J’ouvris lentement les yeux et je pris quelques minutes à les habituer à la lumière environnante. La chambre où j’étais ne me disait rien qui vaille mais le lit où j’étais allongée était des plus doux. J’essayai de me redresser dans ce dernier quand des images heurtèrent brusquement ma conscience. Je revoyais Alonzo s’approcher de moi en me faisant comprendre qu’il n’était pas du tout d’accord sur le fait que je veuille rentrer aux États-Unis pour rejoindre Peter et...
Mon Dieu!!
Je repoussai violemment les couvertures et bondit hors du lit à baldaquin pour chercher mon portable.
Quelle heure était-il ? Seigneur, dites-moi que je n’ai pas ratée mon vol.
Grande et spacieuse, la chambre où j’étais était simplement composée d’un grand lit de bois blanc, équipé d’une literie de grand luxe. Les rideaux de lin rose pâle étaient assortis aux coussins du lit, du canapé et des fauteuils. J’avais beau la parcourir du regard, je ne voyais aucune trace d’une affaire m’appartenant. Une brise fraîche vint soulever quelques mèches de mon chignon à présent encore plus horrible et je me tournai vers sa provenance. Une grande baie vitrée, protégée par les imposants rideaux de lin était à demie ouverte. Prudemment, j’écartai les grands tissus et là je crus m’évanouir. En lieu et place des rues bondées et bitumées ainsi que des constructions architecturales de Rome, s’étendait une plage rocheuse dominée par une falaise aux rebords sinueux qui se dressait dans une vaste surface d’eau turquoise et limpide. Le paysage était à couper le souffle par ici avec les quelques rayons de soleil qui se reflétaient dans l’eau plutôt calme. J’étais éberluée, émerveillée et aussi choquée.
Où étais-je? Que m’avais fait Alonzo?
J’étais plantée là face à la baie vitrée quand la porte de la chambre s’ouvrît soudain. Pivotant sur moi-même, je découvris le sujet de mes questions posté à l’entrée. Sans perdre de temps, je m’avançai vers lui, le visage sévère.
- Je peux savoir ce qui se passe ? Que m’aviez-vous fait? Où suis-je? J’ai ratée mon vol n’est-ce pas ?
Alonzo s’adossa au chambranle de la porte en me fixant impassible. Comme d’habitude, il avait adopté un style décontracté composé d’un jean délavé et d’une chemise à col boutonnée jusqu’à moitié de sa poitrine. Je pouvais apercevoir ses pectoraux bien fournis mais aussi un magnifique collier en argent dont la médaille représentait une goutte de sang. Ses cheveux toujours plaqués en arrière avec du gel hormis deux mèches châtaines qui pendaient de chaque côté de son visage et ses yeux verts émeraudes qui luisaient tels les véritables pierres précieuses. Alonzo était beau, beaucoup trop beau et cela me troublait. Il ne me laissait pas indifférente; d’ailleurs, rares seront les femmes qui resteront insensibles à sa beauté. Cependant, j’aimais quelqu’un d’autre et je ne voulais pas mettre cette relation en jeu.
Voyant qu’il ne me donnait pas toujours de réponse, je m’impatientai.
- Sachez que je n’ai vraiment pas le temps aux plaisanteries alors soit vous me répondez soit...
- Oui? me coupa t-il en souriant. Soit quoi?
Soit je vais t’arracher ce vilain sourire qui traîne sur tes lèvres!
Alonzo éclata de rire en secouant la tête de gauche à droite.
- Eh bien, j’aimerais bien voir ça, me dit-il.
Pardon ?
Je le fixai incrédule alors que lui avait déjà repris sa mine impassible. Il venait franchement de lire dans mes pensées ou je délirais?
- Vous lisez dans mes pensées ? le questionnai-je.
- Je croyais que vous voulez savoir où vous êtes et non si je suis télépathe, répondît-il du tact au tact.
- Et comme vous semblez ne pas vouloir répondre à mes questions, répliquai-je hautaine.
Il enfonça les mains dans les poches de son jean et ses yeux parcoururent la chambre dans son ensemble.
- Nous sommes en France, précisément à Beaupuy. J’y ai acheté cette villa il y a de cela deux ans et c’est la deuxième fois que j’y mets les pieds. C’est une petite ville très peu connue mais riche en découvertes. Je vous emmènerai promener si vous vous montrez sage.
