transperçaient trop facilement. Comme égaré sur cette terre, désaccordé. On l’avait à moitié tiré de là. Ma contribution avait été de calmer les ardeurs des petites frappes qui venaient lui proposer ses doses d’oubli. Il nous avait promis d’arrêter la dope. Imitant Miles Davis et Ray Charles, il s’était de lui-même enfermé dans une chambre. Pendant une vingtaine de jours, sous la surveillance d’une religieuse bienveillante au fait des désintoxications, il avait expurgé ses humeurs, frôlant plusieurs fois l’arrêt cardiaque. Depuis, il ne quittait plus un chapelet que je tenais de ma mère – un cadeau, médaille de baptême de rédemption en quelque sorte. Le désir de rejouer était revenu. Dexter s’y était remis, errant à la recherche de sa gloire perdue et du bon tempo de sa vie. Il se produisait bien ça et là, empochant quelques billets gras, mais la drogue, l’alcool et la fatigue l’avaient usé. Aucune rustine n’aurait pu réparer ce radeau qui flottait entre l’Hudson et l’East River. Il pénétra dans mon loft d’une démarche dégingandée, feutre à la main. Derrière le séducteur qu’il avait été jadis chancelait un être éperdu. Mais hipe, toujours, label des musiciens de l’époque : costard, cravate et chemise étudiés, qui faisaient passer comme secondaire les extrémités élimées. – Hey, Thel, ça gaze ? demanda-t-il d’une voix caverneuse. – Pas mal, Dexter, si je me réfère au résultat du test du bonheur. Il se frottait nerveusement les mains. Il refusa une tasse de thé. Je ne buvais plus que ça. Du thé d’Afrique du Sud, parfait, paraît-il, pour la prostate. Le club mondial des buveurs des quinze mille tasses chaque seconde, deuxième boisson après l’eau, comptait un nouveau membre. – J’ai des soucis. Tu vois. Je… Je me suis fait virer. Sarah a trouvé un petit copain. Elle m’a demandé de quitter son studio… Sarah n’avait aucun lien de parenté avec lui. Elle fréquentait la paroisse de Father John et avait accepté de l’héberger jusqu’à ce qu’elle fasse sa vie. – Aucun pote ne peut t’aider ? La réponse m’était familière. La faune des musiciens était impitoyable et Dexter n’avait jamais bâti de famille. Il resta assis, sans rien dire, la mine contrite, pendant quelques instants, figé dans son masque d’ébène. – Thel, je suis un peu gêné, dit-il d’une voix traînante comme le Sunset Limited NY-Los Angeles. Il ajusta le nœud de sa cravate Art Déco, sur un col de chemise blanche au coton en partie déchiré. – Tu retouches à la dope ? – Non Thel. Je te le jure ! Depuis cinq ans maintenant. La manière dont ses mains s’agitaient doucement, caressant une silhouette invisible, me touchait. Tout comme ses yeux de cocker, attendant fébrilement une caresse. Sans chercher à gagner des espérances si j’arrivais un jour devant le Bon Dieu, je me surpris à lui proposer de s’installer quelque temps à mon domicile. Un halo lumineux irradia son regard. – Mais tu me promets que tu ne replongeras plus dans ces saloperies ! Il se leva, visiblement soulagé. Délesté du poids de la honte. – Thel, tu as ma parole. Le tour du propriétaire fut rapide. Le loft était à mon image du moment : sombre, bordélique, aux recoins infranchissables. La chambre de mon fils notamment, mort trop jeune, et dans laquelle je refusais de donner le coup d’épaule coupable qui m’aurait projeté dans un monde où je me serais perdu. – D’ailleurs Thel, j’aimerais bien que tu te débarrasses de tes bouteilles d’alcool. Bonne résolution. – Tu as peur de vider ma cave ? Il prit une profonde respiration et me fixa de ses yeux jaunâtres marbrés de sang. Sa réponse me laissa pantois. – Thel, tu m’as beaucoup apporté. Comme Father John. Vous m’avez aidé à me sortir de cette merde. Alors, avant de disparaître de cette terre, je voudrais faire une bonne action. Hey… tu