Le corps parfait 2

Depuis l’histoire des sectes et des ordres mystiques, le temps s’est écoulé en jours, en mois et en années. Les élus ont bien grandi, certains ont fait le tour du monde, d’autres sont restés dans la ville, puis ont été déplacés dans d’autres districts à cause de leur boulot. C’est par exemple le cas de Casanova qui est désormais le sous-chef de la police de tout le district. Yanou, qui admirait le métier de policier, a fini par s’inscrire dans une académie. Il est désormais inspecteur dans un bureau à Washington. Quant à Lindsay, elle travaille désormais dans un hôpital, elle a suivi une formation d’infirmière. Mais discrètement, elle utilise son don pour guérir les malades en phase terminale ou dont le niveau d’infection est chronique. L’hôpital dans lequel elle travaille est depuis quelques mois, le plus populaire et le premier du district en matière de prise en charge de patients. Vient maintenant Kimberly ou Kim, athlète de haut niveau, championne d’athlétisme de tout le pays. Elle contrôle son pouvoir bien mieux, elle n’est plus un enfant désormais. Cependant, elle veille à rester dans la norme afin que son pouvoir ne soit pas découvert. Quant à Ping, il est devenu enseignant d’anthropologie dans une université privée de Washington. Il est l’un des meilleurs dans sa catégorie et ce n’est pas seulement grâce à sa capacité à pouvoir transmettre un savoir, mais également à cause de son don (bouche parfaite) qui lui permet d’avoir le discours adéquat face à l’audience qui se trouve devant lui. Parlons maintenant de Cornelius Agrippa, homme polyvalent et immortel grâce au rituel du phénix et de la fontaine de jouvence. Il reste dans l’ombre, il a fait construire un manoir à Saint-Louis. Il reste caché mais, la nuit, il arpente les rues afin de mettre hors d’état de nuire d’éventuels délinquants, hors-la-loi et bandits qui troublent la tranquillité de la ville. Quant à Alexandra Bayles, bien que n’étant pas élue, elle reste néanmoins proche du petit groupe. Elle a été récemment promue à Washington en tant que chef des forces de l’ordre de l’Etat. Elle reste particulièrement très proche de Casanova qu’elle voit régulièrement. Après cette petite actualisation de la vie de ces personnages, il est temps de commencer directement l’histoire dans son contexte hautement dangereux. Ursula Ill est une chercheuse, elle est à la tête d’une organisation sanitaire mondiale. Depuis une dizaine d’années, elle accentue les recherches sur les solutions aux maladies incurables et dégénératives. Un matin, grâce à son assistant Atticus, elle réussit à synthétiser une molécule qui lui permet de terminer le précieux breuvage. La solution unique est immédiatement testée sur des rats auxquels elle a préalablement administré différents types de virus et de bactéries. Durant des jours, elle observe ces animaux, ainsi que l’évolution de leur état immunitaire. C’est ainsi qu’après leur guérison, qui est effective trois jours après l’injection de la solution curative, elle effectue des prélèvements sanguins sur les cobayes et les analyse. Elle se rend compte que les agents destructeurs ont été modifiés et reprogrammés génétiquement afin de protéger l’hôte, c’est-à-dire le patient. Ursula (utilisant son microscope) : « c’est absolument incroyable ! » Atticus : « qu’y a-t-il, madame ? » Ursula : « les éléments de cette solution sont tout à fait surprenants. Ils changent l’ARN des virus et les reprogramment de façon à ce que ceux-ci protègent leur hôte au lieu de le détruire. Et ce n’est pas tout, ils procèdent à une correction systématique de tout l’organisme de façon à le booster de telle sorte qu’il sera prompt à se défendre en cas de maladie. Il ne fait pas que soigner, mais il veille à ce que le patient ne retombe plus malade de cette manière » Atticus (prend des notes) : « c’est un véritable succès. Et qu’en est-il des sujets ayant des maladies dégénératives ? » Ursula : « les cobayes sont guéris deux jours plus tard. La solution a stoppé la dégénérescence et a changé les paramètres de diminution en paramètres de croissance. C’est un miracle ! » Atticus (enthousiaste) : « c’est vraiment incroyable ! Mais pour plus de sécurité, il faut encore garder les cobayes en observation afin d’anticiper d’éventuels effets secondaires » Ursula : « je suis d’accord avec toi. Nous allons les garder en observation encore quelques jours, mais je souhaiterai commencer les tests sur les sujets humains d’ici quatre ou cinq jours » Atticus : « vous êtes sûre de vous ? » Ursula : « juste un ou deux, c’est pour vérifier si mon hypothèse sur les rats peut être confirmée sur nos véritables cibles » Atticus : « comme vous voudrez, madame » Ursula : « je comprends ton inquiétude, mais ne t’inquiète pas, nous allons réussir. C’est incroyable, une telle avancée en une dizaine d’années. Cette solution agit comme un correcteur, il supprime les erreurs et les transforme en éléments salvateurs » Atticus : « vous comptez lui trouver un nom ? » Ursula : « je t’écoute, tu as sûrement une proposition » Atticus : « Corrector » Ursula : « très direct, mais je souhaite quelque chose de masqué, quelque chose qui ne montre pas directement à quoi on a à faire » Atticus : « que pensez-vous de COVIE ? » Ursula : « c’est-à-dire ? » Atticus : « Correcteur de Vie » Ursula : « on y est presque ! En fait, tu viens de me donner ce qu’il faut pour trouver le nom définitif de cette solution » Atticus : « je vous écoute, madame » Ursula : « Correcteur des Organes Vitaux Immuns Déficients » Atticus : « COVID ! Vous êtes un génie ! » Ursula : « ah, je t’en prie, c’est du