Je me stoppai net, ne sachant pas comment réagir. Puis soudain, un rire ironique s’échappa de ma gorge.
Sérieusement ? Il m’emmène ici contre mon gré et me fait rater mon vol de surcroît pour me proposer une balade touristique?
Je rêves!
Cependant, des questions plus pertinentes me taraudaient l’esprit et j’avais besoin d’obtenir des réponses.
- Que m’aviez-vous fait à la bibliothèque ? Vous avez posé un doigt à la naissance de mon nez et boum, je perds connaissance. Que me voulez-vous ? l’interrogeai-je encore, méfiante.
- Je ne peux malheureusement répondre à votre première question mais la...
- Pourquoi ? le coupai-je énervée.
- Je vous prie de vous calmer Mlle Hardins, m’intima t-il sérieusement.
-Vous me devez des réponses et je veux savoir ce qui s’est passé dans cette bibliothèque. Vous prenez tout ce cirque pour de l’amusement peut-être mais moi j’en ai ma claque. Je me retrouve dans un coin perdu de la France avec un homme qui devient louche de minutes en minute et vous voulez que je me calme ? J’aurais pue appeler la police ou crier à l’aide mais comme la première fois où vous vous êtes introduit par effraction dans mon appartement, je prends la peine de connaître les raisons de vos agissements alors s’il vous plaît, ne me faites pas chier, m’emportai-je.
J’avais parlée avec toute la colère et l’incompréhension qui s’étirait dans mon cœur et là maintenant, il me fallait répondre mon souffle. Alonzo me regardait toujours mais cette fois-ci avec de la compassion et même de la tristesse dans son regard. C’était comme si je l’avais blessé dans mon discours mais c’était sa faute si j’étais sortie de mes gongs. En une nanoseconde, il se recomposa sa mine impassible et fixa un point imaginaire devant lui pendant quelques secondes avant de dire:
- Je ne veux pas que vous rentrez aux États-Unis, Mlle Hardins. Je ne sais pas pourquoi mais je n’arrive pas à supporter le fait que vous vouliez retrouver votre petit copain. Mais enfin, Emma, il n’a rien d’un homme responsable! Il vous traîne dans les bars et les soirées arrosées, vous saoule au maximum avant de vous toucher et vous appelez ça une relation amoureuse?
J’ouvris la bouche pour répliquer mais aucun son ne sortit de ma gorge. Il vrilla son regard au mien soudain et je me sentis encore défaillir.
- Je ne vais pas passer par Quatre Chemins, Mlle Hardins. Je vous désire et ce depuis le premier jour où je vous ai vue. Je n’ai jamais eue autant d’attraction pour une femme de toute ma vie mais vous vous obstinez à me repousser alors que je vous fait de l’effet. Malheureusement, au lieu de me décourager, vous ne faites que m’exciter parce que j’adore les femmes rebelles, continua t-il.
Mon cœur s’était mis à accélérer le rythme cardiaque et les mots s’embrouillaient sur ma langue. Il venait vraiment de m’avouer qu’il me désirait? Devrai-je comprendre que c’était là la raison pour laquelle il me retenait ici? Néanmoins, je ne pouvais en aucun cas le laisser voir que le fait qu’il me désirait me troublait. Je n’étais pas de ces femmes indignes qui n’auraient pas hésité à lui sauter dessus. Il fallait que l’image qu’il avait de moi soit bien clair dans sa tête.
- Et vous attendez quoi de moi maintenant? Que je bondisse sur vous pour vous supplier de satisfaire votre soi-disant désir pour moi? crachai-je.
- J’avoue que c’est vraiment excitant comme idée mais non, je n’attends pas cela de vous ou du moins pas pour le moment. Tout ce que vous aurez à faire, c’est de rester ici jusqu’à ce votre relation avec Peter ne soit plus qu’un vilain souvenir, répliqua t-il.
- De quel droit vous permettez-vous de me retenir ici? Si c'est une sorte de kidnapping, je vous préviens que vous n'avez aucune chance.
Rectifiant sa position contre le chambranle de la porte, le jeune homme me lança un regard amusé; son éternel regard amusé.
- Je vous avais prévenue que vous risqueriez de ne pas rentrer de si tôt de votre voyage, vous vous souvenez? Eh bien, nous y voilà.