vois… T’aider à arrêter de picoler par exemple. À ce qu’on dit, tu écluses pas mal en ce moment. Il pinça les lèvres. Je ne mis pas longtemps à répondre. À mon tour de saisir la corde. – OK, Dexter. Mais à une condition : que tu racontes des anecdotes sur le jazz chaque fois que j’ai envie d’une rasade. Embarrassé par un carton d’affaires personnelles, j’ouvris difficilement la porte de mon bureau de détective. Le canapé ferait office de lit et il y avait un petit coin toilette. Dexter serait ainsi tranquille quelque temps. Je grommelai en voyant d’autres paquets envahir l’entrée. – Ah, Thel, te voilà ! Carol, resplendissante, me faisait face. Cheveux noirs courts, pantalon moulant, pull marine et collier indigène d’ambre. Instinctivement, je portai le regard sur sa poitrine. Elle souleva le lainage. Des bandelettes façon Ramsès II zébraient son torse. – Tu as vu ? Chouette, non ? Bon, j’en ai gardé encore pas mal ! Dans quelques jours tout est fini. À moi le topless ! – Comment ont-ils réagi à ta démission, au bureau ? J’imaginai les anguilles visqueuses tenter d’infléchir sa décision. La vie policière est une cour de récréation. Des téméraires, au fond du radiateur, prêts à tous les gros coups. Et les couards, du premier rang, le sourire fat à chaque remarque de l’autorité, prêts à japper et à s’entre-déchirer pour un morceau faisandé de place au soleil. – Égaux à eux-mêmes. Je ne leur ai pas dit que je te rejoignais. Ils le sauront bien assez tôt. – C’est quoi ces cartons, sweetie ? Il me semble voir dépasser certains de mes objets. Elle haussa les épaules, faussement détachée. – Écoute… Franchement, c’était chargé. Tous ces bibelots accumulés. Comment te dire… Ça faisait un peu antre de vieux garçon, tu vois ? Je pensais donner un coup de frais, alléger un peu la déco, mettre des fleurs. Pas idiot, tout compte fait. J’aimais ce pragmatisme typiquement féminin, et les touches de sensibilité qui allaient avec. – Même la peau de grizzly ? – Surtout la peau de grizzly ! La petite cave comprise dans le loyer fut rapidement pleine. Nous passâmes deux heures à organiser les dossiers, et à vérifier le bon fonctionnement de l’informatique. Il restait encore trois piles de papiers à classer. Dans un sac, discrètement entassées, une dizaine de bouteilles. Tout ce qu’il restait d’alcoolisé tenait dans le réservoir de mon Zippo cuivré. Carol tendit une enveloppe kraft épaisse, emplie d’objets épars. – Au fait Thel, c’est quoi ça ? La doc d’un tas de représentants, alléchés par mon nouveau statut : assurances, retraites, placements, couvertures médicales… Parmi eux, un type de chez Spy Systems. Il m’avait proposé l’attirail du parfait espion : appareil photo intégré dans un paquet de cigarette ou une cravate, micros discrets, déclencheur de portable-enregistreur à distance… Après plusieurs essais pour me familiariser avec l’engin, la cravate avait servi à shooter la carte postale. L’originale était dans mon coffre, après signature conjointe d’un reçu auprès d’Ingrid Malowre et, sous la douleur, le prélèvement de quelques-uns de ses cheveux avec bulbe pour l’expertise génétique. – Tu as aussi les clés de l’Aston Martin qui va avec ? minauda Carol. – Viens Monneypenny, je t’emmène manger. À pied ! Je t’expliquerai notre première affaire. Par les rues noires de monde, nous nous frayâmes un chemin. Chez Theo Benelli, le patron de la trattoria, tout près du bureau. Une bille de clown, mais un as derrière les fourneaux. Moitié traiteur et moitié restaurateur, il comblait les vitrines de cette ancienne boutique de boulons tout autant que les papilles. Les étagères regorgeaient de pastas, tiramisus, gâteaux aux amandes, charcuteries et fromages de haute facture. Sans oublier une alléchante