travail d’équipe » Atticus : « ce nom est tout simplement idéal » Ursula : « nous allons donc l’utiliser pour notre solution. J’espère juste que les tests prévus sur les sujets humains seront concluants. Il le faut, le monde en a besoin » Atticus se dirige vers l’un des meubles de la salle, ouvre l’un des tiroirs et en sort une bouteille de champagne qu’il ouvre immédiatement. Ursula lui apporte immédiatement deux verres que son assistant s’empresse de remplir. Ursula : « c’est déjà une première victoire que nous nous devons de célébrer. Mais une plus grande victoire nous attend » Atticus : « ne stressez pas madame, le moment venu, nous aurons largement de quoi festoyer » Ursula : « c’est quasiment un succès mondial qui est à la portée de l’espèce humaine et qui peut lui permettre de guérir de tout ce qui est maladie ou anomalie » Atticus : « en attendant que les guerres, les affrontements et les tueries trouvent également solutions un jour ou l’autre » Toute la matinée, Ursula Ill et son assistant prennent plaisir à discuter autour de leur bouteille de champagne. Ils sont tous contents, mais ignorent encore que ce qu’ils ont réussi à concevoir ne fera certainement pas plaisir à tout le monde. Quatre jours plus tard, Ursula constitua une délégation pour aller dans un centre de santé. L’objectif est de tester le COVID sur une dizaine de patients et de les mettre en observation pendant trois jours. C’est ainsi que la délégation constituée d’Ursula elle-même, d’Atticus et d’Eugène (infirmier bénévole) se rendit dans un hôpital de district situé à Washington. Une fois arrivé, le petit groupe attend que le directeur arrive pour les recevoir directement à l’entrée. Ursula profite de la petite fourchette de temps mort pour parler à ses deux collaborateurs. Ursula : « écoutez-moi bien, c’est l’heure de vérité. J’ai demandé à tester notre solution sur une dizaine de patients mais le directeur de l’hôpital m’a répondu qu’il n’y avait que 8 patients en phase terminale condamnés à une mort certaine. Notre objectif est de redonner espoir à ces patients. Contentez-vous de leur injecter le COVID, ne leur dites pas de quoi il s’agit, ils le découvriront par eux-mêmes » Atticus : « bien madame » Eugène : « d’accord madame Ill » Ursula : « si on est tous d’accord, je crois qu’il est temps d’inspirer une bonne bouffée d’oxygène et de se préparer » Quelques secondes plus tard, le directeur de l’hôpital, Martin, arrive pour recevoir le petit groupe. Il serre la main d’Ursula et fait un léger signe de la tête aux deux autres. Martin (à Ursula) : « quand vous m’avez parlé d’un petit groupe, j’ai cru que vous alliez me ramener une dizaine de gens, mais je suis content de voir que vous n’atteignez pas cinq. Il n’y a de quoi donner une quelconque puce à l’oreille des paparazzis qui nous espionnent en permanence » Ursula : « ceci représente une opération que nous nous devons d’effectuer en toute discrétion. Nous ne mettrons pas long dans votre hôpital. Par ailleurs, je vous remercie pour votre hospitalité et surtout pour avoir accepté que nous fassions ce petit test » Martin : « il faut bien que cela soit fait, mais avec le minimum de risques possibles. Comme je vous l’avais dit par téléphone, 8 patients en phase terminale sont prêts à recevoir ce que vous avez prévu de leur donner. Personnellement, je n’ai rien contre eux mais ils sont déjà condamnés à mort de toute façon. Donc, dans le cas où votre produit s’avère plus létal que vital, ce ne sera pas plus dramatique que s’ils étaient morts à cause de leurs différentes maladies » Ursula : « je comprends que vous soyez sceptiques, mais ne vous en faites pas. Nous allons faire le maximum pour ne pas transformer votre hôpital en cimetière » Martin (en entrant dans le bâtiment) : « si vous voulez bien me suivre… » C’est ainsi qu’Ursula et son équipe entrent dans le bâtiment principal de l’hôpital. Ils traversent tout l’hôpital et arrivent dans le bloc des malades en phase terminale. Martin a fait aménager une salle spéciale pour les huit patients qui participent au test. La petite équipe observe les patients mis à leur disposition ; certains sont même déjà à l’agonie, d’autres ont carrément perdu l’usage de la parole, d’autres encore ont perdu toute motricité. Tout cela ne fait qu’augmenter la motivation d’Ursula, elle se sent investie d’une mission : redonner la santé à ces cas désespérés. Martin (à Ursula) : « alors voilà ! Je vais faire un tour, mon personnel a reçu l’ordre de ne pas passer par ici pour une raison ou pour une autre. Lorsque je reviendrai, j’espère que vous aurez terminé votre opération » Ursula : « soyez tranquille, nous aurons terminé à votre retour » Le directeur de l’hôpital sort de la salle et referme la porte derrière lui. Ce qu’il pense mais qu’il n’ose dire, c’est que les huit patients seront morts d’ici quelques minutes. De son côté, la petite équipe d’Ursula se met au travail. Atticus prépare les huit fioles de solution tandis qu’Eugène installe les intraveineuses. Ursula prend les fioles une par une et les administre par injection à chaque patient. En une dizaine de minutes, tout était déjà terminé. Après avoir rangé le matériel, Atticus propose quelque chose à Ursula. Atticus : « madame, et si on s’en allait discrètement ? » Ursula : « je crois que c’est une bonne idée, mais cela ferait de nous des personnes pas très crédibles. Nous ne sommes pas des renégats ou des mercenaires, nous sommes des chercheurs et il est de notre devoir de nous comporter de manière exemplaire pour ce que nous représentons dans cette société » Atticus : « comme vous voudrez, madame »