- Vous avez tout planifié! m’écriai-je ahurie. Et ce, depuis le début.
Toutes manières, mes proches vont vite se rendre compte de ma disparition et appèleront la police pour entamer des recherches.
- J’ai prévenu votre amie que nous sommes en voyage et pour les autres, ce n’était qu’un jeu d’enfant. Tous sont à présent persuadés que vous êtes à Paris pour raisons particulières pendant une durée indéterminée. Vous me pardonnez d’avoir utilisé votre téléphone portable mais il fallait écarter tout curieux.
- Ah ça, c’est la meilleure ! ricanai-je en faisant mine d’applaudir. Avez-vous conscience de ce mensonge grossier ? C’est de la violation de droits, le savez-vous ?
Il haussa les épaules nonchalamment et fixa le plafond.
- Parfois, il nous faut mentir pour ne pas inquiéter nos proches. Et puis, ce n’est pas totalement faux. Vous êtes bien en France après tout quoique Paris et Beaupuy sont deux villes vraiment opposées.
- La villa est entourée d’une plage rocheuse et d’une forêt d’arbres. Elle est assez isolée des autres habitations ; nous n’avons pas de voisins. Aucun moyen de communication ne sera à votre disposition mais si vous vous montrez sage, je vous remettrai certainement votre téléphone portable, ajouta Alonzo.
Je serrai les dents en peinant à reconnaître que j’étais vraiment piégée. Le s****d avait bien analysé son plan de kidnapping et je le maudissais intérieurement. Cependant, je n’avais pas encore dit mon dernier mot.
- Si je me montre sage hein, sifflai-je.
- Emma... Tout ceci est pour votre bien, croyez-moi. Peter n’est pas un bon compagnon pour vous, me dit-il sur un ton presque suppliant.
- Et vous, vous l’êtes peut-être?
- Je ne dirai pas cela parce que j’ai conscience d’être une personne vraiment sadique. Mais mieux vaut que vous soyez loin de lui.
- Écoutez Alonzo. Vous n’êtes ni mon père, ni ma mère pour me dire avec qui sortir ou pas. J’aime Peter et que ça vous plaise ou non, c’est avec lui que je veux être.
Sans enlever les mains de ses poches, il quitta l’entrée de la chambre pour s’approcher de moi.
- Quelle tête de mule! Qui aurait cru que derrière ce joli petit visage d’ange, se cache une femme de caractère? La cohabitation s’annonce très intéressante.
- Je n’ai pas l’intention de cohabiter avec vous, m’insurgeai-je immédiatement.
- Qui demande votre avis? Avez-vous le choix?
Il se retourna brusquement pour se rediriger vers la porte d’entrée de sa démarche féline que je ne pouvais m’empêcher d’admirer en silence.
- La garde-robe et la salle de bain sont parfaitement équipées pour vous. Soyez prête dans une heure pour le déjeuner. L’on viendra vous emmener à la salle à manger. Après quoi, je vous ferai visiter la villa.
J’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche pour répliquer que la porte se fermait déjà derrière lui. Je poussai un râle en m’affalant sur le lit, complètement déboussolée.
Me kidnapper, sérieusement ? Je me croirais dans un film ou plutôt je rêves ? Oui c’est sûr, je rêves. Je vais bientôt me réveiller pour prendre mon vol et rentrer aux États-Unis.
Mais je ne pouvais fuir longtemps la réalité qui voulait que je sois prisonnière dans une villa d’un coin perdu de la France, à la merci d’un homme aussi beau que dangereux. Mais s’il croyait que j’allais lui rendre l’existence facile, il se leurrait gravement. rJe vais lui sortir un tas de caprices qu’il me suppliera même de déguerpir.
C’est dans un sourire démoniaque que je me dirigeai vers la salle de bains...
Et voilà ! Qu’en dites-vous de mon nouveau style d’écriture ? Un lecteur m’avait fait part de son désir de lire une histoire narrée (c’est-à-dire que l’auteur est en même temps personnage principal d’où l’utilisation du pronom personnel « je » ) et je lui ai promis de m’y investir dans mon prochain roman. Apparemment, ceci donne une très grande marge d’implication pour le lecteur dans le roman et j’approuve.
N’hésitez pas à lire et à me donner vos avis! Bonne lecture !
Freetop812.