cave à vins et un bel assortiment d’huiles aromatisées. Il conseilla l’Osso Bucco du jour, qu’il salait toujours avec une pointe d’anchois. Un régal. – Tu ne prends pas de vin ? J’ai pourtant un barolo des familles, dit Théo, le torchon sur l’épaule, l’air gourmand. Il trouva un refus vigoureux. – C’est vrai ? enchaîna Carol. Tu ne bois plus ? J’exposai ma dernière résolution. – C’est tout toi ! D’un extrême à l’autre ! À mon avis, ton Dexter ne t’a pas dit de ne plus boire, mais de moins boire. Tu es trop radical, Thel. Par contre, pour la clope, tu devrais l’être, affirma-t-elle, sûre d’elle. – Comment ? – Une pure saloperie ! Pour un indice de satisfaction limite. Divorce ! C’est comme si tu faisais un couple. Mais là, les torts sont d’un seul côté. Tu regardes ta cigarette et tu lui dis : nous ne vieillirons pas ensemble ! Tu arrêteras de me tuer à petit feu et de me piquer mon blé ! La formule nous fit rire. Elle n’était pas sans rappeler quelques femmes avec lesquelles j’avais frayé. J’extirpai une photocopie de la carte postale en guise d’échappatoire et procédai à un résumé précis de la situation. J’abordais chaque affaire comme un rouleau de pâte à modeler. Un boudin grossier qu’il convenait d’étirer progressivement, parfois à la limite. En évitant la cassure. – C’est ça, notre premier cas ? Mais c’est top génial, Thel. À nous les lingots ! Elle trépignait. À juste titre. Face à la crise monétaire, la fièvre de l’or battait tous les records. Au cours actuel, le gramme s’échangeait à soixante dollars. – T’emballe pas, sweetie. Ils sont loin d’être dans notre poche. Et on ne dispose pas de beaucoup de temps. – Pardonne-moi Thel, mais, tu y crois à son histoire de cancer ? Passé un temps de réflexion et dans l’incapacité de lui justifier un ressenti instinctif, je lui répondis que oui, sans en être totalement convaincu. Elle insista. – Ne le prends pas mal mais tu t’es déjà fait avoir la dernière fois par Sue Barker, quand nous enquêtions sur ce trafic de drogue. Et je crois que ce n’était pas la première à t’avoir aveuglé. Méfie-toi de ton cœur d’artichaut. Je pris la remarque de plein fouet mais n’en montrai rien. On balisa toutes les hypothèses. En étant le plus précis possible, le Diable se nichant dans le détail. Carol se chargeait de la carte : valeur, timbre, moyens de transports de l’époque. Elle se renseignerait aussi sur l’existence d’un acte d’état civil, naissance ou décès d’H. Schwarzbrod, qui aurait pu nous mettre sur la voie. À moi les agrandissements de la photo, la recherche ADN, l’éventuel sens caché dans le texte. J’avais aussi l’intention de passer un coup de fil à ce fameux avocat Bertram. – Il y a tout de même des questions, Thel. D’abord, qui te prouve que la carte vient de Zanzibar ? Je l’enjoignis de préciser sa pensée. Elle prit une gorgée de vin. – Tu peux très bien acheter une carte postale de New York et la poster de Chicago par exemple. OK, le timbre montre qu’elle vient du Tanganyika Zanzibar, mais elle a pu être envoyée d’un autre bureau de poste dans le pays. L’hypothèse ne m’avait pas effleuré, et je me pris à penser que j’avais fait le bon choix. Nous, les hommes, sommes trop liés au rythme de notre testostérone. L’action, le combat, tout de suite. L’afflux de sang qui empêche de réfléchir. La femme, naturellement réglée, est plus à même d’aborder ce monde de plus en plus mouvementé. Avec le recul nécessaire qui permet d’appréhender la plus complexe des situations. – Bien vu. Tu te renseigneras sur les bureaux de poste en activité à cette époque. Il ne devait pas y en avoir beaucoup. Et le tas d’or, qu’est ce que ça t’évoque, sweetie ? – Il me semblerait logique de vérifier que la traduction qu’elle t’a faite est exacte. L’allemand est une langue riche. Assis sur un tas d’or ! pourrait avoir un sens différent de celui qu’on lui prêterait. Prévenant d’un danger ou autre chose. J’ai une amie autrichienne. Je vais demander son avis. – Autre point que je n’explique pas : les oreilles. – J’avoue que je suis perplexe, avoua-t-elle. Et que penses-tu du : « Je vous rejoins dès que je le peux ? » – Le gars n’a pas une totale liberté de mouvements. Sinon, il aurait écrit « dès que je le veux ». Ou bien alors il prend le temps d’amasser son magot. Nous en étions réduits à de simples conjectures. – Bon, écoute, conclus-je. J’ai rendez-vous avec Hannibal pour le test ADN en fin d’après-midi. Avant, je dois passer régler quelques papiers, notamment pour régulariser ta licence. Faisons un point demain matin. Au fait, tu es vraiment sûre pour ma peau de grizzly ? Hannibal travaillait tard. C’était un coroner, aux faux airs d’Anthony Hopkins, avec lequel j’avais élucidé nombre d’affaires. Il faisait un break, ses yeux extatiques plongés dans Penthouse. Normal, après l’autopsie de trois cadavres, dont un sans-abri faisandé retrouvé sous ses cartons quinze jours après son décès. Il avait à maintes reprises fait avancer mes enquêtes. – Salut, beau gosse. J’ai besoin de toi. Un peu de flatterie ne mangeait pas de pain. Il n’avait pas un physique très avenant, mais du charme. Petit, bedonnant, un regard vif, la calvitie idéale pour un aéroport à moustiques, il brillait par une intelligence hors norme et une bonne dose d’humour. Il se leva puis sortit d’un tiroir de la morgue une bouteille de vodka et deux verres. – La température idéale, Thel. J’interrompis d’un doigt ferme le versement à un niveau respectable. Nous trinquâmes en silence. J’extirpai de la pochette la carte et les cheveux. – Voyons voir… tu baisses dans mon estime. Avant, tu m’amenais des cadavres nickel, bien truffés, limite décomposés. Des bouts de doigts, d’oreilles… Tu te rappelles l’autre taré à qui ta balle avait arraché la moitié du cerveau ? Et les égorgés ? Et le camé avec sa guibolle artificielle. Ça, c’était du boulot ! Que veux-tu que je foute de ton bout de carton. Laisse-moi voir… Zanzibar… tu te lances dans le clou de girofle ou quoi ? Fans de cuisine, nous savions que c’était la spécialité de cette île. Je demandai une vérification auprès du labo de la concordance génétique entre le dos du timbre et les follicules. Il observa les cheveux au microscope, puis releva la tête vers moi. Son œil égrillard poussa à l’outrecuidance. – Brune d’origine. Coloration récente. Cheveux épais et denses. Dans les soixante ans bien tassés. Ménopausée, mais aime l’amour sans limite et les beaux mâles la cinquantaine passée. Surtout les anciens flics. Adore les menottes et les légers coups de fouet. Dis-moi, tu as changé de braquet ? Une joute de plus qui faisait partie du folklore. – À vrai dire, elle serait en phase terminale. Lymphome ganglionnaire. Difficile de savoir si c’est vrai. Son physique est bien conservé. Il reprit un ton sérieux. – Si c’est exact, elle n’en a effectivement plus pour longtemps. Et ce n’est pas une maladie qui se traduit forcément par des stigmates extérieurs, releva-t-il. T’a-t-elle montré des analyses ? – Non. Crue sur parole. Elle avait l’air sincère. Je relus le texte de la carte pour qu’il y réfléchisse. Il conclut par une question que j’attendais. – Aucun regret d’avoir quitté la police, Thel ? Il devait pourtant savoir qu’on ne la quittait jamais tout à fait. – Les desserts de la cantine, peut-être. Je le laissai au milieu de sa paperasserie. Dans son monde où les vivants n’étaient qu’occasionnels. Dehors, le soleil avait plongé depuis longtemps dans l’horizon, sans se soucier du crépuscule.
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